Le Livre des Martyrs by John Foxe - HTML preview

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"Ô Dieu éternel, père tout-puissant et miséricordieux qui a envoyé ton Fils sur la terre pour me sauver et toute l'humanité ; qui remonta au ciel et laissa son sang sur la terre derrière lui pour la rédemption de nos péchés, aie pitié de moi, pour l'amour de ton cher Fils, notre Seigneur Jésus-Christ en qui seul je confesse qu'il y a salut et justification et qu'il n'y a 143

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pas d'autre chemin, ni sainteté par lequel ou dans lequel un homme puisse se sauver. C'est ici ma foi, dont je prie tous les hommes ici présents d'être témoins."

Il répéta alors la prière dominicale ; après quoi, il se prépara, à subir sa sentence. Un prêtre romain désira qu'il rétractât son hérésie et par ce moyen sauvât sa vie ; auquel il dit,

"Monsieur, je vous prie, pour l'amour de Dieu d'être satisfait ; car ce que j'ai dit, je l'ai dit ; et je compte que Dieu me rendra capable de demeurer ferme jusqu'à la fin."

Ceci fait, il fut enchaîné au bûcher et sa main gauche attaché à son côté. L'autre, celle avec laquelle il avait frappé le prêtre, fut alors élevée et coupée ; il supporta' cela sans la moindre apparence d'émotion. Les fagots furent alors pilés autour de lui et étant allumés, il cria, "Ô toi Fils de Dieu, aie pitié de moi ; Ô toi Fils de Dieu, reçois mon esprit." Il répéta ces mots trois fois quand la fumée lui enleva la parole ; mais il montra encore aux spectateurs qu'il n'était pas privé de vie en levant le bras d'où la main avait été coupée avec l'autre aussi longtemps qu'il fut capable. Comme il n'y avait pas suffisamment de fagots il endura de grandes tortures, le bas de son corps étant consumé un temps considérable avant que les autres parties fussent beaucoup affectées. Enfin, toutefois l'exécuteur finit ses misères en lui frappant un coup violent sur la tête qui jeta la partie élevée de son corps dans le feu ; et de cette manière affreuse il rendit l'esprit.

Martyre du Révd. John Bradford et John Leafe.

Le premier de ces martyrs naquit à Manchester où il reçut une éducation libérale, ayant acquit une connaissance considérable de la littérature classique et mathématique. En atteignant sa maturité, ayant des amis distingués, par leur influence il devint secrétaire de Sir John Harrington, trésorier de Henri VIII. Après un temps, ayant le goût de l'étude, il quitta le bureau et alla à Cambridge, où, à la fin d'une année, il fut fait maître-des-arts ; bientôt après il fut admis comme boursier au collège de Pembroke.

Vers ce temps-là, Martin Bucer, un avocat zélé de la religion réformée demeurait à Cambridge. Ayant de grands égards pour Mr. Bradford, il le persuada d'étudier pour l'œuvre du ministère. Mr. Bradford, étant timide, aurait voulu s'excuser comme n'étant pas suffisamment qualifié ; mais Bucer obtint son consentement et il fut consacré diacre par le Dr. Ridley, évêque de Londres qui après cela le fit prébendier de St. Paul où, à tour de rôle, il prêcha pendant trois ans le vrai Évangile de Christ.

Après l'accession de la reine Mary, Mr. Bradford continua à prêcher jusqu'à ce qu'il fut arrêté par l'incident suivant. Dans la première année du règne de cette princesse, Bonner, alors évêque de Londres, ordonna à Mr. Bourn, plus tard évêque de Bath, de prêcher un sermon, dans lequel il prit occasion dans l'évangile choisi pour ce jour de justifier Bonner, alors replacé dans son évêché, en prêchant sur le même texte le même jour pendant quatre ans et recommandant la doctrine pour laquelle, suivant le prédicateur, il fut jeté dans la Marshaisea et gardé là prisonnier pendant le règne du roi Édouard VI. Ces paroles causèrent un grand 144

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murmure parmi le peuple, même ils étaient si irrités que l'un d'eux jeta un poignard au prédicateur et menaça de le descendre de la chaire. Il désira, en conséquence, que Mr.

Bradford essayât d'apaiser le peuple qui était si tumultueux, qu'il ne pouvait être réprimé même par l'autorité du lord maire. Aussitôt que Mr. Bradford monta en chaire, le peuple s'écria, "Que Dieu sauve ta vie, Bradford !" et on écouta tranquillement son discoure dans lequel il les blâma pour leur conduite désordonnée les exhorta à la tranquillité ; et après qu'il eut fini, ils se dispersèrent paisiblement. L'après-midi du même jour, Mr. Bradford prêcha à Bow Church et blâma le peuple pour sa conduite tumultueuse à l'église St. Paul le matin.

Trois jours après, il fut cité devant la reine et son conseil, et là, accusé d'être la cause du désordre, quoiqu'il fût la personne elle-même qui l'avait arrêté. Il fut aussi accusé d'avoir prêché à l’Église de Bow-Church, quoiqu'il eût exhorté fortement le peuple à la paix. Mais rien de ce qu'il put avancer ne lui servit de rien ; et il fut enfermé à la Tour accusé de sédition.

Là il fut enfermé pour un an et six mois, jusqu'à ce que la religion papiste fut rétablie par acte de parlement. Il s'examina alors concernant sa foi, parce qu'il ne pouvait parler contre la doctrine de l'Église de Rome, sans danger ; tandis que, pendant que les lois du roi Édouard étaient en force, il pouvait parler librement suivant sa conscience.

Les principaux articles avancés contre lui étaient - son refus d'accepter la doctrine de la transsubstantiation ou la présence corporelle de Christ dans le sacrement, et affirmant que les méchants n'avaient point part au corps de Christ dans le sacrement. Plusieurs évêques et hommes instruits conférèrent avec lui, mais leurs arguments n'eurent aucun poids auprès de lui, n'étant pas basés sur l'Écriture. Comme Mr. Bradford ne voulait pas accepter d'autres dogmes que ceux qui étaient sanctionnés par la parole de Dieu, il fut d'abord excommunié, ensuite condamné et remis entre les mains des shérifs de Londres par lesquels il fut conduit de nuit avant son exécution à Newgate ; le jour suivant il fut amené au bûcher avec le martyr dont nous allons raconter les souffrances.

John Leafe était un apprenti à un fabriquant de chandelles et à l'âge de dix-neuf ans, étant accusé d'hérésie il fut enfermé au Comptoir par l'échevin du quartier où il demeurait. Après avoir été renfermé quelque temps il fut amené devant l'évêque Bonner et examiné concernant sa foi dans le sacrement de l'autel et sur d'autres points ; ses réponses donnèrent peu de satisfaction à l'évêque. Quelques jours après il fut examiné de nouveau ; mais ses réponses étant les mêmes ; il fut condamné et livré au pouvoir séculier pour ne pas croire que le pain et le vin dans le sacrement ne sont pas changés, par les paroles de la consécration, réellement et en substance, en corps et en sang de Christ.

Après sa condamnation l'évêque lui envoya deux papiers, l'un contenant sa rétraction, l'autre sa confession. Le messager, après lui avoir lu celle-là (car il ne pouvait ni lire ni écrire lui-même) lui demanda s'il voulait la signer ; ce à quoi, sans la moindre hésitation il répondit dans la négative. Il lut alors sa confession, et il prit alors une épingle et se piquant la main il 145

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arrosa le papier de son sang et demanda au messager de montrer à l'évêque qu'il l'avait signé de son sang.

Quand ces deux martyrs furent conduits au lieu de l'exécution, à Smithfield, Mr. Bradford s'agenouilla sur l'un des côtés du bûcher et Leafe sur l'autre. Ils continuèrent dans cette position quelques minutes, jusqu'à ce que le shérif demandât à Mr. Bradford de se lever. Là-dessus ils se levèrent tous les deux et après que Mr. Bradford eut fait une courte harangue au peuple, ils furent attachés au bûcher et les roseaux et les fagots entassés autour d'eux. Mr.

Bradford levant alors les yeux et les mains au ciel s'écria, "Ô Angleterre, Angleterre, repens-toi de tes péchés ; prends garde à l'antéchrist, prends garde à l'idolâtrie ; prends garde qu'ils ne te trompent pas.' Alors se tournant an jeune Leafe il lui dit ; "Sois courageux, mon frère, le temps de la délivrance est proche." Le jeune homme répondit, "Que le Seigneur, Jésus reçoive nos esprits." Le feu fut alors mis aux fagots et ils endurèrent tous les deux leur souffrance avec la plus parfaite résignation, mettant leur confiance entière dans ce Rédempteur béni qui mourut pour sauver l'humanité.

Martyre de Margaret Polley.

Telle fut la violence du zèle et de la bigoterie pendant le règne de Marie la sanglante, que même le sexe faible n'échappa pas à la persécution. On informa contre Margaret Polley à Maurice, évêque de Rochester ; elle fut amenée devant lui et il lui fit, d'un ton solennel, la harangue suivante : -

"Nous, Maurice, par permission de Dieu évêque de Rochester, procédant dans une cause d'hérésie contre toi, Margaret Polley, de la paroisse de Popinberry, dans notre diocèse de Rochester, avançons à ta charge les articles suivants. Nous requérons de toi une réponse vraie, complète et claire, par vertu de ton serment qui doit être donné."

Le serment étant administré, l'évêque demanda de la femme une réponse à chacun des articles suivants :

1. "Ne sont-ce pas des hérétiques, ceux qui maintiennent et acceptent d'autres opinions que ne le fait notre sainte mère l'église catholique ?"

Voici sa réponse, "Ce sont, vraiment, des hérétiques grandement déçus qui acceptent et maintiennent des doctrines contraires à la parole de Dieu qui, je le crois sincèrement, fut écrite par des saints hommes enseignés par le Saint-Esprit."

2. Acceptez-vous et maintenez-vous que dans le sacrement de l'autel, sous la, forme du pain et du vin, il n'y a pas le vrai corps et sang de Christ, et que le dit corps est vraiment au ciel seulement et non pas dans le sacrement ?"

Elle répondit. "Ce que j'ai appris des Saintes Écritures, je le maintiens fermement, à savoir que le vrai corps qui fut crucifié pour les péchés de tous les vrais croyants est monté au ciel, est là à la droite de la majesté céleste ; que ce corps y est demeuré depuis, et ne saurait, d'après 146

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ma croyance, être dans le sacrement de l'autel. Je crois que le pain et le vin dans le sacrement doivent être reçus comme symboles et représentants du corps et du sang de Christ, mais non pas comme son corps réel et en substance. Je crois, dans mon faible jugement, qu'il n'est au pouvoir d'aucun homme, en prononçant des paroles sur les éléments du pain et du vin de les changer en vrai corps et sang de Christ. En un mot, c'est ma croyance que l'eucharistie n'est qu'une commémoration de la mort de notre Sauveur qui a dit, "Aussi souvent que vous faites ceci faites-le en mémoire de moi."

Ces réponses appropriées et franches provoquèrent le hautain prélat, qui, après des paroles injurieuses, lui dit, "qu'elle était une sotte femme et ne savait pas ce qu'elle disait ; et que c'était le devoir de tout chrétien de croire ce que la mère l'église enseigne." Il lui demanda alors, "Voulez-vous rétracter l'erreur que vous maintenez, être réconciliée à l'église et recevoir la rémission des péchés ?" Elle lui répondit, "Je ne puis croire autrement que je n'ai dit, parce que la pratique de l'église de Rome est contraire, non seulement à la raison et à nos sens, mais aussi à la parole de Dieu.

Là-dessus, l'évêque prononça la sentence de condamnation ; et elle fut envoyée en prison où elle demeura pendant plus d'un mois. Elle était dans la fleur de l'âge, pieuse, charitable, compatissante, versée dans les Écritures et aimée de tous ceux qui la connaissaient. On l'exhorta à plusieurs reprises à se rétracter ; mais elle refusa toutes les offres de prolonger sa vie à de telles conditions, choisissant la gloire, l'honneur et l'immortalité ci-après, plutôt que quelques courtes années dans cette vallée de chagrin aux dépens de la vérité et de la conscience.

Quand le jour de son exécution arriva, qui fut en juillet, 1555, elle fut conduite à Tunbridge où elle fut brûlée, scellant la vérité de son sang et montrant que Dieu peut se servir des plus humbles instruments pour magnifier la gloire de sa grâce.

Le même jour, un certain Christopher Wade, un tisserand de Dartford, dans Kent, qui avait aussi été condamné par l'évêque de Rochester, subit le même sort au même endroit ; mais ils furent exécutés séparément, lui subissant le premier la terrible sentence.

Environ au même temps, John Bland, John Frankesh, Nicholas Shelterden, et Humphrey Middleton furent brûlés ensemble à Canterbury. Les deux premiers étaient ministres et prédicateurs de l'Évangile, l'un ministre de Adesham, et l'autre ministre de Rolvindon, dans Kent. Ils se résignèrent avec un courage chrétien priant avec ferveur que Dieu voulût les recevoir dans son royaume céleste.

Martyre de John Launder et de Dirick Carver.

John Launder de Godstone, dans le comté de Surrey, laboureur, et Dirick Carver, de Brighthelmstone, dans le comté de Sussex, brasseur, furent arrêtés dans la maison de celui-ci, quand ils étaient en prières et envoyés au conseil à Londres, où, ne donnant pas de réponses 147

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satisfaisantes aux questions proposées, ils furent envoyés à Newgate, pour y attendre le loisir et la cruelle décision du cruel et arrogant Bonner.

Launder dit, qu'étant à Brighthelmstone pour transiger des affaires avec son père et apprenant que Mr. Carver était un promoteur des doctrines de la réformation, il se rendit à sa maison pour joindre ses prières aux pieux chrétiens qui s'y rassemblaient. Il avoua sa foi "qu'il y a sur la terre une seule Église catholique universelle dont les membres sont dispersés dans tout le monde ; que la même église ne maintient et n'enseigne que deux sacrements qui sont le baptême et la sainte cène ; et que d'enseigner ou faire usage de plus de sacrements ou autres cérémonies est contraire à l'Écriture."

Il ajouta de plus, "qua tout service, sacrifices et cérémonies, maintenant en usage en Angleterre sont erronés, contraires à la doctrine de Christ et à la décision de l'Église catholique du Christ dont il se croyait l'un des membres. Que dans le sacrement il n'y a pas de réellement et vraiment contenu, sous les formes du pain et du vin, le vrai corps et le sang de Christ en substance ; mais que quand il a reçu le pain matériel, il recevait cela en mémoire de la mort et de la passion de Christ et pas autrement."

"De plus, que la messe est abominable et opposée à la parole de Dieu et à son Église catholique, enfin, que la confession auriculaire n'est pas nécessaire, mais que chaque personne doit confesser ses péchés à Dieu seul." Ayant maintenu ces opinions dans la cour de l'évêque et refusé de se rétracter, il fut condamné et livré au pouvoir séculier.

Dirick Carver, étant examiné par l'évêque Bonner concernant sa croyance au sacrement de l'autel, la messe, la confession auriculaire, et la religion alors enseignée dans l'église d'Angleterre, fit une confession semblable et aussi bonne. Il dit aussi, "que depuis le couronnement de la reine il avait la Bible et psautier lus en anglais, à différends temps, à sa maison dans Brighthelmstone ; et que pendant les douze derniers mois, il avait eu les litanies anglaises dites dans sa maison avec d'autres prières en anglais."

Après cet examen il fut fortement sollicité de se rétracter, mais il refusa de le faire ; sur quoi on passa sur lui la sentence de condamnation ainsi que sur Launder, et le temps de son exécution fut fixé pour le 22 de juillet, à Lewes, à Sussex.

A son arrivée au bûcher il s'agenouilla et pria ; et adressa les spectateurs comme suit : -

"Chers frères et sœurs, soyez témoins que je suis venu sceller de mon sang l'Évangile de Christ, parce que je le crois vrai. Plusieurs d'entre vous savent que l'Évangile vous a été prêché ici à Lewes, et maintenant il n'est plus prêché ainsi ; et parce que je ne veux pas renier l'Évangile de Dieu je suis condamné à mourir."

Là-dessus le shérif dit, " Si tu ne crois pas au pape, tu es damné, corps et âme." Mais notre martyr eut pitié de son aveuglement et demanda à Dieu de pardonner son erreur. Étant alors attaché au bûcher et le feu allumé autour de lui, il se soumit patiemment et expira s'écriant,

"Ô Eternel aie pitié de moi ! Seigneur Jésus reçois mon esprit."

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Son camarade prisonnier, John Launder, fut brûlé le jour suivant à Steyning ; où il donna gaiement sa vie à ce Dieu des mains duquel il l'avait reçue.

Martyre de John Denley, John Newman, et Patrick Packingham.

Les émissaires papistes étaient tellement en recherche de leur proie dans toutes les parties du royaume, qu'il fut presque impossible de leur échapper longtemps. Comme Mr. Denley et Mr. Newman voyageaient en Essex, dans une visite à quelques amis, ils furent rencontrés par un juge de paix, qui, les soupçonnant d'hérésie les arrêta ; et en même temps prit de Mr.

Denley une confession de foi par écrit. Il les envoya alors à Londres avec une lettre pour être présentés au concile. En étant amenés devant le concile on les exhorta de se soumettre aux lois de la reine ; mais cet avis n'étant d'aucun effet, leur examen fut référé à Bonner.

Le 28 Juin, 1555, Denley, et Newman avec Patrick Packingham (qui avait été arrêté deux jours auparavant) furent amenés devant Bonner, à son palais à Londres. L'évêque ayant examiné les deux premiers sur leurs confessions et trouvant qu'ils y tenaient inflexiblement se servit de son exhortation habituelle ; là-dessus Denley répondit, "Que Dieu nous garde de votre conseil, et me garde dans l'opinion que j'ai ; car ce que vous estimez être de l'hérésie, je le considère être la vérité."

Le 5 juillet, l'évêque procéda, dans la forme habituelle contre eux dans le consistoire de l'église St. Paul. Après les articles variés et leurs réponses eurent été lus, on les exhorta à se rétracter. Comme ils demeuraient fermes, ils furent condamnés comme hérétiques et livrés aux shérifs de Londres qui les conduisit à Newgate où ils furent gardés jusqu'à ce que les ordres fussent préparés pour leur exécution.

Denley fut condamné à être brûlé à Uxbridge. Là il fut enchaîné au bûcher et expira au milieu des flammes, chantant un psaume à la louange de son Rédempteur. Un prêtre papiste qui était présent, fut si irrité de son chant, qu'il commanda à un de ses aides, de jeter un fagot sur lui, ce qui fut fait et il reçut une violente fracture du crâne, ce qui avec le feu le priva bientôt de voix et de vie.

Quelques jours après, Packingham souffrit au même endroit ; mais Newman fut exécuté à Saffron Walden, en Essex. Ils moururent tous les deux avec un courage remarquable remettant, joyeusement leurs âmes entre les mains de Celui qui les donna, avec la ferme attente de recevoir des couronnes de gloire dans les parvis célestes. Leur attente ne sera pas déçue. Celui "qui ne peut mentir " a déclaré que ceux qui souffrent pour son nom sur la terre seront amplement récompensés dans le ciel. "Vous serez bienheureux quand on vous aura injuriés et persécutés, et quand, à cause de moi, on aura dit faussement contre vous toute sorte de mal. Réjouissez-vous, et tressaillez de joie, parce que votre récompense est grande dans les cieux ; car on a ainsi persécuté les prophètes qui ont été avant vous."

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Chapitre XII - Les Souffrances et Martyre de l’Evêque Hugh Latimer et Autres Hugh Latimer naquit d'humbles parents à Thirkestone, dans Leicestershire, environ l'année 1475. Ils lui donnèrent une bonne éducation, et l'envoyèrent à Cambridge où il se montra un zélé papiste ; mais conversant fréquemment avec Thomas Bilney, il vit les erreurs du papisme et devint un zélé protestant. Latimer étant ainsi converti, travailla à avancer les doctrines réformées et proclama la nécessité d'une sainte vie, en opposition aux formes extérieures. Ceci le rendit odieux à Cambridge alors le siège de l'ignorance, de la bigoterie et de la superstition. Toutefois la piété sincère de Mr. Bilney et l'éloquence naturelle et gaie de Latimer eut un grand empire sur les jeunes étudiants, et accrut tellement le crédit des protestants que les papistes en furent grandement alarmés et demandèrent hautement l'assistance du bras séculier.

C'est par ce bras que Bilney souffrit à Norwich ; mais cela, loin d'ébranler la réformation à Cambridge, inspira aux chefs un nouveau courage. Latimer commença a travailler plus qu'il ne l'avait encore fait ; et réussit à obtenir ce crédit auprès de son parti que Bilney avait possédé si longtemps. Parmi d'autres preuves de son zèle et de résolution il y avait celle-ci ; il eut le courage d'écrire au roi (Henri VIII.) contre une proclamation, défendant l'usage de la bible en anglais, et autres livres sur des sujets religieux. Il avait prêché devant sa majesté une ou deux fois à Windsor et avait été favorablement remarqué par ce monarque.

Mais les quelques espérances d'avancement que la faveur de son souverain pouvait lui procurer, il s'exposa à les perdre plutôt que de négliger ce qu'il croyait être son devoir. Sa lettre est le portrait d'un cœur honnête et sincère, et se termine ainsi : "Acceptez, très gracieux souverain, sans déplaisir, ce que j'ai écrit. J'ai cru de mon devoir de mentionner ces choses à votre majesté. Je n'ai aucune querelle personnelle avec qui que se soit, comme Dieu m'en est témoin ; je voulais seulement induire votre majesté à considérer attentivement quelle espèce de personnes vous entourent et le but qu'elles vous conseillant.

A la vérité, grand prince, plusieurs d'entre elles, à moins d'être bien calomniées ont des intérêts privés à ménager. Que Dieu donne à votre majesté de discerner les intentions des hommes méchants, et d'être en toute chose égal à la haute charge qui vous est confiée. C'est pourquoi, excellent roi, pensez à vous-même ; ayez égard à votre propre âme et pensez que le jour est proche quand vous aurez à rendre compte de votre charge et du sang qui a été répandu par votre épée ; et que dans ce jour votre grâce puisse demeurer inébranlable et non pas avoir honte, mais être prête et exacte dans votre compte et avoir votre pardon scellé avec le sang de notre Sauveur Jésus-Christ, qui seul servira dans ce jour, c'est là ma prière quotidienne à celui qui a souffert pour nos péchés. Que l'esprit divin vous préserve”.

Lord Cromwell était maintenant au pouvoir, et étant un avant-coureur de la réformation, il obtint un bénéfice dans Wiltshire pour Latimer, qui y alla immédiatement, remplissant ses devoirs consciencieusement, quoique bien persécuté par le clergé romain, qui, à la fin poussa 151

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sa malice jusqu'à obtenir de le faire citer à l'archevêché à Londres. Ses amis lui avaient conseillé de quitter l'Angleterre, mais leurs efforts furent vains. Il partit pour Londres au milieu de l'hiver, et par une sévère attaque de la pierre et de colique, mais surtout affligé de laisser sa paroisse exposée au clergé papiste.

A son arrivée il trouva une cour d'évêque, et de canonistes prêts à le recevoir ; où, au lieu d'être examiné, comme il s'y attendait, concernant ses sermons, un papier lui fut remis entre les mains, auquel on lui commanda de souscrire, déclarant sa foi dans l'efficacité des messes pour les âmes du purgatoire, des prières aux saints décédés, des pèlerinages à leurs sépulcres et à leurs reliques, le pouvoir du pape de pardonner les péchés, la doctrine des mérites, les sept sacrements et le culte des images ; et quand il refusa de les signer, l'archevêque, en fronçant les sourcils lui commanda de considérer ce qu'il faisait. "Nous n'avons pas” dit-il, "

Mr. Latimer, l'intention d'être dur avec vous ; nous vous renvoyons pour le présent. Prenez une copie des articles, examinez-les avec soin, et que Dieu permette qu'à notre nouvelle rencontre nous nous trouvions l'un et l'autre dans une meilleure disposition”.

A l'assemblée suivante et à plusieurs autres qui s'en suivirent la même scène eut lieu de nouveau. Il demeura inflexible et ils continuèrent à le tourmenter. Fatigué d'être ainsi traité, quand il fut de nouveau appelé, au lieu d'y aller il envoya une lettre à l'archevêque dans laquelle il lui dit, "Que le traitement qu'il avait reçu dernièrement l'avait rendu impropre à se présenter ce jour-là, et que dans l'intervalle il ne pouvait s'empêcher de profiter de l'occasion pour se plaindre auprès de sa grâce de l'avoir retenu si longtemps loin de son travail ; qu'il lui semblait inexplicable que ceux qui ne prêchaient jamais eux-mêmes en empêchassent les autres ; que quant à l'examen qu'on lui faisait subir, il ne pouvait imaginer à quoi il tendait ; ils prétendaient une chose au commencement et une autre en avançant ; que si ses sermons donnaient offense, quoiqu'il fut persuadé lui-même qu'ils n'étaient ni contraire à la vérité ni à aucun canon de l'église.

Il était prêt à répondre à ce qui pourrait y paraître répréhensible ; qu'il désirait qu'on eût un peu plus de considération pour l'opinion du peuple ; et qu'une distinction fut faite entre les ordonnances de Dieu et celles des hommes ; que s'il existait quelques abus en religion comme on le supposait communément, il pensait que la prédication était le meilleur moyen de les opposer ; qu'il désirait que tous les pasteurs fussent obligés de remplir leur devoir ; mais que, toutefois, on donna liberté à ceux qui le faisait ; que quant aux articles qu'on lui proposait, il demandait qu'on l'excuse d'y souscrire ; pendant qu'il vivait il n'encouragerait jamais la superstition ; et que, enfin, il espérait que l'archevêque excuserait ce qu'il avait écrit. Il connaissait son devoir envers ses supérieurs et le pratiquerait ; mais dans ce cas il pensait qu'une plus grande obligation reposait sur lui”.

Les évêques continuèrent leurs persécutions, mais leurs plans furent remarquablement déjoués. Latimer étant élevé au siège de Worcester en l'an 1533, par l'intermédiaire de Anne Boleyn, alors la femme favorite de Henri, à laquelle, très probablement il était recommandé 152

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par Lord Cromwell, il avait maintenant un champ plus étendu pour promouvoir les principes de la réformation. Tous les historiens de cette époque parlent de lui comme remarquablement zélé dans l'exécution de ses devoirs ; en surveillant le clergé de son diocèse il était actif, zélé et résolu ; il présidait à sa cour ecclésiastique avec le même esprit. Dans ses visites, qu'il faisait souvent, il était observateur ; strict et prudent dans ses ordinations ; infatigable dans sa prédication ; et sévère et persuasif dans ses reproches et ses exhortations.

En 1536 il fut sommé d'être présent au parlement et à la convocation : ce qui lui donna une nouvelle occasion d'avancer la réformation. Plusieurs changements furent faits en matières religieuses, et, quelques mois après, la Bible fut traduite en anglais et recommandée à l'étude du public.

Latimer, grandement satisfait, s'en alla à son diocèse. Il n'avait pas de talents, comme il le disait, pour les affaires de l'État. Toute son ambition était de bien remplir les fonctions pastorales d'un évêque. Combien il était peu qualifié pour être courtisan, l'histoire suivante le montrera. C'était la coutume dans ces temps-là pour les évêques de faire des présents au roi, au nouvel an, et plusieurs d'entre eux donnèrent généreusement, proportionnant leurs dons à leur attente. Parmi le reste, Latimer, étant alors en ville, se rendit chez le roi avec son offrande

; mais au lieu d'une bourse d'or, qui était l'obligation ordinaire, il présenta un Nouveau Testament avec une feuille pliée d'une manière très apparente à ce passage, "Dieu jugera les fornicateurs et les adultères”.

En 1539 il fut de nouveau sommé d'assister au parlement. L'évêque de Winchester, Gardiner, était son grand ennemi ; et dans une occasion, quand les évêques étaient chez le roi, s'agenouilla et accusa solennellement Latimer d'avoir prêché à la cour un sermon Histoire séditieux. Étant prié par le roi, avec sévérité, de se justifier, Latimer fut si loin de s'excuser pour ce qu'il avait dit qu'il se justifia noblement ; et se tournant vers le roi, il dit avec cette noble insouciance qu'inspire une bonne conscience, "Je ne me suis jamais cru digne, ni ai-je demandé de prêcher devant votre majesté ; mais j'ai été invité et serais disposé à céder la place à mes amis supérieurs. Si c'est le désir de votre majesté de les choisir comme prédicateurs, je serai satisfait de porter leurs livres après eux. Mais si votre majesté me permet de prêcher, je désire que vous me permettiez de décharger ma conscience et de présenter ma doctrine suivant mon auditoire. J'aurais été un idiot, vraiment, d'avoir prêché ainsi sur les confins de votre royaume, comme je l'ai fait devant votre majesté” La hardiesse de sa réponse déjoua la malice de ses accusateurs ; la sévérité du visage du roi se changea en un sourire gracieux et l'évêque fut congédié avec cette obligeante facilité que ce monarque ne montrait qu'à ceux qu'il estimait.

Toutefois, comme Latimer ne pouvait pas donner son vote pour les six articles papistes, il crut que c'était mal d'exercer aucune fonction dans une église où de telles conditions de communion étaient requises et il se démit de son évêché et se retira à la campagne. Mais un malheureux accident le porta dans l'atmosphère orageux de la cour : il fut tellement blessé par 153

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la chute d'un arbre qu'il fut obligé de chercher de meilleure assistance qu'il ne pouvait se procurer où il demeurait. Avec cette intention il se rendit à Londres où il vit la chute de son patron, lord Cromwell ; perte dont il eut raison de s'apercevoir. Car les émissaires de Gardiner le découvrirent bientôt et sur une prétendue accusation il fut envoyé à la Tour, où, sans examen judiciaire, il souffrit un cruel emprisonnement pendant les six dernières années du règne du roi Henri.

A la mort de Henri, l'intérêt protestant fut ravivé sous son fils Édouard, et Latimer fut immédiatement mis en liberté. On prépara une adresse au protecteur lui demandant de lui rendre son évêché ; le protecteur était bien consentant et proposa la chose à Latimer ; mais lui, se croyant maintenant incapable de le faire, choisit plutôt d'accepter une invitation de fixer sa résidence avec l'archevêque Cranmer à Lambeth, où sa principale occupation fut d'écouter les plaintes et de redresser les torts des pauvres. Son caractère, pour les services de cette espèce, était si universellement connu que les étrangers de toutes les parties de l'Angleterre avaient recours à lui.

Il passa ainsi plus de deux ans, et il assista pendant ce temps l'archevêque à composer les homélies qui furent publiées par autorité sous le règne du roi Édouard ; il prêcha aussi les sermons du carême devant sa majesté pendant les trois premières années de son règne. Sur la révolution qui arriva à la cour, après la mort du duc de Somerset, il se retira à la campagne et fit usage de la licence du roi comme prédicateur général, où il pensait que ses travaux seraient le plus utiles. Il fut ainsi employé durant le reste de ce règne et dans le commencement du suivant ; mais aussitôt que la réintroduction du papisme fut résolue, l'évêque de Winchester qui était maintenant le premier ministre, envoya un message pour le citer devant le conseil. Il en reçut l'avis quelques heures avant l'arrivée du messager, mais il ne fit aucun usage de l'avis reçu.

Le messager le trouva équipé pour le voyage ; ce qui le surprit, sur quoi Mr. Latimer lui dit qu'il était prêt de le suivre à Londres pour rendre raison de sa foi, comme il l'avait été pour tout voyage dans sa vie ; et qu'il n'avait aucun doute que Dieu, qui l'avait déjà rendu capable de prêcher la parole devant deux princes le rendrait capable d'y rendre témoignage devant un troisième. Le messager lui dit alors, qu'il n'avait aucun ordre de se saisir de sa personne et lui remettant une lettre, il s'en alla. Toutefois trouvant que c'était une assignation du concile, il partit immédiatement. Comme il passait à travers Smithfield il dit joyeusement, "Cette place de torture a depuis longtemps soupiré après moi” Le matin suivant il se rendit au concile qui l'ayant comblé de reproches, l'envoya à la Tour d'où après quelque temps il fut transporté à Oxford.

NICOLAS RIDLEY, évêque de Londres, reçut la première partie de son éducation à Newcastle-upon-Tyne ; de là il alla à Cambridge où son grand savoir et son habileté renommée le recommandèrent au point qu'il fut nommé maître-des-arts de Pembroke-hall.

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Après avoir été quelques années dans cette place, il voyagea dans diverses parties de l'Europe. A son retour il fut fait chapelain à Henri VIII. et évêque de Rochester, d'où il fut transféré au siège de Londres par Edouard VII.

Dans sa vie privée il était humain, pieux et affable ; en public il était instruit, orthodoxe et éloquent, diligent dans l'accomplissement de ses devoirs et très populaire comme prédicateur.

Il fut instruit dans la religion catholique romaine, mais gagné à la foi protestante par la lecture du livre de Bertram sur les sacrements ; et fut affermi dans cette foi par des entrevues fréquentes avec Cranmer et Pierre martyr.

A l'avènement de la reine Marie la sanglante il partagea le même sort que les autres qui professèrent la vérité de l'Évangile. Etant accusé d'hérésie, il fut envoyé à la Tour et après à la prison de Bocardo, à Oxford ; d'où il fut remis à la garde de M. Irish, maire de la ville dans la maison duquel il demeura jusqu'au jour de son exécution.

Le 30 septembre, 1555, ces deux éminents prélats furent cités de comparaître dans l'école de théologie, à Oxford. Le Dr. Ridley fut d'abord examiné et sévèrement réprimandé par l'évêque Lincoln, parce que quand il entendait "la grâce du cardinal" et "la sainteté du pape"

mentionnées dans la commission, il ne se découvrait pas. Les paroles de l'évêque furent comme suit : Mr. Ridley, si vous ne voulez pas vous découvrir par respect du pape et de son légat le cardinal par l'autorité duquel nous siégeons en commission, votre chapeau vous sera ôté.

L'évêque de Lincoln fit alors un discours en forme dans lequel il supplia Ridley de revenir à la sainte mère l'Église ; insista sur l'antiquité et l'autorité du siège de Rome et du pape comme le successeur immédiat de St. Pierre. Le Dr. Ridley en retour opposa vigoureusement les arguments de l'évêque et défendit hardiment les doctrines de la réformation. Il reçut alors l'ordre de paraître le jour suivant à l'église Ste. Marie.

Quand Latimer fut amené en cour, l'évêque de Lincoln l'exhorta chaleureusement à retourner à l'Église dont il s'était révolté. Ses réponses n'étant pas satisfaisantes, il reçut ordre de paraître dans l'église Ste. Marie en même temps que le Dr. Ridley.

Le jour fixé, les commissaires se rencontrèrent, et le Dr. Ridley étant le premier amené devant eux, l'évêque de Lincoln commença à répéter les procédés de la première assemblée, l'assurant qu'il avait pleine liberté de faire tels changements qui lui plaisait dans ses réponses et de les présenter par écrit.

Après quelque débat le Dr. Ridley tira un papier et commença à lire ; mais l'évêque commanda au bedeau de lui ôter son écrit. Le docteur désira avoir la permission de la lire, déclarant que le contenu n'était que ses réponses ; mais l'évêque et d'autres l'ayant examiné privément ne voulurent pas qu'il fut lu en pleine cour.

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L'évêque de Gloucester, affectant un grand intérêt pour le Dr. Ridley, le pressa de ne pas se livrer à un esprit obstiné, mais de retourner à l'unité de la sainte Église catholique. Le Dr.

Ridley lui répondit froidement qu'il n'était pas glorieux de sa propre intelligence, mais qu'il était pleinement persuadé que la religion qu'il professait était fondée sur la très sainte et infaillible Église de Dieu, et qu'en conséquence il ne pouvait l'abandonner ou la renier. Il désira déclarer ses raisons par lesquelles il ne pouvait en sûreté de conscience, admettre la suprématie papale ; mais sa requête fut refusée.

L'évêque le trouvant inflexible, l'apostropha ainsi ; "Dr. Ridley, c'est avec la plus grande anxiété que je remarque votre entêtement et votre opiniâtreté à persister dans des erreurs damnables et dans l'hérésie ; mais à moins de vous rétracter il me faudra procéder à l'autre partie de ma commission quoique à regret” Ridley ne faisant aucune réponse : la sentence de condamnation fut lue ; après quoi il fut reconduit en prison.

Quand Latimer fut amené devant la cour, l'évêque Lincoln l'informa que, quoique ils avaient déjà pris ses réponses, cependant ils lui avaient donné le temps de les considérer, et lui permettraient de faire les changements qu'il jugerait à propos, espérant, par ce moyen, de le ramener de ses erreurs et de l'amener à la foi de la sainte Église catholique. Mais il ne dévia pas dans un seul point des réponses qu'il avait déjà données.

Étant de nouveau averti de se rétracter, il refusa, déclarant qu'il ne renierait jamais la vérité divine qu'il était prêt à sceller de son sang. On prononça alors contre lui sentence de condamnation et il fut remis à la garde du maire.

Le récit de la dégradation de Ridley, sa conduite avant et sur les lieux de l'exécution est intéressant ; nous allons le donner au complet.

"Le 15 octobre, le Dr. Brooks, évêque de Gloucester et le vice-chancelier d'Oxford, le Dr.

Marshall avec quelques-uns des chefs et directeurs de la même université et plusieurs autres vinrent à la demeure du maire où le Dr. Ridley était prisonnier. L'évêque de Gloucester lui dit alors, "Que sa majesté la reine lui offrait de nouveau, par leur intermédiaire, sa gracieuse faveur, s'il voulait la recevoir et revenir encore à la foi dans laquelle il avait été baptisé” Il dit de plus, que s'il ne voulait pas se rétracter, il leur faudrait procéder suivant la loi. Mais, dit-il, nous vous avons souvent prié de rétracter vos opinions, imaginaires et diaboliques que jusqu'ici vous n'avez pas fait, quoique en le faisant vous pourriez en gagner plusieurs. C'est pourquoi, mon bon Mr. Ridley, considérez le danger qui va en résulter tant pour l'âme que pour le corps si vous vous exposez volontiers au danger”.

"Milord” dit le Dr. Ridley, vous connaissez parfaitement ma disposition dans cette affaire

; et quant à ma doctrine, ma conscience m'assure qu'elle est orthodoxe et en accord avec la parole de Dieu (cela soit dit à sa gloire) ; laquelle doctrine, Dieu m'aidant je maintiendrai aussi longtemps que ma langue parlera et qu'il y a un souffle dans mon corps ; et en confirmation de quoi je suis consentant de le sceller de mon sang.

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"Brooks - Ce serait mieux, Mr. Ridley, de ne pas le faire. Car vous savez très bien que quiconque est hors de l'Église catholique ne peut être sauvé. C'est pourquoi, je dis, que pendant que le pardon vous est offert vous l'acceptiez et confessiez que le pape est le chef et la tête de l'Église”.

"Ridley - Je m'étonne que vous me dérangiez avec des paroles aussi vaines que folles.

Vous savez mon opinion concernant l'autorité usurpée de cet antechrist”.

"Et il aurait alors discuté avec l'évêque, mais on ne le lui permit pas ; l'évêque lui dit que s'il ne voulait pas se taire on l'y forcerait. Et voyant, dit-il que vous ne voulez pas recevoir le pardon de la reine, il nous faut, contre notre volonté, procéder à vous dégrader et vous priver de la prêtrise. Car, nous ne vous prenons pas pour évêque et conséquemment nous allons le plus tôt nous débarrasser de vous ; ainsi, vous remettant au pouvoir séculier, vous savez ce qui va s'en suivre”.

Ridley - Faites de moi ce qu'il plaira à Dieu que vous fassiez. Je suis bien content de m'y conformer.

Brooks - Ôtez votre chapeau et mettez ce surplis.

Ridley - Pas moi, vraiment.

Brooks - Mais il le faut.

Ridley - Je ne le ferai pas.

Brooks - Il le faut ; c'est pourquoi, ne faites pas plus de difficulté, mais v mettez ce surplis sur vous.

Ridley - Vraiment, s'il est mis sur moi ce sera contre ma volonté.

Brooks - Ne voulez-vous pas le mettre ?

Ridley - Non, je ne le ferai pas.

Brooks - Il sera mis sur vous par l'un ou pour l'autre.

"Ridley Faites là-dessus comme il vous plaira ; j'en suis bien content et même plus que cela ; le domestique n'est pas plus grand que son maître. S'ils ont si cruellement traité notre Sauveur Jésus-Christ, et qu'il l'ait souffert patiemment, combien il nous convient à nous, ses serviteurs !"

En disant ses paroles ils lui mirent un surplis avec tous les quolifichets employés dans la messe. Comme ils le faisaient le Dr. Ridley s'éleva fortement contre l'évêque romain et tout son appareil insensé, appelant le premier antechrist et le dernier fou et abominable, même trop sot pour un artifice sur la scène.

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"Brooks Vous faites mieux de vous taire, pour qu'on ne vous ferme pas la bouche. Un nommé Edridge, se tenant près, dit alors, Monsieur, la loi est qu'il soit bâillonné, ainsi qu'il soit bâillonné” A ces mots le Dr. Ridley, le regardant attentivement secoua la tête vers lui, et ne fit pas de réponse.

"Quand ils vinrent à l'endroit où le Dr. Ridley devait tenir le calice et l'hostie le Dr. Ridley,

"ils ne viendront pas dans mes mains ; car s'ils y viennent ils tomberont à terre pour moi”

Alors quelqu'un fut choisi pour les tenir, tandis que l'évêque Brooks lut ce qui concernant la dégradation de personnes dans les ordres d'après la loi du pape. Ils mirent alors le livre dans sa main, et lurent en latin, Nous t'ôtons ton office de prêcher l'Évangile, &c. A ces mots le Dr.

Ridley laissa échapper un grand soupir et regardant au ciel, il dit, "Ô Eternel pardonne-leur méchanceté” Ayant mis sur lui les habillements de la messe, ils commencèrent à les lui ôter (commençant avec le pardessus) lisant ensuite en latin suivant la loi du pape. Quand tout lui fut ôté, excepté seulement le surplis, le Dr. Ridley dit, "De quelle puissance êtes-vous pour pouvoir ôter à un homme ce qu'il n'a jamais eu ? Je n'ai jamais été un chanteur ; vous m'ôtez ce que je n'ai jamais eu.

Ainsi quand cette ridicule dégradation fut finie, le Dr. Ridley dit à Brooks, Avez-vous fini

? Si vous avez fini, alors donnez-moi la permission de causer un peu concernant ces matières.

Brooks répondit, Mr. Ridley, nous ne devons pas parler avec vous ; vous êtes hors de l'église

; et notre loi est que nous ne devons pas parler avec quelqu'un hors de l'église. Alors le Dr.

Ridley répondit, "Voyant que vous ne voulez pas me permettre de parler, et ne daignez pas non plus de m'écouter, quel remède sinon la patience ? Je porte ma cause à mon Père céleste qui modifiera les choses qui sont mauvaises quand il le jugera à propos”.

Ils s'en allaient quand Ridley dit, "Milord, je vous prie de bien vouloir lire un petit livre des écrits de Bertram concernant le sacrement. Je vous assure que vous y trouverez beaucoup d'informations excellentes” Le Dr. Brooks ne lui répondit pas, mais s'en allait. Alors le Dr.

Ridley ajouta, "Oh, je m'aperçois que vous ne pouvez supporter ce genre de conversation. Eh bien, puisque cela ne sert à rien, je ne dirai plus rien ; je parlerai d'affaires séculières. Je vous prie donc, milord de m'écouter et d'être un intermédiaire à sa majesté la reine en faveur de plusieurs pauvres, surtout ma pauvre sœur et son mari qui se tiennent là. Ils avaient une pauvre rente que je leur accordais quand j'occupais le siège de Londres qui leur est ôtée par celui qui occupe la même place, sans loi ni conscience. J'ai une supplication à faire à sa majesté en leur faveur. Vous allez l'entendre.”

Alors il la lut et quand il fut à l'endroit qui parlait de sa sœur en la nommant, il pleura ; de sorte que, pour un moment, il ne pouvait parler. Mais se remettant, il dit, c'est un sentiment naturel qui me poussait, mais j'ai fini maintenant ; et sur cela il la finit, et la remit à son frère lui commandant de la remettre à sa majesté la reine et de prier non seulement en sa propre faveur mais aussi pour ceux qui avaient des baux ou des donations accordées par lui et retirés par le Dr. Bonner. Le Dr. Brooks dit, En vérité, M. Ridley, votre demande dans cette pétition 158

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est bien juste ; c'est pourquoi il me faut en conscience parler à sa majesté la reine en, leur faveur.

Ridley - Je vous prie, pour l'amour de Dieu, de le faire.

Brooks - Je crois que votre requête vous sera accordée, il n'y a qu'une chose pour lui nuire, et c'est parce que vous n'encouragez pas les procédés de la reine, mais que vous vous y opposez obstinément.

Ridley - Quel remède ? Je ne puis faire plus que de parler et d'écrire. J'espère que j'ai déchargé ma conscience et que la volonté de Dieu sera faite.

Brooks - Je ferai de mon mieux”.

La dégradation étant terminée, le Dr. Brooks appela les baillis, leur remettant le Dr. Ridley avec cette recommandation de le garder sûrement afin d'empêcher toute personne de lui parler, et de l'amener au lieu de l'exécution quand requis. Alors le Dr. Ridley dit, "Je remercie Dieu qu'il n'y ait personne de vous capable de m'accuser de quelque crime manifeste et notoire ; car si vous le pouviez, cela se ferait certainement, je le vois très bien” Ce à quoi Brooks répliqua qu'il jouait le rôle d'un pharisien orgueilleux en s'exaltant lui-même.

"Le Dr. Ridley dit, "Non, je confesse que je suis un misérable pécheur, et que j'ai grand besoin de l'aide et de la miséricorde de Dieu et que je les demande tous les jours : c'est pourquoi je vous prie de ne pas avoir une telle opinion de moi” Alors ils partirent et en s'en allant, un certain recteur d'un collège conseilla au Dr. Ridley de se repentir et d'oublier ses opinions erronées. "Monsieur” dit le docteur, "repentez-vous, car vous êtes hors de la vérité ; et je prie Dieu (si c'est sa divine volonté) d'avoir pitié de vous et de vous accorder l'intelligence de sa parole” Alors le recteur, étant en colère lui dit, "J'espère que je ne serai jamais de votre opinion diabolique ou dans le lieu où vous irez ; tu es l'homme le plus obstiné et volontaire que j'aie jamais entendu parler.

La nuit avant de souffrir, comme il était assis au souper dans la maison de M. Irish, il invita son hôtesse et le reste à la table, à son mariage ; car, dit-il, demain il faut que je sois marié ; et ainsi il se montra aussi gai que jamais. Il demanda ensuite à son frère s'il pensait que sa sœur aurait le cœur de s'y trouver ; il répondit, Oui, j'ose le dire, de tout son cœur” Sur cela il dit, Qu'il était content de voir sa sincérité. En entendant cela Mme. Irish pleura. Mais le Dr. Ridley la consola disant, "Oh Mme. Irish, vous ne m'aimez pas ; car puisque vous pleurez il paraît que vous ne serez pas à mon mariage ni en serez contente. Vraiment vous n'êtes pas autant mon amie que je pensais que vous l'étiez. Mais tranquillisez-vous : quoique mon déjeuné puisse être piquant et pénible, cependant je suis sûr que mon souper sera plus agréable et doux.

"Quand ils se levèrent de la table, son frère lui offrit de rester toute la nuit avec lui. Mais il dit Non, non, vous ne ferez pas cela. Car j'ai l'intention (Dieu voulant) de dormir aussi 159

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tranquillement cette nuit que je ne l'ai jamais fait. Là-dessus son frère s'en alla, l'exhortant à être de bon courage et de prendre sa croix tranquillement, car sa récompense était grande, etc”.

Martyre de Ridley et de Latimer.

Le côté nord de Oxford, dans le fossé tout près du collège Baliol fut choisi pour le lieu de l'exécution ; et crainte de quelque tumulte, lord Williams reçut ordre par lettre de la reine de s'y rendre avec les troupes de la ville pour l'assister, quand tout fut prêt, les prisonniers furent amenés par le maire et les baillis.

Le Dr. Ridley portait une robe noire de fourrure, telle qu'il portait quand il était évêque ; une écharpe de velours garnie de fourrure, un bonnet de nuit en velours, avec un chapeau à cornes et des pantoufles aux pieds. Il se rendit au bûcher entre le maire et un échevin.

Après lui venait Latimer vêtu d'une pauvre redingote de ratine de Bristol bien usée avec un bonnet boutonné et un mouchoir sur la tête, tout prêt pour le feu, avec un linceul neuf et long descendant jusqu'aux pieds ; cette vue causa du chagrin chez les spectateurs qui voyaient d'un côté l'homme qu'ils avaient vu autrefois et de l'autre la calamité dans laquelle ils étaient tombée.

"Le Dr. Ridley, comme il passait vers Bocardo, regarda ou se trouvait le Dr. Cranmer, espérant le voir à la fenêtre et lui parler. Mais le Dr. Cranmer était occupé alors à disputer avec le moine Soto et ses confrères, de sorte qu'il ne put le voir. Le Dr. Ridley regardant en arrière vit Latimer venant après lui auquel il dit, “ Oh, êtes-vous là ?” “ Oui .” dit Mr. Latimer j'y vais aussi vite que je puis .” Ainsi, lui le suivant, ils arrivèrent enfin au bûcher. Le Dr.

Ridley entra d'abord sur la place, et il leva les deux mains vers le ciel ; alors apercevant Mr.

Latimer il courut vers lui avec un visage joyeux, l'embrassa en lui disant, “ Ne crains rien, mon frère, car Dieu va apaiser la fureur des flammes ou nous fortifier pour l'endurer.”

Il se rendit alors au bûcher et, s'agenouillant, il pria avec une grande ferveur ; pendant que Mr. Latimer, le suivant, s'agenouilla et pria avec autant d'instance que lui. Après cela, ils se levèrent et conversèrent ensemble, et pendant qu'ils étaient ainsi occupés, le Dr. Smith commença son sermon à leur adresse sur ce texte de St. Paul, ” Si je livre mon corps pour être brûlé et si je n'ai pas la charité, cela ne me profitera de rien .” Il y allégua que la bonté de la cause et non pas l'espèce de mort produit la sainteté de la personne ; ce qu'il confirma par les exemples de Judas, et d'une femme de Oxford qui se pendit dernièrement parce que eux et leurs pareils peuvent alors être jugés justes, qui se détruisent eux-mêmes dans le désespoir, comme ils craignaient que ses hommes qui se tenaient devant lui le feraient. Il conseilla alors au peuple de s'en méfier, car ils étaient hérétiques et morts quant à l'église. Il termina en les exhortant de se rétracter et de revenir à l'église. Son sermon ne dura guère qu'un quart d'heure.

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"A sa conclusion le Dr. Ridley dit à M. Latimer, "Voulez-vous commencer à répondre au sermon, ou le ferai-je ?" M. Latimer dit, "Commencez le premier, je vous prie” "Je le ferai”

dit le Dr. Ridley”.

Il s'agenouilla alors avec M. Latimer devant lord Williams le vice chancelier de Oxford et les autres commissaires qui étaient assis sur un banc et dit, Je vous prie, mon lord, pour l'amour de Christ de me permettre de dire deux ou trois mots ; et pendant que le lord baissait sa tête devant le maire et le vice-chancelier pour savoir s'il aurait la permission de parler, les baillis et le Dr. Marshal, le vice-chancelier, coururent à la hâte vers lui et avec leurs mains sur sa bouche dirent, M. Ridley, si vous voulez révoquer vos opinions erronées vous n'aurez pas seulement la liberté de le faire, mais aussi la vie.”

"Pas autrement ?" dit le Dr. Ridley. "Non” répondit le Dr. Marchal ; "c'est pourquoi si vous ne voulez pas le faire, il n'y a pas de remède ; vous devez souffrir ce que vous méritez”

"Eh bien” dit le martyr, aussi longtemps qu'il y aura un souffle dans mon corps je ne renierai jamais Christ mon Seigneur et sa vérité révélée ; que la volonté de Dieu soit faite en moi” sur cela il se leva et dit à haute voix, "Je remets notre cause au Dieu Tout-Puissant qui jugera tous les hommes sans acception de personne” M. Latimer ajouta à ceci son dicton accoutumé. "Eh bien, il n'y a rien de caché qui ne soit découvert” On leur ordonna de se préparer immédiatement pour le bûcher.

Ils obéirent avec douceur. Le Dr. Ridley donna sa robe et son écharpe à son beau-frère, Mr. Shipside, qui tout le temps de son emprisonnement quoiqu'il n'eut pas la permission de venir à lui, se chargeait du soin de lui procurer les choses nécessaires qu'il lui faisait parvenir par le sergent. Quelques autres parties de son habillement il donna aussi et les antres furent pris par les baillis.

Il fit aussi présent de petits objets aux messieurs qui l'entouraient, plusieurs d'entre eux pleurant de pitié ; à Sir Henry Lea, il donna un sou neuf ; au gentilhomme de lord Williams des serviettes, &c., et celui qui pouvait obtenir la moindre bagatelle comme souvenir de cet excellent homme se trouvait heureux. Mr. Latimer permit tranquillement à son gardien, de lui ôter son haut-de-chausse et ses autres habits qui étaient très ordinaires ; et son linceul étant enlevé, il paraissait être une aussi belle personne qui se put voir.

"Alors le Dr. Ridley, se tenant encore dans son pantalon, dit à son frère, "il vaudrait mieux pour moi que j'aille dans mon pantalon,” "Non,' dit Latimer, "cela vous causerait plus de souffrance ; et il pourrait être de service à un pauvre homme.”

Là-dessus, dit le Dr. Ridley, "Qu'il en soit ainsi au nom de Dieu” et il se déboutonna. Alors mis en chemise, il leva la main et dit, "Ô Père céleste, je t'offre mes plus sincères remerciements de ce que tu m'as appelé à confesser ton nom même jusqu'à la mort ; je te supplie, Dieu éternel, d'avoir pitié du royaume d'Angleterre et de le délivrer de tous ses ennemie”.

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"Le forgeron prit alors une chaîne de fer et la mit à la ceinture des deux ; et comme il clouait la gâche, le Dr. Ridley prit la chaîne de sa main et regardant le forgeron de côté, dit,

"Mon bon ami, cloue-la bien, car la chair aura son cours” Alors son frère apporta un sac de poudre et l'attacha à son cou. Le Dr. Ridley, lui demanda ce que c'était, il répondit, de la poudre. "Alors" dit-il "Je la prends pour être envoyé à Dieu, c'est pourquoi je la prendrai. Et en avez-vous" dit-il, "pour mon frère ?" (voulant dire Mr. Latimer,) Oui, monsieur, j'en ai, dit-il. "Alors donnez-lui-en, à temps” dit-il, "de crainte que vous arriviez trop tard. Ainsi son frère en porta à Mr. Latimer.

Ils apportèrent alors un fagot allumé, et le mirent aux pieds du Dr. Ridley ; là-dessus Mr.

Latimer dit, " AYEZ BON COURAGE MR. RIDLEY ET SOYEZ HOMME ; NOUS ALLONS

ALLUMER AUJOURD'HUI, EN ANGLETERRE, PAR LA GRÂCE DE DIEU, UNE

CHANDELLE QUI, JE CROIS, NE S'ÉTEINDRA JAMAIS”.

Quand le Dr. Ridley vit que la flamme venait de son côté, il cria d'une voix remarquablement forte, "En tes mains, Ô Eternel, je remets mon esprit ; Eternel reçois mon esprit ; et il continua à répéter, Seigneur, Seigneur, reçois mon esprit” Mr. Latimer cria fortement, "Ô Père qui es aux cieux, reçois mon esprit” Il mourut bientôt après, apparemment avec peu de souffrance.

"Mais le Dr. Ridley à cause du feu mal allumé, les fagots étaient verts, et entassés trop haut de sorte que les flammes qui brûlaient furieusement en dessous, ne pouvaient pas aisément l'atteindre fut exposé à une telle souffrance qu'il leur demanda pour l'amour de Dieu, de laisser le feu venir vers lui.

Son beau-frère l'entendant, mais ne le comprenant pas très bien, pour le débarrasser de sa souffrance et ne sachant pas très bien ce qu'il faisait ; il amoncela des fagots sur lui, de sorte qu'il le couvrit entièrement. Ceci fit brûler le feu si ardemment en dessous qu'il brûla les parties inférieures avant de toucher aux supérieures et le fit se débattre sous les fagots, et lui fit demander souvent de laisser venir le feu vers lui, disant "Je ne puis brûler. Cependant dans tous ces tourments il n'oublia pas de s'adresser à Dieu. Il souffrit de tels tourments jusqu'à ce qu'un des assistants tira, avec sa hallebarde, les fagots du haut, et où le Dr. Ridley vit flamber le feu, il se pencha de ce côté. Enfin le feu toucha la poudre et on ne le vit pas remuer davantage, mais brûla l'autre côté, tombant aux pieds de Latimer ; son corps étant divisé.

"L'affreux spectacle remplit presque tous les yeux de larmes. Quelques-uns s'affligèrent sérieusement de voir la mort de ceux dont la vie leur avait été si chère. Quelques autres s'apitoyaient sur leurs personnes pensant que leurs âmes n'en avaient pas besoin. Mais le chagrin de son frère, dont l'anxiété le poussa à essayer de finir promptement ses souffrances, mais qui, par erreur et confusion, les prolongea si malheureusement et qui surpassèrent celles de tous les autres. Son chagrin fut si violent que les spectateurs s'apitoyèrent sur lui presque autant que sur le martyr”.

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Les Souffrances et Martyre de Thomas Cranmer, Archevêque de Canterbury.

Cet éminent prélat naquit à Aslacton, en Nottinghamshire, le 2 de juillet, 1489. Ayant complété ses études à l'université, il prit les degrés ordinaires, et était si bien aimé qu'il fut choisi agrégé du collège Jésus et devint célèbre par son grand savoir et ses talents. En 1521, il se maria et par là perdit sa position ; mais sa femme, mourant en couche, il fut réélu. En 1523, il fut choisi pour conférencier en théologie dans son propre collège et choisi par l'université, l'un des examinateurs dans cette science. Dans cette office, il inculqua surtout l'étude des Saintes Écritures, alors bien négligée, comme étant indispensablement nécessaire.

La peste s'étant déclarée à Cambridge, M. Cranmer alla à Waltham-Abbey, où, rencontrant Gardiner et Fox, l'un le secrétaire et l'autre l'aumônier du roi, le divorce projeté de ce monarque concernant Catherine sa reine fut mentionné ; quand Cranmer conseilla d'en référer à notre université et aux universités étrangères pour connaître leur opinion dans ce cas-là. Il donna tant de satisfaction à ces messieurs qu'ils l'introduisirent au roi, qui lui donna ordre d'écrire ses pensées sur le sujet, le prit pour son chapelain et l'admit à cette faveur et estime qu'il ne perdit jamais après.

En 1530 il fut envoyé par le roi pour discuter sur le sujet du divorce à Paris, à Rome et autres endroits. A Rome il remit un livre au pape et offrit de le justifier dans une controverse publique ; mais personne ne se présenta pour l'opposer ; tandis qu'en particulier il les força à confesser que le mariage était contraire à la loi de Dieu. Le pape le constitua pénitencier général de l'Angleterre et le renvoya.

Pendant qu'il était loin, le grand archevêque Warham mourut : Henri convaincu du mérite de Cranmer décida qu'il lui succéderait et lui donna ordre de revenir. Il en soupçonna la cause et retarda ; il désirait refuser cette haute position, car il avait une vraie et exacte appréciation de l'office. Mais ceci ne fit que stimuler la résolution du roi. Il fut consacré le 30 mars, 1553

; et quoiqu'il reçut les bulles ordinaires du pape, il protesta, à sa consécration, contre le serment de fidélité, etc., à lui. Car il avait conversé librement avec les réformés en Allemagne, avait lu les livres de Luther et était attaché fortement à la cause glorieuse de la réformation.

Le premier service qu'il rendit au roi dans son caractère archiépiscopal fut de prononcer la sentence de son divorce d'avec Catherine ; le suivant, fut de l'unir en mariage avec Anne Boulen, la conséquence de ce mariage fut la naissance de Élisabeth dont il fut le parrain.

Comme la reine était grandement intéressée à la réformation, les amis de cette bonne œuvre commencèrent à concevoir de grandes espérances. Mais la disposition changeante du roi et la malheureuse fin de Anne, excitèrent leurs craintes ; il n'en résulta, toutefois, aucun mauvais effet. La suprématie du pape était universellement désapprouvée ; les monastères, etc., détruits sur la découverte complète des vices les plus abominables et de la corruption qui y existaient ; ce livre précieux de "l'Érudition d'un chrétien" fut recommandé par l'autorité 163

Le Livre des Martyrs de Foxe

publique ; et les Écritures Saintes enfin, à la joie infinie de Cranmer et de lord Cromwell ne furent pas seulement traduites mais introduites dans toutes les paroisses.

La traduction en fut reçue avec une immense joie ; chaque personne qui était capable de l'acheter le fit ; les pauvres s'empressèrent de l'entendre lire ; des personnes avancées en âge apprirent à lire, pour pouvoir l'étudier ; et même les petits enfants s'empressèrent avec avidité de l'entendre. Nous ne pouvons-nous empêcher de remarquer combien nous sommes tenus d'apprécier ce trésor sacré, et combien nous devons repousser toutes les tentatives de ses ennemis, et de cette église qui voudrait nous en priver, et nous réduire encore aux légendes et aux scolastiques, à l'ignorance et à l'idolâtrie.

Cranmer fit alors une collection des opinions tirées des œuvres des pères de l'Église et des docteurs nouveaux. Peu de temps après ceci il donna une preuve, éclatante de sa constance désintéressée par son opposition à ce qui est communément appelé les six articles sanguinaires du roi Henri. Toutefois, il essuya l'orage et publia, avec un incomparable préface, la grande Bible, dont six copies furent mises à la disposition du peuple par Bonner alors nouvellement consacré évêque de Londres dans sa cathédrale de St. Paul.

Les ennemis de la réforme, toutefois, étaient remuants et Henri, hélas n'était pas protestant dans le cœur. Cromwell leur fut sacrifié et ils dirigeaient leurs traits vengeurs contre Cranmer.

Gardiner en particulier était infatigable ; il le fit accuser en parlement et plusieurs lords du conseil privé poussèrent le roi à envoyer l'archevêque à la Tour. Le roi s'aperçut de leur malice

; et un soir, faisant semblant de s'amuser sur l'eau il commanda de conduire son bateau à Lambeth. L'archevêque descendit pour présenter ses respects et reçut ordre du roi de monter sur le bateau. Henri l'informa des accusations mises à sa charge et parla de son opposition aux six articles. L'archevêque répliqua modestement qu'il ne pouvait s'empêcher d'être de la même opinion, mais n'avait pas conscience de les avoir violées. Le roi alors prenant un air de plaisanterie, lui demanda si sa chambre à coucher pourrait supporter l'épreuve de ces articles

? L'archevêque confessa qu'il avait été marié en Allemagne avant sa promotion ; mais il assura le roi que, sur la passation de cet acte, il s'était séparé de sa femme et l'avait envoyée chez ses amis. Sa majesté fut si charmée de sa franchise et de son intégrité, qu'il lui découvrit tout le complot formé contre lui et lui donna un anneau de grande valeur qu'il pourrait produire en cas de nécessité.

Quelques jours après cela, les ennemis de Cranmer le citèrent devant le conseil. Il s'y rendit donc, mais ils le firent attendre dans l'antichambre parmi les domestiques ; le traitèrent, à sa rentrée, avec un grand mépris ; et l'aurait envoyé à la Tour. Mais il produisit l'anneau qui changea leur ton à son égard ; pendant que ses ennemis recevaient une sévère réprimande de Henri, Cranmer lui-même obtint le plus haut degré de sécurité et de faveur. Dans cette occasion il montra une indulgence et une douceur pour lesquelles il a toujours été si distingué

; il ne persécuta aucun de ses ennemis mais il pardonna même volontiers à Gardiner, son ennemi invétéré, quand il lui écrivit une lettre le suppliant de le faire. La même douceur se 164

Le Livre des Martyrs de Foxe

montra envers le Dr. Thornton, le suffragant de Dover, et le Dr. Barber qui, quoique reçu dans sa famille, dépositaire de ses secrets, et redevable de beaucoup de faveurs avait ingratement conspiré avec Gardner pour lui ôter la vie.

Quand Cranmer eut découvert leur perfidie, il les fit venir à son étude et leur dit qu'il avait été vilement et faussement accusé par quelques-uns en qui il avait placé la plus grande confiance, leur demanda comment il devrait agir à leur égard ? Eux, ne soupçonnant pas qu'ils y étaient concernés répondirent, que "de tels scélérats devraient être poursuivis avec la plus grande rigueur ; de plus ils méritaient de mourir sans miséricorde” En entendant cela l'archevêque, levant les mains, s'écria, "Dieu de miséricorde ! à qui peut-on se fier ?" Et alors, prenant de son sein les lettres par lesquelles il avait découvert leur perfidie, leur demanda s'ils les reconnaissaient ? Quand ils virent leurs propre 3 lettres, ils furent confus à l'extrême ; et tombant à genoux ils demandèrent humblement pardon. L'archevêque leur dit "qu'il leur pardonnait et prierait pour eux, mais qu'ils ne pouvaient s'attendre qu'ils se fieraient à eux à l'avenir”.

Comme nous en sommes à sa facilité de pardonner les injures, nous pouvons raconter un charmant exemple qui arriva quelque temps auparavant.

La première femme de l'archevêque qu'il maria à Cambridge était parente de l'hôtesse à l'hôtellerie du Dolphin et y prenait pension. Comme il la fréquentait souvent pour cette raison, le parti papiste fit circuler une histoire qu'il avait été palefrenier dans cette hôtellerie, et n'avait jamais reçu une éducation libérale. Cette sotte histoire avait été répétée dans une auberge par un prêtre de Yorkshire qu'il avait habitude de fréquenter, se moquant de l'archevêque en disant qu'il n'avait pas plus de savoir qu'une oie. Quelqu'un en informa lord Cromwell et le prêtre fut enfermé dans la prison Fleet. Quand il y eut été neuf ou dix semaines il envoya supplier l'archevêque de lui pardonner et demanda d'être élargi.

L'archevêque le cita devant lui et après l'avoir blâmé doucement, lui demanda s'il l'avait jamais connu ? Il lui répondit "Non” L'archevêque lui demanda alors pourquoi il attaquait son caractère ? Le prêtre s'excusa en disant qu'il était en boisson ; mais Cranmer lui répondit que c'était une double faute. Il lui dit alors que s'il était disposé à essayer quelle espèce d'écolier il était, il aurait la liberté de l'essayer dans n'importe quelle science il le désirait. Le prêtre lui demanda humblement pardon et confessa qu'il était ignorant et ne comprenait rien autre que sa langue maternelle. "Il n'y a aucun doute" dit Cranmer "que vous êtes bien versé dans la Bible anglaise et que vous pouvez répondre aux questions qui en sont tirées ; dites-moi qui était le père de David ?" Le prêtre s'arrêta un moment pour réfléchir ; mais enfin dit à l'archevêque qu'il ne s'en rappelait pas. "Dites-moi, alors” dit Cranmer, "qui était le père de Salomon ?" Le pauvre prêtre répondit qu'il n'était pas versé dans les généalogies et ne pouvait le dire. L'archevêque alors lui conseillant de fréquenter moins souvent les buvettes et d'étudier davantage le renvoya en liberté à son curé.

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Le Livre des Martyrs de Foxe

Ce sont là des exemples qui servent à montrer le caractère indulgent de Cranmer. En vérité, il fut blâmé par plusieurs pour son excès d'indulgence. Le roi qui était bon juge des hommes remarquant la haine implacable de ses ennemis changea ses armoiries de trois grues à trois pélicans, nourrissant leurs petits de leur propre sang ; et dit à l'archevêque, que ces oiseaux devraient signifier pour lui qu'il devrait être prêt comme le pélican à répandre son sang pour ses petits élèves dans la foi chrétienne ; car dit le roi, "il est probable que vous serez essayé, à la fin, si vous ne changez pas de direction” L'évènement prouva que le roi n'était pas un mauvais prophète.

En 1547, Henri mourut, et laissa sa couronne à son fils unique, Édouard, qui était filleul de Cranmer et avait puisé tout l'esprit d'un réformateur. Cet excellent jeune prince influencé non moins par sa propre inclination que par les conseils de Cranmer et les autres amis de la réformation était diligent de la promouvoir en toutes occasions. Des homélies et un catéchisme furent composés par l'archevêque ; les notes d'Érasme sur le Nouveau Testament furent traduites et affichées dans les églises ; les sacrements furent administrés sous les deux espèces ; et la liturgie lue en langue vulgaire. Ridley, le grand ami de l'archevêque, et l'une des lumières les plus brillantes de la réformation anglaise était également zélé dans la bonne cause ; et, de concert avec lui, l'archevêque prépara les quarante-deux articles de religion et publia un traité bien estimé, intitulé, "Une défense de la vraie doctrine catholique du sacrement du Corps et du Sang de notre Seigneur Jésus-Christ”.

Mais cette heureuse scène de prospérité ne devait pas continuer longtemps. Il plut à Dieu de priver la nation du roi Édouard en 1553, se disposant, dans sa sage providence, de perfectionner l'Église de son fils Jésus-Christ nouvellement née, en Angleterre, par le sang des martyrs, comme au commencement il perfectionna l'Église en général. Inquiet pour le succès de la réforme et poussé par l'artifice du duc de Northumberland, Édouard avait été induit à exclure ses sœurs et à léguer la couronne à l'aimable et bien digne bru du duc la lady Jane Grey. L'archevêque fit tout en son pouvoir pour opposer ce changement dans la succession ; mais le roi fut contrôlé ; le testament fut fait et signé par le conseil et les juges.

L'archevêque fut appelé le dernier et requis de souscrire ; mais il répondit qu'il ne pouvait le faire sans se parjurer, ayant prêté serment à la substitution de la couronne en faveur des deux princesses Marie et Elizabeth. Le roi répondit à cela, "que les juges qui étaient les plus versés dans la constitution, devraient être consultés sur ce point, et l'avaient assurés que malgré cette substitution il pouvait légalement léguer la couronne à lady Jane” L'archevêque désira converser lui-même avec eux sur le sujet ; et eux tous s'accordant à dire qu'il pouvait légalement souscrire au testament du roi il fut enfin gagné à mettre de côté ses propres scrupules par leur autorité et à y souscrire.

Ayant fait cela, il se crut en conscience obligé de joindre lady Jane ; mais son pouvoir passager expira bien vite, quand Marie et la persécution Montèrent sur le trône et Cranmer ne pouvait s'attendre à autre chose qu'à ce qui arriva.

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Il fut condamné pour trahison, et, avec une feinte clémence, pardonné ; mais, pour gratifier la malice de Gardiner et son propre ressentiment implacable contre lui pour le divorce de sa mère, Marie donna ordre de procéder contre lui pour hérésie. La Tour était encombrée de prisonniers ; de sorte que Cranmer, Ridley, Latimer et Bradford furent tous mis dans une chambre. Ils bénirent Dieu pour l'occasion de converser ensemble ; de lire et de comparer les Écritures ; de se conformer à la vraie foi ; et de s'exhorter mutuellement à la fermeté dans sa profession et à la patience dans la souffrance pour l'amour d'elle. Heureuse société ! heureux martyrs ! plus dignes d'être enviés que le tyran vêtu de pourpre avec l'épée toute rougie de sang et entouré de toute la pompe et le faste du pouvoir.

En avril, 1554, l'archevêque, avec les évêques Ridley et Latimer, furent transportés de la Tour à Windsor, et de là à Oxford, pour discuter avec des personnes choisies des deux universités. Mais combien sont vaines les débats quand le sort des hommes est déterminé et chaque mot interprété en mauvaise part. Tel était le cas ici ; car au 20 avril, Cranmer fut amené à l'église Ste. Marie devant les commissaires de la reine, et refusant de souscrire à l'article papiste, il fut déclaré hérétique, et la sentence de condamnation fut passée sur lui. Il leur dit sur cela qu'il en appelait de leur injuste sentence à celle du Tout-Puissant.

Après cela ses domestiques furent renvoyés et lui-même renfermé à l'étroit à Bocardo, la prison d'Oxford. Mais cette sentence étant nulle en loi, comme l'autorité du pape y manquait une nouvelle commission fut envoyée à Rome en 1555 ; et dans l'église Sainte Marie, la cour fit le procès de Cranmer déjà condamné. Il fut ici presque trop fort pour ses juges ; et si la raison et la vérité avaient pu prévaloir, il n'y a aucun doute qui aurait dû être acquitté, et qui condamné.

En février suivant, une nouvelle commission fut donnée à l'évêque Bonner et à l'évêque Thirlby. Quand ils vinrent à Oxford, ils lurent leur commission du pape, et pour ne pas avoir comparu devant eux en personne comme ils l'avaient cité de le faire, il fut déclaré contumace, quoiqu'ils l'eussent eux-mêmes gardé à l'étroit comme prisonnier. Bonner, alors dans un discours injurieux, l'insulta de la manière la plus grossière pour laquelle il fut souvent réprimandé par l'évêque Thirlby, qui pleura et déclara que c'était la scène la plus triste qu'il avait vue de sa vie. Dans la commission on déclarait que la cause avait été entendue à Rome avec impartialité ; les témoins des deux côtés examinés ; et le défenseur de l'archevêque avait eu la permission de faire la meilleure défense possible pour lui. A cette lecture, l'archevêque ne put s'empêcher de s'écrier, "Mon Dieu, quels mensonges voilà ; que moi, qui suis continuellement en prison et empêché d'avoir un défenseur ou un avocat ici, je puisse produire des témoins et appointer mon conseil à Rome. Dieu doit punir ces honteux et évidents mensonges”.

Quand Bonner eut fini ces invectives, ils se mirent à le dégrader ; et pour le rendre aussi ridicule que possible, le costume épiscopal dont ils le revêtirent était fait en canevas et de vieilles guenilles. Bonner, pour s'en moquer, l'appelait "M. Canterbury " ou quelque chose de 167

Le Livre des Martyrs de Foxe

semblable. Il endura ce traitement avec courage et patience ; leur dit que, "la dégradation ne lui donnait aucun souci, car il y avait longtemps qu'il méprisait ces ornements," mais quand ils en vinrent à lui ôter sa crosse, il la retint et en appela à Thirlby, disant, "J'en appelle au prochain concile général”.

Quand ils l'eurent dépouillé de ses habits, ils le revêtirent d'une pauvre robe d'un bedeau de campagne usée, de forme étrange et d'un bonnet de citadin ; et de cette manière le livrèrent au bras séculier pour être reconduit à la prison, où il fut gardé dans un grand dénuement, et éloigné de ses amis. Même, telle était la fureur de ses ennemis, qu'un noble fut arrêté par Bonner, et échappa bel d'avoir un procès pour avoir donné de l'argent à l'archevêque pour s'acheter à dîner.

Cranmer avait maintenant été emprisonné presque trois ans et la mort aurait dû suivre sa sentence et sa dégradation ; mais ses cruels ennemis le réservaient à une plus grande privation et insulte. Tous les moyens imaginables furent employés pour ébranler sa fermeté ; mais il se montra inébranlable dans la profession de sa foi. Même quand il vit le martyre cruel de ses chers compagnons, Ridley et Latimer, il était si loin de reculer, qu'il pria Dieu non seulement de les fortifier, mais aussi, par leur exemple, de l'encourager à une patiente attente et à la même épreuve du bûcher.

Les papistes enfin déterminèrent d'essayer ce que la douceur produirait auprès de Cranmer.

Ils le transportèrent en conséquence de la prison au logis du doyen de Christ-Church, où ils se servirent de tous les arguments persuasifs et touchants pour le faire renoncer à sa foi ; et, même, affectèrent trop sa nature sensible par le faux brillant d'une prétendue civilité et de respect. Le malheureux prélat, toutefois résista à toutes les tentations, ce qui les irrita tellement qu'ils le renvoyèrent à la partie la plus dégoûtante de la prison et le traitèrent alors avec la plus cruelle sévérité. Ceci fut plus que ne purent supporter les infirmités d'un homme si âgé : la fragilité humaine prévalut ; et il fut poussé à signer la rétraction suivante que la malice et l'artifice de ses ennemis lui arrachèrent.

Moi, Thomas Cranmer, ci-devant archevêque de Canterbury, renonce, méprise et déteste toutes sortes d'hérésies et les erreurs de Luther et de Twingle et tous les autres enseignements qui sont contraires à la saine et vraie doctrine. Et je crois très fermement dans mon cœur et je confesse de ma bouche qu'il 'n'y a qu'une sainte Église catholique visible, hors de laquelle il n'y a point de salut ; et je reconnais que l'évêque de Rome en est la tête suprême sur la terre lequel je reconnais être le plus grand évêque et pape, le vicaire de Christ auquel tous les chrétiens doivent être soumis.

"Et quant au sacrements, je crois et révère dans le sacrement de l'autel le vrai corps et sang (le Christ étant contenu très certainement sous la forme du pain et du vin ; le pain étant changé, par la toute-puissance de Dieu en corps de notre Sauveur Jésus-Christ et le vin en son sang”.

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Et quant aux autres six sacrements, aussi (comme en ceci) je crois et maintiens ce que l'Église universelle maintient et ce que l'église de Rome juge à propos et décrète.

De plus, je crois qu'il y a une place de purgatoire, où les âmes des trépassés sont punies pour un temps, pour lesquelles l'église prie saintement et salutairement, comme aussi elle honore les saints et leur adresse des prières.

Finalement, en toutes choses je professe que je ne crois pas autrement que l'Église catholique et l'Église de Rome dans ce qu'elle maintient et enseigne. Et je supplie le Dieu Tout-Puissant que dans sa miséricorde il daigne me pardonner ce que j'ai pu commettre contre Dieu ou son Église et je désire aussi et prie que tous les chrétiens prient pour moi.

"Et de tous ceux qui ont été trompés soit par mon exemple ou ma doctrine, je leur demande, par le sang de Jésus-Christ, qu'ils reviennent à l'unité de l'Église pour que nous soyons tous d'un même esprit sans schisme et sans division”.

"Et en conclusion, comme je me soumets à l'Église catholique de Christ, et à son chef suprême, je me soumets aussi à ses très excellentes majestés Philippe et Marie, roi et reine de ce royaume d'Angleterre, &c., et à toutes leurs autres lois et ordonnances, étant toujours prêt comme fidèle sujet à leur obéir en tout temps. Et Dieu m'est témoin que je n'ai pas fait ceci pour obtenir faveur ou par crainte de quelqu'un, mais volontairement et suivant ma propre conscience”.

Cette rétraction de l'archevêque fut immédiatement imprimée et distribuée par tout le pays.

Pendant tout ce temps-là Cranmer n'avait aucune assurance certaine d'avoir la vie sauve quoique cela lui fit promis par les docteurs ; mais après avoir accompli leur dessein, ils laissèrent le reste au hasard, comme cela arriva avec les adhérents de cette religion. La reine, ayant maintenant trouvé une occasion de se venger de lui, reçut sa rétraction avec joie ; mais insista pour qu'il fut mis à mort.

Le Dr. Cranmer était dans une triste état, n'ayant ni tranquillité en sa propre conscience ni aucun aide de la part de ses adversaires. Outre cela, d'un côté il y avait louange, de l'autre mépris, des deux côtés danger, de sorte qu'il ne pouvait ni mourir ni vivre honnêtement. Et quand il cherchait à se sauver, il fit double perte car il ne pouvait éviter une secrète honte auprès des braves gens ni auprès des méchants le semblant de dissimulation.

Cependant la reine, prenant conseil comment se débarrasser de Cranmer, qui jusqu'à présent ne savait rien de sa haine secrète et ne s'attendait pas à la mort, choisit le Dr. Cole pour préparer pour le 21 mars un discours funéraire pour la mort de celui-là par le feu. Bientôt après, d'autres hommes respectables et des magistrats furent sommés, au nom, de la reine de se rendre à Oxford le même jour avec leurs domestiques et leurs suites, de crainte que la mort de Cranmer ne causa du tumulte. Le Dr. Cole revint à Oxford, prêt à jouer son rôle. Comme le jour de l'exécution approchait, il vint à la prison pour voir le Dr. Cranmer et s'assurer s'il retenait toujours la foi catholique. Cranmer lui répondit que par la grâce de Dieu il serait tous 169

Le Livre des Martyrs de Foxe

les jours plus ferme dans la foi catholique ; Cole partit pour cette fois et revint à lui le jour suivant, ne lui donnant encore aucun avis de sa mort qu'on avait décrétée. A cette occasion il lui demanda s'il avait quelque argent ; sur sa réponse négative Cole lui remit quinze écus pour être donnés à tels pauvres qu'il voudrait ; et l'exhortant à être constant dans la foi, il partit.

L'archevêque commença maintenant à imaginer ce dont il s'agissait. Alors un religieux espagnol vint à lui, un des témoins de sa rétractation apportant un papier avec les articles que Cranmer devait publiquement déclarer devant le peuple, le pressant de le copier et de le signer de son nom ; et quand il l'eut fini, le religieux lui demanda d'en écrire une autre copie qu'il pourrait garder, ce qu'il fit aussi. Mais toutefois l'archevêque, voyant où tendaient leur artifice, et pensant que le temps approchait auquel il ne pourrait plus dissimuler, mit sa prière et son exhortation, écrit sur un autre papier, secrètement dans son sein, ayant l'intention de les réciter au peuple avant de faire sa dernière profession de foi ; craignant que s'ils entendaient d'abord sa confession de foi ils ne lui permettraient pas après d'exhorter le peuple.

Bientôt après, environ sur les neuf heures, lord Williams, Sir. Thomas Bridges, Sir John Brown et plusieurs autres juges, avec certains autres nobles qui furent envoyés par le conseil de la reine, vinrent à Oxford avec un grand train d'assistants. Il y avait en outre une grande multitude et une plus grande attente ; ceux qui était du côté du pape ayant une grande espérance d'entendre ce jour-là quelque chose de Cranmer qui fortifierait leur opinion ; d'autres, animés d'un meilleur sentiment, ne doutant pas que lui, qui, pendant plusieurs années, avait présenté la vraie doctrine de l'Évangile, la confesserait maintenant dans le dernier acte de sa vie.

Le Dr. Cranmer vint enfin de sa prison de Bocardo à l'église de Ste. Marie. Le maire allait en avant, venaient ensuite les échevins ; après eux Cranmer entre deux religieux qui, marmottant à tour certains psaumes dans les rues, se répondaient l'un à l'autre jusqu'à ce qu'ils vinrent à la porte de l'église et commencèrent là le cantique de Siméon, "Nunc dimittis" et entrant dans l'église les religieux en chantant les psaumes l'amenèrent à son poste, et l'y laissèrent. Il y avait une estrade appuyée contre la chaire sur laquelle se tenait Cranmer, en attendant que le Dr. Cole fut prêt pour son sermon.

Le triste cas de cet homme offrait un désolant spectacle à tous ces chrétiens qui le contemplaient. Celui qui dernièrement était archevêque, métropolitain et primat de toute l'Angleterre et conseiller privé du roi, vêtu d'une simple robe déchirée avec un vieux bonnet carré, exposé au mépris et au ridicule de tous.

Mis ainsi, quand il eut demeuré assez longtemps sur l'estrade, se tournant vers une colonne contiguë, il leva les mains et pria. Enfin le Dr. Cole montant dans la chaire et commençant son sermon, fit mention de Tobie et de Zacharie qu'il loua pour leur persévérance dans le culte du vrai Dieu ; il divisa son sermon en trois parties, désirant de parler d'abord de la miséricorde de Dieu ; secondement de montrer sa justice ; et en dernier lieu comment les secrets du prince ne doivent pas être dévoilés. Mais il prit bientôt occasion de se tourner vers Cranmer et avec 170

Le Livre des Martyrs de Foxe

plusieurs paroles violentes le blâma de ce que lui qui était imbu de la doctrine saine et catholique tombât dans une erreur pernicieuse, qu'il n'avait pas défendue par ses écrits, mais avait aussi réduit d'autres personnes à faire pareil, avec des dons multipliés.

Après que Cole eut terminé son sermon il rappela les gens à la prière. "Mes frères” dit-il,

"de peur que quelqu'un ne doute de la repentance de cet homme, vous l'entendrez parler devant vous ; et en conséquence je vous prie, M. Cranmer d'accomplir maintenant ce que vous avez promis ; à savoir que vous fassiez publiquement une vraie profession do votre foi, afin que tous les hommes puissent comprendre que vous êtes vraiment catholique” "Je vais le faire"

dit l'archevêque, "et cela de bonne volonté” Alors se levant et ôtant son bonnet il commença à parler comme suit:

"Mes bonnes gens, mes chers frères bien-aimés et sœurs en Christ. Je vous prie très sincèrement de prier le Dieu Tout-Puissant de me pardonner tous mes péchés et mes offenses qui sont sans nombre et grands au-delà de toute mesure. Mais une chose afflige ma conscience plus que tout le reste, dont, Dieu voulant, je parlerai ci-après. Mais quelques grands et nombreux que soient mes péchés, je vous supplie de prier Dieu qu'il me les pardonne tous dans sa miséricorde” Et s'agenouillant il répéta la prière suivante:

"Ô Père céleste, Ô Fils de Dieu, Rédempteur du mondé, Ô Saint-Esprit, trois personnes en un seul Dieu ayez pitié de moi, le plus misérable esclave et pécheur. J'ai péché contre le ciel et la terre, plus que ma langue ne peut exprimer. Où puis-je alors aller ou puis-je fuir ? J'ai honte de lever mes yeux au ciel et sur la terre je ne trouve aucune place de refuge et de secours.

A toi donc Ô Eternel j'ai recours ; devant toi je me prosterne, disant, Ô Eternel mon Dieu, mes péchés sont grands mais cependant aie pitié de moi pour l'amour de ta miséricorde. Le grand mystère que Dieu se fit homme n'a pas été accompli pour de petites offenses ou pour peu. Tu n'as pas livré ton Fils (Ô Père Céleste) à la mort pour de petits péchés seulement, mais pour tous les grands péchés du monde, afin que le pécheur retourne à toi de tout son cœur, comme je le fais à présent. C'est pourquoi aie pitié de moi, Ô Dieu dont la nature est d'avoir toujours compassion ; aie pitié de moi, Ô Eternel par ta grande miséricorde. Je ne demande rien par mes propres mérites, mais pour l'amour de ton nom, afin qu'il en soit sanctifié et pour l'amour de ton Fils Jésus-Christ. Et maintenant, donc Ô Père céleste que ton nom soit sanctifié” &c.

Et se levant, il dit:

"Tout homme désire au temps de sa mort de donner quelque bonne exhortation, pour que les autres s'en rappelle avant leur mort et s'en trouvent mieux ; aussi je prie Dieu de m'accorder la grâce de de pouvoir dire quelque chose à mon départ actuel par lequel Dieu soit glorifié et vous-mêmes édifiés.

"D'abord, c'est une triste chose que de voir tant de personnes soient attachées à ce vain momie et en soient si soigneuses, qu'elles s'occupent peu ou point du tout de l'amour de Dieu ou du monde à venir. C'est pourquoi ceci sera ma première exhortation que vous tourniez vos 171

Le Livre des Martyrs de Foxe

pensées vers Dieu et le monde à venir, et appreniez à connaître ce que veut dire ce qu'enseigne St. Jean, "Que l'amour de ce monde est inimitié contre Dieu”.

"La seconde exhortation est que vous obéissiez à votre roi et à votre reine volontairement et sans murmure ; non pas par la crainte que vous en avez, mais beaucoup plus par la crainte de Dieu ; sachant qu'ils sont les ministres de Dieu, appointés par Dieu pour vous commander et vous gouverner ; et en conséquence quiconque leur résiste, résiste à l'ordonnance de Dieu”.

"La troisième exhortation est que vous vous aimiez comme des frères et des sœurs. Car, hélas ! c'est pitoyable de voir la haine que porte un chrétien à un autre ne se regardant pas comme frère et sœur mais plutôt comme étrangers et ennemis mortels. Mais je vous prie de bien apprendre cette leçon-ci, de faire du bien à tous les hommes autant qu'il se peut. Car vous pouvez être sûrs de ceci, que quiconque hait quelqu'un ou qui s'efforce de lui nuire, Dieu n'est pas avec cet homme quoiqu'il se croit lui-même être en faveur devant Dieu”.

"La quatrième exhortation sera pour ceux qui ont de grands biens et des richesses de ce monde pour qu'ils considèrent bien et pèsent trois déclarations de l'Écriture l'une de notre Sauveur lui-même, "Il est difficile à un riche d'entrer dans le royaume des cieux !" Une déclaration pénible et cependant prononcée par celui qui connaît la vérité. La seconde de St.

Jean, "Celui qui a des biens de ce monde et qui voit son frère dans la nécessité lui fermera ses entrailles, comment peut-il dire qu'il aime Dieu ?" La troisième de St. Jacques, qui parle comme suit du riche avare : "Pleurez et vous lamentez à cause de la calamité qui va tomber sur vous ; vos richesses sont pourries, vos habits rongés des vers. Votre or et votre argent se sont rouillés, et leur rouille s'élèvera en témoignage contre vous et dévorera votre chair comme un feu ; vous avez amassé un trésor de la colère de Dieu pour le dernier jour ? Que ceux qui sont riches pèsent bien ces trois déclarations ; car s’ils n’ont jamais eu occasion de montrer leur charité ils l'ont aujourd'hui, car il y a tant de pauvres et les provisions si chères.

Et maintenant, puisque j'arrive à la dernière partie de ma vie de laquelle dépend toute ma vie passée et toute ma vie future, soit de vivre avec Christ mon maître éternellement dans la joie, ou bien dans la peine pour toujours avec les mauvais anges en enfer, et que je vois devant mes yeux présentement soit le ciel prêt à me recevoir on l'enfer prêt à m'engloutir je déclarerai devant vous ma foi sans dissimulation.

"D'abord, je crois en Dieu le Père Tout-Puissant, créateur du ciel et de la terre, &c. Et je crois chaque article de la foi catholique, chaque mot et phrase prononcés par Notre Sauveur Jésus-Christ, ses apôtres et ses prophètes dans l'Ancien et le Nouveau Testament”.

Et maintenant je viens à ce qui trouble ma conscience plus que tout ce que j'ai fait ou dit dans ma vie ; et c'est d'avoir publié un écrit contraire à la vérité que je renonce ici et répudie, vraiment écrit de ma main, mais contraire à la vérité que je croyais dans mon cœur, écrit par crainte de la mort et pour sauver ma vie si possible ; tous ces papiers que j'ai écrits et signés de ma main depuis ma dégradation je les renonce comme faux. Et comme ma main a commis 172

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l'offense en écrivant ce qui était contraire à mon cœur, ma main sera en conséquence punie d'abord : car quand j'irai au feu elle sera brûlée d'abord.

Quant au pape, je le rejette avec sa fausse doctrine, comme l'ennemi de Christ et comme l'antéchrist.

"Et quant au sacrement, je crois ce que j'ai enseigné dans mon livre contre l'évêque de Winchester ; la doctrine que mon livre enseigne demeurera en force au dernier jour au jugement de Dieu où la doctrine papiste aura honte de se montrer le visage”.

Ici les spectateurs furent tous étonnés. Les uns commencèrent à lui rappeler sa rétraction et à l'accuser de fausseté. Il était étrange de voir les docteurs déçus d'une si grande espérance.

Je crois que jamais la cruauté n'a été jouée et trompée d'une manière plus remarquable. Car il n'y a aucun doute qu'ils s'attendaient à une glorieuse victoire et à un triomphe perpétuel par la rétraction de cet homme.

Alors on attacha une chaîne autour de Cranmer, et l'on commanda de l'entourer de feu.

Quand le bois fut allumé, et que le feu commença à l'entourer il étendit sa main droite qui avait signé sa rétractation, dans les flammes, et l'y tint pour que le peuple vit qu'elle était réduite en charbon avant que son corps ne fut touché. En un mot, il fut si patient et constant au sein de ces tortures, qu'il ne semblait pas se remuer plus que le poteau auquel il était attaché

; ses yeux étaient levés vers le ciel et il disait souvent amis longtemps que sa voix le lui permit,

"Cette indigne main droite !" et répétant les paroles d'Étienne, "Seigneur Jésus reçois mon esprit” jusqu'à ce que la fureur des flammes l'eussent réduit au silence, et il rendit l'esprit.

Martyre de William Bongeor, Thomas Benhote, William Purchase, Agnes Silverside, Helen Ewring, Elisabeth Folk, William Muni, John Johnson, Alice Muni et Rose Allen, à Colchester.

Parmi vingt-deux personnes amenées de Colchester à Londres et renvoyées après avoir signées une confession se trouvaient William Munt, qui demeurait à Muchbentley, Alice, sa femme, et Rose Allen, sa fille. Après leur retour à la maison ils s'absentèrent encore du service idolâtre de l'église papiste et fréquentèrent la compagnie de personnes pieuses qui lisaient diligemment la parole de Dieu et invoquaient son nom par Jésus-Christ. Cette conduite offensa tellement les catholiques qu'ils en furent accusés auprès de Lord Darcy. Une persécution s'éleva contre ses pauvres gens, ce qui les força pour un temps de se retirer. Peu de temps après, toutefois, endormis dans la sécurité, ils y retournèrent. Le 7 mars 1557, à environ deux heures du matin, Edmond Tyrrel (un descendant de la personne qui assassina le roi Édouard V., dans la tour de Londres) assisté par le bailli, deux commissaires et autres assistants vinrent à la porte et dirent à Mr. Munt que lui et sa femme devaient aller avec lui au château de Colchester.

Cette grande surprise affecta beaucoup Mme. Munt, qui était bien indisposée à cause du traitement cruel qu'elle avait reçu auparavant du parti papiste ; mais après s'être un peu remise, 173

Le Livre des Martyrs de Foxe

elle demanda à Tyrrel que sa fille lui apporte quelque chose à boire. Quand cela fut fait, Tyrrel conseilla à la fille de recommander à son père et à sa mère de se conduire comme de bons chrétiens et membres de l'église catholique ; auquel elle répondit, "Monsieur ils ont un meilleur maître que moi. Car le Saint-Esprit les enseigne et ne leur permettra pas de se tromper”.

Tyrrel - Es-tu encore de cette disposition ? Il est temps vraiment, de rechercher de tels hérétiques.

Rose - Monsieur, avec ce que vous appelez hérésie je sers mon Dieu Eternel ; je vous dis la vérité.

Tyrrel - Alors je m'aperçois que vous brûlerez, commère, avec le reste pour l'amour de la compagnie.

Rose - Non, monsieur, pas l'amour de la compagnie, mais pour l'amour de Christ, si j'y suis contrainte ; et j'espère que, dans sa miséricorde, s'il m'y appelle, il me rendra capable de l'endurer.

Le cruel Tyrrel lui saisit alors le poignet et prenant une chandelle allumée qu'elle tenait à la main, la tint sous sa main, la brûlant sur le dos jusqu'à ce que les muscles se cassassent ; et pendant cette barbare opération il lui disait souvent, "Quoi, ne crieras-tu pas ? ne crieras-tu pas ? "Ce à quoi elle répondit constamment qu'elle remerciait Dieu qu'elle n'avait pas de cause, mais plutôt de se réjouir". Mais” dit-elle, "il avait plus de cause de pleurer qu'elle, s'il considérait l'affaire avec soin” Enfin il la repoussa violemment loin de lui avec un langage grossier ; auquel elle ne fit pas d'autre attention que de lui demander. Monsieur, avez-vous fait ce que vous vouliez faire ? Il répondit, "Oui et si vous ne l'approuvez pas, alors améliorez-le”.

Rose - Le rectifier ? vraiment que le Seigneur vous rectifie et vous donne la repentance, si c'est sa volonté ; et maintenant, si vous le, trouvez à, propos, commencez par les pieds et brûlez aussi la tête ; car celui qui vous a mis à l'ouvrage vous paiera vos gages un jour, je vous en certifie ; et ainsi elle s'en alla et porta l'eau à sa mère comme en elle avait reçu l'ordre.

Tyrrel les conduisit alors tous au château de Colchester avec John Johnson qu'ils prirent en chemin.

Le même matin ils en prirent six autres, à savoir William Bongeor, Thomas Benhote, William Purchase, Agiles Siiverside, Helen Ewring, et Elisabeth Folk qu'ils envoyèrent comme prisonniers à Mote-hill. Après quelques jours ils furent amenés avec plusieurs autres, devant plusieurs magistrats, prêtres, et officiers pour être examinés concernant leur foi.

Ils furent tous condamnés et l'évêque Bonner envoya un ordre pour qu'ils fussent brûlés le 2 août. Comme ils étaient gardés à différents endroits, on résolut qu'une partie d'entre eux serait exécutée dans la première partie du jour et le reste dans la dernière. Quand ceux qui 174

Le Livre des Martyrs de Foxe

étaient appointés pour le matin arrivèrent sur les lieux, ils s'agenouillèrent et invoquèrent humblement le Dieu Tout. Puissant, quoiqu'ils fussent interrompus par leurs ennemie papistes.

Ils se livrèrent alors ; furent attachés aux poteaux et brûlés au feu. Ils moururent avec un courage étonnant et avec résignation, triomphant au milieu des flammes et se réjouissant au sien des espérances de la gloire qui les attendait.

Dans l'après-midi du jour, les autres furent amenés au même endroit. Là ils s'agenouillèrent tous et prièrent avec la plus grande ferveur. Après la prière ils furent attachés aux bûchers et brûlés ; exhortant le peuple avec leur dernier souffle d'être sur leur garde de l'idolâtrie en confessant leur foi en Christ crucifié.

Près de 400 tombèrent victimes durant le règne de Marie la sanglante. On brûla 5 évêques; 21 ministres ; 8 gentilshommes ; 84 artisans, 100 agriculteurs, serviteurs et ouvriers ; 26

femmes ; 20 veuves ; 9 vierges ; 2 garçons et 2 enfants ; 64 de plus furent persécutée pour leur religion dont sept furent fouettés, 16 périrent en prison et 12 furent enterrés dans des tas de fumier.

Telles sont les annales des apôtres de l'Angleterre ; hommes et femmes qui n'ont pas compté leur vie précieuse pour pouvoir finir leur course avec joie. Honorons tous ces héros du progrès spirituel et ces champions de notre foi qui furent martyrs, et baptisés dans le sang parce que leur génie et leurs lumières les ont poussés en avant de leur siècle.

La mort de la reine Marie L'heureuse accession de Lady Élisabeth au trône d'Angleterre.

Le 17 novembre, 1558, la reine Marie mourut étant dans sa quarante-troisième année de son âge, après avoir régné cinq ans et quatre mois et onze jours. Sa fausse conception, et la mélancolie qui s'en suivit, aggravée par la perte de Calais affecta sa constitution ce qui se tourna en hydropisie qui mit fin à son malheureux règne.

L'histoire de son règne démontre l'excès de sa bigoterie ; elle joignit à cela un caractère cruel et vindicatif qu'elle prenait pour du zèle pour la religion ; mais quand il n'était pas possible de les unir, elle montrait clairement qu'elle n'était pas moins enclin à la cruauté par nature que par zèle. C'était son malheur d'être encouragée dans cette horrible disposition par toutes les personnes qui l'approchaient. Le roi Philippe était naturellement morose ; Gardiner était l'un des hommes les plus vindicatifs ; Bonner était une furie ; et les autres évêques furent choisis parmi les plus cruels du clergé. Elle laissait à son conseil toute la conduite des affaires et elle s'abandonna entièrement aux caprices de son clergé.

Sa sœur de père ; lady Élisabeth, succéda à ce règne sanguinaire. Son avènement causa une immense joie à la nation en général mais une grande mortification aux prêtres, au parti catholique qui appréhendaient avec raison une nouvelle révolution en matière de religion. Elle passa à travers Londres parmi toute la joie qu'un peuple délivré de la terreur du feu et de l'esclavage peut exprimer. Le roi Philippe lui proposa de l'épouser, mais en vain ; elle lui fit répondre qu'elle avait épousé son royaume. Elle commanda que tous ceux qui étaient en prison 175

Le Livre des Martyrs de Foxe

à cause de leur religion fussent mis en liberté ; sur cela quelqu'un fit la remarque, les quatre Évangélistes étaient encore captifs, et que le peuple soupirait de les voir restaurés à leur liberté, elle répondit qu'elle en parlerait à ses sujets pour connaître leur opinion. Ayant décidé de favoriser la réforme, la reine désira que les changements se fissent de manière à causer aussi peu de division que possible parmi ses sujets ; les résultats produits furent une nouvelle traduction des Écritures et l'établissement national de la religion protestante. La reine Élisabeth mourut le 24 mars 1603 à l'âge de soixante-dix ans dans la quarante-cinquième année de son règne.

Et maintenant nous allons conclure, cher ami chrétien, cette liste de ceux qui ont scellé leur témoignage d'attachement au Seigneur Jésus-Christ. En sacrifiant leur vie pour l'amour de lui. Il y a plusieurs leçons importantes qu'il est bon que chacun apprenne.

D'abord, il convient que tout lecteur anglais soit dévotement reconnaissant envers Dieu d'être né dans un pays où l'on jouit tellement de la liberté religieuse que chacun peut s'asseoir sous sa propre vigne et sous son figuier sans qu'il ait peur de personne.

Deuxièmement, on ne doit jamais oublier que notre présente immunité de la persécution pour notre croyance religieuse a été chèrement acquise par la vie de ces héroïques martyrs qui ont courageusement embrassé le bûcher pendant que le feu consumait leurs corps ; et notre admiration devrait être éveillée par cette fermeté qu'ils ont montrée au bûcher. Troisièmement nous devrions être profondément reconnaissants envers Dieu que nous ne sommes plus sous l'influence de la papauté, et de ces erreurs fatales à l'âme qui sont chéries par ses adhérents.

Quatrièmement, nous devrions être profondément touchés de la conviction que, comme nos ancêtres ont souffert si considérablement pour le maintien de la liberté religieuse, c'est du devoir de chacun d'être préparé à souffrir dans la cause de celui qui donna sa vie pour racheter un monde coupable d'une souffrance éternelle. Cinquièmement, la mort triomphante des martyrs déjà mentionnés devrait accroître l'attachement des disciples du doux et humble Jésus à cette cause qu'ils ont épousée et devraient fortifier par leur foi, leur espérance et leur joie dans le Seigneur.

Enfin, s'il y a quelques lecteurs des pages précédentes qui ne se sont pas décidés de se ranger du côté du Seigneur, assurément les témoignages triomphants de ceux qui ont sacrifié leur vie, pour amour pour Jésus, à la valeur de sa religion, sont une leçon si touchante qu'il faut un cœur dur et stoïque pour ne pas sentir son influence. Que le voyageur vers Sion soit stimulé et fortifié dans son voyage en examinant le contenu de ce volume ; et que celui qui est égaré soit ramené de l'erreur de sa voie ; et à Dieu en sera toute la gloire. Amen.

Or, à celui qui peut vous préserver lui-même de chuter, et vous établir sans imperfection devant la présence de sa gloire, dans une joie extrême, à Dieu, seul sage, notre Sauveur, soient gloire et majesté, force et puissance, maintenant et pour toujours envers chacun de nous!

Amen.

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À Christ seul soit la Gloire

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Chapitre XIII - La Vie et l’Histoire de William Tyndale

Nous devons maintenant entrer dans l'histoire du bon martyr de Dieu, William Tyndale ; lequel William Tyndale, vu qu’il était un instrument spécial désigné par le Seigneur et comme une pioche servant à secouer les racines intérieures et le fondement du fier état de prélat du pape, de sorte que le grand prince des ténèbres, avec ses lutins impies, ayant une malice spéciale contre lui, ne négligeaient aucun moyen dans l’art de le prendre au piège, le trahir à tort et causer du tort à sa vie avec malveillance, comme le montre l'histoire de son récit qui suit.

William Tyndale, le ministre fidèle du Christ, est né aux environs du Pays de Galles et grandit depuis son enfance à l'Université d'Oxford, où il a, pendant longtemps, amélioré aussi bien ses connaissances des langues et autres arts libéraux, comme particulièrement la connaissance des Écritures, auxquelles son esprit était singulièrement attaché ; à tel point qu'alors qu’il était allongé dans le Magdalen Hall, il lisait en démontrant toute sa connaissance à certains étudiants et pensionnaires du Magdalen Collège une parcelle de divinité ; en leur enseignant la connaissance et la vérité des Écritures. Ses mœurs et ses conversations étant les mêmes, tous ceux qui le connaissaient le considéraient comme un homme de la plus haute vertu, menant une vie irréprochable.

C’est ainsi qu’à l’Université d’Oxford, augmentant de plus en plus sa connaissance et acquérant les diplômes des écoles, prenant sur son temps, passé à l’Université de Cambridge, où il s’était également fait une place. Ayant maintenant mûri dans la connaissance de la Parole de Dieu, quittant cette université, il recourut à un Maître Welch, un chevalier de Gloucestershire, et fut maître d'école pour ses enfants et à la bonne faveur avec son maître.

Comme ce gentilhomme gardait une bonne place à sa table, il avait souvent recours à de nombreux abbés, doyens, archidiacres, divers médecins et de grands hommes bienfaisants ; qui, ensemble avec Maître Tyndale assis à la même table, avaient l’habitude de converser er de parler d'hommes savants, tels que Luther et Erasme ; aussi de diverses autres controverses et questions sur les Ecritures.

Alors Maître Tyndale, comme il était instruit et bien outillé dans les affaires de Dieu, ne ménageait pas de leur montrer simplement et clairement son jugement, et quand à tout moment ils divergeaient des opinions de Tyndale, il les leur montrait dans le Livre et posait clairement devant eux les endroits clairs et manifestes des Écritures, afin de réfuter leurs erreurs et de confirmer ses paroles. Et ainsi ils continuèrent ainsi pendant un certain temps, raisonnant et s’opposant les uns aux autres, jusqu'à ce qu'ils finissent par se lasser et porter une rancune secrète dans leur cœur contre lui.

Au fur et à mesure que cela se développait, les prêtres du pays, se regroupant, commençaient à lui en vouloir à Tyndale et à tempêter contre lui, s’insurgeant contre lui dans 178

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des bistrots et d'autres lieux, affirmant que ses paroles étaient une hérésie ; et l'accusèrent secrètement auprès du chancelier et d'autres parmi les officiers de l'évêque.

Peu de temps après, il y eut une séance du chancelier de l'évêque en poste et un avertissement fut donné aux prêtres convoqués au nombre desquels Maître. Et qu’il eut des doutes quant à leurs menaces, ou s'il sut qu'il lui imputerait certaines choses, reste incertain ; mais il est certain (comme il le déclara lui-même) qu'il douta de leurs accusations sans fondement ; de sorte qu'en passant, en y allant, il cria de tout son cœur à Dieu pour lui donner la force de tenir ferme dans la vérité de Sa Parole.

Quand vint le moment de comparaître devant le chancelier, il le menaça avec véhémence, le vilipendant et le considérant comme s'il était un chien, et mit à sa charge de nombreuses choses dont aucun accusateur n’aurait pas pu avancer, même si les prêtres du pays étaient présents. Ainsi, Maître Tyndale, échappant à leurs mains, rentra chez lui et retourna chez son maître. Non loin de là habitait un certain médecin, chancelier d’un évêque, qui connaissait très bien Maître Tyndale, et qui lui accorda sa faveur et à qui Maître Tyndale alla confier ses pensées sur diverses questions de l'Écriture : il lui fallait être hardi pour ouvrir son cœur. Le médecin lui dit : “ Ne savez-vous pas que le pape est l’antéchrist dont parle l'Ecriture ? Mais attention à ce que vous dites ; car si vous êtes perçu comme étant de cet avis, cela vous coûtera la vie.”

Peu de temps après, Maître Tyndale se trouva en compagnie d'un certain savant divin et réputé, et, en échangeant et en débattant avec lui, le conduisit à évoquer cette question, si bien ce grand docteur s’emporta dans les paroles blasphématoires suivantes : “ Il aurait mieux fallu que nous soyons sans lois venant de Dieu que celles du Pape.” Entendant cela, Maître Tyndale, plein de zèle divin et ne supportant pas ce blasphème, répondit : “ Je défie le Pape et toutes ses lois,” et ajouta : “ Si Dieu lui accordait de vivre encore de nombreuses années, il ferait en sorte qu'un garçon qui conduirait la charrue en sache plus sur la Bible que lui.”

La rancune des prêtres augmentant de plus en plus à l’égard de Tyndale, ils ne cessèrent jamais d’aboyer et de se venger de lui, et portèrent beaucoup de griefs à sa charge, affirmant qu’il était un hérétique. Étant tellement molesté et vexé, il fut contraint de quitter ce pays et de chercher un autre lieu ; et, venant ainsi chez Maître Welch, il le pria de vouloir le laisser le quitter en disant : “ Monsieur, je vois que je ne passerai pas beaucoup de temps dans ce pays, et vous ne le pourrez pas non plus, bien que vous le vouliez, me garder hors des mains de la spiritualité ; cela pourrait vous porter préjudice en me gardant, Dieu seul sait, pour lequel je serais vraiment désolé.”

Alors en fin de compte, Maître Tyndale, avec la bonne volonté de son maître, s'en alla et peu après vint à Londres et y prêcha un moment, comme il l'avait fait dans le pays.

Repensant à Cuthbert Tonstal, alors évêque de Londres, et en particulier au grand éloge d'Erasme, qui, dans ses annotations, vante tant le savoir dudit Tonstal, Tyndale se joignit ainsi 179

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lui, et s'il pouvait ase mettre à son service, il serait un homme heureux. Quant à sir Henry Guilford, contrôleur du roi, apportant avec lui un discours d'Isocrate, qu'il avait traduit du grec en anglais, il le pria de parler pour lui au dit évêque de Londres ; ce qu'il fit également ; et lui demanda en outre d'écrire une missive à l'évêque et de s’y rendre avec lui. C'est ce qu'il fit et remit sa missive à l'un de ses serviteurs, William Hebilthwait, un homme qu’il connaissait depuis longtemps. Mais Dieu, qui organise secrètement le cours des choses, vit que ce n'était pas ce qui était le mieux pour le dessein de Tyndale, ni pour le profit de Son Église, et Il fit qu’il n’ait pas gain de cause auprès de l'évêque ; dont la réponse fut : sa maison était pleine ; il en avait plus qu'il ne pouvait en trouver : et il lui conseilla de chercher à Londres mais à l'étranger, où, dit-il, il ne pourrait manquer aucun service.

Ayant été refusé par l'évêque, il se rendit chez Humphrey Mummuth, échevin de Londres, et le pria de l'aider : qui le conduisit au même moment dans son domicile, où ledit Tyndale vivait (comme disait Mummuth) comme un bon prêtre, étudiant jour et nuit. Il ne mangeait que de la viande détrempée de sa propre volonté et ne buvait que de la petite bière. On ne l'a jamais vu dans la maison porter du lin, tout le temps qu’il y passa.

Et ainsi maître Tyndale demeura à Londres pendant presque un an, marquant avec lui-même le cours du monde, et particulièrement le comportement des prédicateurs, comment ils se vantaient et établissaient leur autorité ; voyant aussi le faste des prélats, avec d'autres choses qui lui déplaisaient beaucoup ; à tel point qu'il comprit non seulement qu'il n'y avait pas de place dans la maison de l'évêque pour qu'il traduise le Nouveau Testament, mais aussi qu'il n'y avait pas de lieu pour le faire dans toute l'Angleterre.

C'est pourquoi, ayant obtenu par la providence de Dieu une aide fournie par Humphrey Mummuth et certains autres hommes de bien, il prit congé du royaume et s'en alla en Allemagne, où l'homme de bien s'enflammant de bons soins et du zèle de son pays, ne refusa ni travail ni diligence, comment, par tous les moyens possibles, pour réduire ses frères et ses compatriotes d’Angleterre au même goût et à la même compréhension de la sainte Parole et de la vérité de Dieu, que le Seigneur lui avait accordées. Sur quoi, réfléchissant et dialoguant également avec John Frith, Tyndale ne pensait rien de mieux que les Écritures devaient devenir un discours vulgaire, afin que les pauvres puissent lire et voir la parole simple et pure de Dieu. Il s'aperçut qu'il n'était pas possible d'établir les laïcs dans quelque vérité que ce soit, si ce n'était que les Écritures étaient si clairement présentées devant leurs yeux dans leur langue maternelle qu'elles pouvaient voir le sens du texte ; sinon, quelle que soit la vérité qui leur serait enseignée, les ennemis de la vérité l'étoufferaient, soit avec des raisons de sophisme, soit avec leurs traditions, non fondées sur l'Écriture ; ou encore jongler avec le texte, l'exposer dans un sens tel qu'il serait impossible d’en comprendre quoi que ce soit, dans le cas où la vraie signification était perçue.

Maître Tyndale considérait que seul ceci ou, plus principalement, était la cause de tous les méfaits dans l'Église, que les Écritures de Dieu étaient cachées aux yeux des gens ; pendant 180

Le Livre des Martyrs de Foxe

si longtemps, les actes abominables et les idolâtries entretenus par le clergé pharisaïque ne pouvaient être vus et par conséquent tout leur travail était avec force et ayant pour but de le réduire, de sorte que soit il ne devrait pas être lu du tout, ou si cela était le cas, ils obscurciraient le bon sens avec la brume de leur sophisme, et empêtreraient ainsi ceux qui craignaient ou méprisaient leurs abominations ; en détruisant les Ecritures à leur guise, contrairement à ce que dit le texte, ils trompaient tellement les laïcs non instruits que, même si vous vous sentiez dans votre cœur et si vous étiez sûr que tous étaient faux, vous ne pourriez pas résoudre leurs énigmes subtiles.

Pour ces considérations, entre autres, ce brave homme fut poussé par Dieu à traduire les Ecritures dans sa langue maternelle au profit du simple peuple de son pays, s’attelant d’abord à le faire pour le Nouveau Testament qui fut imprimé aux environs de 1525. Cuthbert Tonstal, évêque de Londres, avec Sir Thomas More, en étant grandement attristés, cherchaient avec malice comment détruire cette traduction fausse et erronée, comme ils l'appelaient.

Il se trouve qu'un Augustine Packington, un mercier, se trouvait alors à Anvers, où se trouvait l'évêque. Cet homme manifestait sa faveur à l’égard de Tyndale, mais montrait le contraire à l'évêque. L'évêque, désireux de réaliser son objectif, chercha des voies et moyens pour acheter avec joie les Nouveaux Testaments. Packington le lui entendant dire expliqua :

“ Monseigneur! Je peux faire plus dans ce domaine que la plupart des marchands qui sont ici, selon votre bon plaisir ; car je connais les hollandais et les étrangers qui les ont amenés de Tyndale et les ont ici pour les vendre, de sorte que si cela sied à votre seigneurie, je dois débourser de l'argent pour les acheter, sinon je ne peux pourrai pas les avoir : et je vous assurerai donc d'avoir chaque livre imprimé et invendu.” L'évêque, pensant que cela était “

un signe de Dieu,” dit : “ Faites preuve de diligence, bon Maître Packington! Trouvez-les-moi, et je paierai tout ce qu'ils coûteront ; car j'ai l'intention de les brûler et de les détruire tous à Paul's Cross.” Cet Augustine Packington alla voir William Tyndale et lui rendit compte de toute l'affaire. Ainsi, après entente entre eux, l'évêque de Londres avait les livres, Packington les remerciements et Tyndale l’argent.

Après cela, Tyndale corrigea à nouveau les mêmes Nouveau Testaments et en imprima plus, de sorte qu'ils arrivèrent en Angleterre épais et trois fois plus en nombre. Lorsque l'évêque s'en aperçut, il fit appeler Packington et lui dit : “ Comment cela se fait-il qu'il y ait tant de Nouveau Testament à l'étranger ? Vous m'aviez promis que vous les achèteriez tous.”

Puis Packington répondit : “ Bien sûr, j'ai acheté tout ce qui devait être acheté, mais je m'aperçois qu'ils ont en imprimé davantage depuis. Je vois qu’il n’y aura pas d’amélioration tant qu’ils auront des lettres et des cachets : voilà pourquoi vous feriez mieux d’acheter les cachets aussi et vous aurez une certitude,” ce à quoi l’évêque esquissa un sourire et ainsi l'affaire se termina là.

Peu de temps après, il arriva que George Constantine fut appréhendé par Sir Thomas More, alors chancelier d'Angleterre, soupçonné de certaines hérésies. Maître More lui demanda en 181

Le Livre des Martyrs de Foxe

disant : “Constantine! Je voudrais que tu sois clair avec moi sur une chose que je te demanderai ; et je te promets de t’accorder ma faveur au sujet de toutes les choses dont tu es accusé. Il y a au-delà de la mer, Tyndale, Joye et un grand nombre d’entre vous : je sais qu’ils ne peuvent pas vivre sans aide, mais il y en a qui les aident avec de l’argent, et toi, étant l’un d’eux, tu envoies ta part, et tu sais donc d’où cela est venu. Dis-moi, je t’en prie ceux qui les aident ainsi ? “ Mon seigneur,” dit Constantine, “ je vous le dirai sincèrement : c'est l'évêque de Londres qui nous a aidés, car il nous a octroyé beaucoup d'argent pour des Nouveaux Testaments qui devaient être brûlés ; et cela a été fait, et pourtant, c'est notre seul secours et réconfort.”

“ Maintenant, en toute vérité,” dit More, “ je pense également la même chose, car j'en ai avais parlé à l'évêque avant qu'il ne le fasse.”

Après cela, Maître Tyndale prit en main la traduction de l'Ancien Testament, finissant les cinq livres de la Loi, avec les divers prologues les plus savants et les plus pieux, dignes d'être lus et relus par tous les bons chrétiens. Ces livres étant envoyés en Angleterre, on ne peut dire quelle porte de lumière ils ont ouvert aux yeux de toute la nation anglaise, qui auparavant était enfermée dans les ténèbres.

À sa première sortie du royaume, il entreprit son voyage en Allemagne, où il eut une conférence avec Luther et d’autres hommes instruits ; Après y avoir passé un certain temps, il vint aux Pays - Bas et résida le plus longtemps à Anvers.

Les livres divins de Tyndale, et en particulier sa traduction du Nouveau Testament, après cela commencèrent à arriver aux mains de plusieurs et à se répandre à l’étranger et produisirent un profit considérable et singulier pour les personnes attachées à Dieu ; mais les impies (enviant et dédaignant que le peuple soit plus sage qu'eux et, craignant de voir leurs œuvres de ténèbres ne soient discernées à la lumière des rayons de la vérité), se mirent à s’agiter grandement.

À ce moment-là Tyndale avait traduit le Deutéronome, cherchant à l'imprimer à Hambourg, il s'y dirigea ; il fit naufrage sur la côte hollandaise et perdit tous ses livres, écrits et copies, son argent et son temps, et fut donc contraint de tout recommencer. Il vint dans un autre bateau à Hambourg, où, eut rendez-vous avec Maître Coverdale qui l'accompagna et l'aida à traduire les cinq livres entiers de la Loi, de Pâques à décembre, dans la maison d'une veuve adorable, Maîtresse Margaret Van Emmerson en 1529. Il y eut à ce moment-là une très grande maladie en ville. Ainsi, après avoir expédié ses affaires à Hambourg, il retourna à Anvers.

Lorsque la volonté de Dieu fut que le Nouveau Testament vienne à l’étranger dans la langue commune, Tyndale, son traducteur, ajouta à cette dernière fin une certaine épître, dans laquelle il souhaitait que ceux ayant de la connaissance la corrige, s’il y a en avait. C'est pourquoi, s'il y avait eu un manquement méritant d'être corrigé, les hommes ayant de la 182

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connaissance et du jugement auraient fait preuve de courtoisie et de douceur en montrant leur savoir et en corrigeant ce qui devait l’être. Mais le clergé ne voulant pas faire prospérer ce livre s’écria qu’il contenait un millier d’hérésies et qu’il ne devait pas être corrigé, mais complètement supprimé. Certains dirent qu'il n'était pas possible de traduire les Écritures en anglais ; d’autres qu'il était illégal pour les laïcs de l'avoir dans leur langue maternelle ; d’autres encore, que cela les rendrait tous hérétiques. Et dans l’intention d’inciter les dirigeants temporels à atteindre leur but, ils dirent que cela ferait en sorte que le peuple se rebelle contre le roi.

Tout cela, Tyndale lui-même le déclare dans son prologue du premier livre de Moïse ; montrant de plus quelle fut la peine pour examiner cette traduction et en la comparant à leur propre imagination, afin de supposer qu'avec moins de travail, ils auraient pu traduire une grande partie de la Bible ; montrant en outre qu'ils avaient scruté et examiné chaque titre et point de telle sorte, et de si près, qu'il s’il y avait pas un “ i,” pour lequel il manquait un point, ils le notaient et en donnait le nombre au peuple ignorant et le présentaient comme une hérésie.

Les procédés pervers du clergé anglais étaient tellement grands (qui aurait dû être les guides de la lumière pour le peuple), afin de détourner le peuple de la connaissance de l'Écriture, qu'ils ne voulaient pas traduire eux-mêmes, ni encore supporter que cela soit fait par d'autres ; afin que (comme le dit Tyndale) que le monde maintenu dans les ténèbres, ils puissent prendre place dans la conscience des gens par des superstitions vaines et une fausse doctrine, pour satisfaire leur ambition et leur insatiable convoitise, et pour élever leur propre honneur au-dessus du roi et de l’empereur.

Les évêques et les prélats ne se reposèrent jamais avant d'avoir amené le roi à leur consentement ; raison pour laquelle, une proclamation en toute hâte fut conçue et mise sous l'autorité publique, selon laquelle la traduction du Testament de Tyndale était interdite, ce qui se produisit aux environs de 1537. Et ne se contentant pas de cela, ils allèrent plus loin pour le prendre dans leurs filets, et le priver de sa vie ; ce qu’ils mirent à exécution et il ne restait plus qu’à le déclarer.

Dans les registres de Londres, il apparaît clairement que les évêques et Sir Thomas More, comme à Anvers, devaient très soigneusement fouiller et examiner toutes les choses appartenant à Tyndale, où et avec qui il habitait, où se trouvait la maison, quelle était sa stature, dans quels vêtements il était, quel recours il avait ; toutes les choses qui, après avoir été diligemment apprises commencèrent à mettre en œuvre leur desseins.

William Tyndale, résidant à Anvers, avait été logé environ une année entière chez Thomas Pointz, un anglais qui tenait une maison de marchands anglais. Il vint de l’Angleterre, un certain Henry Philips, son père étant un client de Poole, un homme charmant, comme s'il avait été un gentilhomme ayant un serviteur avec lui ; personne ne pouvait dire pourquoi il vint et pour quel but il y avait été envoyé.

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D’aucun, à plusieurs reprises voulaient inviter Maître Tyndale à dîner et être soutenu par des marchands ; c’est par ce moyen, qu’Henry Philips fit sa connaissance, de sorte que, dans un court laps de temps, Maître Tyndale eut une grande confiance en lui et le fit venir chez lui, chez Thomas Pointz ; et il eut une ou deux fois avec lui un dîner et un souper, et noua une telle amitié avec lui de telle sorte que, grâce à ses achats, il se trouvait dans la même maison que ledit Pointz ; à qui il montra en outre ses livres, un autre secret de son étude, et Tyndale se méfiait peu de ce traître.

Mais Pointz, n'ayant pas une grande confiance en lui, demanda à Maître Tyndale comment il avait connu Philips. Maître Tyndale répondit qu'il était un homme honnête, bien instruit et agréable. Pointz, s'apercevant qu'il lui portait une telle faveur, n'en dit plus, pensant qu'il avait été mis au courant à son sujet par l’un de ses amis. Philips, étant dans la ville depuis trois ou quatre jours, voulut que Pointz marche avec lui dans la ville pour lui montrer ses marchandises et en marchant ensemble sans la ville, apprit diverses choses et quelques affaires du roi ; au travers desquelles Pointz ne soupçonna encore rien. Mais après quelques temps, Pointz s’aperçut que c'était là l’esprit de Philips : savoir si ledit Pointz pourrait, par amour de l’argent, l’aider à atteindre son but, car il s’était aperçu auparavant que Philips était corrompu, et Pointz ne devrait pas en penser moins, car il avait déjà souhaité que Pointz l'aide à diverses choses ; et les choses qu'il nommait, il exigeait qu’elles soient parmi les meilleurs, “ car,” disait-il, “

j'ai assez d'argent.”

Philips se rendit d'Anvers à la Cour de Bruxelles, qui était à vingt-quatre miles de là, d'où il emmena avec lui à Anvers le procureur général, qui était l'avocat de l'empereur, avec certains autres officiers.

Trois ou quatre jours plus tard, Pointz se rendait à Barois, à dix-huit kilomètres anglais d'Anvers, où il avait des affaires à faire pendant un mois à six semaines ; et en son absence, Henry Philips revint à Anvers, chez Pointz, et alors qu’il entrait, parlant avec son épouse, demandant si Maître Tyndale était à l'intérieur. Puis il alla à nouveau et mit les officiers qu'il avait emmenés de Bruxelles dans la rue et à la porte. Vers midi, il revint et alla chez maître Tyndale et le pria de lui prêter quarante shillings

“Car,” dit-il, “j'ai perdu mon porte-monnaie ce matin en m'approchant du passage entre Mechlin et celui-ci” Alors Maître Tyndale lui remit quarante shillings, ce qui lui fut facile, car il en avait ; car dans les subtilités astucieuses de ce monde, il était simple et inexpérimenté.

Puis Philips dit : “ Maître Tyndale ! Vous serez mon invité ici aujourd'hui”

“Non.” dit Maître Tyndale, “ Je vais dîner aujourd'hui, et vous irez avec Ainsi, à l'heure du dîner, Maître Tyndale se rendit avec Philips et, à l'entrée de la maison de Pointz, il y avait une entrée longue et étroite, de sorte que deux personnes ne pouvaient pas y passer à la fois. Maître Tyndale aurait fait passer Philips devant lui, mais ce n’était nullement le cas pour Philips, mais qui fit passer Maître Tyndale avant, prétendant ainsi faire preuve 184

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d’une grande humanité. Alors Maître Tyndale, étant un homme de petite taille, passa devant, et Philips, un homme grand et charmant, le suivit ; alors qu’il avait placé des officiers de chaque côté de la porte sur deux sièges, qui pouvaient voir qui arrivait par l’entrée. Philips pointa du doigt la tête de Maître Tyndale vers lui pour que les agents sachent que c’était lui qu’ils devaient prendre. Les officiers dirent ensuite à Pointz, après l'avoir mis en prison, qu'ils avaient pitié de voir sa simplicité. Ils l'emmenèrent chez l'avocat de l'empereur, où il dîna.

Puis le procureur général se rendit à la maison de Pointz et renvoya tout ce qui était là chez Maître Tyndale, ainsi que ses livres et autres objets ; et de là Tyndale fut conduit au château de Vilvorde, à dix-huit miles d'Anvers. Maître Tyndale, restant en prison, se vit offrir un avocat et un procureur qu’il refusa, en disant qu'il se défendrait seul. Il prêcha d’une manière telle à ceux qui était chargés de le garder et ils apprirent à le connaître de telle manière au château qu’ils témoignèrent, que si celui-ci n'était pas un bon chrétien, ils ne savaient pas qui d’autre le serait.

Enfin, après beaucoup de raisonnements, alors qu'aucune raison ne servait plus, alors qu'il ne méritait aucune mort, il fut condamné en vertu du décret de l'empereur, prononcé lors de l'assemblée à Augsbourg. Amené sur le lieu de l'exécution, il fut attaché au bûcher, étranglé par le bourreau et ensuite consumé par le feu dans la ville de Vilvorde en 1536 ; criant sur le bûcher avec un zèle fervent et une voix forte : “ Seigneur, ouvre les yeux du roi d'Angleterre.”.

Telle était la force de sa doctrine et la sincérité de sa vie, qu’au cours de son emprisonnement (qui dura un an et demi), il convertit, dit-on, son gardien, la fille du gardien et d’autres membres de sa maison.

En ce qui concerne sa traduction du Nouveau Testament, parce que ses ennemis l’ont si souvent prétendue être pleine d’hérésies, il écrivit à John Frith ce qui suit : “J’appelle Dieu à annoncer le jour où nous nous présenterons devant notre Seigneur Jésus, je n'ai jamais altéré une syllabe de la Parole de Dieu contre ma conscience, et je ne le ferais pas aujourd'hui si tout ce qui est sur la terre, que ce soit un honneur, un plaisir ou une richesse, puisse m’être donné.”.

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Chapitre XIV - Récit et l’Histoire de la Vie de Jean Calvin Ce réformateur est né à Noyon, en Picardie, le 10 juillet 1509. Il fut instruit en grammaire, apprenant à Paris sous la direction de Mathurin Cordier, et étudia la philosophie au collège de Montaigne sous la direction d'un professeur d'espagnol.

Son père, qui découvrit de nombreuses marques de sa piété primitive, notamment dans ses reproches aux vices de ses compagnons, le conçut d'abord pour l'Église, et le fit présenter, le 21 mai 1521, à la chapelle de Notre-Dame de la Gésine, dans l'église de Noyon. En 1527, il fut présenté au presbytère de Marseville, qu'il échangea en 1529 pour le presbytère de Pont-l’Evêque, près de Noyon. Son père changea ensuite sa résolution, et voulu lui faire faire des études en droit ; chose à laquelle Calvin, qui, en lisant les Écritures, avait conçu une aversion pour les superstitions du papisme, consentit volontiers et démissionna de la chapelle de Gésine et du presbytère de Pont-l'Évêque, en 1534. Il fit de grands progrès dans cette science, et ne s'améliora pas moins dans la connaissance de la divinité par ses études privées. À Bourges il postula à la langue grecque, sous la direction du professeur Wolmar.

La mort de son père l'ayant rappelée à Noyon, il y resta peu de temps, puis se rendit à Paris, où un discours de Nicolas Cop, recteur de l'Université de Paris, à qui Calvin fournissait les matériaux, avait grandement déplu à la Sorbonne et au parlement, donna lieu à une persécution dirigée contre les Protestants, et Calvin, échappant de justesse en étant mené au collège de Forteret, fut forcé de se retirer à Xaintonge, après avoir eu l'honneur d'être présenté à la reine de Navarre, qui avait soulevé cette première tempête contre les Protestants.

Calvin retourna à Paris en 1534. Cette année, les réformés furent sévèrement traités, ce qui le détermina à quitter la France, après avoir publié un traité contre ceux qui croyaient que les âmes défuntes étaient dans une sorte de sommeil. Il se retira à Bâle, où il étudia l'Hébreu

: à cette époque, il publia ses Institutions de la religion chrétienne ; un travail bien adapté et destiné à répandre sa renommée, bien qu'il désirait lui-même vivre dans l'anonymat. Il était dédié au roi de France, François I. Calvin écrivit ensuite une excuse pour les Protestants qui avaient été brûlés pour leur religion en France. Après la publication de cet ouvrage, Calvin se rendit en Italie pour rendre visite à la duchesse de Ferrare, une dame d'une piété éminente, par laquelle il fut très chaleureusement reçu.

De l'Italie, il revint en France, et s'étant installé dans ses affaires privées, il proposa d'aller à Strasbourg ou à Bâle, en compagnie de son seul frère survivant, Antoine Calvin ; mais comme les routes n'étaient pas sans danger à cause de la guerre, excepté par les territoires du duc de Savoie, il choisit cette route. "Il s'agissait d'une direction particulière de la Providence", dit Bayle ; "ce fut son destin de s'installer à Genève, et lorsqu’il voulut absolument aller plus loin, il se trouva retenu par un ordre du ciel, si je puis parler ainsi”.

À Genève, Calvin fut donc obligé de se conformer au choix que le consistoire et les magistrats firent de lui, avec le consentement du peuple, pour être un de leurs ministres et 186

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professeur de théologie. Il ne voulut n’entreprendre que cette dernière fonction, et non l'autre

; mais à la fin il fut obligé de les prendre toutes les deux, en août 1536. L'année suivante, il fit déclarer par serment à tout le peuple son assentiment à la confession de foi qui contenait une renonciation au papisme. Il indiqua ensuite qu'il ne pouvait pas se conformer à un règlement que le canton de Berne avait récemment fait. Après quoi les syndics de Genève convoquèrent une assemblée du peuple ; et il avait été ordonné que Calvin, Farel, et un autre ministre devraient quitter la ville dans quelques jours, pour avoir refusé d'administrer le sacrement.

Calvin se retira à Strasbourg et y établit une église française, dont il fut le premier ministre

: il y fut également nommé professeur de théologie. Pendant ce temps, le peuple genevois le supplia si vivement de revenir à eux et il consentit enfin, et arriva le 13 septembre 1541, à la grande satisfaction tant du peuple que des magistrats ; et la première chose qu'il fit, après son arrivée, fut d'établir une forme de discipline ecclésiastique, et une juridiction consistoriale, investie du pouvoir d'infliger des censures et des châtiments canoniques, jusqu'à l'excommunication, inclusivement.

Depuis longtemps, les infidèles et certains chrétiens profès se plaisent à dire, quand ils veulent porter l'opinion sur Calvin, à se référer à son entremise dans la mort de Michel Servet.

Cette action est utilisée à toutes les occasions par ceux qui ont été incapables de renverser ses opinions, comme un argument concluant contre tout son système. "Calvin a brûlé Servet! --

Calvin a brûlé Servet!" est une bonne preuve avec une certaine classe de raisonneurs, que la doctrine de la Trinité n'est pas vraie - que la souveraineté divine est antibiblique, -- et que le christianisme est une tromperie.

Nous n'avons aucun désir de pallier un acte de Calvin qui est manifestement faux. Nous pensons que toutes ses démarches, relatives à la malheureuse affaire de Servet, ne peuvent être défendues. Cependant, il faut se rappeler que les vrais principes de la tolérance religieuse étaient très peu compris au temps de Calvin. Tous les autres réformateurs qui vivaient à cette époque approuvaient de la conduite de Calvin. Même le gentil et aimable Melancthon s'exprima au sujet de cette affaire de la manière suivante. Dans une lettre adressée à Bullinger, il dit : “ J'ai lu votre déclaration en rapport avec le blasphème de Servet, je loue votre piété et votre jugement, et je suis persuadé que le Conseil de Genève a bien fait de mettre à mort cet homme obstiné, qui n'aurait jamais cessé ses blasphèmes. Je suis stupéfié par le fait qu'on puisse trouver quelqu'un pour désapprouver ce procédé.” Farel dit expressément que “ Servet méritait une peine capitale.”. Bucer n'hésita pas à déclarer que "Servet méritait quelque chose de pire que la mort.”

La vérité est, bien que Calvin ait eu sa part de responsabilité dans l'arrestation et l'emprisonnement de Servet, il ne voulait pas qu'il soit brûlé du tout. “ Je désire” dit-il, “ que la sévérité de la punition soit remise.”

“Nous avons essayé en vain de commuter le genre de mort.”

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“En souhaitant atténuer la sévérité de la punition", dit Farel à Calvin, "vous acquittez les fonctions d'un ami envers votre plus grand ennemi” "Que Calvin ait été l'instigateur des magistrats afin que Servet soit brûlé", dit Turritine, "les historiens ne s'affirment nulle part, et il n'en ressort d'aucune considération. Non, il est certain que lui, en association avec le collège des pasteurs, aient dissuadé de ce genre de punition”.

Il a souvent été affirmé que Calvin possédait tellement d'influence sur les magistrats de Genève qu'il aurait pu obtenir la libération de Servet, s'il n'avait voulu sa perte. Ceci cependant, n'est pas vrai. Loin de là, Calvin fût lui-même banni de Genève par ces mêmes magistrats, et s'opposa souvent en vain à leurs mesures arbitraires. Si peu désireux était Calvin de se procurer la mort de Servet qu’il l’avait prévenu du danger, et lui permit de rester plusieurs semaines à Genève, avant qu'il n’ait été arrêté. Mais sa langue, qui était alors considérée blasphématoire, était la cause de son emprisonnement. Lorsqu’en prison, Calvin lui rendit visite et se servit de tous les arguments pour le persuader de retirer ses horribles blasphèmes, sans se référer à ses sentiments particuliers. Ceci fut la portée de l'entremise de Calvin dans cette affaire malheureuse.

On ne peut cependant nier que, dans ce cas, Calvin ait agi contrairement à l'esprit bienveillant de l'Évangile. Il est préférable de laisser couler une larme sur l'incohérence de la nature humaine, et de déplorer ces infirmités qui ne peuvent être justifiées. Il déclara avoir agi consciencieusement et justifia publiquement l'acte.

Il était d'avis que les principes religieux erronés étaient punissables par le magistrat civil, qui avait fait le mal, que ce soit à Genève, en Transylvanie, ou en Grande-Bretagne ; et à cela, plutôt que de Trinitaire, ou d'Unitarisme, il devrait être imputé.

Après la mort de Luther, Calvin exerça une grande influence sur les hommes de cette époque notable. Il fut influent en France, en Italie, en Allemagne, en Hollande, en Angleterre et en Écosse. Deux mille cent cinquante congrégations réformées fut organisées, recevant de lui leurs prédicateurs.

Calvin, triomphant de tous ses ennemis, sentit sa mort approcher. Pourtant, il continua à exercer lui-même de toutes ses forces avec une énergie juvénile. Alors qu'il était sur le point de se reposer, il dressa sa volonté en disant : “ Je témoigne que je vis et que je veux mourir dans cette foi que Dieu m'a donnée par son Évangile, et que je n'ai pas d'autre dépendance pour le salut que le libre choix qui est fait de moi par Lui. De tout mon cœur, j'embrasse sa miséricorde, par laquelle tous mes péchés sont couverts, pour l'amour du Christ, et pour le bien de sa mort et ses souffrances. Selon la mesure de grâce qui m'a été accordée, j'ai enseigné cette Parole pure et simple, par des sermons, par des actes et par des exposés de cette Écriture.

Dans toutes mes batailles contre les ennemis de la vérité, je n'ai pas utilisé le sophisme, mais j'ai combattu carrément et directement le bon combat.”

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Le 27 mai 1564, était le jour de sa libération et le retour béni à la maison. Il était à sa cinquante-cinquième année.

Un tel homme qui avait acquis une si grande réputation et une telle autorité, aurait dû avoir un salaire de cent écus et refuserait d'accepter plus ; et, après avoir vécu cinquante-cinq ans avec la plus grande frugalité, ne devrait laisser que trois cents écus à ses héritiers, y compris la valeur de sa bibliothèque, qui s'est vendue très chère, est quelque chose de si héroïque que l'on devrait avoir perdu tout sentiment de ne pas admirer. Quand Calvin prit son congé de Strasbourg pour retourner à Genève, ils voulurent lui conserver les privilèges d'un homme libre de leur ville et les revenus d'une prébende qui lui avait été assignée ; il accepta le premier, mais refusa absolument l'autre. Il amena avec lui l'un des frères à Genève, mais il ne prit jamais la peine de le faire préférer à un poste honorable, comme l'aurait fait tout autre responsable de son calibre. Il prit en effet soin de l'honneur de la famille de son frère, en le délivrant d'un adultère et en lui donnant la permission de se remarier ; mais même ses ennemis racontent qu'il lui a fait apprendre le métier de relieur, qu'il a poursuivi toute sa vie après.

Calvin tel un Ami de la Liberté Civile, Le révérend Dr. Wisner, dans son dernier discours à Plymouth, sur l'anniversaire du débarquement des pèlerins, a fait l'assertion suivante : "Tout comme le nom de Calvin a été raillé et chargé de reproche par de nombreux fils de la liberté, il n'y a pas de proposition historique plus susceptible de démonstration complète que cela, qu’aucun homme n'a vécu à qui le monde soit soumis à des obligations plus grandes pour la liberté dont il jouit aujourd'hui que Jean Calvin”.

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Chapitre XV - Récit des Persécutions en Grande-Bretagne et en Irlande

Avant le Règne de la Reine Marie Ière

Gildas, le plus ancien écrivain britannique à ce jour, qui vécut à peu près au moment où les saxons quittèrent l'île de Grande-Bretagne, cite un exemple des plus choquants de la barbarie de ceux gens.

Les saxons, à leur arrivée, étant des païens comme les écossais et les pictes, détruisirent les églises et assassinèrent le clergé où qu'ils soient ; mais ils ne purent pas détruire le christianisme, car ceux qui ne se soumettraient pas au joug saxon allèrent s’installer au-delà du fleuve Severn. Nous ne connaissons pas non plus les noms de ces chrétiens qui souffrirent, en particulier ceux du clergé.

Le cas le plus terrible de barbarie sous le gouvernement saxon fut le massacre des moines de Bangor en 586 après Jésus-Christ. Ces moines étaient à tous égards différents de ceux qui portent actuellement le même nom.

Au huitième siècle, les danois, un groupe de barbares vagabonds, débarquèrent dans différentes parties de la Grande-Bretagne, en Angleterre et en Écosse.

Au début, ils furent repoussés, mais en 857 un groupe d'entre eux débarqua quelque part près de Southampton et non seulement dépouilla les habitants, mais aussi incendia les églises et assassina le clergé.

En 868 après Jésus-Christ, ces barbares pénétrèrent dans le centre de l'Angleterre et s'installèrent à Nottingham ; mais les anglais, sous leur roi, Ethelred, les chassèrent de leurs postes et les obligèrent à se retirer à Northumberland.

En 870, un autre groupe de ces barbares débarqua à Norfolk et livra bataille aux anglais à Hertford. Les païens eurent la victoire et firent prisonnier Edmond, le roi d’Est-Anglie, après l'avoir traité avec mille indignités, lui transpercèrent le corps avec des flèches, puis le décapitèrent.

À Fifeshire, en Écosse, ils incendièrent de nombreuses églises et, parmi celles qui appartenaient aux Culdees, à St. Andrews. La piété de ces hommes fit d’eux l’objet d’aversion pour les danois, qui, partout où ils allaient mettaient de côté les prêtres afin de les vouer à la destruction, dont pas moins de deux cents furent massacrés en Écosse.

C'était à peu près la même chose dans la partie de l'Irlande qui s'appelle maintenant Leinster, là où les danois assassinèrent et brûlèrent des prêtres vivants dans leurs propres églises ; ils apportaient partout avec eux la destruction, n'épargnant personne ni selon son âge ni selon son sexe, le clergé étant le plus odieux à leurs yeux, car ils ridiculisaient leur idolâtrie et persuadaient leur peuple de n'avoir rien à voir avec eux.

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Sous le règne d'Édouard III, l'Église d'Angleterre était extrêmement corrompue par des erreurs et des superstitions ; et la lumière de l'Évangile du Christ fut grandement éclipsée et assombrie par des inventions humaines, des cérémonies fâcheuses et une idolâtrie grossière.

Les adeptes de Wickliffe, alors appelés Lollards, devinrent extrêmement nombreux et le clergé fut très vexé de les voir grandir en nombre ; quel que soit le pouvoir ou l’influence qu’ils pourraient avoir pour les agresser sournoisement, ils n’étaient légalement pas habilités à les mettre à mort. Cependant, le clergé saisit l'opportunité favorable et convainquit le roi de faire en sorte qu'un projet de loi soit soumis au parlement, en vertu duquel tous les Lollards obstinés devraient être livrés au pouvoir séculier et brûlés comme des hérétiques. Cette loi fut la première en Grande- Bretagne permettant de brûler des gens pour leurs convictions religieuses ; elle fut votée en 1401 et fut peu après mise à exécution.

La première personne qui subit les conséquences de cette loi cruelle fut William Santree, ou Sawtree, un prêtre, qui fut brûlé vif à Smithfield.

Peu de temps après, Sir John Oldcastle, Lord Cobham, en raison de son attachement aux doctrines de Wickliffe, fut accusé d'hérésie et fut condamné à être pendu et brûlé, fut alors exécuté à Lincoln's Inn Fields, en 1419 après Jésus-Christ. Dans sa défense écrite, Lord Cobham, déclara :

“ En ce qui concerne les images, je comprends qu'elles ne soient pas de la foi, mais qu'elles ont été ordonnées puisque la foi de Christ a été donnée par la souffrance de l'Église, pour représenter et rappeler la passion de notre Seigneur Jésus-Christ, et le martyre et la vie juste des autres saints : et quiconque fait une adoration des images mortes alors que celle-ci est due à Dieu, ou met son espoir ou sa confiance en s’attendant à leur aide, comme il devrait le faire envers Dieu, ou plus d’affection en une plus qu’en l’autre, il commet en cela le plus grand péché d'adoration d'idoles.

“ Aussi, je suppose ceci pleinement, que tout homme sur cette terre est un pèlerin vers le bonheur ou la souffrance ; et que celui qui ne le sait pas, nous ne le saurons pas,, nous gardons les saints commandements de Dieu dans cette vie ici-bas (même s'il fait des pèlerinages dans le monde entier et il mourra sûrement), il sera damné : celui qui connaît les saints commandements de Dieu et les garde jusqu'à sa fin, celui-là sera sauvé, même s'il n’est jamais partie dans sa vie en pèlerinage, comme les hommes le font actuellement à Canterbury ou à Rome, ou à tout autre endroit.”

Au jour fixé, Lord Cobham fut sorti de la tour avec les bras attachés derrière le dos, avec une mine très gaie. Puis il fut couché sur une haie, comme s'il avait été un traître odieux à la couronne et entraîné dans le champ de St. Giles. Comme il était mené sur le lieu de l'exécution et qu'il avait été enlevé de la haie, il se laissa tomber à genoux, souhaitant que le Tout-Puissant pardonne à ses ennemis. Puis il se leva et vit la multitude, les exhortant de la manière la plus pieuse à suivre les lois de Dieu écrites dans les Écritures et à se méfier des enseignants que 191

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l’on voit faire des choses contraires à Christ dans leur conversation et leur vie. Il fut ensuite suspendu au milieu par des chaînes de fer, et ainsi consumé vif au feu, louant le nom de Dieu aussi longtemps que sa vie dura ; les gens, là présents, éprouvèrent une grande douleur. Et cela fut fait en 1418 après Jésus-Christ.

Comment les prêtres de ce temps-là s’emportèrent, blasphémèrent et maudirent, en demandant au peuple de ne pas prier pour lui, mais de le juger damné en enfer, car il n'était pas parti dans l'obéissance à leur pape, aurait été trop long à écrire.

Ainsi repose ce vaillant chevalier chrétien, Sir John Oldcastle, sous l’autel de Dieu, qui est Jésus-Christ, au sein de cette société pieuse, qui, dans le royaume de la patience, a enduré une grande tribulation avec la mort de leurs corps, pour Sa parole fidèle et Son témoignage.

En août 1473, un certain Thomas Granter fut arrêté à Londres ; il était accusé d'avoir professé les doctrines de Wickliffe, pour lesquelles il avait été condamné comme hérétique obstiné. Cet homme pieux, amené dans la maison du shérif le matin du jour fixé pour son exécution, désirait un rafraîchissement et, après en avoir mangé, il dit aux personnes présentes

: “ Je mange maintenant un très bon repas, car j’ai un étrange conflit à affronter avant que je ne soupe .” ; et après avoir mangé, il rendit grâce à Dieu pour la générosité de toute Sa gracieuse providence demandant à être immédiatement conduit au lieu de l'exécution pour témoigner de la vérité des principes qu'il avait professés. Il fut alors enchaîné à un bûcher à Tower Hill, où il a été brûlé vif, professant la vérité jusqu’à son dernier souffle.

En 1499, un certain Badram, un homme pieux, fut présenté devant l'évêque de Norwich, accusé par certains des prêtres d'avoir soutenu la doctrine de Wickliffe. Il confessa qu’il croyait tout ce qui était retenu contre lui. Pour cela, il fut condamné comme hérétique obstiné et un mandat fut émis pour son exécution. Il fut alors amené à Norwich, où il souffrit avec une grande douleur.