

Patrick Hamilton, descendait de haute famille, il fut élevé avec l'intention d'être promu dans les ordres. Il se rendit en Allemagne pour étudier et là faisant la connaissance de Luther, et de Melanchton il devint convaincu de la vérité de leurs doctrines.
Après avoir prêché quelque temps à ses concitoyens, il fut invité à l'église St. André pour examiner les points en question. Mais ses ennemis, se trouvant défaits par ses arguments résolurent de se venger. Hamilton fut en conséquence emprisonné. On prépara des articles contre lui et sur son refus d'abjurer, Beaton, archevêque de St. André avec l'archevêque de Glasgow, trois évêques et cinq abbés le condamnèrent comme hérétique obstiné, le livrèrent au bras séculier et ordonnèrent son exécution cette même après-midi. Quand il fut attaché au bûcher il exprima une grande joie dans ses souffrances puisqu'il entrait ainsi dans la vie éternelle. Un religieux nommé Campbell se montra très prévenant. Hamilton répondit qu'il savait qu'il n'était pas un hérétique, qu'il s'était confessé à lui privément et le chargea de répondre pour cela au trône du Dieu tout-puissant. Alors on apporta la poudre et le feu étant allumé, il mourut après avoir répété ces mots, "Seigneur Jésus, reçois mon esprit." Son persécuteur implacable, Campbell, devint fou bientôt après et mourut sans recouvrer sa raison.
Henri Forest, un jeune homme de Lithquon fut la victime suivante. Sa première offense fut de dire que Patrick Hamilton mourut martyr et que ses articles étaient vrais. Pour cela il fut pris et mis en prison par Beaton. Il demanda, peu de temps après, un certain religieux du nom de Walter Laing d'entendre sa confession. Quand Forest eut déclaré qu'il pensait que 93
Hamilton était un homme bon et injustement mis à mort et que ses articles de foi étaient vrais et non pas hérétiques, le moine en informa l'évêque. Sa confession étant donnée comme preuve contre lui, il fut cité devant le clergé et les docteurs et livré par eux au bras séculier pour être mis à mort.
Quand le jour vint, il fut amené devant le clergé dans un champ couvert de gazon entre le château de St. André et un lieu appelé Monymaill. Aussitôt qu'il vit les visages du clergé, il cria à haute voix, "Fi ! Au mensonge. fi ! Aux faux moines, révélateurs de confession. Ci-après que personne ne se fie aux moines, contempteurs de la parole de Dieu et séducteurs des hommes." Après cette dégradation ils le condamnèrent comme hérétique égal à Hamilton ; et il souffrit la mort pour son fidèle témoignage de la vérité en Christ.
Testwood et ses Compagnons.
Robert Testwood, de Londres, avait, par sa connaissance de la musique acquit un si grand nom que les musiciens au collège Windsor le pensèrent digne d'avoir une place parmi eux. Il était tant aimé pour sa voix et son habileté qu'il vint s'établir à Windsor avec sa famille et était fort estimé par le doyen et les canons. Un jour qu'il dînait avec le Dr. Rawson, un des canons, un des quatre prêtres de la chambre du roi Édouard, nommé Ely, était présent. M. Ely commença à se moquer des laïques qui se mêlaient d'étudier les Écritures et d'être mieux instruits, tout en ne connaissant que la langue anglaise, que les savants d'Oxford et de Cambridge. Testwood, s'apercevant que cela lui était adressé, dit "M. Ely, avec votre permission, je crois qu'il n'y a pas de mal à un laïque, tel que je suis, de lire et de connaître les Écritures."
Il s'éleva alors une dispute concernant le pape, dont la suprématie n'était pas connue être mise en question au parlement au point où elle l'était. Ely demanda à Testwood si le pape ne devait pas être la tête de l'église. Testwood répondit que, chaque roi dans son propre royaume, devrait être la tête de l'église soumise à Christ. En entendant cela Ely se leva de table dans un grand transport, appelant Testwood un hérétique. Testwood était chagrin de voir le vieillard agir de la sorte, et après dîner le trouvant marchant dans l'église, pensa de voir parler avec lui charitablement ; mais Ely l'évita, disant aux autres qui marchaient auprès, "Méfiez-vous de cet homme-là car il est le plus grand hérétique qui soit jamais venu à Windsor."
Après cela, Testwood souffrit beaucoup de persécution ; et quoique la suprématie du roi passât en parlement, cependant les ennemis de Testwood avaient résolu sa perte. Il avait peur de quitter sa maison ; et une fois quand il s'aventura dans le chapitre un de ses ennemis tira un poignard et l'aurait poignardé si Ward, un juge de paix ne l'en eût empêché.
Antoine Pearson allait fréquemment prêcher à Windsor vers l'an 1540, et il était très estimé parmi le peuple qui courait en si grande foule à ses sermons que les prêtres du château avec d'autres papistes en ville, surtout Simons, en furent offensés. Simons, enfin, commença à prendre note de ses sermons et à noter ses auditeurs ; de là résulta la mort de plusieurs 94
honnêtes gens. Environ un an après, le Dr. Loudon, gardien du Nouveau Collège à Oxford fut admis comme l'un des prébendiers de Windsor qui, après sa première venue, commença à montrer son aversion pour la doctrine luthérienne.
A son premier dîner à sa résidence, toute sa conversation avec deux messieurs, étrangers à sa table, ne fut que sur les hérétiques, et quelle désolation ils causeraient au royaume si on les endurait. "Et par Ste. Marie, messieurs," dit-il, "il circule un rapport étrange de cette maison." Quelqu'un fit la remarque que c'était sans raison. "Je prie Dieu qu'il en soit ainsi. Je suis un étranger parmi vous mais j'ai entendu dire qu'il y en a ici dans cette maison qui ne veulent avoir ni prière ni jeûne."
Alors Testwood dit, "Sur ma parole, monsieur, je pense que cela a été dit par malice ; car la prière, comme vous le savez mieux que moi, était l'une des premières leçons que le Christ nous a enseignée." "Oui, monsieur," dit-il, "mais les hérétiques ne veulent pas d'invocation des saints, que tous les pères de l'Église permettent." "Ce que les pères de l'Église permettent,"
dit Testwood, "Je ne puis dire ; mais l'Écriture nous enseigne d'aller au Père et de lui offrir nos demandes au nom de Christ." "Alors vous ne voulez point de médiateur entre nous et Dieu," dit le docteur. "Oui, monsieur," dit Testwood, "notre médiateur est Christ, comme le dit St. Paul, Il y a un médiateur entre Dieu et les hommes savoir Jésus-Christ." " Donnez-nous de l'eau," dit le docteur en colère, comme s'il était devenu impur par la compagnie d'un hérétique. Quand l'eau fut apportée sur la table, il rendit grâce et se leva, et pendant qu'il parlait sur un autre sujet avec les étrangers, les clercs prirent congé et s'en allèrent.
Quand ce fier prébendier eut été un certain temps au Windsor et eut appris qui était Testwood, et quelle sorte d'hérétiques était en ville et combien ils croissaient par le moyen d'un prêtre appelé Antoine Pearson, il entretint une disposition presque infernale à leur égard.
Dr. London se mit à l'œuvre au sérieux. L'évêque Gardiner était son plus puissant auxiliaire, car il persuada au roi d'avoir la loi mise en force. Bientôt après Robert Benet, Henri Filmer, Jean Marbeck et Robert Testwood furent arrêtés pour des livres et des écrits contre les six articles trouvés à leurs maisons ; ils furent gardés jusqu'au lundi suivant, et amenés ensuite au conseil, excepté Testwood qui était malade de la goutte. Les trois autres furent logés en prison; Filmer et Benet au cachot de l'évêque de Londres, et Marbeck au Marshalsea. Ils furent examinés très rigoureusement, mais demeurant fermes, ils furent condamnés à mort. Marbeck par le moyen de l'évêque de Sarum fut pardonné, mais ses compagnons souffrirent comme il est dit plus haut.
Le samedi matin deux des canons du collège vinrent à la prison, l'un appelé le Dr. Blithe, et l'autre M. Arch qui furent envoyés comme confesseurs. M. Arch leur demanda, s'ils voulaient se confesser ? Ils dirent, "Oui." Alors il leur demanda, s'ils voulaient recevoir le sacrement ? "Oui," dirent-ils "de tout notre cœur." "Je suis content," dit Arch, "de vous entendre dire cela ; mais la loi est qu'il ne saurait être administré à une personne condamnée d'hérésie ; toutefois, c'est assez pour vous de l'avoir désiré." Et ainsi il les fit monter au 95
corridor pour entendre leurs confessions, parce que la prison était pleine de monde. Le Dr.
Blithe prit Anthony Pearson pour le confesser et M. Arch les deux autres. Le docteur, toutefois, ne fut pas longtemps avec Anthony avant qu'il ne descendit disant, "Je ne veux plus de cette doctrine." Bientôt après l'autre descendit aussi. Alors Anthony commença à dire le
"Notre Père" continuant jusqu'à ce que les officiers vinssent pour l'emmener ; alors prenant congé de Marbeck, ils louèrent Dieu pour sa délivrance, lui souhaitant un surcroît de piété et de vertu et le suppliant de leur aider par ses prières, afin qu'ils fussent forts dans leurs afflictions.
Comme ils passaient dans les rues, ils demandèrent au peuple de prier pour eux et de demeurer fermes dans la vérité de l'évangile, sans être ébranlés par leurs afflictions, car c'était la plus heureuse chose qui pût leur arriver. Et comme le Dr. Blithe et Arch voulaient les convaincre de retourner à leur sainte mère l'église, "Allez" leur criait Anthony ; allez avec votre doctrine romaine et vos vains discours car nous n'en voulons plus." Quand Filmer vint à la porte de son frère il l'appela ; mais il ne put le voir parce que le Dr. London l'avait éloigné.
Quand il ne vint pas, il dit, "Et ne viendra-t-il pas ? Alors que Dieu lui pardonne et le fasse devenir un bon homme." Ainsi ils vinrent au lieu de l'exécution où Anthony Pearson, avec un visage gai embrassa le poteau et le baisant dit, "Maintenant sois la bienvenue ma femme bien-aimée ; car aujourd'hui toi et moi serons mariés ensemble dans l'amour et la paix de Dieu."
Quand ils furent tous les trois attachés au poteau, un jeune homme, une connaissance de Filmer lui demanda s'il voulait boire. "Oui," dit Filmer," Je vous remercie. Et maintenant, mon frère, je désire que, au nom du Seigneur, tu demeures ferme dans la vérité de l'Évangile que tu as reçue ; "et alors prenant la coupe dans sa main il demanda à son frère Anthony s'il voulait boire. "Oui, frère Filmer," dit-il, "Je t'engage au nom du Seigneur."
Quand il eut bu, il donna la coupe à Anthony et Anthony la passa à Testwood ; ce dont leurs adversaires firent une plaisanterie, disant qu'ils étaient tous ivres et ne savaient ce qu'ils disaient ; quoique ils ne fussent pas plus ivres que les apôtres l'étaient, quand le peuple disait qu'ils étaient pleins de vin ; car quand Anthony et Testwood eurent bu tous les deux, Filmer se réjouissant au Seigneur, dit, "Soyez réjouis, mes frères et élevez vos cœurs et vos mains vers Dieu car après cet amer déjeuner nous aurons un bon dîner dans le royaume de Christ, notre Seigneur et Rédempteur." A ces mots Testwood, élevant les mains et les yeux au ciel, demanda au Seigneur de recevoir son esprit. Anthony Pearson, tirant la paille vers lui, en mit une bonne quantité sur sa tête, disant, "Maintenant je suis vêtu comme un bon soldat de Christ, par les mérites seuls duquel j'espère aujourd'hui d'entrer dans sa joie." Ainsi ils remirent leurs âmes dans la foi en Jésus-Christ avec une telle humilité et fermeté que plusieurs qui virent leur patience dans la souffrance, confessèrent qu'ils auraient pu avec joie mourir avec eux.
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Martyre de Adam Damlip.
Environ en même temps Adam Damlip mourut martyr à Calais, qui appartenait alors aux Anglais. On montre encore le lieu un peu hors de la ville où lui et d'autres endurèrent l'épreuve du feu.
Adam Damlip, autrement dit George Bucker alla à Calais en l'an 1539. Il avait été un zélé papiste et chapelain à Fisher, évêque de Rochester. Après la mort de l'évêque il voyagea en France, en Hollande et en Italie, conférant ensemble avec les hommes instruits concernant les dogmes de la religion ; et de là il procéda à Rome où il s'attendait de trouver une grande piété et une parfaite sincérité ; mais au lieu de cela il y trouva, dit-il, un tel blasphème de Dieu, mépris de la vérité en Christ, un tel relâchement de conduite et une telle impureté qu'il lui fut impossible d'y rester. Le cardinal Pole désirait qu'il donnât trois conférences par semaine dans sa maison ; mais il préféra retourner chez lui par la voie de Calais. Comme il attendait pour son passage en Angleterre, il fut trouvé par William et Thomas Lancaster être un homme instruit et bien disposé ; et qu'après avoir été un zélé papiste il était venu à la connaissance de la vraie religion ; ils le prièrent donc de rester à Calais un certain temps pour pouvoir faire du bien à la ville. Il y consentit volontiers s'il pouvait être licencié par ceux qui étaient en autorité.
Là-dessus Stevens l'amena à Lord Lisle, le vice-roi auquel il déclara l'entretien qui avait eu lieu entre Damlip et lui. Le vice-roi désira alors que Damlip resta pour y prêcher, disant qu'il aurait sa licence à lui et celle de Sir John Butler, son commissaire. Ayant prêché trois ou quatre fois, il plut tellement par sa connaissance, son débit et la vérité de sa doctrine que non-seulement les soldats et le commun peuple mais le lord député et une grande partie du conseil l'en louèrent beaucoup et le remercièrent. Le vice-roi lui offrit aussi une chambre dans sa propre maison et une place à sa table, un ou deux hommes pour le servir et tout ce dont il aurait besoin, si c'était possible de se le procurer avec de l'argent ; il lui offrit aussi une bourse pour s'acheter des livres ou autres choses pour qu'il restât avec eux et prêchât seulement aussi longtemps qu'il le trouverait bon. Damlip refusa avec beaucoup de reconnaissance ces offres généreuses de sa seigneurie la priant d'être assez bon de le nommer à quelque endroit tranquille où il pourrait s'occuper de ses livres et qu'il y prêcherait tous les jours, le matin et l'après-midi parmi eux comme Dieu l'en rendrait capable : Sur cela le vice-roi envoya chercher William Stevens auquel il demanda de loger Damlip dans sa maison lui promettant de pourvoir à tout ce qu'il demanderait pour lui.
Cet homme pieux, pendant vingt jours ou plus, prêcha la vérité avec connaissance et simplicité concernant le saint sacrement du sang de Christ, s'élevant contre la transsubstantiation et le sacrifice propitiatoire de la messe.
Ainsi il continua quelque temps ses conférences dans le chapitre des White Friars ; mais la place n'était pas assez grande ; il désira parler dans la chaire et il continua de là à déclarer que le monde était induit en erreur par les évêques romains qui avaient établi la doctrine de la transsubstantiation et de la présence réelle dans le sacrement. Il vint enfin à parler contre le 97
tableau de la résurrection dans l'église St. Nicholas, déclarant que c'était de l'idolâtrie et une illusion des Français que les Anglais devaient répudier. La conséquence fut qu'il vint une commission du roi au vice-roi qu'on devrait faire une recherche peur s'assurer s'il y avait trois hosties mises sur une table de marbre aspergées de sang ; et s'ils trouvaient qu'il en était ainsi, de les arracher. En cherchant, comme ils cassaient une pierre dans un coin de la tombe, ils trouvèrent soudés dans la croix de marbre placée sous le sépulcre, trois jetons blancs unis, qui avaient été peints comme des hosties et un os ; tous ces colifichets Damlip montra au peuple le dimanche suivant du haut de la chaire ; après quoi ils furent envoyés au roi par le député.
Bientôt après, toutefois, un prieur des White Friars, nommé Dore, avec Buttoll, chapelain de Lord Lisle, commencèrent à parler contre lui. Cependant après que Adam eut réfuté, dans trois ou quatre sermons la doctrine erronée de la messe, le moine sembla céder en apparence mais il le dénonça secrètement par lettres au clergé d'Angleterre. Environ huit à dix jours après, Damlip fut sommé de paraître devant l'archevêque de Canterbury, les évêques de Winchester et de Chichester et divers autres devant lesquels il défendit la doctrine qu'il avait enseignée, répondant, réfutant et résoudant les objections ; de sorte que ses adversaires parmi lesquels se trouvait le savant et pieux Cranmer, s'en émerveillait et dit clairement que les Écritures ne connaissaient pas de terme comme la transsubstantiation. Alors les autres évêques commencèrent à le menacer du feu et du fagot s'il voulait rester ferme dans ce qu'il avait dit.
Il répondit à ceci, qu'il livrerait le lendemain par écrit ce qu'il avait dit et qu'il y resterait ferme
; et sur cela il fut renvoyé.
Le jour suivant, quand il le cherchait pour le prendre, il ne vint pas ; car il avait reçu un secret avis de l'archevêque de Canterbury que s'il paraissait il n'échapperait pas probablement à une mort cruelle. Sur cela il leur envoya quatre feuilles de papier écrites en latin, contenant sa confession de foi. Il se sauva alors avec un peu d'argent dans la partie ouest du pays où il enseigna une école pendant un an ou deux, après quoi il fut saisi par l'inquisition pour les six articles et amené à Londres. Gardiner le recommanda à la maréchaussée et là il resta encore deux ans.
Pendant son emprisonnement, Jean Marbeck, fut mis dans la même prison, conversa avec lui, apprit qu’ils étaient ce qu'il avait été, quelles peines il avait endurées et combien de temps il avait été retenu en prison. "Et maintenant" dit Damlip, "parce que je pense qu'ils m'ont oublié, je vais présenter mon humble demande à l'évêque de Winchester, déclarant mon obéissance, mon humble soumission et mon sincère désir d'en venir à un examen. Je connais le pire ; je ne puis perde que la vie, ce que je ferai de préférence que d'être empêché d'employer mon talent à la gloire de Dieu ; c'est pourquoi, Dieu voulant, je vais en faire l'épreuve."
Damlip, pour son excellente conduite, était aimé de toute la prison ; mais surtout par le gardien, dont le nom était Massy ; et comme il avait la permission d'aller sur les lieux partout où il voulait, il fit beaucoup de bien par les prisonniers dissolus, blâmant le vice et le mal, les tenant par ce moyen dans un si bon ordre que le geôlier le trouvait être un grand trésor.
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Marbeck trouva aussi en lui une grande consolation. Car, malgré l'ordre stricte de l'évêque de Winchester, qu'il ne devait parler à personne, il trouva souvent le moyen de soulager son compagnon.
Quand il eut rédigé son épître, il la donna au gardien, voulant qu'il la portât à la cour de l'évêque de Winchester. Le gardien l'ayant fait, revint au logis très tard, quand les prisonniers qui avaient attendu le souper pour l'attendre, le voyant triste supposèrent que tout n'allait pas bien. Enfin, jetant les yeux sur Damlip, il dit, "Ô George, je puis te donner des nouvelles."
"Qu'est-ce que c'est, maître ?" dit-il, "Lundi prochain toi et moi devons aller à Calais." "A Calais ! pourquoi faire ?" "Je ne sais pas" dit le gardien, et il tira de sa bourse un morceau de cire, avec une étiquette de parchemin qui y était attaché. Quand Damlip le vit, il dit, "Bien, maître, maintenant je sais ce qu'il y a." "Quoi," dit le gardien," J'espère qu'il n'en sera pas ainsi." "Oui, maître, c'est très vrai et je loue Dieu pour sa bonté." Ainsi le gardien avec Damlip et Marbeck, allèrent souper, étant tristes pour Sir George comme ils avaient coutume de l'appeler. Lui, toutefois, était gai ; de telle sorte que quelques-uns lui dirent qu'ils s'étonnaient comment il pouvait si bien manger, sachant qu'il était si proche de la mort. "Ah, messieurs,"
dit-il, "pensez-vous que j'aie été prisonnier de Dieu si longtemps dans la maréchaussée et n'aie pas encore appris à mourir ? Oui, oui ; et je n'ai aucun doute que Dieu m'y fortifierais.
Le lundi matin le gardien avec trois autres des domestiques du maréchal du palais, menèrent Adam Damlip à Calais, et le mirent dans la prison du maire Le même jour John Butler, le commissaire susdit, et Sir Daniel, le curé de St. Pierre, furent enfermés dans la même prison, et ordre donné que personne ne parlât avec Butler surtout, ni même avec le reste.
Le samedi suivant fut le jour de l'exécution de Damlip. Il fut accusé d'hérésie ; mais par raison d'un acte du parlement, toute offense faite après un certain jour était pardonnée. Par cet acte il ne pouvait être blâmé de ce qu'il avait prêché ou enseigné auparavant ; cependant pour avoir reçu un écu français du cardinal Pole pour l'assister dans ses dépenses de voyage, il fut condamné pour trahison et cruellement mis à mort, étant pendu, tiré et écartelé.
Le jour précédent son exécution vint le voir un M. Mote, curé de l'église de Notre Dame à Calais qui lui dit, "Vos quatre quartiers seront pendus aux quatre parties de la ville." "Et où sera ma tête ?" dit Damlip. "Sur la lanterne à la barrière," dit Mote. "Alors," répondit Damlip,
"Je n'aurai pas besoin de pourvoir à mon enterrement." A sa mort, Sir R. Ellerker, le maréchal du palais ne voulut pas lui permettre soit de déclarer sa foi ou la cause de sa mort ; mais il dit à l'exécuteur, "Expédie le coquin, finis-en !" Mote fut choisi pour prêcher et déclara que Damlip avait été un instigateur de doctrine séditieuse ; et quoiqu’il fut pour cela absous par un pardon général, cependant il fut condamné comme traître au roi. Quand Damlip aurait voulu lui répondre, Ellerker lui commanda d'être emmené. Ainsi ce martyr innocent souffrit la mort avec douceur, patience et joie.
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Martyre de George Wishart.
George Wishart était écossais de naissance, mais il reçut son éducation à Cambridge.
L'année avant sa mort (en 1546) il retourna en Écosse et sur sa route prêcha à plusieurs endroits contre l'idolâtrie. Il prédit plusieurs choses extraordinaires, particulièrement ses propres souffrances et la diffusion de la réformation dans tout le pays. Il prêcha en dernier lieu à Lothian où le comte de Bothwell le prit, mais promit qu'aucun mal ne lui serait fait ; toutefois il le livra au cardinal qui l'amena à St. Andrews et convoqua une assemblée des évêques pour le détruire.
Pendant qu'il était emprisonné dans le château, le doyen de St. Andrews fut envoyé pour le sommer de paraître devant le juge le matin suivant à cause de sa doctrine séditieuse et hérétique comme on l'appelait. Wishart répondit, "Quel besoin a mon seigneur le cardinal de me sommer de paraître quand je suis ainsi en son pouvoir et lié de chaînes ?" Il fut plusieurs fois amené devant ses ennemis, mais il maintint ses vues et ses principes religieux. A la fin, il fut condamné à être brûlé comme hérétique. Quand le feu et l'échafaud furent prêts, le cardinal craignant que Wishart ne fut délivré par ses amis, commanda aux canonniers de se tenir près de leurs canons, jusqu'au temps où il serait brûlé. Ils attachèrent alors les mains du martyr derrière lui et le conduisirent à la place de l'exécution. Quand il vint auprès du feu il répéta par trois fois ces paroles : "Ô toi Sauveur du monde aie pitié de moi, Mon Père qui es aux cieux je remets mon esprit entre tes saintes mains."
Alors il se tourna vers le peuple et dit, "Je vous prie, frères et sœurs en Christ de ne pas être scandalisés de la parole de Dieu à cause de l'affliction que vous voyez qu'on prépare pour moi ; mais aimez la parole de Dieu et endurez patiemment. Rappelez-vous que je souffre ce feu pour l'amour de Christ. Considérez et regardez mon visage ; vous ne me verrez pas changer de couleur. Je ne crains pas ce feu hideux. Si l'on vous persécute pour l'amour du monde ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais qui n'ont aucun pouvoir de tuer l'âme. Quelques-uns ont dit que j'enseignais que l'âme de l'homme devait dormir jusqu'au dernier jour ; mais je sais pour certain que je vais souper avec le Christ mon Sauveur cette nuit. Je prie le Christ de pardonner à ceux qui m'ont condamné à mourir aujourd'hui par ignorance. S'ils ne se détournent pas de leur méchante erreur la colère de Dieu viendra sur eux et ils n'échapperont pas."
Il prononça encore plusieurs autres paroles sincères ne s'arrêtant nullement aux cruels tourments que l'on préparait pour lui. Enfin le bourreau tomba à genoux et dit ; "Je vous prie de me pardonner car je ne suis pas coupable de votre mort." Il répondit - "Viens ici à moi."
Quand il fut venu, il lui embrassa la joue et dit : "Voici une preuve que je t'ai pardonné. Mon chéri, fais ton devoir," et immédiatement il fut pendu au gibet et brûlé en cendres. Le peuple contempla la sortie glorieuse de ce martyr triomphant avec des sentiments mêlés d'étonnement de chagrin et d'indignation.
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Le clergé se réjouit de sa mort et vanta le courage du cardinal pour avoir procédé en cela contre les ordres du gouverneur. Mais le peuple regardait Wishart comme un martyr et un prophète. On dit aussi que sa mort n'était rien moins qu'un meurtre puisque aucun arrêt n'avait été obtenu pour le faire ; et le clergé n'avait aucun droit de brûler quelqu'un sans un mandat du pouvoir séculier. Il fut donc conclu que le cardinal méritait la mort pour sa présomption.
Son insolence l'avait rendu généralement odieux ; et douze personnes formèrent un complot de le tuer privément à sa propre demeure. Le 30 mai ils s'emparèrent de la barrière de bonne heure le matin ; et quoiqu'il eut cent hommes dans le château, toutefois étant tous endormis ils les attaquèrent un par un et les mirent soit dehors où les enfermèrent. S'étant assurés de tous, ils allèrent à la chambre du cardinal qui voyant qu'ils voulaient attenter à sa vie, s'écria:
"Fi ! Fi ! Ne me tuez pas ; Je suis un prêtre," mais ne l'écoutant pas plus qu'il ne l'avait fait à Wishart, ils le tuèrent immédiatement, et mirent son corps en dehors de la même fenêtre d'où il avait regardé l'exécution de Wishart. Quelques-uns justifièrent cet acte comme étant simplement tuer un voleur et un meurtrier ; mais il fut généralement condamné.
Martyre de Kerby et de Roger Clarke.
Vers la fin du règne de Henri VIII. Kerby et Roger Clarke furent arrêtés à Ipswich, et amenés devant Lord Wentworth, avec d'autres commissaires choisis pour surveiller leurs examens. Kerby et Clarke étant dans la maison du geôlier dont le nom était Bird, il vint un M.
Robert Wingfield, qui dit à Kerby, Rappelle-toi que le feu est chaud ; prends garde à ton entreprise, pour que tu ne prennes pas plus sur toi que tu ne peux accomplir. La douleur est extrême, et la vie est douce, Il vaut mieux, parfois, s'attacher à la miséricorde que de commencer témérairement et ensuite de reculer." Kerby répondit - "Ah, Wingfield, sois à mon bûcher et tu diras, voici devant moi un soldat chrétien dans le feu ; car je sais que le feu et l'eau, l'épée et toutes antres choses sont dans les mains de Dieu et il ne souffrira pas que l'on mette sur nous plus qu'il ne nous donnera la force de supporter." "Ah, Kerby," dit Wingfield, si tu en es à ce point, je te dis adieu ; car je ne suis pas assez fort pour être brûlé."
Quand Kerby et Clarke vinrent au siège du jugement ils élevèrent leurs yeux et leurs mains au ciel priant Dieu instamment. Ceci fait, leurs articles leur furent lus, et alors on leur demanda s'ils croyaient que dans le sacrement, après les paroles prononcées par un prêtre ce n'était pas le vrai corps et sang de Christ, sa chair, son sang et ses os, comme il était né de la Vierge Marie et non plus du pain ? Ils répondirent à cette question brûlante - "Non ! nous ne le croyons pas ; mais nous croyons que le sacrement que Jésus-Christ a institué n'était que pour rappeler à ses disciples le souvenir de sa mort précieuse et de son sang répandu pour la rémission des péchés." Alors avec beaucoup d'arguments, avec des moyens honnêtes et des menaces on les pressa ; cependant ils restèrent fidèles, préférant de mourir que de vivre et ainsi ils continuèrent jusqu'à la fin.
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On passa alors sur eux la sentence que Kerby serait brûlé dans ladite ville le samedi suivant, et Clark à Bury le lundi après. Le samedi, environ dix heures, Kerby fut amené à la place du marché où un bûcher de bois et de paille était préparé. Il ôta ses habits moins sa chemise et fut alors attaché au poteau avec des chaînes ; il y avait sur la galerie Lord Wentworth, avec quelques-uns des juges d'où ils pouvaient voir son exécution, et aussi pour entendre ce que Kerby avait à dire ; il y avait aussi un grand concours de peuple. Sur la galerie se tenait aussi le Dr. Rugham ayant un surplis et une étole sur le cou. Alors on proclama le silence et le docteur commença à s'excuser comme n'étant pas propre à expliquer les Saintes Écritures, étant peu préparé parce que le temps était si court, mais il espérait qu'avec l'aide de Dieu cela arriverait bien.
Pendant que les exécuteurs préparaient leurs chaînes, les fagots et la paille, le martyr sans changer de mine et de visage, mais avec un esprit humble, glorifiait Dieu. Le Dr. Rugham enfin commença le sixième chapitre de St. Jean et aussi souvent qu'il citait les Écritures et les appliquait à propos, Kerby disait au peuple que c'était vrai et leur commandait d'y croire. Mais quand il ne le faisait pas, il lui disait alors. "Vous ne dites pas la vérité ; ne le croyez pas bonnes gens." Là-dessus, d'accord avec la voix du peuple, ils jugeaient que le Dr. Rugham était un faux prophète. Quand il eut fini son discours, il dit à Kerby, "Toi homme juste, ne crois-tu pas que le saint sacrement de l'autel est la chair et le sang de Christ et non pas du pain, de même qu'il était né de la Vierge Marie ? Kerby répondit - "Je ne le crois pas." "Que crois-tu ?" dit le docteur. Kerby dit : "Je crois que dans le sacrement que Jésus-Christ a institué à son dernier souper, sa mort et sa passion et son sang répandu pour la rédemption du monde doivent être commémorés ; et, comme je l'ai dit avant, quoiqu’encore du pain, et plus que du pain, car il est alors consacré pour un saint usage.
Le sous-shérif demanda alors à Kerby s'il avait quelque chose de plus à dire. "Oui, monsieur," dit-il, "Si vous m'en donnez la permission." "Parle donc," dit le shérif. Le martyr, rappelant tout son courage, et levant les mains, répéta la Te Deum et le crois en Dieu, avec d'autres prières dans la langue anglaise. Lord Wentworth, pendant que Kerby était ainsi occupé, se cacha derrière l'une des colonnes de la galerie et pleura, ce que firent aussi plusieurs autres. "Alors," dit Kerby, "J'ai fini : vous pouvez remplir votre office, bon shérif." Sur cela on mit le feu au bûcher et lui d'une voix forte s'adressa à Dieu, se frappant la poitrine et élevant les mains ; ainsi se termina sa vie, le peuple lâchant des cris et louant Dieu pour sa fermeté.
Le lundi suivant, sur les dix heures, Roger Clarke de Meudlesham, fut sorti de prison et mené à pied à Southgate, à Bury. Sur le chemin la procession les rencontra ; mais il ne voulut pas s'agenouiller et avec des paroles véhémentes réprimanda leur superstition. En dehors de la barrière le bûcher étant prêt et le bois placé auprès, il s'agenouilla et dit le Magnificat en langue anglaise faisant là-dessus une paraphrase, dans laquelle il déclara que la bienheureuse Vierge Marie qui pouvait aussi bien se réjouir en pureté que toute autre, s'humilia cependant devant notre Sauveur. "Et que dis-tu Jean Baptiste," dit-il, "le plus grand de tous les enfants ?
"Voici l'agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde". De la sorte il criait au peuple, pendant 102
qu'on l'attachait au bûcher et alors on alluma le feu. Ses souffrances furent affreuses, parce que le bois était vert et ne voulait pas brûler de sorte qu'il était étouffé par la fumée ; et de plus étant mis dans un baril de goudron avec du goudron encore attaché sur les côtés il en éprouva de grandes souffrances jusqu'à ce qu'il sortit ses pieds du baril. Enfin quelqu'un près de lui prit un bâton et frappant l'anneau de fer autour de son cou et ensuite sur sa tête il s'affaissa sur un des côtés du feu et ainsi il périt.
La réformation parut maintenant pour un temps rétrograder au lieu d'avancer. Dans le mois de décembre suivant, le roi vint au parlement pour donner la sanction royale aux actes qui étaient passés, où après un éloquent discours que lui fit l'orateur, il lui répondit par un discours artificieux composé par lui-même.
Il déclara d'abord que son cœur était reconnaissant envers ses sujets pour leurs octrois et subsides qu'ils lui avaient offerts. Ensuite il les exhorta à vivre dans la concorde, la paix et l'unité ; Mais s'il avait pris le bon moyen de pousser à la charité, d'aider l'innocence parmi ses sujets il aurait ôté la loi impie des six articles. Par cette loi - connue sous le nom de Statut Sanguinaire - le bûcher ou la pendaison était le châtiment reconnu pour tous ceux qui niaient que le pain et le vin du sacrement était le corps naturel et le sang du Sauveur ; ou que la communion sous les deux espèces n'est pas nécessaire au salut ; ou que les prêtres peuvent se marier ; ou que la messe était conforme à la loi divine ; ou que la confession était utile et nécessaire. Maintenant à quoi sert-il d'exhorter à la charité en parole et en même temps, de mettre une arme dans la main d'un meurtrier pour frapper son frère désarmé qui n'a pas le pouvoir de se défendre. Le mal et la souffrance produits par cette loi n'ont jamais été plus évidents que dans son exécution contre trois ou quatre martyrs de ce temps-là. Parmi ceux-là la plus mémorable fut Anne Askew dont la persécution acharnée et la mort inexorable contribuèrent à montrer l'esprit sanguinaire des temps, en même temps que la fermeté dont une femme peut faire preuve quand elle est assistée par la puissance de la religion et de la vérité.
Martyre de Anne Askew.
Cette dame descendait d'une bonne famille et avait reçu une très bonne éducation. Elle fut examinée en l'année de notre Seigneur 1545 au mois de mars. Christophe Dare l'examina au Saddler's Hall. Ses réponses aux diverses questions qu'il lui fit furent telles qu'elles l'étonnèrent et le réduisirent au silence.
Après que le chancelier et l'évêque l'eurent examinée, sans pouvoir ébranler sa fermeté, son cousin Britain vint, avec plusieurs autres parmi lesquels était M. Hall de Gray's Inn.
L'évêque lui demanda quelle était sa foi et sa croyance touchant le sacrement. Elle lui répondit, " Je crois ce que les Écritures m'enseignent." Là-dessus il demanda, "Comment alors, si l'Écriture dit que c'est le corps de Christ ?" "Je crois," dit-elle, "comme l'enseigne l'Écriture." Alors il demanda de nouveau, "Comment alors si l'Écriture dit que ce n'est pas le 103
corps de Christ ?" " Sa réponse fut encore. "Je crois tout ce que l'Écriture m'enseigne." Il s'arrêta longtemps sur cet argument pour la forcer à faire une réponse à son goût. Toutefois, elle ne le voulut pas, mais conclut ainsi avec lui, "Je crois en ceci, comme dans toutes autres choses, comme Christ et ses apôtres l'ont révélé."
Il y eut certains prêtres qui essayèrent fortement de connaître sa pensée. Elle leur répondit toujours ainsi : - "Ce que j'ai dit à l'évêque de Londres je l'ai dit." Alors le Dr. Standish demanda à l'évêque de lui faire dire son opinion concernant le texte de la connaissance de St.
Paul, probablement pour machiner sa perte, parce que étant une femme elle interpréterait les Écritures en présence de tant d'hommes sages et instruits. L'évêque lui dit alors promptement
"je sais que quelqu'un vous a demandé si vous recevriez les sacrements à Pâques et vous vous en êtes moquée." Elle répondit à ceci calmement et humblement. "Je désire que mon accusateur vienne de l'avant," ce qu'il ne voulut pas permettre. Mais il lui dit encore. "J'ai envoyé quelqu'un vous donner un bon conseil et au premier mot vous l'avez appelé papiste."
"Je ne nie pas cela," dit-elle, " car je me suis aperçue qu'il n'était rien moins et je ne lui ai fait aucune autre réponse."
Alors il la censura et dit qu'elle avait rapporté qu'on avait envoyé contre elle soixante prêtres à Lincoln. "Vraiment" répondit-elle, "Je l'ai dit ; car mes amis m'ont dit que si je venais à Lincoln, les prêtres m'attaqueraient et me causeraient beaucoup de trouble ; et quand j'ai entendu cela, j'y suis allée, n'ayant pas peur parce que je savais que mon cas était bon. Dans ce but j'y suis resté neuf jours, pour voir ce qu'on m'y dirait, et comme j'étais dans le monastère, lisant la Bible, ils vinrent à moi deux à deux et en plus grand nombre ayant l'intention de me parler et s'en allèrent leur chemin sans parler." L'évêque lui demanda s'il n'y en avait pas eu un qui lui avait parlé. Elle répondit, "Oui il y a eu un d'entre eux qui a parlé ; mais ses paroles étaient de peu d'importance de sorte que je ne m'en souviens pas." Alors dit l'évêque. "Il y en a beaucoup qui lisent et connaissent l'Écriture et cependant ne la suivent pas ni ne vivent en conséquence." Elle dit encore, ' Mon Seigneur, je désirerais que tous les hommes connaîtraient ma conversation et mon genre de vie en tous points ; car je suis sûre moi-même à cette heure qu'il n'y a personne capable de prouver aucun acte malhonnête contre moi.
Cette femme pieuse et bien douce fut, cependant, déclarée hérétique, et condamnée à endurer de nouvelles persécutions. Quelques jours après elle fut envoyée de Newgate à l'enseigne de la Couronne où M. Rich et l'évêque de Londres avec tout leur pouvoir et leurs paroles flatteuses s'efforcèrent de la détourner de Dieu ; mais elle ne s'arrêta pas à leurs prétentions mensongères. Après eux vint un certain Nicholas Shaxton qui lui conseilla de se rétracter, comme d'autres avaient fait. Elle lui dit, "Il aurait été mieux que vous ne fussiez jamais né;" avec plusieurs autres paroles tirées surtout des Écritures. Elle fut alors envoyée à la Tour, où elle resta jusqu'il trois heures, quand Rich vint et un membre du conseil lui commandant de leur montrer si elle connaissait quelque homme ou femme de sa secte. Voici sa réponse, "Je ne connais personne." Alors ils l'interrogèrent concernant lady Suffolk, lady 104
Sussex, lady Hertford, lady Denny et lady Fitzwilliam. Elle répondit à cela, "Si je disais quelque chose contre elles, je ne saurais le prouver." Alors ils lui dirent. "Le roi est informé que vous pourriez nommer, si vous le vouliez, un grand nombre de votre secte." Elle répondit le roi est déçu sous ce rapport, comme il a été trompé par eux sur d'autres matières.
Enfin ils la mirent à la torture, parce qu'elle n'avait pas confessé connaître aucunes dames ou messieurs comme étant de son opinion et là ils la tinrent longtemps ; et parce qu'elle restait tranquille ne criait pas, le grand chancelier et M. Rich prirent la peine de la torturer de leurs propres mains jusqu'à ce qu’elle fût à peu près morte - un exemple de cruauté inouïe même pour cette époque. Le lieutenant la fit alors détacher de l'instrument de torture et elle s'évanouit immédiatement et ensuite revint à elle. Alors elle fut apportée à une maison et mise au lit avec un corps aussi meurtri et souffrant que celui de Job, tout en continuant à remercier Dieu. Alors le grand chancelier lui envoya dire que si elle voulait abandonner sa foi on pourvoirait à ses besoins, sinon, quelle serait brûlée. Elle lui envoya dire qu'elle préférerait mourir que de renier sa foi - demandant à Dieu de lui ouvrir les yeux.
Étant née d'une race et d'une parenté qui l'aurait rendu capable de vivre dans une grande aisance et prospérité si elle avait choisi de vivre plutôt pour le monde que pour Christ, elle avait maintenant été si tourmentée qu'elle ne pouvait ni vivre longtemps dans une si grande souffrance ni être laissée mourir tranquille par ses adversaires ; ayant fixé le jour de son exécution elle fut apportée à Smithfield dans une chaise parce qu'elle ne pouvait marcher à cause des cruels effets de ses tourments. Quand elle fut amenée au bûcher elle y fut attachée par le milieu du corps avec une chaîne qui tenait son corps suspendu. Trois autres furent amenés pour souffrir avec elle et pour la même offense ; ce furent Nicholas Belenian, un prêtre de Shropshire ; Jean Adams, un tailleur ; et Jean Lacel un gentilhomme de la cour et de la maison du roi Henri. Les martyrs étant enchainés au bûcher et toutes choses préparées pour le feu, le Dr. Shaxton, alors appointé pour prêcher commença son sermon. Anne Askew l'écoutant et lui répondant ; quand il disait bien elle l'approuvait ; quand il se trompait, exprimant fermement son dissentiment et disant, "Il parle en dehors du livre."
Le sermon étant fini, les martyrs, se tenant à leurs divers bûchers, commencèrent leurs prières. La multitude étant très grande, la place où ils étaient fut entourée d'un cordon pour arrêter la foule. Sur le banc, près de l'église St. Barthélemy, était assis Wriothesley, le chancelier d'Angleterre, le vieux duc de Norfolk, le vieux comte de Bedford le lord-maire avec d'autres. Avant que le feu ne fût allumé, un du parquet entendant qu'ils avaient de la poudre à fusil sur eux commença à avoir peur ; mais le comte de Bedford dit que la poudre n'était pas mise sous les fagots, mais seulement autour du corps des martyrs, pour les débarrasser de leurs douleurs, de sorte qu'il n'y avait aucun danger.
Le lord-chancelier envoya alors à Anne Askew pour lui offrir le pardon du roi, si elle voulait se rétracter ; une lettre dite écrite par le roi fut mise entre ses mains ; mais elle, refusant de la regarder, répondit, "Je ne viens pas ici pour renier mon Seigneur et mon Maître." Alors 105
il y eut des lettres offertes aux autres, qui de même refusèrent de les regarder ; continuant à s'encourager et à s'exhorter l'un l'autre par l'espérance de la gloire dans laquelle ils étaient sur le point d'entrer ; sur quoi le lord-maire commandant d'allumer le feu cria d'une haute voix, "Fiat justitia." Ainsi ces heureux martyrs furent entourés de flammes de feu comme de saints sacrifices à Dieu et à la vérité.
Vie et Martyre de William Tyndale.
Nous allons maintenant répéter l'histoire et le martyre de William Tyndale, qui, quoiqu'il ne souffrit pas la mort en Angleterre, devrait être mis au rang des martyrs de notre pays, dont il peut, à cause de son grand zèle, de sa persévérance et de la dissémination de la vérité, être à bon titre regardé comme l'apôtre.
Il naquit sur les bords du pays de Galles et fut instruit à l'université de Oxford. Il se fixa ensuite à Cambridge et ensuite à Gloucestershire il fut engagé par un chevalier nommé Welch, comme précepteur à ses enfants. A la table de ce noble plusieurs abbés, doyens et autres avaient l'habitude de se rendre, avec lesquels Tyndale parlait des hommes instruits -
particulièrement de Luther et d'Érasme—et de questions concernant les Écritures.
Après un temps il arriva que le chancelier de l'évêque tint une cour à laquelle les prêtres
- Tyndale parmi eux - furent sommés de paraître. Ce dernier craignit qu'une conspiration ne fut formée contre lui ; et sur son chemin, il pria Dieu avec instance de le rendre capable de porter témoignage à la vérité. Le chancelier l'injuria grièvement ; mais commune rien de défini ne put être prouvé contre lui, il s'échappa de leurs mains.
Non loin de là vivait un docteur nommé Munmouth qui avait été une vieille connaissance de Tyndale. C'est è lui que Tyndale ouvrit son cœur. Après un temps le docteur lui dit : - "Ne savez-vous pas que le pape est l'antechrist même dont parle l'Écriture ? Mais prenez garde à ce que vous dites, car si l'on vous savait de cette opinion cela vous coûterait la vie. J'ai été un de ses officiers ; mais je l'ai abandonné et je le mets au défi lui et toutes ses œuvres."
Peu de temps après Tyndale rencontra un certain théologien et en discutant avec lui, le poussa si loin que le docteur prononça les blasphèmes suivants : "Nous serions mieux d'être sans les lois de Dieu que celles du pape." Tyndale, plein de zèle religieux répondit, "Je mets au défi le pape et toutes ses lois:" et il ajouta que si Dieu l'épargnait qu'avant bien des années il ferait que le fils du laboureur connaîtrait plus les Écritures que lui.
Étant très ennuyé par les prêtres, il fut obligé de laisser le service de M. Welch. Quand il vint à Londres il fut recommandé à l'évêque Tonstall ; mais Dieu, qui conduit toutes choses suivant sa propre volonté, vit que cette démarche n'était ni pour l'avantage de Tyndale ni pour celui de son église, et en conséquence ne lui fit pas trouver grâce aux yeux de l'évêque. Il demeura à Londres près d'une année, grandement affligé de la pompe, de l'orgueil et de l'ignorance du clergé, de sorte qu'il s'aperçut non seulement qu'il n'y avait pas de place dans 106
le palais de l'évêque pour lui où il put traduire le Nouveau Testament, mais aussi qu'il n'y avait pas de place pour lui pour le faire dans toute l'Angleterre.
Il s'en alla donc en Allemagne, après cela dans les Pays-Bas et il demeura surtout à Anvers. Ayant fini une partie de sa traduction il fit voile pour Hambourg ayant l'intention de l'y publier quand une providence mystérieuse l'en empêcha. Dans son voyage il fit naufrage et perdit tous ses manuscrits et presque tout ce qu'il possédait. Toutefois, avec un vrai héroïsme moral il alla à Hambourg et en 1529 commença de nouveau le travail en compagnie de M. Coverdale. Quand la traduction du Nouveau Testament fut d'abord imprimée les prélats anglais furent remplis de colère et ne se donnèrent aucun repos jusqu'à ce qu'ils eussent poussé le roi à prendre des mesures sévères dans l'affaire. On publia une proclamation, sous son autorité qui la condamnait et la défendait. Mais non content de cela, on chercha les moyens d'embarrasser et de détruire l'auteur.
En conséquence, après quelques stratagèmes et l'emploi de la trahison, Tyndale fut trahi à Anvers par un certain Phillips et mené au château de Filford à une distance de dix-huit milles, où il demeura jusqu'à sa mort. Enfin, après le laps d'une année et demie et beaucoup de discussion inutile, il fut condamné. Quand il fut attaché au bûcher (ce fut le 6 Octobre) il s'écria à haute voix et avec instance, "Seigneur ouvre les yeux du roi d'Angleterre !" Il fut alors étouffé, et ses restes réduits en cendres. Tel était le pouvoir et l'excellence de ce vraiment excellent homme, que durant son emprisonnement il convertit son gardien avec sa fille et d'autres de ses gens. Plusieurs de ceux qui vinrent en contact avec lui, dirent que s'il n'était pas un bon chrétien ils ne sauraient à qui se fier. Cependant il fut offert par ces prêtres modernes comme une victime à l'ignorance et à la superstition.
Martyre de Thomas Benet.
Thomas Benet naquit à Cambridge et reçut de l'université le titre de M.A. Plus il croissait dans la connaissance de Dieu et de la sainte parole, plus il désapprouvait l'état corrompu de la religion et, en conséquence, pensant que son propre comté n'était pas un endroit sûr pour lui, il alla à Devonshire, en l'an 1524 et demeura à Torrington, inconnu à ceux qui étaient là.
Pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa femme, il tint une école pour les jeunes enfants.
Mais cette ville ne répondant point à son attente, il se transporta à Exeter et là recommença son enseignement.
Mais voyant tous les jours que Dieu était tellement blasphémé, la religion idolâtre tellement encouragée et le pouvoir usurpé de l'évêque de Rome tellement exalté que son esprit en fut troublé et qu'il ne put rester tranquille. C'est pourquoi il dit à certains de ses amis qu'il ne pouvait endurer plus long temps, mais qu'il lui fallait suivre sa conscience et que, pour la défense de la vraie religion divine il s'offrirait lui-même patiemment comme Dieu lui en donnerait la grâce pour sa vie, alléguant que sa mort serait plus profitable à l'église de Dieu que ne le serait sa vie. Il donna les livres qu'il avait, et bientôt après écrivit certains rouleaux 107
de papier qu'il afficha privément à la porte de la cathédrale de la ville, avec ces mots - "Le pape est l'antéchrist ; et nous ne devrions adorer que Dieu seul et non les saints."
Ces bills étant trouvés, il n'y eut pas peu de recherches faites pour trouver l'hérétique qui les avait affichés. On donna ordre aux docteurs de se hâter de dénoncer du haut de la chaire cette hérésie. Cependant, Benet tenant son action secrète alla le dimanche à la cathédrale pour entendre les sermons et par hasard s'assit auprès de deux hommes qui avaient été les plus actifs dans la ville à chercher les hérétiques ; et eux se regardant, l'un dit à l'autre,
"Certainement ce gaillard est l'hérétique qui a affiché les bals et il serait bon de l'examiner."
Cependant, quand ils virent sa conduite posée et sobre, son attention au prédicateur, son recueillement dans l'église, étant toujours occupé à son livre qui était un Nouveau Testament en latin, ils n'eurent pas la force de lui parler, mais partirent le laissant à la lecture de son livre.
Enfin, les prêtres trouvèrent une amulette pour le maudire, quel qu'il fut avec un livre, une cloche et une chandelle ; imprécation qui dans ce temps-là était considérée des plus terribles.
L'imprécation était ainsi conçue.
Un des prêtres, attifé en blanc, monta en chaire. La populace avec quelques-uns des moines des deux ordres et quelques moines superstitieux de St. Nicholas se tenait autour et la croix étant tenue élevée avec des bougies bénites qui y étaient attachées, il commença son sermon avec cette déclaration de Josué ; - Il y a un interdit dans le camp. Là-dessus il fit une longue protestation mais pas aussi longue qu'ennuyeuse et superstitieuse ; et conclut que le vil et abominable hérétique qui avait affiché le bill était pour son blasphème maudit et damné et il demandait à Dieu, Notre-Dame, St. Pierre, patron de cette église, avec toute la sainte compagnie des martyrs, confesseurs et des vierges, qu'il fut révélé quel hérétique avait fait la maudite action. Alors suivit la malédiction prononcée par le prêtre en ces mots : -
Par l'autorité de Dieu le Père Tout-Puissant et de la bienheureuse Vierge Marie, de St.
Pierre et St. Paul et des saints, nous excommunions, nous maudissons de toute manière, remettons et délivrons au démon de l'enfer, celui ou celle quels qu'ils soient qui en dépit de Dieu et St. Pierre, dont c'est ici l'église, en dépit de tous les saints et en dépit de notre très saint père le pape, le vicaire de Dieu ici sur la terre et en dépit du révérend père en Dieu, Jean notre évêque diocésain et des vénérables chanoines, maîtres et prêtres et clercs qui servent Dieu tous les jours dans cette cathédrale, ont affichés avec de la cire un bill aussi maudit et hérétique, rempli de blasphème.” sur les portes de cette et autres saintes églises dans l'enceinte de cette ville. Qu'ils soient excommuniés ouvertement, lui ou elle, avec punition ou eux et livrés au diable comme malfaiteurs et schismatiques perpétuels. Qu'ils soient maudits, lui ou elle, dans les cités et dans les villes, dans les champs dans les chemins, dans les sentiers, dans les maisons, hors des maisons et dans tout autre endroit, debout, couchés, en se levant, en courant, en marchant, en dormant, en mangeant, en buvant et n'importe ce qu'ils fassent en outre.
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Nous les séparons lui ou elle du seuil de l'église et de toutes ses bonnes prières de la participation à la sainte messe, de tous les sacrements, chapelles et les autels du pain bénit et de l'eau bénite, de tous les mérites des prêtres de Dieu, des personnes religieuses et de tous leurs cloîtres, de tous leurs pardons, leurs privilèges ; dons, immunités que tous les saints pères, les papes de Rome leur ont accordés. Nous les remettons entièrement au pouvoir du démon et abreuvons leurs âmes s'ils sont morts, cette nuit dans les tourments du feu de l'enfer, comme cette chandelle est maintenant éteinte - sur cela il éteignit une des chandelles.
"Et prions Dieu, si nous vivons, que leurs yeux soient éteints comme l'est cette chandelle"
- alors il éteignit l'autre chandelle ; "et prions Dieu, et Notre Dame et St. Pierre et Paul et tous les saints que tous les sens de leurs corps manquent, et qu'ils n'aient aucun sentiment, comme maintenant la lumière de cette chandelle s'en est allée" - éteignant la troisième chandelle -" à moins que lui ou elle, vienne publiquement maintenant confesser leur blasphème, et par la repentance fasse amende à Dieu, Notre-Dame, St. Pierre et la dévote compagnie de cette cathédrale ; et comme ce saint bâton en croix tombe maintenant, aussi puissent-ils le faire, à moins qu'ils ne se repentent et se montrent !" Ici, quelqu'un ôtant la croix le bâton tomba, et alors quel cri et bruit il se fit ! quelle terrible peur ! quel lèvement de mains au ciel après avoir entendu cette terrible dénonciation !
Après que cette farce eut été jouée, Benet ne put s'empêcher d'avoir un accès de rire et ne put s'arrêter : ce qui fit que le pauvre homme fut découvert. Car ceux qui étaient près de lui étonnés de la malédiction et croyant qu'il fallait qu'elle tombât sur quelqu'un demandèrent à Benet pourquoi il riait. "Mes amis," dit-il, " qui peut s'en empêcher, en entendant de pareilles niaiseries !" Immédiatement on cria "Voici l'hérétique voici l'hérétique ! Tenez-le bien !" Il fut conduit en prison.
Le lendemain les chanoines et les principaux de la ville commencèrent à l'examiner.
Trouvant que leurs menaces et leurs arguments étaient inutiles, ils procédèrent au jugement et le condamnèrent à être brûlé ; le mandat qu'ils s'étaient procuré venant de Londres, ils le livrèrent le 15 janvier, 1531, à Sir Thomas Denis, shérif de Devonshire, pour être brûlé. Le martyr se réjouissant de ce que sa fin était si près, comme la brebis devant celui qui la tond, se soumit, avec toute humilité pour endurer et souffrir la croix de la persécution. Étant amené à son exécution dans un endroit appelé Liverydole, en dehors de Exeter, il fit sa prière au Dieu Tout Puissant et demanda au peuple de faire comme lui ; les exhortant tellement à chercher à honorer Dieu véritablement et aussi à le connaître comme aussi d'abandonner les inventions de l'imagination humaine, que ses auditeurs étaient dans l'admiration, tellement que la plupart confessaient qu'il était le serviteur de Dieu et un bon homme.
Deux écuyers, Thomas Carew et John Barnehouse, se tenant au bûcher près de lui, d'abord avec de bonnes paroles, mais enfin avec menaces exigèrent de lui qu'il révoqua ses erreurs et pria notre Dame et les saints. Il leur répondit avec toute douceur, "Non, non ; c'est de Dieu seul dont nous devons invoquer le nom et nous n'avons pas d'avocat auprès de lui sinon Jésus-109
Christ qui est mort pour nous et maintenant est assis à la droite du Père intercédant pour nous.
Par lui nous devons offrir nos prières à Dieu si nous voulons qu'elles soient entendues."
Barnehouse fut si choqué de cette réponse qu'il prit une branche sur un pique et la lui lança dans le visage, disant, "Hérétique, prie la Vierge ou par les blessures de Dieu je te le ferai faire." Auquel, dans un esprit humble et doux il répondit avec beaucoup de patience. "Hélas, monsieur, ne me troublez pas." Et élevant les mains, il dit : "Père, pardonnez-leur." Là-dessus le feu fut mis au bois et au genêt et alors cet excellent homme leva les yeux et les mains au ciel, disant, "Seigneur, reçois mon esprit !" Et ainsi, continuant dans la prière, il endura le feu jusqu'à ce que sa vie fut terminée.
Martyre de six Personnes en Écosse.
En 1543, l'archevêque de St. André faisant la visite des diverses parties de son diocèse, plusieurs personnes furent accusées d'hérésie à Perth. Parmi celles-là les six suivantes furent condamnées à la mort : William Anderson, Robert Lamb, James Finlayson, James Hunter, James Raveleson et Helen Stark.
Les Accusations Faites contre eux étaient pour les Raisons Suivantes :
Les quatre premiers étaient accusés d'avoir suspendu l'image de St. François, clouant des cornes de bélier sur la tête et attachant une queue de vache à la croupe ; mais la principale raison de leur condamnation fut de s'être régalés d'une oie la veille de la Toussaint un jour de jeûne, suivant une superstition romaine. James Raveleson fut accusé d'avoir orné sa maison avec un diadème à trois couronne de St. Pierre, taillé en bois, que l'archevêque pensa avoir été fait en moquerie de son chapeau de cardinal. Helen Stark était accusée de ne pas s'être habituée à prier la vierge Marie. Sur ces accusations ils furent trouvés coupables et reçurent sentence de mort ; les quatre pour avoir mangé une oie, à être pendus ; James Raveleson à être brûlé ; et la femme avec son enfant qu'elle nourrissait, à être mise dans un sac et noyée.
Les quatre hommes avec la femme et l'enfant, souffrirent en même temps : mais James Raveleson ne fut exécuté que quelques jours après.
Au jour fixé pour l'exécution des premiers, ils furent conduits sous une garde suffisante, au lieu du supplice accompagné d'un nombre prodigieux de spectateurs. Aussitôt qu'ils furent arrivés, ils prièrent avec ferveur ; après quoi Robert Lamb s'adressa aux spectateurs, les exhortant de craindre Dieu et de quitter la pratique des abominations papistes. Les quatre hommes furent pendus à la même potence ; et la femme avec son enfant à la mamelle furent conduits à une rivière des environs, et étant attachés dans un grand sac, y furent jetés et noyés.
Ils souffrirent leur sort avec courage et résignation, remettant leurs esprits qui s'envolaient à ce Rédempteur qui, espéraient-ils, les recevrait au sein du bonheur éternel. Quand nous réfléchissons à leurs souffrances nous sommes disposés à nous apitoyer sur leur sort et à verser une larme de commisération. Le fait de mettre à mort quatre hommes, pour la raison presque unique d'avoir mangé un mets fourni par la Providence dans ce but même, seulement parce 110
Le Livre des Martyrs de Foxe
que c'était un jour défendu par la bigoterie et la superstition, est vraiment monstrueux ; mais le sort d'une femme inoffensive et de son enfant encore plus inoffensif nous fait trembler à la pensée de ce que peut devenir l'humanité quand elle est incitée par la bigoterie de la cruauté la plus diabolique. Outre les personnes ci-dessus mentionnées, plusieurs autres furent cruellement persécutées pendant le séjour de l'archevêque à Perth, quelques-unes étant bannies et d'autres emprisonnées dans des cachots dégoûtants. En particulier, Jean Rogers un homme pieux et instruit, fut tué en prison par ordre de l'archevêque et son corps jeté par dessus la muraille dans la rue ; après quoi l'archevêque fit courir le bruit qu'il avait rencontré la mort en essayant de se sauver.
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Chapitre XI - Accession de la Reine Marie et Les Persécutions pendant son Règne
Il est affirmé par des catholiques romains, "Que ceux qui ont souffert la mort, pendant le règne de Marie avaient été coupables de haute trahison en désirant la succession de Jane Grey à la couronne." Il est, toutefois, facile de prouver le contraire. Qui a jamais entendu parler de quelqu'un étant brûlé vif pour trahison ? Même en supposant que ces hommes et ces femmes des classes pauvres qui s'offrirent la torture ou la mort, avaient été coupables d'essayer de priver Marie de ses droits légaux, la punition que la loi infligeait était la pendaison ou la décapitation et non pas ces terribles tortures dont le récit, fait glacer le sang dans nos veines.
S'ils étaient des traîtres, pourquoi étaient-ils menés devant les évêques pour être examinés eux qui certainement n'était pas les juges ordinaires dans de tels cas ? et si la haute trahison était leur crime, comment se fait-il qu'on n'en fit jamais mention à leurs procès ? Ayant dit ceci pour en faire une sorte d'introduction, nous procéderons à traiter des Actes et des Monuments des Martyrs anglais.
A la mort du roi Édouard, la couronne devait échoir légalement à sa sœur aînée Marie (connue aussi comme Marie la sanglante) qui n'était qu'à une demie journée de chemin de Londres. Elle reçut avis par le comte de Arundel, de la mort de son frère et de la lettre patente pour la succession de lady Jane. Sur cela elle se retira à Framlingham en Suffolk pour se trouver près de la mer afin de pouvoir échapper en Flandre si c'était nécessaire. Le 9 juillet elle écrivit au conseil leur disant que "elle avait appris que son frère était mort, qu'ainsi elle succédait à la couronne mais était surprise qu'elle ne recevait pas de leurs nouvelles ; qu'elle comprenait bien les consultations séditieuses qu'ils entretenaient, mais qu'elle pardonnerait à tous ceux qui rentreraient sous l'obéissance et proclameraient son titre à la couronne."
On trouva alors que la mort du roi ne pouvait pas être gardée secrète : en conséquence quelques-uns des membres du conseil privé allèrent trouver Jane, et la reconnurent comme leur reine. La nouvelle de la mort du roi l'affligea beaucoup, et être élevée au trône accrut plutôt sa peine que de la diminuer. C'était une personne de talents, de connaissances et de vertus extraordinaires. Elle connaissait le latin et le grec et se plaisait à l'étude. Comme elle n'était pas affectée de l'humeur volage qu'on rencontre ordinairement à son âge et dans sa position, elle ne fut pas exaltée par la perspective d'une couronne et aussi peu abattue quand son palais devint une prison. La seule passion qu'elle montra fut dans le souci qu'elle exprima pour son père et son mari qui périrent avec elle et en apparence à cause d'elle ; quoiqu'en réalité l'ambition de Northumberland et la faiblesse de son père causèrent sa ruine.
Elle rejeta la couronne quand elle lui fut d'abord offerte ; elle dit, qu'elle savait qu'en justice elle appartenait aux sœurs du roi défunt, et ne pouvait en bonne conscience la porter ; mais on lui dit que les juges et les conseillers privés avaient déclaré qu'elle lui était échue suivant la loi. Ceci, joint aux instances de son mari, de son père et de son beau frère, la fit accepter. Là-dessus, vingt-et-un conseillers privés signèrent une lettre adressée à Marie lui 112
disant que la reine Jane était maintenant leur souveraine, et que comme le mariage entre son père et sa mère avait été déclaré nul, ainsi elle ne pouvait pas succéder à la couronne ; ils exigèrent qu'elle se soumit aux arrangement maintenant faits, et, si elle s'y soumettait volontiers ils lui promirent de grandes faveurs. Le jour suivant ils proclamèrent Jane.
L'inimitié reconnue de Northumberland pour le défunt duc de Somerset et les soupçons qu'il était l'auteur de la mort prématurée d'Édouard créa au sein de la nation une grande aversion contre lui et sa famille et la disposa en faveur de Marie, qui pendant ce tempe était bien active à lever des troupes pour maintenir sa prétention. Pour attacher les protestants à sa cause, elle promit de ne rien changer à la religion réformée telle qu'établie sous son frère, et avec cette assurance un corps considérable de soldats de Suffock joignit ses étendards.
Northumberland était maintenant dans la perplexité, hésitant entre son désir de se mettre à la tête d'une armée levée pour s'opposer à Marie et la crainte de laisser Londres au gouvernement du conseil dont la fidélité lui inspirait des doutes sérieux. Il fut, toutefois, enfin obligé d'adopter ce dernier procédé ; et avant son départ de la métropole, il adjura les membres du conseil et toutes personnes en autorité de demeurer fermes dans la cause de la reine Jane sur le succès de laquelle dépendait la durée de la religion protestante en Angleterre. Ils promirent tout ce qu'on leur demandait et il partit encouragé par leurs protestations et leur zèle apparent.
Le parti de Marie, cependant continuait tous les jours à croître. Hasting se rangea de son côté avec 4,000 hommes provenant de Buckinghamshire, et elle fut proclamée reine en plusieurs endroits. Enfin le conseil privé commença à voir son danger ; et outre ses craintes pour son danger personnel, d'autres motifs influencèrent plusieurs de ses membres. Pour s'échapper de la Tour, où ils étaient détenus, ostensiblement pour donner dignité à la cour de la reine Jane mais réellement comme prisonniers, ils prétendirent qu'il était nécessaire de donner audience aux ambassadeurs étrangers et la maison du comte Pembroke fut choisie dans ce but.
Là, ils résolurent de déclarer Marie comme reine. Ils envoyèrent chercher le lord maire et les aldermen et gagnant leur adhésion, Marie fut proclamée reine le 19 juillet. Ils envoyèrent alors à la Tour exigeant que le duc de Suffolk quittât le gouvernement de cette place et que lady Jane déposât le titre de reine. Elle s'y soumit avec beaucoup de grandeur d'âme et son père avec abjection.
Le conseil envoya ensuite l'ordre à Northumberland de se soumettre à la reine. Là-dessus il débanda ses forces, se rendit au marché à Cambridge et proclama Marie comme reine. Le comte de Arundel fut envoyé pour l'arrêter ; quand Northumberland fut amené devant lui, il tomba à ses pieds pour lui demander grâce. Il fut envoyé à la Tour avec trois de ses fils et Sir Thomas Palmer.
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Chacun alors se rendit pour implorer la faveur de la reine, et Ridley parmi le reste, mais il aussi fut envoyé à la Tour ; la reine ayant résolu de mettre Renner de nouveau dans le siège de Londres. Quelques-uns des juges et plusieurs nobles y furent aussi envoyés et parmi eux le duc de Suffolk ; qui fut, toutefois trois jours après remis en liberté.
Marie vint à Londres le 3 août. Sur son chemin elle rencontra sa sœur Élisabeth, avec mille cavaliers qu'elle avait rassemblés pour venir à son secours. Ainsi Marie fut établie sur le trône d'Angleterre. Elle fut couronnée à Westminster dans la forme habituelle ; mais les conséquences qui en résultèrent furent terribles. La première chose qu'elle fit fut de tirer vengeance de tous ceux qui avaient appuyé le titre de lady Jane Grey. Le duc de Northumberland fut décapité sur la hauteur la Tour et mourut sans être regretté. Les autres exécutions qui suivirent furent nombreuses. Le parlement fut assez docile pour accorder toutes les demandes de la reine, et il passa un acte établissant la religion papiste. C'était ce qu'elle voulait. Ayant maintenant le pouvoir en main elle se mit à l'exercer de la manière la plus arbitraire. Il parut bientôt évident qu'elle était privée de toute compassion humaine et pouvait sans aucune répugnance tyranniser les consciences.
Rébellion de Wyatt - Conduite de Lady Jane Grey et Son Exécution.
Le premier mois de 1554 commença par la persécution. Le Dr. Crome fut enfermé à la Fleet pour avoir prêché sans licence le Jour-de Noël ; et Thomas Wotton, Ecr. par rapport à la religion.
La publication du mariage projeté de Marie avec Philippe d'Espagne fut très bien vue du peuple et par plusieurs des nobles ; et peu de temps après il s'éleva une rébellion dont Sir Thomas Watt était l'un des chefs. Il dit que la reine et le conseil amèneraient, par ce mariage sur le pays cet esclavage et despotisme civil et religieux qui est l'un des résultats de la papauté développée.
Aussitôt que la nouvelle fut reçue à Londres de l'insurrection dans Kent et que le duc de Suffolk avait fui dans Warwickshire et Leicestershire pour lever des troupes dans ces comtés, la reine les fit proclamer traîtres tous les deux avec Carews de Devonshire ; elle envoya aussi des forces, sous Thomas, duc de Norfolk, dans Kent ; mais en atteignant Rochester-Bridge il se trouva si abandonné qu'il lui fallut revenir à Londres.
Suffolk s'étant sauvé dans le Warwickshire, le comte de Huntingdon fut envoyé contre lui, qui, entrant dans Coventry avant le duc, déjoua ses 'desseins. Dans sa détresse, le duc se fia à l'un de ses serviteurs dans le parc Astley ; mais étant trahi, il fut pris, envoyé à Londres et renfermé dans la Tour. De bonne heure en février, Wyatt s'avança vers Londres quand la reine, se rendant à Guildhall, fit un violent discours contre lui.
A la conclusion de son discours, Gardiner cria tout haut dans un élan d'admiration, "Oh, que nous sommes heureux nous à qui Dieu a donné une reine si sage et si instruite."
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Le 3 février Lord Cobham fut enfermé dans la Tour. Wyatt, avec 4,000 soldats, vint à Southmark mais ne put s'emparer du pont de Londres. Il fut informé que la ville se soulèverait s'il venait à son aide ; mais il ne put trouver des bateaux pour le conduire à Essex, ainsi il fut forcé d'aller au pont de Kingston. Le 4 février il s'y rendit, mais il était brisé ; ses hommes le réparèrent et il atteignit Hyde Park le matin suivant. Ses troupes étaient fatiguées et découragées et ne s'élevaient pas maintenant à plus de 500 ; de sorte que quoique les forces de la reine auraient pu aisément les disperser, cependant elles les laissèrent avancer pour leur permettre de se jeter dans leurs mains. Wyatt marcha donc à travers le Strand et Ludgate Hill.
Revenant de là, il fut opposé au Temple Bar et se rendit à Sir Clément Parson qui l'amena à la cour. Avec lui le reste de son armée fut aussi pris, environ 100 hommes ayant été tués. Un grand nombre furent pendus et Wyatt fut exécuté sur Tower Hill.
On résolut bientôt après de procéder contre lady Grey et son mari. Elle avait vécu six mois avec la perspective journalière de la mort, de sorte qu'elle ne fut pas beaucoup surprise de sa réalité. Fecknam, qui fut envoyé pour la préparer reconnut qu'il était étonné de sa conduite calme, de son grand savoir et de son jugement extraordinaire sur les questions religieuses. Ce qui suit cet une partie de leur conversation : -
Fecknam - Madame, je déplore votre cas malheureux et cependant je ne doute pas que vous supportiez ce chagrin d'un esprit constant et patient.
Jane - Vous êtes le bienvenu, monsieur, si votre visite est pour donner une exhortation chrétienne, Quant à mon malheureux cas, je remercie Dieu de le déplorer si peu que je le considère être une déclaration plus évidente de la faveur divine envers moi qu'il ne l'a jamais fait. C'est pourquoi il n'y a pas de raison pour que toute personne bien disposée envers moi soit affligée d'une chose si profitable au bien-être de mon âme.
Fecknam - Je viens à vous de la part de la reine et de son conseil pour vous instruire dans la vraie foi, quoique j'aie une si grande confiance en vous que, comme je l'espère, je n'aurai pas grand-chose à y ajouter.
Jane - En vérité, je remercie cordialement son altesse royale qui ne néglige pas son humble sujet ; et j'espère que vous également ne ferez pas moins votre devoir véritablement et fidèlement.
Fecknam - Qu'est-ce, alors, que l'on demande du chrétien ?
Jane - Qu'il croit en Dieu le Père, le Fils et le Saint Esprit ; trois personnes en un seul Dieu.
Fecknam - Quoi ! n'y a-t-il rien de requis pour le chrétien que de croire en lui.
Jane - Oui ; nous devons l'aimer de tout notre cœur, de toute notre âme et de tout notre esprit ; et notre prochain comme nous-mêmes.
Fecknam - Quoi, alors la foi ne justifie pas ni ne sauve ?
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Jane - Oui, vraiment ; la foi, comme le dit St. Paul, seule justifie.
Fecknam - Mais St. Paul dit, "Si j'ai la foi sans les œuvres, cela n'est rien."
Jane - C'est vrai, car comment puis-je aimer celui à qui je ne puis me confier ? Ou comment puis-je me fier à celui que je n'aime pas ? La foi et l'amour vont ensemble et toutefois l'amour est compris dans la foi.
Fecknam - Combien y a-t-il de sacrements ?
Jane - Deux : l'un le sacrement du baptême, et l'autre le sacrement de la cène.
Fecknam - Il y a sept sacrements.
Jane - Dans quelle écriture trouvez-vous cela ?
Fecknam - Eh bien, nous parlerons de cela ci-après. Mais que signifie vos deux sacrements Jane - Par le sacrement du baptême je suis lavée avec de l'eau, et régénérée par l'Esprit ; et cette régénération est pour moi un gage que je suis enfant de Dieu. Le sacrement de la cène qui m'est offert et reçu avec foi, est un sceau et un témoignage assuré que je suis fait participante du royaume éternel par le sang de Christ qu'il répandit pour moi sur la croix.
Fecknam - Quoi, que recevez-vous dans ce sacrement ? Ne recevez-vous pas le vrai corps et le sang de Christ.
Jane - Non, assurément ; je ne le crois pas. Je crois que, à la cène je ne reçois ni chair ni sang, mais le pain et le vin ; que ce pain quand il est rompu et ce vin quand il est bu, me font rappeler que pour mes péchés le corps de Christ fut rompu et que son sang fut répandu sur la croix ; et avec ce pain et ce vin je reçois les avantages qui proviennent de son corps rompu et de son sang versé.
Fecknam - Est-ce que Christ ne prononce pas ces mots : "Prenez et mangez, ceci est mon corps ?" Demandez-vous des mots plus clairs ? Ne dit-il pas que c'est son corps ?
Jane - Je l'admets ; et il dit aussi, "Je suis la vigne," "Je suis la porte;" mais il n'est pas cependant la porte ou le vin. Est-ce que St. Paul ne dit pas. "Il appelle les choses qui ne sont pas comme si elles étaient ?" Que Dieu me garde de dire que je mange le vrai corps naturel et le sang de Christ, car alors j'annule ma rédemption ou autrement il y aurait deux corps et deux Christs. Un corps fut tourmenté sur la croix, et s'ils ont mangé un autre corps alors, il avait deux corps ; ou si son corps était mangé alors il n'a pas été brisé sur la croix ; ou s'il a été rompu sur la croix, il n'a pas été mangé par ses disciples.
C'est donc en vain qu'il s'efforça de pervertir sa foi. Ils discutèrent longtemps ; mais elle, étant bâtie sur une base solide, demeura inébranlable contre ses sophismes.
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Elle fut d'abord beaucoup affectée quand elle vit son mari, lord Guildford Dudley, mené à l'exécution, mais elle se remit quand elle considéra que bientôt elle devait le suivre ; et, quand il exprima le désir de se dire adieu l'un à l'autre, elle le refusa, car elle pensa que cela accroitrait leur chagrin. Elle continua après à être si parfaitement calme que quand elle vit le corps inanimé de son mari porté à la chapelle dans la Tour elle n'en montra aucune émotion.
En montant sur l'échafaud elle fit l'adresse suivante aux spectateurs : "Bonnes gens, je viens ici pour mourir et par une loi j'y suis condamnée. L'action tentée contre son altesse la reine était illicite ainsi que mon consentement ; mais quant à l'avoir procuré et favorisé dans mon intérêt je m'en lave aujourd'hui les mains dans l'innocence devant Dieu et en votre présence vous gens chrétiens. Je vous prie tous de me rendre témoignage que je meure en vraie femme chrétienne et que je n'espère être sauvée que par la miséricorde de Dieu par le sang de son fils unique, Jésus-Christ. Je confesse que quand je connaissais la parole de Dieu, je l'ai négligée, aimant et moi-même et le monde et en conséquence ce châtiment et cette punition me sont justement arrivés pour mes péchés. Toutefois je remercie Dieu que dans sa bonté il m'a donné le temps et le délai pour me repentir. Et maintenant mes bonnes gens pendant que je suis en vie, je vous prie de m'assister de vos prières." Alors s'agenouillant, elle se tourna vers Fecknam, disant, "Dirai-je ce psaume ?" et il lui dit, "oui."
Alors elle répéta le 51 psaume en anglais très dévotement. Elle se leva alors et donna à sa servante ses gants et son mouchoir et son livre à M. Burges. Après cela elle détacha sa robe, quand l'exécuteur s'avança pour l'aider, mais, elle désirant qu'il la laissât seule, se tourna vers ses deux gentilles femmes qui l'aidèrent à s'en débarrasser et aussi de ses fronces, ses paafts et son fichu, lui donnant un beau mouchoir pour lui bander les yeux.
Alors le bourreau s'agenouilla et lui demanda pardon, ce qu'elle lui accorda volontiers.
Alors il désira qu'elle se tint sur la paille, quand elle vit le billot elle lui dit, "Je vous prie de m'expédier promptement." Elle s'agenouilla alors, disant. "Voulez-vous l'ôter avant que je me baisse?" Le bourreau dit, "Non, madame." Elle attacha alors le mouchoir sur ses yeux et cherchant le billot, elle dit, "Que dois-je faire ? Où est-il ? Où est-il." Un des assistants la conduisant auprès elle mit la tête dessus et alors étendant son corps elle dit : "Seigneur, dans tes mains je remets mon esprit !" Ainsi cette noble, savante et pieuse lady finit sa vie le 12
février, 1554, à l'âge d'environ dix-sept ans.
Sa mort fut aussi lamentée que sa vie avait été admirée. Elle affecta le juge Morgan qui avait prononcé sa sentence tellement qu'il en devint fou et croyait qu'elle le suivait. La reine elle-même en fut troublée puis que c'était plutôt des raisons d'État qu'un ressentiment privé qui l'avait induite à ordonner cette tragédie.
Son père, le duc de Suffolk, fut bientôt après jugé par ses paires, condamné et exécuté. Il fut d'autant moins regretté que ce fut par son moyen que sa fille souffrit une mort prématurée.
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Martyre de John Rogers et de Laurence Saunders.
John Rogers, vicaire du St. Sépulcre et lecteur à l'église St. Paul, reçut son éducation à l'université de Cambridge et fut enfin choisi chapelain à la manufacture anglaise à Anvers. Là il fit la connaissance de Tyndale, qu'il assista dans sa traduction du Nouveau Testament ; et avec Myles Coverdale, qui avait été expulsé d'Angleterre à cause des cinq articles vers la fin du règne de Henri VIII. En conversant avec ces intrépides et pieux serviteurs de Dieu, M.
Rogers devint instruit dans les Écritures ; et trouvant, d'après ces oracles sacrés, que le mariage est honorable entre tous, il entra dans cet état et il alla avec sa femme à Wittemberg en Saxe.
Là en étudiant et en s'appliquant il acquit dans très peu de temps, une telle connaissance de la langue hollandaise qu'il put prendre la direction d'une congrégation chrétienne dans cette partie de l'Europe.
Quand Édouard monta sur le trône d'Angleterre, M. Rogers retourna dans son pays pour prêcher l'Evangile et ayant travaillé avec un grand succès le Dr. Ridley, alors évêque de Londres lui donna une prébende dans sa cathédrale de St. Paul. Il fut après cela choisit par le doyen et le chapitre comme un des lecteurs de cette église.
Quand Marie était dans la Tour recevant les pernicieux conseils de Gardiner, M. Rogers prêchait à Paul's Cross (Londres), confirmant ces doctrines que lui et d'autres avaient enseignées au temps du roi Édouard et exhortant le peuple à y demeurer ferme et de se méfier des fausses doctrines qu'on devait introduire. Pour ce sermon le prédicateur fut cité devant le conseil ; et alors il plaida sa propre cause d'une manière si pieuse et si hardie quoique prudente qu'il détourna leur mécontentement pour cette fois. Il fut donc renvoyé. Mais après la proclamation de Marie contre les doctrines de l'église réformée, M. Rogers fut de nouveau cité devant un conseil des évêques qui lui ordonnèrent de rester prisonnier ne parlant à personne dans sa maison. Ii y demeura un temps considérable jusqu'à ce qu'à l'instigation du sanguinaire Bonner, évêque de Londres il fut transporté à Newgate et placé parmi les criminels.
Après que M. Rogers eut été longtemps emprisonné à Newgate parmi les voleurs, souvent examiné, traité très peu charitablement et enfin injustement et cruellement condamné par Gardiner, il fut, le 4 février soudainement averti par la femme du gardien de Newgate de se préparer à être brûlé. Elle le trouva endormi et il ne fut éveillé qu'avec difficulté. Enfin, étant réveillé, il fut conduit à Bonner pour être dégradé ; ceci étant fait il lui fit une demande ; celle de pouvoir dire quelques mots à sa femme avant d'être brûlé. Mais cela lui fut refusé. "Ainsi"
dit-il," vous montrez ce que vaut votre charité."
Quand vint le temps de le mener à Smithfield, le shérif vint à lui et lui demanda s'il voulait révoquer ses abominables doctrines. M. Roger lui répondit, "Ce que j'ai prêché je le scellerai de- mon sang." Alors dit le shérif, "Tu es un hérétique." On saura cela" dit Rogers "au jour du jugement." "Eh bien" dit le shérif, "Je ne prierai jamais pour toi." "Mais je prierai pour vous"
répondit Rogers. Il fut amené le même jour qui était un lundi le 4 février vers Smithfield, 118
répétant le psaume, Miserere en chemin, le peuple se réjouissant de sa fermeté. Là, en présence de Rochester, intendant de la maison de la reine, de Sir Richard Southwell, tous deux shérifs et de bien des gens, le feu fut allumé. Quand ses jambes et ses épaules commencèrent à brûler, lui, comme quelqu'un qui ne sentait aucune douleur, il lava ses mains dans les flammes, comme si c'eut été de l'eau froide. Après avoir levé les mains au Ciel et ne les baissant pas jusqu'à ce que le feu dévorant les eut consumées, cet heureux martyr rendit très doucement l'esprit entre les mains de son Père céleste. Un peu avant de brûler on lui offrit le pardon s'il voulait se rétracter ; il refusa absolument. Il fut le premier de tous les martyrs qui souffrirent sous le règne de la reine Marie ; ceux qui avaient été précédemment mis à mort ayant souffert comme traitres. Sa femme et ses enfants le rencontrèrent en s'en allant à Smithfield. Mais cette triste rencontre ne l'affecta pas ; il donna joyeusement sa vie en défense de l'Évangile de Christ.
Alors suivit le révd. Laurence Saunders. Il fut martyrisé à Coventry le mois suivant. Étant d'une bonne famille il fut placé de bonne heure à Eton, d'où, à un âge convenable, il se rendit au King's College (Collège du Roi), à Cambridge. Là il continua pendant trois ans et il acquit beaucoup de connaissances et de savoir ; bientôt après il quitta l'université et d'après l'avis de ses parents devint marchand. Venant à Londres il fut engagé comme apprenti chez Sir William Chester, qui se trouva être shérif de Londres quand Saunders fut brûlé à Coventry.
Il arriva que le maître, étant un homme bon et en entendant Saunders se lamenter dans ses prières secrètes lui demanda la cause de sa solitude et de ses lamentations. Trouvant qu'il n'aimait pas ce genre de vie et remarquant aussi qu'il était enclin à l'étude et à la contemplation spirituelle, il écrivit à ses amis et lui remettant son contrat le laissa libre. Ainsi Saunders, étant rempli de l'amour des connaissances et surtout de la lecture de la parole de Dieu ne resta pas longtemps dans le trafic des marchandises mais revint a Cambridge où il commença à ajouter à la connaissance du latin celle de la langue grecque dans laquelle il fit de grands progrès. Il y joignit aussi l'étude de l'hébreu. Alors il se donna entièrement aux Écritures pour se préparer pour l'office de prédicateur.
Au commencement du règne d'Édouard il commença à prêcher et il fut tellement aimé de ceux qui étaient en autorité qu'il fut nommé pour donner une conférence au collège de Fotheringhay où, par sa doctrine et sa vie, il édifia les personnes pieuses et amena plusieurs ignorants à la connaissance de Dieu et ferma la bouche des adversaires. Il se maria vers ce temps-là et mena une vie irréprochable devant tous les hommes. Le collège de Fotheringhay étant dissous if fut appointé lecteur dans le monastère à Lichfield où il se conduisit de telle sorte dans son enseignement et dans sa vie que même ses adversaires portèrent témoignage en faveur de son savoir et de sa piété. Après un temps il entra dans un bénéfice en Leicestershire appelé Churchlanton, où il enseigna diligemment et tint une maison ouverte.
De là il fut appelé à Allhallows, Breadstreet, dans la ville de Londres. Il désira alors résigner sa cure à la campagne ; et après avoir pris possession de son bénéfice à Londres, il revint à Churchlanton pour s'en décharger.
119
Le dimanche 15 octobre, dans l'avant midi, il prononça un sermon, dans sa paroisse traitant ces paroles de St. Paul aux Corinthiens, "Je vous ai joints à un seul époux pour vous présenter à Christ comme une vierge chaste. Mais je crains que, comme le serpent séduisit Ève par sa ruse, vos pensées ne se corrompent aussi de la simplicité qui est en Christ." L'après-midi il était prêt à donner dans son église une autre exhortation à son peuple. Mais l'évêque de Londres s'interposa et envoya un officier pour l'arrêter. Cet officier le somma sous peine de contumace de se présenter incontinent à l'évêque. Et ainsi Saunders fut amené devant Bonner qui l'accusa de trahison pour avoir enfreint la proclamation de la reine et d'hérésie et de sédition dans son sermon.
Après beaucoup de pourparler, l'évêque lui demanda d'écrire ce qu'il croyait de la transsubstantiation. C'est ce que fit Saunders et l'évêque garda cet écrit pour son dessein.
Bonner l'envoya au grand chancelier qui, incapable de résister à ses arguments s'écria,
"Emportez ce fou frénétique en prison." Saunders y demeura un an et trois mois et pendant ce temps il écrivit des lettres touchantes à Cranmer, Ridley et Latimer et aussi à sa femme et à d'autres.
Après son examen les officiers le conduisirent hors de la cour et restèrent pour attendre le reste de ses camarades prisonniers afin de les conduire ensemble à la prison. M. Saunders se tenait parmi les officiers, voyant une grande multitude de gens il parla librement, les avertissant des dangers qu'ils couraient en abandonnant Jésus-Christ pour l'antéchrist. Cette fidèle conduite ne produisit pas, naturellement, une diminution dans la cruauté de ses adversaires ou un retard de ses souffrances mortelles. Elle ne fit qu'augmenter plutôt l'une et hâta l'autre. Presque immédiatement il fut livré au pouvoir séculier et amené par les shérifs de Londres au modérateur comme prisonnier dans sa propre paroisse de Bread-street. Il s'en réjouit grandement parce qu'il y trouva un prisonnier comme lui M. Cardmaker avec lequel il put entretenir des conversations chrétiennes et agréables ; et parce que hors de prison, comme auparavant hors de la chaire il put avoir une occasion de prêcher à ses paroissiens.
Le 4ème jour de février Bonner vint à la prison pour le dégrader et quand il eut fini M.
Saunders lui dit, "Je remercie Dieu que je ne sois pas de votre église." Le jour suivant, dans la matinée, le shérif de Londres le livra à quelques-uns des gardes de la reine qui étaient choisis pour le mener à Coventry pour y être brûlé. A son arrivée, un pauvre cordonnier qui avait habitude de le servir vint à lui et dit ; "Ô mon bon maître que Dieu vous fortifie et vous console." "Bon cordonnier," reprit-il, "je désire que tu pries pour moi car je suis l'homme le moins compétent pour cet important office qu'on ait jamais choisi ; mais mon Dieu qui est gracieux et mon cher Père peut me rendre assez fort. La même nuit il fut mis dans la prison commune parmi d'autres prisonniers où il dormit peu mais passa la nuit dans la prière et à instruire les autres.
Le jour suivant étant le 8 février il fut mené au lieu de l'exécution dans le parc, hors de la ville, vêtu d'une vieille robe et d'une chemise, nu-pieds et tombant souvent par terre pour prier.
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Quand il fut arrivé sur le lieu, l'officier dit à M. Saunders qu'il était l'un de ceux qui corrompaient le royaume de la reine par une fausse doctrine et l'hérésie, c'est pourquoi il méritait la mort ; mais toutefois s'il voulait révoquer ses hérésies la reine lui pardonnerait ; sinon, le feu qu'il voyait était préparé pour lui. M. Saunders lui répondit, "Ce n'est pas moi ni mes compagnons prédicateurs de la vérité divine qui ont fait du mal au royaume de la reine ; mais c'est vous-même et de tels que vous qui ont résisté à la Sainte Parole de Dieu ; c'est vous qui corrompez le royaume de la reine. Je ne maintiens aucune hérésie mais la doctrine divine, le Saint Évangile du Christ, c'est elle que je maintiens, c'est elle que je crois, c'est elle que j'enseigne et que je ne révoquerai jamais." En entendant cela son bourreau cria. "Emmenez-le." On emmena donc au bûcher M. Saunders qui se montra courageux et joyeux. Il tomba par terre encore une fois et pria ; il prit alors le poteau auquel il devait être enchaîné dans ses bras, l'embrassa et dit ; "Ô croix de Christ, tu es la bienvenue, toi la vie éternelle, tu es la bienvenue"
et étant attaché au bûcher et le feu y ayant été mis il s'endormit doucement au Seigneur.
Martyre de Jean Hooper, Évêque de Worcester et Gloucester.
Jean Hooper, étudiant et gradué de l'université d'Oxford du temps de Henri VIII. encourut le déplaisir de certains docteurs d'Oxford qui montrèrent bientôt leur inimitié contre lui jusqu'à ce qu'enfin, par le moyen du Dr. Smith, il fut forcé de quitter l'université.
Peu de temps après, comme la malice produit toujours du mal, on avertit, M. Hooper de prendre garde à lui, car il y avait du danger ; en conséquence il partit en route pour le bord de la mer pour aller en France. M. Hooper arriva à Paris, mais il retourna bientôt en Angleterre, et il fut retenu par M. Sentlow, jusqu'à ce qu'il fut de nouveau inquiété et recherché ; quand il fut forcé, sous la prétention d'être le capitaine d'un vaisseau allant en Irlande, de se mettre en mer et ainsi il échappa en traversant la France et se rendit au nord de l'Allemagne. Là, formant la connaissance d'hommes instruits, il fut reçu par eux avec cordialité soit à Bâle ou à Zurich
; au dernier endroit en particulier par M. Bullinger. Il se maria là et il s'appliqua diligemment à l'étude de l'hébreu.
Enfin quand Dieu trouva bon de terminer cette persécution sanguinaire qui provenait des six articles et d'élever le roi Édouard pour régner sur ce royaume parmi d'autres exilés anglais qui retournèrent chez eux se trouva M. Hooper qui pensa qu'il était de son devoir d'avancer la cause du Seigneur dans sa patrie.
Ayant dit un adieu affectionné à M. Bullinger et à ses amis de Zurich, il retourna en Angleterre sous le règne d'Édouard VI., et venant à Londres il avait coutume de prêcher, la plupart du temps deux fois, et au moins une fois par jour. Dans ses discours, comme c'était sa coutume, il réprimandait le péché et blâmait fortement l'iniquité du monde et les abus et la corruption de l'église.
Il fut enfin appelé à prêcher devant le roi et bientôt après fut fait évêque de Gloucester d'après l'ordre de sa majesté. Il continua deux ans dans cet office et il s'y conduisit si bien que 121
ses ennemis mêmes ne pouvaient trouver aucune faute en lui excepté de la manière des ennemis de Daniel, "concernant la loi de son Dieu." Après deux ans il reçut, en connexion avec Gloucester l'évêque de la ville voisine de Worcester.
Mais une sérieuse contention concernant la direction et la consécration des évêques et de leurs vêtements avec d'autres bagatelles commencèrent à troubler le bon commencement de cet évêque. Car, nonobstant cette sainte réformation de la religion qui se montra dans l'église d'Angleterre, outre les autres cérémonies plus prétentieuses que profitables, ou tendant à l'édification, ils avaient coutume de porter des vêtements et des parures tels que les évêques papistes avaient coutume de faire ; d'abord la simarre et dessous un surplis blanc ; puis un bonnet à quatre angles indiquant la division du monde en quatre parties. Ces bagatelles ne lui plaisaient pas comme favorisant plus la superstition qu'autre chose et aussi il ne put être persuadé de les porter. Pour cette raison il fit une prière désirant très humblement son altesse soit de le décharger de l'évêché ou de le dispenser de tels ordres cérémoniels : pétition que le roi accorda immédiatement, écrivant à l'archevêque en sa faveur.
Le comte de Warwick seconda la requête de sa majesté en adressant une autre lettre à l'archevêque le priant de dispenser M. Hooper de prêter le serment communément employé à la consécration des évêques. Mais ces lettres ne servirent de rien ; les évêques se firent les sincères défenseurs des cérémonies. Cela étant le cas M. Hooper consentit enfin, que, quelquefois, il se montrerait dans ses sermons vêtus comme l'étaient les autres évêques. En conséquence, étant appointé pour prêcher devant le roi il parut vêtu des vêtements répréhensibles. Mais il souffrit patiemment ce mépris et ce reproche privés par respect pour l'avantage publie de l'église. Alors aussi ces différences disparurent bientôt au sein de la fureur de la persécution ; et les nuances insignifiantes de l'opinion furent noyées dans l'unanimité des vérités essentielles, de sorte que, pendant qu'ils étaient en prison plusieurs lettres affectionnées s'échangèrent.
Après cette discorde et beaucoup de vexation quant aux habillements, M. Hooper enfin entrait dans son diocèse où il employa son temps, sous le règne du roi Édouard avec une telle diligence qu'il put donner l'exemple à tous les évêques. Il était si soigneux de sa cure qu'il n'épargna aucun souci, ne laissa aucun moyen de côté pour former le troupeau de Christ dans la voie du salut. Partout il maintint la religion dans une doctrine et une intégrité uniforme ; de sorte que si vous entrez dans le palais de l'évêque vous supposiez être entrés dans quelque'
église ou temple. Dans tous les endroits se montrait la beauté de la vertu, le bon exemple, une honnête conversation et la lecture des Écritures. On ne voyait pas dans sa maison de réjouissance bruyante ou de la paresse ; aucune pourpre ou parole déshonnête ou blasphème n'y était entendu. Quant aux revenus de ses évêchés s'il en restait quelque chose, il n'épargnait rien mais le dépensait en hospitalité.
Après cela, dans le règne de la reine Marie la religion étant renversée et changée, ce bon évêque fut l'un des premiers qu'on envoya chercher à Londres par un poursuivant. Deux 122
raisons furent assignées pour cette démarche. La première, pour qu'il put répondre au Dr.
Heath, alors renommé évêque pour ce diocèse qui en avait été privé dans les jours du roi Édouard, pour quoi il continuait dans un office auquel il n'avait pas de droit. Et ensuite de rendre compte à Bonner, l'évêque de Londres, pour quoi il avait, du temps du roi Édouard, été l'un de ses accusateurs. Quand il se présenta au conseil, Gardiner le reçut honteusement, se moquant de lui, et l'accusant de sa religion. Il répondit librement et se disculpa. Mais il fut néanmoins, envoyé en prison et on lui déclara que la cause de son emprisonnement était seulement pour certaines sommes d'argent qu'il devait à la reine et non pas pour la religion.
Le premier examen de l'évêque Hooper fut devant cinq évêques comme commissaires - de Londres, Durham, Winchester, Chichester, et Llandaff. En venant en leur présence, Gardiner, évêque de Winchester et grand chancelier, lui demanda s'il était marié. Cet excellent homme lui répondit en souriant, "Oui, mon lord, et je serai démarié jusqu'à ce que la mort me démarie.
Et ceci n'est pas assez pour me destituer à moins que vous ne le fassiez contre la loi." Il ne fut pas question du mariage pour quelque temps ; mais tous commencèrent à s'écrier et à rire et à faire des gestes qui étaient inconvenants pour la place et pour un tel sujet.
Après une discussion bruyante et malicieuse, ils ordonnèrent enfin aux notaires d'écrire que Hooper était marié et qu'il ne voulait pas se séparer de sa femme ; et qu'il ne croyait pas à la présence réelle dans le sacrement, raisons pour lesquelles il devait être privé de son évêché.
Son examen suivant à Winchester house fut plus privé que le précédent, sans doute pour prévenir le grand bruit fait à cette occasion. Le 22 janvier 1555, Babington le gardien de la Fleetprison (une prison infâme à Londres) reçut ordre de l'amener devant Gardiner et quelques autres évêques ; alors ce dernier pressa Hooper instamment d'abandonner la doctrine méchante et corrompue prêchée du temps du roi Édouard, de revenir à l'unité de l'église catholique et de reconnaître le pape comme chef de l'église suivant la décision du parlement
; lui promettant d'ailleurs que comme ils avaient reçu avec leurs autres frères la bénédiction du pape et la faveur de la reine, de même on serait clément à son égard s'il voulait se soumettre avec eux au pape.
M. Hooper répondit, que puisque le pape enseignait une doctrine contraire à celle de Christ, il n'était pas digne d'être compté un membre de l'église de Christ encore moins d'en être le chef ; c'est pourquoi il ne voudrait en aucune manière condescendre à une juridiction ainsi usurpée. Qu'il ne considérait pas l'église dont ils l'appelaient le chef d'être l'église catholique de Christ ; car l'église n'entend que la voix de Christ son époux, et s'enfuit des étrangers. "Toutefois," dit-il, " Si sur quelque point, inconnu de moi, j'ai offensé sa majesté la reine, je me soumettrai très humblement à sa clémence, si on peut l'avoir en sûreté de conscience et sans déplaire à Dieu." On lui fit réponse que la reine n'aurait aucune merci des ennemis du pape. Là-dessus on commanda à Babington de le reconduire à, la prison. Il le fit et le transporta de sa première chambre à une autre, près de la chambre même du gardien où, 123
il demeura six jours ; et, cependant le Dr. Martin et d'autres firent des recherches dans sa première chambre pour y découvrir des écrits ou des livres que l'on pensait M. Hooper avoir faits, mais on n on trouva aucun.
Il se fit encore un autre examen ou plutôt un nouvel effort dans le même lieu et devant les mêmes cruels et rusés inquisiteurs. Le 28 janvier, l'évêque de Winchester et d'autres commissaires siégèrent encore en jugement à St. Mary Overy's où Hooper parut devant eux dans l'après-midi ; et après beaucoup d'argumentation et de discussion les shérifs reçurent ordre, environ vers les quatre heures de le mener au Comptoir à Southwark, pour y rester jusqu'au jour suivant, à neuf heures pour voir s'il reviendrait à l'église catholique.
En route, le shérif dit à M. Hooper, "Je m'étonne que vous ayez été si vif et emporté avec milord le chancelier et n'ayez pas été plus patient." Il répondit ; "Monsieur le shérif, je n'ai pas été du tout impatient quoique je fusse occupé de la cause du Maitre au sérieux ; et il en est ainsi pour moi, car il y va de la vie ou de la mort, non seulement de la vie et de la mort présente mais aussi du monde à venir." Alors il fut remis entre les mains du gardien du Comptoir.
Le jour suivant le 29 janvier, à l'heure fixée, il fut amené de nouveau par le shérif devant Gardiner et les commissaires dans l'église. Après une conversation longue et sérieuse quand ils s'aperçurent que Hooper ne voulait nullement leur céder, ils le condamnèrent à être dégradé et lui lurent sa condamnation. Il fut alors livré au bras séculier, les deux shérifs de Londres reçurent ordre de le conduire à la Clink, prison à peu de distance de la maison de l'évêque de Winchester et d'y rester jusqu'à la nuit. Quand il fit obscur Hooper fut conduit par l'un des shérifs avec plusieurs papiers et des armes à travers la maison de l'évêque de Winchester et sur le pont de Londres, à travers la ville jusqu'à Newgate et sur le chemin quelques-uns des sergents furent envoyés en avant pour éteindre les chandelles des marchands de pommes, qui avaient coutume de s'asseoir avec des lumières dans la rue ; soit par crainte que le peuple s'efforcerait de l'enlever par la force s'ils l'avaient vu aller à cette prison, ou autrement étant troublés par, une mauvaise conscience, ils crussent que les ténèbres étaient le temps propice pour une telle action.
Mais malgré cet expédient, le peuple eut vent de sa venue et plusieurs vinrent à leurs portes avec des lumières et le saluèrent, louant Dieu pour sa fermeté dans la vraie doctrine qu'il leur avait enseignée et demandant à Dieu de l'y fortifier jusqu'à la fin. L'évêque pria le peuple d'offrir leurs ferventes prières à Dieu pour lui ; et ainsi il passa à travers Cheapside à la place choisie et fut livré comme prisonnier, et gardé de près par le gardien de Newgate où il demeura six jours, personne n'étant permis de venir à lui à l’exception de ses gardiens et telles personnes choisies à cet effet.
Pendant ce temps, Bonner, évêque de Londres et d'autres personnes choisies par lui, tels que Fecknam, Chedsey et Harpsfield allèrent plusieurs fois le trouver pour essayer de le gagner à devenir un membre de leur église. Tous les moyens qu'ils purent imaginer ils les 124
essayèrent ; car outre les discussions et les allégations des témoignages des Écritures et des anciens écrivains tordus dans un mauvais sens suivant leur manière habituelle ils se servaient aussi de toute la bienveillance et des signes extérieurs de l'amitié avec des promesses de biens terrestres, n'omettant pas, en même temps, les plus terribles menaces s'ils ne prévalaient pas par la douceur ; mais ils le trouvèrent toujours le même, ferme et inébranlable.
Le lundi suivant, Bonner vint à Newgate et là il dégrada l'évêque Hooper. Le même lundi dans la nuit son gardien donna à entendre qu'il serait envoyé à Gloucester pour y souffrir la mort ; ce dont il se réjouit beaucoup levant les yeux et les mains au ciel et louant Dieu qu'il trouvât bon de l'envoyer parmi le peuple sur lequel il était pasteur pour y confirmer par sa mort la vérité qu'il leur avait enseignée ne doutant pas que le Seigneur lui donnerait la force de l'accomplir pour sa gloire : et il envoya immédiatement chercher ses bottes chez son domestique ainsi que ses éperons et son manteau pour qu'il fût prêt à partir quand on l'appellerait.
Le jour suivant, sur les quatre heures du matin, le gardien vint avec d'autres le fouillèrent et le lit sur lequel il couchait pour voir s'il avait écrit quelque chose ; après quoi, il fut conduit par les shérifs de Londres et leurs officiers de Newgate à un endroit non loin de l'église St.
Dunstan dans la rue Fleet, d'où six des gardes de la reine devaient le conduire à Gloucester, pour y être livré aux mains du shérif qui, avec lord Chandos, M. Wicks et d'autres commissaires devaient s'occuper de voir à l'exécution. Les gardes l'amenèrent à l'Ange où il déjeuna avec eux mangeant sa viande alors plus copieusement qu'il ne l'avait fait depuis longtemps. Au point du jour il monta, joyeusement à cheval ayant une capuce sur la tête sous son chapeau, pour qu'il ne fut pas connu et ainsi il se dirigea vers Gloucester. En chemin les gardes lui demandèrent où il avait coutume de s'arrêter pour manger et loger ; mais il le menaient cependant à une autre auberge que celle qu'il mentionnait.
Le jeudi suivant il vint à Cirencester, quinze milles de Gloucester. et là il dîna à la maison d'une femme qui avait toujours détesté la vérité et dit tout le mal possible de lui. Cette femme, s'apercevant de la cause de sa venue, lui montra tout l'amitié qu'elle put et déplora son malheur avec larmes, confessant qu'elle avait souvent répété que, s'il était mis à l'épreuve, il ne maintiendrait pas ses doctrines. Après dîner il reprit sa route et arriva à Gloucester à cinq heures.
Sir Anthony Kingston, autrefois un bon ami de Hopper, fut choisi par ordre de la reine pour se charger de l'exécution. Aussitôt qu'il vit l'évêque il fondit en larmes. Hooper ne l'aperçut pas d'abord ; le chevalier alors s'adressant à lui, dit, "Comment, milord, ne me connaissez-vous pas - un de vos anciens amis Anthony Kingston?" "Oui," répondit Hooper,
"Sir Anthony Kingston, je vous connais bien, et je suis content de vous voir en santé et en rends grâce à Dieu. "
"Mais je suis chagriné de vous voir, milord, dans cette condition," répondit Kingston, "car, comme je comprends, vous êtes venu ici pour mourir. Mais, hélas ! considérez que la vie est 125
douce et la mort amère. C'est pourquoi, voyant que l'on peut avoir la vie, désirez de vivre ; car la vie ci-après peut faire du bien." "'Vraiment, c'est vrai, Sir Anthony, je suis venu ici pour finir cette vie et pour souffrir la mort parce que je ne contredirai pas la vérité que j'ai jusqu'ici enseignée parmi vous dans ce diocèse et ailleurs ; et je vous remercie pour votre conseil amical quoiqu'il ne soit pas comme je pourrais le désirer. Il est vrai que la mort est amère et la vie est douce ; mais la mort à venir est plus amère et la vie à venir est plus douce."
Après ces paroles-là et d'autres ils se s'apurèrent avec larmes. A son départ l'évêque lui dit que tout le dérangement qu'il avait eu en prison ne l'avait jamais causé tant de peine. Alors l'évêque fut remis par les gardes au soin du shérif de Gloucester.
Les deux shérifs s'éloignèrent pour se consulter et l'auraient placé dans la prison commune de la ville, appelé Northgate si les gardes n'avaient pas intercédé fortement en sa faveur ; déclarant combien il se conduisait tranquillement, doucement et patiemment en chemin ; ajoutant encore qu'un enfant pouvait bien en prendre soin et qu'eux-mêmes préféreraient plutôt prendre la peine de veiller avec lui que de l'envoyer à la prison commune. Il fut en conséquence décidé qu'il resterait dans la maison de Robert Ingram ; et les shérifs, les sergents et les autres officiers consentirent à veiller eux-mêmes avec lui cette nuit-là. Son désir était d'aller se coucher de bonne heure, disant qu'il avait plusieurs choses à se rappeler ; en conséquence il se coucha à cinq heures et dormit une somme profondément, et passa le reste de la nuit en prière. Après cela il se leva le matin et demanda que personne ne vint dans sa chambre pour qu'il fut seul jusqu'à l'heure de l'exécution.
A huit heures sr John Bridges, lord Chandos avec une grande bande d'hommes, sir Anthony Kingston, sir Edmund Bridges et d'autres commissaires choisis vinrent pour voir l'exécution. A neuf heures, Hooper s'était préparé, le temps étant maintenant arrivé. II fut immédiatement descendu de sa chambre par les shérifs qui étaient accompagnés de leurs bills et autres armes. Quand il vit les armes il dit au shérif, "Je ne suis pas un traître et vous n'aviez pas besoin d'avoir fait de telle préparation pour m'amener à la place où je dois souffrir ; car si vous me l'eussiez permis je serais allé seul au bâcher et n'aurais dérangé personne."
Après, regardant vers la multitude de gens qui étaient assemblés, environ 7000, il parla à ceux qui étaient autour de lui, disant, "hélas, pourquoi ces gens se sont-ils réunis ? Par hasard pensent-ils entendre quelque chose de ma bouche comme ils l'ont fait par le passé ; mais hélas on m'empêche de parler. Cependant, la cause de ma mort leur est bien connue. Quand je fus nommé leur pasteur je leur ai prêché une doctrine vraie et basée sur la parole de Dieu ; et parce que je ne veux pas la reconnaître comme étant de l'hérésie et de la fausseté on me réserve cette espèce de mort." Ayant dit cela, il s'avança, conduit entre les deux shérifs dans une robe de son hôte, son chapeau sur la tête et un bâton à la main pour se soutenir ; car la douleur de la sciatique qu'il avait prise en prison le faisait boiter. Sur la route ayant reçu l'ordre formel de ne pas parler, on ne s'aperçut pas qu'il ait une fois ouvert la bouche ; mais regardant le peuple qui déplorait son sort il élevait quelquefois les yeux vers le ciel et regardait avec plaisir 126
ceux qu'il connaissait. On ne se rappelait pas que durant le temps de son séjour parmi eux de l'avoir vu si heureux et d'un visage si rubicond qu'alors.
Quand il vint à l'endroit, il vit en souriant le bûcher qui était près du grand orme s'élevant contre le collège des prêtres où il avait coutume de prêcher. Les maisons entourant la place et les branches des arbres étaient remplies de spectateurs ; et dans la salle au-dessus de la barrière se tenaient les prêtres du collège. Alors il s'agenouilla (comme on le lui permit pas de parler au peuple) pour prier et il fit signe six ou sept fois à quelqu'un qu'il connaissait pour qu'il entende sa prière et pour qu'il la rapporte fidèlement. Quand cette personne vint à l'évêque il versa des larmes sur ses épaules et dans son sein et il continua sa prière pendant une demi-heure, prière qu'il tira de toute la confession de foi. Pendant qu'il priait une boite fut apportée et mise devant lui sur un tabouret, avec son pardon de la reine s'il voulait se rétracter. A la vue de cela il s'écria ; "Si vous aimez mon âme emportez cela."
La boite étant enlevée, lord Chandos dit ; "Voyant qu'il n'y a pas de remède, expédiez-le promptement." Hooper répondit, "Bien, milord, j'espère que votre seigneurie me permettra de terminer mes prières. Quand il eut terminé ses dernières dévotions dans ce monde il se prépara pour le bûcher. Il ôta la robe de son hôte et la délivra aux shérifs exigeant qu'ils vissent à ce qu'elle fut remise à son propriétaire et il ôta le reste de ses vêtements et les mis dans son pourpoint et son haut-de-chausse dans lequel il devait être brûlé. Mais les shérifs ne le permirent pas, il se soumit volontiers à leur désir ; et son pourpoint, son haut-de-chausse et son gilet lui furent ôtés. Ainsi étant en chemise il prit une épingle de son haut-de-chausse et attacha sa chemise entre ses jambes où il avait une livre de poudre à fusil dans une vessie et sous chaque bras une égale quantité remise à lui par les gardes.
On commanda que le feu fut alors allumé. Mais parce qu'il n'y avait pas moins de deux charges de fagots verts qui furent apportés, le feu ne s'alluma pas promptement et un certain temps s'écoula avant d'atteindre les roseaux sur les fagots. Enfin le feu prit autour de lui ; mais le vent soufflant avec force dans cet endroit et comme c'était un matin froid il éloignait la flamme loin de lui de sorte qu'il n'était de cette façon que touché par le feu. On essaya alors d'augmenter les flammes et les vessies de poudre firent explosion mais cela ne lui fit guère de bien à cause de leur position et le vent ayant un telle force. Il pria tout haut au milieu du feu disant ; "Seigneur Jésus aie pitié de moi ! Seigneur Jésus aie pitié de moi ! Seigneur Jésus reçois mon esprit !" Et ce furent les derniers mots qu'on lui entendit prononcer.
Cependant il se frappait la poitrine avec les mains, jusqu'à ce que en renouvelant le feu sa force disparut et ses mains se joignirent en frappant le fer sur sa poitrine. Ainsi immédiatement, en se baissant en avant il rendit l'esprit. Ainsi ses dernières souffrances furent languissantes. Il fut près de trois-quarts d'heure ou plus dans le feu, comme un agneau, souffrant patiemment jusqu'à la fin ne s'avançant ni en avant, ni en arrière, ni sur les côtés ; mais il mourut aussi tranquillement qu'un enfant dans son lit.
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Souffrances et Martyre du Dr. Rowland Taylor.
La ville de Hadley fut l'une des premières qui reçut la parole de Dieu en Angleterre à la prédication de Thomas Bilnoy. Le Dr. Rowland Taylor était le vicaire de cette paroisse étant docteur en droit civil et en droit canon, Outre son éminent savoir son attachement bien connue aux pures principes du christianisme le recommanda à la faveur et à l'amitié de Cranmer avec lequel il vécut jusqu'à ce que, par son influence, il obtint le vicariat de Hadley.
Le Dr. Taylor travailla dans l'intérêt du grand Rédempteur et de celui des âmes à la fois, par sa prédication et son exemple sous le règne du roi Édouard ; mais à sa mort et par la succession de Marie au trône, il ne put échapper à l'orage qui éclata sur le parti protestant.
Deux de ses paroissiens, Foster un avocat, et Clark un commerçant, par un zèle aveugle résolurent de faire célébrer la messe dans toute sa forme superstitieuse dans l'église paroissiale de Hadley, le lundi avant Pâques. Taylor, étant occupé dans son étude, fut alarmé par le son des cloches à une heure inaccoutumée et alla à l'église pour s'informer de la cause. Il trouva les grandes portes fermées mais levant le loquet du sanctuaire il entra et fut surpris de voir un prêtre revêtu de ses habits et préparé à célébrer la messe et gardé par un corps d'hommes armés pour empêcher toute interruption.
Étant curé de la paroisse il demanda au prêtre la cause de tels procédés sans sa connaissance et sans son consentement, et comment il osait profaner le temple de Dieu avec de telles idolâtries. Foster, l'avocat, répondit insolemment, "Toi traître, comment oses-tu intercepter l'exécution des ordres de la reine ?" Mais le docteur nia courageusement l'accusation de traître et affirma sa mission comme ministre de Jésus-Christ à cette portion de son troupeau, commandant au prêtre, comme à un loup en habit de brebis, de partir et de ne pas infecter la pure église de Dieu de son idolâtrie papiste. Il s'ensuivit une violente contestation entre Foster et le Dr. Taylor, le premier soutenant la prérogative de la reine et le second l'autorité du droit canon qui commandait que la messe ne fut dite que sur un autel consacré.
Cependant le prêtre intimidé par la conduite intrépide du ministre protestant serait parti sans dire la messe mais Clark lui dit, "Ne crains rien vous avez un super altare;" qui est une pierre consacré d'environ un pied carré, que les prêtres papistes portent au lieu d'un autel quand ils disent la messe dans les maisons des gentilshommes. Clark lui commanda de s'acquitter de son devoir. Ils mirent alors le docteur hors de l'église, célébrèrent la messe et informèrent immédiatement l'évêque de Winchester qui le somma d'avoir à répondre des plaintes portées contre lui.
Le Dr. Taylor, en recevant la sommation se prépara joyeusement à y obéir. Sur l'avis de ses amis lui conseillant de se sauver au-delà de la mer pour éviter la cruauté de ses ennemis, il leur dit qu'il était décidé d'aller à l'évêque. Il se rendit en conséquence à Londres et alla le trouver.
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Gardiner l'injuria de la manière la plus grossière, l'appelant traître et hérétique ; mais notre pieux martyr endura tout cela patiemment. Dans l'opinion de Gardiner il aurait pu être un hérétique, mais suivant la loi il ne pouvait être un traître. Le Dr. Taylor répondit à son accusation avec une fermeté convenable ; il lui dit qu'il était le persécuteur du peuple de Dieu et que lui-même s'était attaché à notre Sauveur et à sa parole ; il rappela à l'évêque. le serment qu'il avait prêté au commencement du règne d'Édouard de maintenir la religion protestante et d'opposer la suprématie papale ; mais Gardiner répondit que le serment lui avait été extorqué de sorte qu'il n'était pas obligé de s'y conformer, Le Dr. Taylor se défendit si hardiment que Gardiner en fut grandement exaspéré, et enfin appela ses hommes et dit, "Menez cet individu au Banc du roi et voyez à ce qu'il soit strictement gardé." Alors Taylor s'agenouilla et levant les deux mains il dit, "Seigneur, je te remercie ! et de la tyrannie de l'évêque de Rome et de toutes ses détestables erreurs et abominations, Dieu bon, délivre nous ! et que Dieu soit loué pour le bon roi Édouard." Ils le menèrent à la prison au Banc du roi où il fut enfermé pendant presque deux ans.
En janvier, 1555, le Dr. Taylor, M. Bradford et M. Saunders furent encore cités devant les évêques de Winchester, Norwich, London, Salisbury et Durham et étant de nouveau accusés d'hérésie et de schisme on exigea d'eux une réponse décisive pour savoir s'ils se soumettraient à l'évêque de Rome et abjureraient leurs erreurs ou entendraient leur condamnation. Le Dr. Taylor et ses compagnons répondirent hardiment qu'ils ne se départiraient pas de la vérité qu'ils avaient prêchée du temps du roi Édouard, et qu'ils ne se soumettraient pas non plus à l'antéchrist romain ; mais ils remerciaient Dieu pour une aussi grande miséricorde que de les compter dignes de souffrir pour sa parole. Quand les évêques les virent si irrévocablement résolus à suivre la vérité, ils lurent la sentence de mort ; et quand ils l'eurent entendue, ils rendirent grâce à Dieu avec joie et dirent aux évêques, "Nous ne doutons pas que Dieu, le juste juge ne redemande notre sang de vos mains ; et que les plus fiers d'entre vous auront à se repentir d'avoir reçu de nouveau l'antéchrist et tyrannisé le troupeau de Christ.
Quand le Dr. Taylor eut demeuré dans la prison environ une semaine, le 14 février 1555, l'évêque Bonner avec d'autres vinrent pour le dégrader, apportant avec eux des ornements qui appartenaient à leur momerie de la messe. Il demanda que Taylor fut amené ; l'évêque étant alors dans la chambre où était le gardien de la prison et sa femme. Le Dr. Taylor fut donc amené à Bonner, "Je désire que vous pensiez à vous et vous tourniez à votre sainte mère l'église afin de prospérer et j'implorerai votre pardon," dit Bonnot. Le Dr. Taylor répondit, "Je désire que vous et vos associés retournent à Christ. Quant à moi, je ne retournerai pas à l'antéchrist." L'évêque dit alors, "Je suis venu pour vous dégrader ; c'est pourquoi mettez ces vêtements." Le Dr. Taylor répondit résolument, "Je ne les mettrai pas." "Tu ne veux pas ?" Je te les ferai mettre avant que je parte," répondit Bonner. "Vous ne le ferez pas, par la grâce de Dieu," dit Taylor. Bonner le pressa de nouveau à se soumettre à son ordre mais il ne voulut pas. Là-dessus il commanda à un autre de les mettre sur son dos ; et quand il en fut 129
complètement revêtu il se mit les mains sur les côtés et marchant çà et là il dit, "Qu'en dites-vous, milord, ne suis-je pas un beau fou ? Qu'en dites-vous mes maîtres ; si j'étais à Cheapside ne ferais-je pas rire les garçons de voir ces jouets et friperies ridicules?" Bonner fut si enragé à ces paroles qu'il aurait donné un coup au Dr. Taylor sur la poitrine avec sa crosse si son chapelain ne lui eut dit, mon lord, ne le frappez pas car il frappera certainement lui aussi.
L'évêque lui donna sa malédiction mais ne le frappa pas. Le Dr. Taylor dit, "Quoique vous me maudissiez, cependant Dieu me bénit."
La nuit après sa déposition, sa femme, son fils et son domestique vinrent à lui et eurent la permission des gardiens de souper avec lui ; à leur arrivée ils s'agenouillèrent et prièrent.
Après le souper, marchant çà et là, il remercia Dieu pour la faveur de l'avoir appelé ainsi et lui avoir donné la force de s'en tenir à sa sainte parole.
Le lendemain matin le shérif de Londres, avec ses officiers, vinrent vers les deux heures le firent sortir et, sans lumière, le conduisirent à Woolpack, une auberge en dehors de Aldgate.
Mme. Taylor, soupçonnant que son mari serait enlevé cette nuit-là, veilla dans le porche de l'église de St. Botolph, en dehors de Aldgate, ayant ses deux enfants - l'une nommée Élisabeth, une orpheline que le docteur avait adoptée à l'âge de trois ans ; l'autre Marie, sa propre fille.
Quand le shérif et sa compagnie vinrent vers l'église St. Botolph, la petite Elizabeth reconnaissante s'écria, "Ô mon cher père ! Ma mère, ma mère voici qu'on emmène mon père!"
"Rowland" dit sa femme, "Où es-tu ?" car c'était un matin si obscur qu'il était impossible de se reconnaître. "Ma chère femme, je suis ici," dit le docteur et il s'arrêta. Les hommes du shérif l'auraient poussé en avant, mais dit le shérif, "Arrêtez un peu, je vous prie, et qu'il parle à sa femme."
Elle vint alors à lui et il prit sa fille Marie dans ses bras pendant que lui, sa femme et Élisabeth s'agenouillèrent et prièrent. A cette vue le shérif pleura beaucoup comme aussi plusieurs de sa compagnie. La prière finie, Taylor se leva et embrassa sa femme et lui serrant la main, dit - "Adieu, ma chère femme ; prenez courage car j'ai la conscience tranquille. Dieu suscitera un père à mes enfants." Et alors il embrassa sa fille Marie et dit- "Que Dieu te bénisse et fasse de toi sa servante;" et embrassant Élisabeth, il dit, "Que Dieu te bénisse. Je vous prie tous de demeurer fermes dans votre foi en Christ et en sa parole et gardez-vous d'idolâtrie."
Alors sa femme lui dit, "Que Dieu soit avec toi, mon cher Rowland ; Je vais avec la grâce de Dieu te rencontrer à Hadley."
Il fut conduit en avant pendant que sa femme le suivait. Aussitôt qu'il vint à Woolpack, il fut mis dans sa chambre, où il fut gardé par quatre yeomen de la garde et par les hommes du shérif. Aussitôt qu'il entra dans la salle, il tomba à genoux et se donna, entièrement à la prière.
Le shérif voyant alors là Mme Taylor ne voulut nullement lui permettre de parler davantage à son mari mais la pria d'aller chez lui et d'y être comme chez elle lui promettant qu'elle ne manquerait de rien et envoyant deux officiers pour l'y conduire. Malgré cela, elle demanda d'aller chez sa mère où les officiers la conduisirent et donnèrent ordre à la mère de la garder 130
jusqu'à ce qu'ils revinssent. Cependant le voyage à Hadley fut retardé. Le Dr. Taylor fut enfermé au Woolpack par le shérif et sa compagnie jusqu'à onze heures, temps auquel le shérif d'Essex fut prêt à le recevoir ; alors ils le mirent à cheval dans l'enceinte de l'auberge, les barrières étant fermées.
En sortant des barrières son domestique John Hull se tenait auprès avec le jeune Taylor.
Quand le docteur les vit, il les appela, disant - "Viens ici, mon fils Thomas." John Hull leva l'enfant et le mit à cheval devant son père qui ôta alors son chapeau et dit au peuple - "Bonnes gens voici mon propre fils, issu d'un mariage légal ; que Dieu soit béni pour le mariage légal."
Alors il leva les yeux vers le ciel et pria pour son enfant lui plaçant son chapeau sur la tête.
Après l'avoir béni, il le livra à son fidèle domestique qu'il prit par la main et dit - "Adieu John Hull, le plus fidèle des serviteurs qu'un homme n’ait jamais eu." Après cela ils s'éloignèrent, le shérif d'Essex et quatre yeomen des gardes et les hommes du shérif les conduisant.
Sur toute la route le Dr. Taylor fut joyeux et gai, comme le serait quelqu'un qui irait à un agréable banquet ou à des noces. Il dit plusieurs choses remarquables au shérif et aux yeomen des gardes qui le conduisaient et les fit souvent verser des larmes en les exhortant avec instance de se repentir et de se tourner vers la vraie religion. De ces yeomen de la garde trois le traitèrent avec douceur mais le quatrième, nommé Holmes, le traita très rudement. Le parti soupa et coucha à Chelmsford.
A Chelmsford il fut livré au shérif de Suffolk, et conduit par lui à Hadley. A leur arrivée à Lavenham, le shérif y demeura deux jours ; et là vinrent à lui un grand nombre de gentilshommes et de juges qui étaient choisis pour l'aider. Ceux-ci s'efforcèrent beaucoup de gagner le docteur à la religion romaine, lui promettant son pardon qu'ils dirent qu'ils avaient pour lui. Ils lui promirent aussi une grande promotion, même un évêché, s'il voulait le prendre; mais tout leur travail et leur flatterie fut en vain.
Quand ils vinrent à Hadley et passaient le pont un pauvre homme l'attendait avec cinq enfants qui en voyant le Dr. Taylor, tombèrent à genoux et levant leurs mains, crièrent à haute voix - Ô cher père et bon berger ! Que Dieu vous aide et vous secoure comme vous nous avez souvent secourus.
Enfin, venant à Aldham-common, et voyant une grande multitude, il demanda - "Quel est cet endroit et d'où vient que tant de monde y soit réuni ?" On lui répondit - "C'est Aldham-Common, la place oh vous devez souffrir ; et le peuple est venu pour vous voir." Alors dit-il
- "Dieu soit béni, je suis chez moi," et ainsi il descendit de cheval et avec les deux mains il déchira son capuce de sa tête. Quand le peuple le vit, ils crièrent, "Que Dieu te sauve, bon Dr.
Taylor. Que Jésus-Christ te fortifie ; que le Saint-Esprit te console," avec plusieurs autres souhaits chrétiens. Le Dr. Taylor demanda alors au shérif la permission de parler ; mais il le lui refusa. S'apercevant qu'on ne lui permettrait pas de parler, il s'assit et voyant un nommé Soyce, il l'appela et lui dit - "Soyce, je te prie d'ôter mes bottes et de les prendre pour ton travail ; il y a longtemps que tu les attends, maintenant prends-les." Alors il se leva et mis ses 131
habits dans sa chemise et les donna. Cela fait, il dit à haute voix - "Bonnes gens, je ne vous ai rien enseigné que la Sainte parole de Dieu et ces leçons que j'ai prises du saint livre de Dieu, la Sainte Bible ; et je suis venu ici aujourd'hui pour le sceller de mon sang."
En entendant sa voix, le yeoman de la garde qui l'avait maltraité sur toute la route, lui donna un coup sur la tête et dit - "Est-ce là garder ta promesse, toi hérétique ?" Alors, voyant qu'on ne voudrait pas lui permettre de parler, il s'agenouilla et pria, et une pauvre femme qui était parmi le peuple s'avança et pria avec lui ; ils essayèrent de la chasser et menacèrent de l'écraser avec leurs chevaux ; malgré cela elle ne voulut pas remuer, mais resta et pria avec lui. Quand il eut fini ses dévotions, il se rendit au bûcher et l'embrassa et se mit dans un baril de goudron qu'ils avaient apporté pour qu'il se mît dedans et il se tint ainsi avec le dos appuyé contre le poteau, les mains jointes et les yeux dirigés vers le ciel il pria continuellement.
Alors ils mirent une chaîne autour de lui ; et le shérif appela Richard Donningham, un boucher et lui commanda de placer les fagots ; mais l'homme refusa et dit - "Je suis boiteux, monsieur, et incapable de lever un fagot." Le shérif là-dessus menaça de l'envoyer en prison mais il ne voulut pas le faire. Le shérif obligea alors plusieurs individus dégradés de la multitude de placer les fagots et de mettre le feu, ce qu'ils firent promptement ; et l'un d'eux jeta par cruauté un fagot au martyr qui le frappa au visage et fit couler le sang. Il lui dit humblement - "Ô mon ami, j'ai assez souffert ; à quoi bon cela ?"
Sir John Slielton se tenant près, comme le Dr. Taylor parlait et récitait le Miserere en anglais le frappa sur les lèvres - "Toi mon drôle," dit-il, "parle latin, ou je t'y forcerai." Enfin ils allumèrent le feu ; alors le martyr levant les mains, s'adressa à Dieu, et dit, "Père miséricordieux qui êtes aux cieux pour l'amour de Jésus-Christ mon Sauveur recevez mon esprit dans vos mains." Il demeura alors tranquille sans pleurer ou se mouvoir avec les mains jointes, jusqu'à ce que Soyce le frappât avec une hallebarde si violemment sur la tête que sa cervelle tomba et le corps mort tomba dans le feu. Ainsi il remit son âme entre les mains de son Père miséricordieux et à son cher et sûr Sauveur Jésus-Christ qu'il aimait sincèrement, qu'il prêcha fidèlement et avec zèle suivi diligemment dans sa vie et glorifié par sa mort.
Martyre de Plusieurs Personnes dans Diverses Parties de l'Angleterre.
Les noms des six prisonniers amenés devant Bonner le 8 de février étaient Tomkins, Pygot, Knight, Hankes, Lawrence et Hanter. Thomas Tomkins un tisserand de son état et un honnête chrétien, demeurant à Shoreditch, fut retenu six mois en prison et traité avec la plus grande cruauté. La rage de Bonner contre lui était telle qu'il le frappa au visage et lui arracha une partie de la barbe de ses propres mains ; cependant Tomkins était tellement possédé de l'esprit divin et tellement affermi dans la connaissance de la vérité divine qu'on ne pouvait l'en ébranler. Dans une autre occasion Bonner, ayant un cierge allumé à la main, mit la flamme sous la main de Tomkins jusqu'à ce que les veines se resserrassent et que les tendons éclatassent ; mais Tomkins ne céda pas mais il resta ferme et inébranlable.
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Quand il eut été un an en prison, il fut amené avec plusieurs autres devant l'évêque Bonner dans son consistoire pour être examiné. On amena à sa charge d'avoir souscrit un certain bill ou schédule souscrit de sa propre main le cinquième jour du même mois contenant les mots suivants - "Thomas Tomkins, de Shoreditch, et du diocèse de Londres, a cru et croit encore que dans le sacrement le l'autel, sous la forme de pain et de vin, il n'y a pas le véritable sang et corps de notre Sauveur Jésus-Christ en substance, mais seulement un signe et un souvenir de celui-ci, le véritable corps et sang de Christ étant aux cieux et nulle part ailleurs. Par moi, Thomas Tomkins."
Sur lecture de cela, on lui demanda s'il reconnaissait la signature comme étant de sa propre main. Il la reconnut comme telle.
Le jour suivant Tomkins fut de nouveau amené devant l'évêque et son entourage et pressé de rétracter ses erreurs et de retourner à l'église-mère ; mais il maintint sa fidélité et ne voulut se départir en rien des articles qu'il avait signés. L'ayant donc déclaré un hérétique obstiné et damnable, ils le livrèrent au pouvoir séculier et il fut brûlé à Smithfield, le 6 mars, 1555, triomphant au milieu des flammes et ajoutant son nom à la noble compagnie des martyrs qui l'avaient précédé dans le sentier de feu au royaume de la gloire immortelle.
Le dernier de cette noble bande courageuse des saints fut un apprenti de dix-neuf ans. Son nom était William Hunter. Il avait été élevé dans la doctrine de la réformation depuis sa tendre enfance descendant de parents pieux qui l'avaient soigneusement instruit.
Quand la reine Marie succéda à la couronne on envoya des ordres aux prêtres de chaque paroisse de sommer leurs paroissiens de recevoir la communion à la messe à Pâques après son avènement ; et Hunter refusant d'obéir à la sommation, fut menacé d'être amené devant l'évêque.
Un magistrat voisin, nominé Brown, ayant appris qu'il maintenait des principes hérétiques, envoya chercher son père et lui demanda des informations concernant son fils ; le vieillard lui assura qu'il l'avait quitté, qu'il ne savait pas où il était allé ; et quand le magistrat le menaçait de l'emprisonner, il dit les larmes aux yeux, "Voudriez-vous que je cherchasse mon fils pour le faire baller?' Le vieillard, toutefois fut obligé de le chercher ; et le rencontrant par accident lui dit avec larmes que c'était d'après l'ordre du magistrat qui menaçait de l'emprisonner. Le fils, pour empêcher son père de courir aucun danger, dit qu'il était prêt à l'accompagner à la maison ; sur cela ils retournèrent ensemble. Le jour suivant il fut arrêté et mis dans les ceps pendant vingt-quatre heures et ensuite mené devant le magistrat, qui demanda une Bible et tournant au sixième chapitre de St. Jean lui demanda son opinion sur la signification quant à ce qui se rapporte an sacrement de l'autel. Il nia hardiment la présence réelle. Le magistrat lui reprocha sa damnable hérésie et écrivit à l'évêque de Londres à qui ce vaillant jeune martyr fut bientôt conduit.
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Après que Bonner eut lu la lettre, il fit amener William dans une chambre où il commença à raisonner avec lui de la manière suivante : "J'apprends, William Hunter, par la lettre de Mr.
Brown quo vous avez nié le saint sacrement à l'autel ; là-dessus Mr. Brown vous a envoyé chercher pour vous ramener à la foi catholique de laquelle, dit-il, vous vous êtes départi.
Toutefois, si vous voulez vous laisser conduire par moi, il ne vous arrivera aucun mal pour ce qui a été fait ou dit dans cette affaire." William lui répondit, "Je ne suis pas départi de la foi catholique en Christ, très certainement ; mais j'y crois et je le confesse de tout mon cœur."
L'évêque lui dit, "Que dis-tu du saint sacrement de l'autel ? Ne veux-tu pas rétracter ce que tu as dit devant Mr. Brown que le corps de Christ n'est pas dans le sacrement de l'autel, le même qui naquit de la Vierge Marie ? "Nullement intimidé, William lui dit, "My lord, je vois que Mr. Brown vous a informé de la conversation que lui et moi avons eue ensemble, et vous savez ainsi ce que je lui ai dit, ce que je ne puis rétracter avec, l'aide de Dieu." Alors dit l'évêque ; "Je pense que tu as honte de porter un fagot, et te rétracter ouvertement ; mais si tu veux rétracter privément, je promets que tu ne seras pas exposé publiquement à la honte ; même dis ici un mot, maintenant entre toi et moi et je te promets que cela n'ira pas plus loin, et tu t'en iras à la maison sans qu'on te touche." A cette ruse, William répondit, "My lord, si vous me laissez seul et me laissez avec ma conscience, j'irai chez mon père et je resterai avec lui, ou bien encore avec mon maître ; et si personne n'inquiète et ne trouble ma conscience je garderai ma conscience pour moi-même."
Alors l'évêque commanda à ses hommes de mettre William dans les ceps dans sa maison près de la barrière où il resta deux jours et deux nuits avec seulement une croute de pain et un verre d'eau. Au bout de deux jours l'évêque vint, et trouvant la croute et l'eau encore auprès de lui, il dit à ses hommes, "Ôtez-le des ceps et qu'il déjeune avec vous." Après le déjeuner Bonner envoya chercher William et lui demanda s'il voudrait se rétracter ou non. Mais il répondit, qu'il ne rétracterait jamais sa foi en Christ. Alors l'évêque dit qu'il n'était pas chrétien
; mais reniait la foi dans laquelle il était baptisé.
Mais William répondit, "J'ai été baptisé dans la foi à la Sainte Trinité dont je ne me départirai point avec l'assistance de la grâce de Dieu." Alors l'évêque l'envoya à la prison des forçats et commanda aux gardiens de le charger de chaînes autant qu'il en pourrait porter ; de plus, il lui demanda quel âge il avait. William lui dit qu'il avait dix-neuf ans. "Bien," dit l'évêque, "vous serez brûlé avant d'avoir vingt ans, si vous ne voulez pas vous soumettre."
William répondit - "Que Dieu me fortifie dans la vérité."' Et alors ils se séparèrent, l'évêque lui allouant pour vivre un sou par jour, pour le pain et le breuvage. Il resta de la sorte en prison les trois quarts d'une année et pendant ce temps il parut cinq fois devant l'évêque, outre quand il fut condamné dans le consistoire à l'église St. Paul, le 9ème jour de février ; son frère, Robert Hunter (qui continua à rester avec son frère William jusqu'à sa mort et nous envoya le rapport) était présent et entendit l'évêque le condamner et les cinq autres.
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Alors l'évêque s'en alla, et William et les autres prisonniers retournèrent à Newgate.
Environ un mois après Hunter fut envoyé à Brentwood le samedi avant l'Annonciation de la Vierge Marie, qui tombait le lundi après ; il demeura donc jusqu'à mardi, parce qu'ils ne voulaient pas le mettre à mort alors à cause de la sainteté du jour. Pendant ce temps le père et la mère de William vinrent à lui et lui conseillèrent chaleureusement de continuer comme il avait commencé ; sa mère lui dit qu'elle était contente d'avoir mis au inonde un tel enfant qui pouvait se résigner à perdre la vie pour l'amour de Christ.
Il lui répondit, "Pour le peu de souffrance que j'aurai à endurer et qui ne saurait durer, Christ m'a promis, ma mère, une couronne de gloire ; ne devriez-vous pas être contente?" En entendant cela sa mère s'agenouilla, disant, "Je prie Dieu qu'il te fortifie, mon fils, jusqu'à la fin ; oui vraiment je te crois aussi bien doué que tout autre enfant que j'aie au monde." Son père supprimant ses larmes lui dit, "Je ne craignais rien d'autre si ce n'est que mon fils meure dans la prison de faim et de froid" chose que les bons parents avaient toutefois empêchée aussi bien que craint, car il reçut la meilleure nourriture et le meilleur vêtement qu'ils pouvaient lui envoyer ; ce que le fils recevait avec une reconnaissance manifeste.
Le lundi soir suivant, William rêva qu'il était sur la place où le poteau était planté sur lequel il devait être brûlé ; il pensa aussi qu'il rencontra son père et il y avait un prêtre au bûcher qui voulait qu'il se rétractât, auquel il dit, "Retire-toi, faux prophète !" et il exhortait les gens à prendre garde à lui et à ses pareils ; tout cela arriva. Le matin le shérif lui commanda de se préparer à son sort. En même temps le fils du shérif vint à lui et l'embrassa, disant,
"William, n'aie pas peur de ces hommes avec des arcs et des armes préparées à vous amener à la place où vous serez brûlé." "Je remercie Dieu que je ne sois pas dans la crainte," dit l'intrépide jeune homme, "car j'ai déjà compté ce qu'il va m'en coûter." Alors le fils du shérif ne put lui en dire davantage à cause de ses larmes.
Hunter prit alors sa robe et s'avança joyeusement, le fils du shérif le prenant par un bras et son frère par l'autre, et en marchant il rencontra son père, suivant son rêve qui lui dit en pleurant, "Que Dieu soit avec toi mon fils William." Il se rendit alors à l'endroit où était le bûcher, comme il l'avait vu en rêve ; où tout n'était pas prêt, il s'agenouilla et lut le psaume 51ème, jusqu'à ce qu'il vint à ces mots ; "Le sacrifice de Dieu est un esprit contrit ; tu ne méprises pas, Ô Dieu un esprit contrit." Comme quelqu'un mettait en question la traduction de ces paroles, le shérif lui apporta une lettre de la reine et dit. "Si tu veux te rétracter tu vivras
; si non, tu seras brûlé." "Je ne me rétracterai pas, Dieu m'aidant," répondit le noble jeune homme ; ayant dit cela il se leva, se rendit au poteau, et se mit droit contre lui. S'adressant au juge, il dit, "Mr. Brown, vous avez maintenant ce que vous cherchiez ; et je prie Dieu que cela ne vous soit pas mis à charge au dernier jour ; quoiqu'il en soit, je vous pardonne, je ne redemanderai pas mon sang de vos mains."
Il pria alors ; "Fils de Dieu, luis sur moi !" et immédiatement le soleil luisit à travers un nuage épais si brillamment dans son visage, qu'il fut obligé de se détourner ; ce qui étonna le 135
peuple car il faisait si obscur avant cela. II prit alors un fagot de balai et l'embrassa. Le prêtre dont il avait rêvé la présence vint à son frère Robert avec un livre papiste pour le porter à William afin qu'il se rétractât ; livre que son frère ne voulut pas toucher. Alors William, voyant le prêtre, et s'apercevant qu'il lui avait montré le livre, il dit, "Va-t'en faux prophète ! Méfiez-vous d'eux, mes bonnes gens, et éloignez-vous de leurs abominations, afin que vous n'ayez pas part à ses plaies."
"Alors," reprit le prêtre, "regarde comme tu brûles ici, ainsi brûleras-tu dans enfer"
William répondit - "Tu mens, toi faux prophète ! Va-t'en, toi faux prophète - va-t'en !" Il y avait là un monsieur qui dit, "Je prie Dieu d'avoir pitié de son âme." Le peuple répéta, "Amen, amen!" Immédiatement après, on alluma le feu. Alors William remit son psautier à son frère, qui dit, "William pense à la passion de Christ et n'aie pas peur de la mort." Il répondit, - "Je n'ai pas peur." Alors il leva les mains au ciel et dit, "Seigneur, Seigneur, Seigneur, reçois mon esprit" et baissant de nouveau la tête dans la fumée étouffante il donna sa vie pour la vérité, la scellant de son sang pour la gloire de Dieu.
William Pygot et Stephen Knight souffrirent le 28 mars et John Lawrence le jour suivant.
A leur examen on leur demanda d'abord quelle était leur opinion du sacrement de l'autel. Ce à quoi ils répondirent à tour et même signèrent que dans le sacrement de l'autel, sous la forme du pain et du vin, il n'y a pas la substance du corps et du sang de notre Sauveur Jésus-Christ, mais une participation spéciale du corps et du sang de Christ ; le vrai corps et sang de Christ étant seulement dans le ciel et nulle part ailleurs. Le présent examen fini, on leur ordonna de comparaître le jour suivant qui était le 9 février, à huit heures du matin et pendant ce temps de réfléchir à ce qu'ils feraient.
Enfin, trouvant que ni les flatteries ni les menaces n'avaient d'effet, l'évêque rendit jugement contre chacun d'eux. Et parce que John Lawrence avait été l'un de leurs prêtres choisis, il fut solennellement dégradé par l'évêque. Leur sentence de condamnation et cette dégradation finie ils furent remis à la garde des shérifs de Londres, qui les envoya à Newgate où ils restèrent ensemble avec joie, jusqu'à ce qu'ils fussent menés à Essex ; et là, le 28ème jour de mars, William Pygot fut brûlé à Braintree et Stephen Knight à Maldon.
Le jour suivant, Mr. Lawrence fut mené à Colchester. Les chaînes qu'il avait porté en prison avaient tellement blessé ses membres et son corps, il était si affaibli par le manque de nourriture qu'il fut porté au feu dans une chaise et assis ; il fut ainsi brûlé. Un incident qui est bien digne de remarque arriva à son martyre. Plusieurs jeunes enfants vinrent autour du feu et crièrent, aussi bien qu'ils pouvaient le dire, "Seigneur, fortifie ton serviteur et garde ta promesse ; fortifie ton serviteur suivant ta promesse." Dieu répondit à leur prière, car Mr.
Lawrence mourut aussi courageusement et tranquillement qu'on pouvait désirer qu'il le fit.
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Le Dr. Farrar, le vénérable évêque de l'église St. David fut désigné comme victime par le sanguinaire Gardiner. Cet excellent et savant prélat avait été promu archevêque par le lord protecteur sous le règne d'Édouard ; mais après la chute de son patron il tomba aussi en disgrâce par la malice de plusieurs ennemis parmi lesquels se trouvait George Constantine, son propre domestique. Des articles, au nombre de cinquante-six, furent préparés contre lui, dans lesquels il fut accusé de plusieurs négligences et contumaces dans le gouvernement de l'église. Il y répondit et les nia. Mais ses ennemis étaient si invétérés qu'ils prévalurent, et il fut en conséquence, retenu en prison jusqu'à la mort du roi Édouard, et à l'avènement de la reine Marie et de la religion papiste, ce qui lui causa de nouveau trouble, étant accusé et examiné pour sa foi et sa doctrine. Sur quoi il fut cité devant l'évêque de Winchester avec Mr.
Hooper, Mr. Rogers, Mr. Bradford, Mr. Saunders, et autres le 4 de février.
Ce jour-là même il devait être condamné avec eux ; mais parce que le loisir ou l'envie n'en était pas venu à l'évêque, sa condamnation fut différée et il fut de nouveau renvoyé en prison, où il resta jusqu'au 14 du dit mois de février. Après cela il fut envoyé an pays de Galles pour y recevoir sa sentence de condamnation. Le 26 février, dans l'église de Carmarthen étant amené par Griffith Leyson, Ecr., shérif du comté de Carmarthen, il fut présenté au nouvel évêque de St. David et à Constantine le notaire public, qui là et alors déchargea le dit shérif et le reçut sous leur propre garde le remettant de plus à la garde de Owen Jones ; et déclara là-dessus au Dr. Farrar la grande clémence et miséricorde que le roi et la reine lui offraient ; que s'il voulait se soumettre aux lois du royaume et se conformer à l'unité de l'église catholique il y serait reçu et pardonné.
Le nouvel évêque de St. David était un certain Henry Morgan, un furieux papiste, qui devint maintenant le principal juge de son prédécesseur persécuté. Ce Morgan, siégeant comme juge, livra à l'évêque Farrar certains articles et questions par écrit, qui étant lus en sa présence, Farrar refusa d'y répondre jusqu'à ce qu'il vit sa commission légale et son autorité.
-Là-dessus Morgan le prononça contumace et pour la punition de cette opiniâtreté le remit à la garde de Owen Jones, jusqu'au 4 de mars, et alors d'être amené encore au même endroit entre deux ou trois heures.
Au jour et lieu appointé, l'évêque parut encore devant son orgueilleux successeur, se déclara prêt à répondre aux articles et aux positions ci-dessus mentionnés, demandant poliment une copie des articles et un temps convenable pour y répondre. Cela lui fut accordé et le mardi suivant lui étant assigné entre une heure et trois il fut de nouveau mis sous garde.
Au jour fixé il parut de nouveau et exhiba un écrit contenant sa réponse aux articles objectés et fournis à lui auparavant. Alors Morgan lui offrit les articles sous cette forme concise : Qu'il voulait que lui, étant prêtre, renonçât au mariage - de reconnaître la présence réelle de Christ dans le sacrement sous la forme du pain et du vin - de confesser et reconnaître que la messe est un sacrifice propitiatoire pour les vivants et les morts - que les conciles généraux légalement réunis ne meurent jamais et ne peuvent errer - que les hommes sont justifiés devant Dieu non pas par la foi seulement, mais que l'espérance et la charité sont aussi nécessaires à 137
la justification - et que l'église catholique a seule l'autorité d'interpréter les Écritures et de décider les controverses de religion et de formuler des règlements concernant la discipline publique.
Il refusa de souscrire à ces articles, affirmant qu'ils étaient inventés par les hommes, et ne regardaient pas la foi catholique. Après ceci Morgan lui délivra la copie des articles, fixant le lundi suivant pour y répondre et y souscrire soit affirmativement ou négativement. Le jour vint et il montra sur un morceau de papier sa décision et sa réponse aux articles qui étaient les mêmes qu'auparavant. L'évêque fixa le mercredi suivant, dans l'avant midi, pour entendre sa sentence finale et décisive. Morgan lui demanda ce jour-là s'il renoncerait à ses hérésies, schismes et erreurs qu'il avait jusque-là maintenus et s'il souscrirait aux articles catholiques autrement qu'il ne l'avait fait avant.
Là-dessus Farrar produisit une certaine liste écrite en anglais, et restant dans les actes, en appelant de l'évêque comme d'un juge incompétent, au cardinal Pole et aux autres autorités les plus élevées. Ceci, toutefois, ne lui servit de rien. Morgan, donnant cours à sa rage, prononça sentence contre lui, le condamnant comme un hérétique excommunié et devant être livré sur-le-champ au pouvoir séculier, à savoir au shérif de la ville de Carmarthen., Mr.
Leysen. Après quoi sa dégradation suivit naturellement.
Ainsi ce saint évêque fut condamné et livré au pouvoir séculier et peu de temps mené à l'exécution dans la ville de Carmarthen, où sur le marché public sur le côté sud de la croix, le 30 mars, étant un samedi avant le dimanche de la passion, il endura patiemment les tourments du feu. Parmi les incidents de cette martyre digne de mention se trouve le suivant : Un Richard Jones, un jeune noble fils d'un chevalier, venant au Dr. Farrar un peu avant sa mort, semblait se lamenter sur la douleur de ce qu'il avait à souffrir ; auquel l'évêque répondit, que s'il le voyait se remuer une fois dans les souffrances des flammes, il devrait n'ajouter aucune foi à sa doctrine. Et comme il le dit, il le fit ; car il resta si patiemment, qu'il ne remua point jusqu'à ce qu'un Richard Gravell le frappât avec un bâton, et il tomba dans les flammes et expira, ou plutôt s'éleva au ciel pour y vivre à toujours.
Martyre du Rév. George Marsh.
George Marsh naquit dans la paroisse de Deane, dans le comté de Lancaster, et ayant reçu une bonne éducation, ses parents l'élevèrent pour le commerce et l'industrie. Il se maria à environ 25 ans à une jeune femme de la campagne ; avec laquelle il continua à vivre sur une terre ayant plusieurs enfants. Sa femme étant morte, et lui ayant convenablement établi ses enfants, alla à l'université de Cambridge, où il étudia et accrut beaucoup ses connaissances et fut un ministre de la Sainte parole de Dieu et pour un temps curé du Rev. Laurence Saunders.
Dans cette situation il continua pendant un temps, démontrant avec ferveur ce qu'est la vraie religion et rabaissant la fausse doctrine par ses lectures pieuses et ses sermons aussi bien là que dans la paroisse de Deane comme ailleurs dans Lancashire. Mais un aussi zélé protestant 138
ne pouvait être en sûreté. Il fut enfin appréhendé et gardé comme prisonnier dans Chester, par l'évêque de ce diocèse, environ quatre mois.
Il fut envoyé ensuite à Lancaster ; et étant amené avec d'autres prisonniers aux sessions, il fut contraint de lever la main parmi les malfaiteurs.
Pendant qu'il était à Lancaster, plusieurs vinrent lui pater lui donnant des conseils comme Pierre en donnait à Christ ; mais il répondit qu'il ne pouvait suivre leur conseil, mais qu'avec la grâce de Dieu il vivrait et mourrait arec une pure conscience et comme jusqu'ici il avait cru et professé.
Quelques jours après, Mr. Marsh fut transporté de Lancaster ; et venant à Chester, le Dr.
Cotes l'envoya chercher, ensuite l'évêque, pour se présenter dans la salle. Alors il lui fit certaines questions concernant le sacrement, et Marsh fit des réponses telles que l'évêque en parut satisfait, disant qu'il niait tout-à-fait la transsubstantiation, et ne permettait pas l'abus de la messe ni que les laïques reçoivent seulement une espèce, contrairement à l'institution de Christ ; points sur lesquels l'évêque essaya de le convaincre, quoique (Dieu en soit loué) bien en vain. Il eut beaucoup d'autres conversations avec lui, pour l'induire à se soumettre à l'église de Rome ; et comme il ne pouvait prévaloir auprès de lui, il l'envoya en prison. Et après y avoir été il vint vers lui plusieurs fois, un nommé Mamie, vieillard affable, un Hensham, chapelain de l'évêque et archidiacre avec plusieurs autres ; qui, avec beaucoup de philosophie, de sagesse mondaine et de vanité trompeuse, d'après la tradition des hommes mais non d'après Christ, s'efforcèrent de le persuader de se soumettre à l'Église de Rome pour reconnaître le pape comme chef, et d'interpréter l'Écriture comme l'église le faisait.
A ceci Mr. Marsh répondit qu'il reconnaissait et croyait à une seule église catholique et apostolique, hors de laquelle il n'y a point de salut ; et que cette église n'est qu'une seule parce qu’elle a toujours confessé et confessera toujours et croira en un seul Dieu, et un seul Messie, et ne croira qu'en lui seul pour son salut ; laquelle église est aussi dirigée et conduite par un seul Esprit, une seule parole et une seule foi ; et que cette église est universelle et catholique parce qu'elle a existé depuis le commencement du monde, existe et existera jusqu'à la fin du monde, renfermant dans son sein toutes les nations, tribus et langues, conditions, états et rangs d'hommes ; et que l'église est bâtie seulement sur le fondement des prophètes et des apôtres, Jésus-Christ lui-même étant la principale pierre de l'angle et non sur les lois et décrets romains dont le chef était l'évêque de Rome.
Et où ils disent que l'église se maintient par la succession des évêques, étant dirigée par les conciles œcuméniques, les saints pères et les lois de la sainte église et avait ainsi continuée pendant quinze cents ans et plus ; il répondit que la sainte église, qui est le corps de Christ et en conséquence très digne d'être appelée sainte, existait avant la succession des évêques, des conciles généraux ou décrets romains ; n'était nullement astreinte à aucun temps ou lieu à la succession ordinaire ou à la tradition des pères ; n'avait aucune suprématie sur les empires ou les royaumes ; mais était un pauvre et simple troupeau, dispersé au loin, comme des brebis 139
sans pasteur au milieu des loups ; ou comme une famille d'orphelins et d'enfants sans père ; et que cette église était conduite et régie par la parole de Christ, lui étant son chef suprême, l'assistant, la secourant et la défendant contre tous les assauts, les erreurs et les persécutions par lesquelles elle est toujours entourée.
Mr. Marsh fut après cela examiné plusieurs fois par l'évêque et les chanceliers qui se servirent de tous les moyens pour l'induire à se rétracter ; mais tous leurs efforts furent vains, car le noble martyr résista également à leur persuasion et à leurs menaces.
L'évêque de Chester commença alors à lire la sentence de la condamnation ; mais quand il en eut lu la moitié, le chancelier l'appela et lui dit, "Bon, My lord, arrêtez ! car si vous lisez encore plus loin, ce sera trop tard pour la rappeler." L'évêque s'arrêta donc quand plusieurs prêtres et bon nombre de personnes ignorantes demandèrent avec instance à Mr. Marsh de se rétracter. Ils lui commandèrent de s'agenouiller et de prier et qu'ils prieraient pour lui, et lui prierait pour eux. Quand ceci fut fini, l'évêque lui demanda s'il ne demanderait pas la faveur de la reine à temps. Il répondit qu'il la désirait et qu'il aimait sa faveur aussi grandement qu'aucun d'entre eux ; mais que cependant il n'osait pas renier le Christ, son Sauveur, par crainte de perdre sa faveur éternelle et de gagner la mort éternelle.
L'évêque continua à lire sa sentence environ cinq ou six lignes, quand le chancelier avec des paroles flatteuses et un visage riant, l'arrêta et lui dit, "Encore une fois milord arrêtez, car si ce mot est dit, tout est fini ; aucun repentir ne pourra alors servir." Alors se tournant vers Mr. Marsh, il demanda, "Qu'en dis-tu ? ne veux-tu pas te rétracter ?" Plusieurs des prêtres et de gens l'exhortèrent de nouveau à se rétracter et à sauver sa vie. Il leur répondit, "J'aimerais autant vivre que vous, si en le faisant je ne reniais mon maître le Christ, mais alors il me renierait devant son Père qui est aux cieux.
L'évêque lut alors la sentence jusqu'au bout, et lui dit ensuite, "Maintenant je ne prierai plus pour toi, pas plus que pour un chien !" Mr. Marsh répondit que malgré cela il prierait pour sa seigneurie. Il fut alors livré aux shérifs de la ville ; alors son dernier gardien voyant qu'il allait le perdre dit avec larmes, "Adieu, bon George;" ce qui fit que les officiers le menèrent à la prison à la porte du nord où il fut bien strictement gardé jusqu'à sa mort, temps qu'il passa avec peu de confort ou d'aide de personne. Car étant dans le cachot ou une obscure prison, personne de ceux qui voulaient lui faire du bien ne pouvait parler avec lui, ou au moins n'osait l'essayer par crainte d'accusation ; et quelques-uns des citoyens qui l'aimaient par rapport à l'Évangile, quoiqu'ils ne le connussent point, venaient quelquefois le voir le soir et lui demander comment il se portait. Il leur répondait joyeusement qu'il se portait bien et remerciait Dieu grandement de lui accorder la faveur de le choisir pour être témoin de la vérité et de souffrir en conséquence, ce qui le remplissait de joie ; le suppliant de lui donner la grâce de ne pas succomber sous la croix mais de la supporter patiemment pour sa gloire et pour la paix de son église.
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Le jour de son martyre étant venu, les shérifs de la ville avec leurs officiers allèrent à Northgate, et le firent sortir avec des entraves aux pieds. Quand il vint au lieu de l'exécution quelques-uns lui offrirent de l'argent et désirèrent qu'il portât une bourse à la main pour la donner à un prêtre pour dire des messes pour lui après sa mort ; mais Mr. Marsh dit qu'il ne se dérangerait pas pour recevoir de l'argent, mais il demanda à quelque bonne personne de le prendre si les gens étaient disposés à en donner et de le remettre aux prisonniers ou aux pauvres. Il parcourut tout le chemin en lisant avec attention, et plusieurs dirent. "Cet homme ne va pas à la mort comme un voleur ou comme quelqu'un qui mérite de mourir." En arrivant au lieu de l'exécution hors de la ville, un député chambellan de Chester montra à Mr. Marsh, un écrit signé du grand sceau, disant, que c'était son pardon s'il voulait se rétracter. Il répondit, que d'autant que cela tendait à l'éloigner de Dieu, il ne le recevrait pas à cette condition.
Il commença à parler au peuple, montrant la cause de sa mort, et il les aurait exhortés à être fidèle à Christ, mais un des shérifs lui dit qu'il ne fallait pas alors faire un sermon. Il s'agenouilla alors, pria avec instance, et fut enchaîné au poteau, ayant sous lui un tas de fagots et un baril avec de la poix et du goudron, sur la tête Le feu ayant été fait maladroitement et le vent le portant par ci et là, il souffrit horriblement à sa mort ce qu'il supporta, toutefois, bien patiemment. Quand les spectateurs supposèrent qu'il était mort, soudainement il éleva les bras, disant, "Mon Père qui est au cieux, aie pitié de moi," et ainsi il rendit l'esprit entre les mains du Seigneur. Là-dessus, plusieurs du peuple dirent que c'était un martyr et qu'il était mort avec un merveilleux courage, ce qui poussa l'évêque peu de temps après à faire un sermon dans sa cathédrale et d'y affirmer que le dit Marsh était un hérétique, brûlé comme tel et était alors un tison dans l'enfer.
Martyre de William Flower.
William Flower naquit à Snowhill, dans le comté de Cambridge. Il fut instruit comme catholique romain ; et étant amené à l'église fut reçu dans les ordres et devint un moine dans l'abbaye d'Ely. Après être resté quelque temps dans le monastère, il devint prêtre séculier, revint au lieu de sa naissance et officia pendant quelques années comme prêtre. Après un certain temps en examinant les Écritures saintes il commença à avoir des doutes sur les doctrines et pratiques de l'Église romaine ; et après une inspection subséquente les trouvant opposées à la parole de Dieu, il les abjura et embrassa les doctrines de la réformation. Il vint alors à Londres et s'établit à Lambeth où il se maria et tint une école. Allant un jour à Westminster, il entra dans l'église Ste. Marguerite au temps de la messe. Comme il refusait de s'agenouiller à l'élévation de l'hostie, il fut réprimandé par le prêtre ; ce qui irrita tellement Flower qu'il le frappa sur la tête, le prêtre ayant en sa main un calice contenant des hosties consacrées.
Comme sa conduite provenait plutôt d'un zèle imprudent que d'une connaissance solide, il se soumit au jugement de l'évêque Borner prêt à souffrir, pour sa folie, n'importe quelle punition qu'il trouverait à propos de lui infliger. L'évêque aurait mitigé sa punition s'il avait 141
voulu embrasser la foi papiste, mais il refusa de le faire absolument ; il fut en conséquence emprisonné à la Gate-house. La conversation suivante eut lieu ici entre lui et un compagnon prisonnier, Mr. Robert Smith que nous donnons au complet comme expliquant sa conduite
…
Smith - Or, comme je comprends que vous professez de suivre l'Évangile et l'avez fait depuis longtemps, je me permets de vous demander concernant certaines choses que vous avez commises à l'étonnement de ceux qui professent la vérité.
Flower - Je loue Dieu de m'avoir montré la lumière de sa sainte Parole, et vous remercie sincèrement pour votre visite. Je vous déclarerai la vérité en toutes choses que vous me demanderez légalement.
Smith - Montrez-moi alors la vérité quant à votre action, commise sur John Cheltam, le prêtre dans l'église aussi exactement que possible.
Flower - Je venais de chez-moi à Lambeth et en entrant dans l'église Ste. Marguerite et voyant le peuple se prosterner devant une méprisable idole, étant poussé de zèle pour mon Dieu que je vis déshonoré, je me laissai aller à la colère et frappai le prêtre et je fus en conséquence immédiatement arrêté.
Smith - Ne connaissiez-vous pas la personne que vous avez frappée ? n'y avait-il pas eu de mauvaise disposition ou de haine entre vous en aucun temps ?
Flower - Non, vraiment ; je n'avais jamais vu la personne, à ma connaissance, ni n'avais entretenu de mauvaise disposition ou haine.
Smith - Pensez-vous que cela fut bien, et d'après la loi de l'Évangile?
Flower - Je confesse que toute chair est sujette au pouvoir du Tout-Puissant, qui fait que ses ministres font sa volonté et son plaisir ; comme par exemple, Moïse, Aaron, Phinée, Josué, Zimri, Jéhu, avec plusieurs autres non seulement changeant les décrets, mais aussi donnant du zèle à son honneur contre tout ordre et respect de la chair et du sang. Car comme le dit St.
Paul, "Ses œuvres sont au-dessus de notre connaissance" par l'esprit duquel j'ai aussi donné ma chair pour souffrir comme il plaira à la bonne volonté de Dieu de le déterminer.
Smith - Pensez-vous que ce soit juste pour moi, ou tout autre, de lire la même chose en suivant votre exemple.
Flower - Non, vraiment ; et je ne sais pas non plus si je pourrais le faire encore moi-même
: quand je suis venu à l'église St. Paul, je n'était pas plus capable de le faire que maintenant je suis capable de défaire ce qui est fait ; mais étant poussé par l'esprit, et étant complètement satisfait de mourir pour le Seigneur je sacrifiai volontiers ma chair sans crainte. C'est pourquoi je ne puis vous vous recommander de faire la pareille. Premièrement, parce que je ne sais pas ce qui est en vous. Secondement, parce que les enseignements de l'Évangile nous commandent 142
de souffrir avec patience tous les torts ; cependant, si celui qui m'a rempli de zèle vous rend digne vous ne serez ni arrêté, ni condamné ; car il fait parmi son peuple des œuvres ineffables dans tous les âges qu'aucun homme ne saurait comprendre. Je vous prie humblement de juger avec le meilleur esprit et de ne pas condamner les œuvres de Dieu ; car je ne puis exprimer de ma bouche les grandes miséricordes que Dieu m'a montrées dans ce cas dont je ne me repens pas.
Smith - N'êtes-vous pas sûr d'avoir à mourir pour cet acte, et cela avec violence ?
Flower - J'ai, avant que l'acte ne fut commis, sacrifié mon corps à la mort pour cela ; c'est pourquoi je portais sur moi, en écrit, mon opinion de Dieu et des Saintes Écritures ; que s'il avait plu à Dieu de leur permettre de me tuer dans l'église, ils auraient vu, dans l'écrit, que mon espérance qui (j'en remercie Dieu) est gardé sûrement sur ma poitrine ; étant sûr de la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur, et fort chagrin pour tous mes péchés, ci espérant que bientôt, par sa miséricorde je cesserai de les commettre.
Smith - Je n'ai pas besoin de parler avec vous de l'espérance que vous avez davantage ; car je m'aperçois (Dieu en soit loué) que vous êtes dans un bon état ; et c'est pourquoi je supplie Dieu d'étendre ses ailes sur vous afin que, comme vous avez été zélé par amour pour lui, même jusqu'à faire la perte de cette vie, il vous donne son Saint-Esprit pour vous conduire à une meilleure vie, ce qui, je crois, arrivera prochainement.
Flower - J'ai hâte que cela soit, cher ami, étant assuré qu'ils peuvent tuer le corps et que je recevrai la vie éternelle et ne verrai plus la mort. Robert Smith partit alors, laissant Flower dans le cachot.
Après quelque temps, il fut amené devant l'évêque qui lui administra, sous serment, plusieurs articles. Mais ne répondant pas d'une manière satisfaisante, il fut renfermé à la prison Fleet. Alors il fut amené devant le gardien et trouvé coupable d'avoir maltraité un prêtre dans l'exécution de ses devoirs et aussi pour maintenir de damnables hérésies. L'évêque lui demanda, alors, s'il connaissait quelque cause pour laquelle on ne devrait pas prononcer sentence contre lui comme hérétique ? Flower répondit, "Je n'ai absolument rien à dire, car je ne me départirai pas de ce j'ai déjà dit ; et faites en conséquence ce que vous voudrez.
L'évêque passa alors sentence sur lui comme hérétique et le livra au pouvoir séculier.
Le 24 avril, 1555, il fut conduit au bûcher à la cour de l'église de Ste.
Marguerite,Westminster, au milieu d'un nombre prodigieux de spectateurs. Là, il s'agenouilla et pria comme suit: