La Chrysalide by Sayed el Fassi - HTML preview

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évènements due à la dilatation spatio-temporelle (perte de la non-

séparabilité) et par le bruit de fond d'agitation du vide qui une fois

dilaté produisait des variations non souhaitées...

–Toute décision concernant l'évolution du monde 3D était prise à

l'unanimité par non-séparabilité21 quantique au niveau de la

programmation extérieure, en tenant compte de l'énorme

divergence temporelle entre l'espace de réalisation et l'espace de

décision.

–Le Libre Arbitre avait été défini au départ, afin de garantir une

évolution non biaisée. Bien sûr, il était aussi responsable de

désordre mais c'était un mal nécessaire.

Des lois puissantes étaient à l'œuvre pour orchestrer l'évolution

des acteurs (non-séparabilité quantique, communication cellulaire)

mais le développement de l'humain et sa séparation mentale des

mécanismes sous-jacents avait nécessité le renforcement, à

plusieurs reprise, de la force de cohésion mise en place par la

notion d'amour.

21 ht

tp://www.astronomes.com/c7_bigbang/p752_epr.html

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–Un autre mécanisme de correction était apporté par la commande

des mutations du génome des Biohums qui permettait de parer aux

grandes épidémies (peste, etc...)

En fait, pour la scientifique qu'elle était, elle se voyait de plus en

plus comme le cobaye d'une expérience grandeur nature, conduite

en double aveugle, afin de ne pas fausser les résultats ! Mais, d'un

autre côté, elle commençait à comprendre qu'elle était aussi

l'instigatrice de l'expérience et cela la laissait perplexe...

Dans le même temps, la première expédition de démarrage d'un

programme de « terraformation » était dans sa phase de

préparation finale au point de Lagrange L2.

Oh, bien sûr, il ne s'agissait plus de fabriquer un double de notre

bonne vieille terre, mais de stabiliser et enrichir une planète de

type terrestre, en tenant compte des aspirations de la future

communauté Biohum candidate à sa colonisation, afin de

permettre une implantation durable.

Ainsi, parmi les systèmes planétaires proches, réunissant tous les

critères sélectionnés pour cette première tentative, avait été choisie

l'étoile 55 Cancri, située à une distance de 41 années-lumière dans

la constellation du Cancer.

En effet, tournait autour d'une des géantes gazeuse de ce système,

une planète de type terrestre qui semblait avoir toutes les qualités

requises... (Un message avait d'ailleurs été envoyé en l'an 2003

vers cette planète et aucune réponse n'avait été reçue depuis

l'année de son arrivée en 2044). Mais l'on savait depuis longtemps

que nous étions bien seuls, la question ne se posait donc plus !

Il avait été décidé de faire ce voyage en 1 heure de temps local

soit, de pousser le facteur M.V.L (Multiple Vitesse Lumière) à

10432 et pour cela, 500 Biohums spécialisés avaient embarqué,

pour la maîtrise des énergies, auxquels il fallait rajouter les 125

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Biohums Asperger nécessaires à la terraformation. Enfin, un bon

millier de Cyborgs22 et autres machines Cybernétiques spécialisées

étaient également du voyage. Mais, vu les dimensions du vaisseau,

qui les attendait au point L2, celui-ci semblerait encore bien

désert...

Le déplacement fut comme d'habitude intense en émotions surtout

qu'à cette vitesse l'espace devenait un milieu liquide qui s'écoulait

de chaque côté du vaisseau comme aurait pu sans doute le

percevoir un ancien poisson des torrents de la terre et

l'expression :« heureux comme un poisson dans l'eau » prenait

alors tout son sens pour le Biohum : un « Asperger », c'est ainsi

que les autres le nommaient, mais il ne leur en voulait pas car il

savait que cette appellation était une marque de respect et

d'admiration. Il percevait bien plus que le « poisson » mais il ne

voulait pas en parler car on ne l'aurait pas cru !

L'heure fut vite passée et la « rivière » ralentit puis les étoiles

réapparurent et enfin, tout s'arrêta.

Le spectacle était grandiose ! Le vaisseau s'était stabilisé à bonne

distance d'une des 4 planètes géantes du système et l'on voyait sur

la gauche l'étoile de type solaire et derrière le vaisseau, l'étoile

rouge, diffusant une douce lumière. En face du vaisseau, la planète

géante gazeuse, de la taille de notre Jupiter, resplendissait d' une

infinité de couleurs et, légèrement sur la droite à bonne distance

pour ne pas souffrir des forces de marée, une planète d'un beau

gris clair qui résultait de sa saturation en CO2. C'était d'ailleurs le

principal problème à résoudre et pour cela, les compartiments

géants des secteurs planctoniques avaient été ensemencé de

Diatomées23 mises dans un environnement propice à une

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tp://fr.wikipedia.org/wiki/Cyborg

23 ht

tp://fr.wikipedia.org/wiki/Bacillariophyta

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Bipartition24 rapide. Le computeur central avait calculé qu'il

suffirait d'ensemencer massivement les mers de la planète avec

cette soupe pour obtenir en quelques semaines la captation du

CO2 atmosphérique excédentaire et libérer dans l'atmosphère une

quantité d'oxygène suffisante pour les organismes biologiques tels

que ceux des Biohums. Ensuite, les Machines paysagistes seraient

envoyées sur la planète, pilotées par les « Aspergers » pour

modeler la surface selon les aspirations de la future colonie et

construire les habitats, les usines de tofu pour l'alimentation, les

centrales de recyclage, les centrales inertielles pour l'énergie, les

centres de gestation et d'apprentissage. Les systèmes de

communication satellite seraient également installés. En tout,

l'opération dura 3 mois. Trois petits mois pour rendre une planète

habitable par une communauté de 200000 Biohums et le jour du

retour arriva : Dans une heure, tout le monde serait de retour sur

terre, avec une pensée particulière pour ce premier monde modelé

pour accueillir l'humanité.

Pour Zahra al-Jamil, la période écoulée avait apporté plus

de questions que de réponses :

_ Pourquoi tant de drames et de douleurs sur le chemin de

la vie ?

_ Quel pouvait bien être le but final ?

_ Comment saurions-nous que le but est atteint ?

Mais, malgré tout, certains aspects commençaient à s'éclaircir.

Elle s'était plongée dans la littérature et avait trouvé d'excellentes

hypothèses concernant la machinerie universelle à l'œuvre.

Et, contrairement aux anciens qui pensaient que dieu était tout

24 ht

tp://fr.wikipedia.org/wiki/Bipartition

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puissant, il fallait bien admettre aujourd'hui comme l'avait

d'ailleurs pressentit un physicien du 20eme siècle, non seulement

« Dieu » jouait aux dés mais il ne savait pas où il les lançait ! Une

seule chose semblait sûre : Le but était parfaitement défini. Oui !

Mais lequel ?

Parmi ces modèles, celui des univers multiples que l'on appelait au

20eme siècle le « Multivers » semblait particulièrement adapté aux

résultats récemment obtenus car il rendait compte de l'aspect

quantique de l'espace de décision qui imposait que toutes les

valeurs possibles de toutes les constantes de l'univers soient

réalisées dans la projection. Ainsi, il devait bien y avoir une

infinité de mondes, chacun expérimentant son propre espace

tridimentionnel, dépendant de ses valeurs initiales, ce qu'avait

d'ailleurs laisser entendre la génitrice de Zahra...

Elle sentait qu'elle ne pourrait pas aller plus loin et pire, elle était

maintenant persuadée que cela était intentionnel et faisait partie

intégrante du processus :

« protocole expérimental en double aveugle »

« circulez, y' a rien à voir ! »

Quand même, une question la préoccupait... Dans l'hypothèse de

plus en plus vraisemblable d'une infinité de mondes, il devait y en

avoir un petit nombre ayant des paramètres extrêmement proches

du nôtre et donc, nous n'étions pas forcément « les seuls »...

Ou alors, seul notre univers permettait l'apparition de la vie et sa

complexification dans ce cas, que devenait la multiplicité des

situations possibles. Autrement dit, étions nous vraiment seuls ?

Il fallait qu'elle simule les effets de la variation des conditions

initiales afin de préciser tout ça !

Restait à divulguer la grande nouvelle à l'ensemble de la

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population de la planète, Biohums et Cyborgs mais elle n'était pas

inquiète car les habitants de la terre étaient devenus ouverts et

responsables et ce ne serait après tout, qu'une nouvelle donnée à

intégrer...

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Découverte

Le grand vaisseau avait été chargé pour sa deuxième

mission dont le lancement était prévu pour le 23 Septembre 2188.

La première s'était passée sans problème et il avait été décidé cette

fois-ci de faire un grand bond. En effet, la destination finale avait

été programmée pour un système planétaire de la galaxie

d'Andromède25, notre voisine, tout de même éloignée de 2,5

millions d'années lumières, pour ne pas trop « chauffer les

moteurs », une année de voyage avec un glissement (M.V.L)

spatio-temporel de 2,5 106. Une telle vitesse ne nécessitait que

1250 Biohums spécialisés au lieu des 1250000 théoriques, grâce

au développement de l'amplificateur de champ.

Malgré ce petit nombre, on avait préparé le vaisseau avec des

quantités importantes de matériels et de machines car le monde

choisi comme destination était suffisamment éloigné pour avoir

gardé beaucoup de ses secrets. Seules sa masse et sa position, par

rapport à son étoile, étaient connues et son spectre atmosphérique

apportait la preuve de la présence d'oxygène et d'eau. Les 1250

« Asperger » étaient accompagnés des premiers 200000 futurs

habitants. En plus, de grandes quantités de germes et embryons de

toutes espèces avaient franchi les portes du vaisseau selon le désir

des colons afin de préparer les futurs plantes et organismes vivants

choisis pour enrichir la planète. Après tout, c'était une bonne façon

de s'occuper durant le voyage...

Malgré cela, MSPOC-001 (Machine Synthétique à Potentiel

d'Observation et de Construction) était préoccupé : Comment allait

se comporter le vaisseau dans l'espace, loin de la matière noire qui

25 ht

tp://fr.wikipedia.org/wiki/Galaxie_d%27Androm%C3%A8de

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maintenait la cohésion de la galaxie ? Dans un tel vide, le

déplacement hyper-luminique n'avait pas été tenté et seules les

simulations des computeurs quantiques avaient permis de préciser

son fonctionnement et de conclure que la « Quintessence » étant

partout, tout devrait bien se passer !

Le processeur de gestion, de la direction suivie par le vaisseau,

était chargé d'éviter les trous noirs car le comportement du

vaisseau dans une telle portion d'espace repliée était encore sujet à

controverses (certains voyaient un dédoublement du vaisseau,

d'autres, une disparition pure et simple)...

Mais, l'essentiel était que tout le monde (Cyborgs comme

Biohums) y croyait. Il faut dire que la croyance avait repris

quelques galons depuis que la Biohum Zahra al-Jamil avait

divulgué l'information au monde entier concernant l'illusion de la

3eme dimension. De plus en plus de terriens se disaient que s'ils

étaient assez nombreux à penser, leurs pensées finiraient bien par

exister quelque part...

Bref, dans l'ensemble, tout le monde était confiant et ne se posait

pas trop de questions et certains affirmaient même que tout

pouvait être testé puisque c'était la mission...

Bref, le départ fut donné comme prévu le 23 Septembre à 14

heures.

Pour ce deuxième voyage, le premier dans une autre galaxie, le

plan de vol avait été construit en six parties :

–Déplacement jusqu'à 5 heures lumière de la planète.

–Etude de son atmosphère et de sa surface.

–Saut d'approche finale à 5 minutes lumière.

–Amondissage de robots éclaireurs.

–Lancement du processus de mondoformation si pas de contre

ordre.

–Implantation massive des Biohums.

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Le premier « saut » fut effectué sans encombre et les 11 mois et

demi qui s'écoulèrent permirent à la plupart des Biohums de visiter

l'ensemble des coursives et des salles du gigantesque vaisseau. La

sélection et la germination des plants et organismes apportés par

les Biohums, pour peupler leurs nouvelle planète leur procuraient

une activité quotidienne qui était la bienvenue.

Le défilement ultra-rapide de l'espace ralentit progressivement et

la lumière d'une étoile semblable à notre soleil se stabilisa dans la

sphère de projection. Cela fit un certain effet sur les Biohums car

le premier voyage s'était effectué dans un système planétaire très

différent de l'environnement terrestre mais ici, la ressemblance

avec le système solaire était frappante. Les images retransmises

dans la sphère par le télescope faisaient apparaître 4 grosses

planètes tournant dans le sens contraire de l'étoile et en demandant

un zoom, on voyait 3 planètes plus petites, de la taille de la terre,

situées plus près de l'étoile. La première était d'une couleur bleue

intense et l'ordinateur indiquait quelle serait la destination finale.

Le lancement de l'analyse de l'atmosphère et le lancement d'une

sonde pour analyser la surface furent faits et tous les êtres présents

dans le vaisseau étaient suspendus à leur sphère de projection dans

l'attente des premiers résultats.

Puis, les données arrivèrent :

Rayon équatorial : 8321,137 km

Masse : 9,9736×1024 kg

Gravité à la surface : 1,02035 g

puis :

Pression atmosphérique : 101825 Pa

N2 : 79%

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O2 : 21%

Ar : 0,9%

Vapeur d'eau : 5%

CO2 : 0,028%

Et enfin les données de la sonde de surface :

Surface recouverte d'eau liquide : 65%

Nombre de continents majeurs : 4

Température moyenne de surface : 15O C

Et enfin, l'évaluation du processeur :

Planète habitable !

Puis les premières images renvoyées par la sonde parvinrent au

vaisseau et là, quelque chose n'allait pas ou plutôt tout allait trop

bien !

La camera grand champ de la sonde montrait un panorama à 360O

sur lequel était visible sur la gauche, une grande étendue d'eau

calme, au centre et au fond, une haute chaine montagneuse avec

en avant plan une grande étendue verte et lisse et, à droite, un

désert de sable jaune, ondulé de façon très régulière.

Bref, tout sauf ce que l'on s'attendait à trouver sur un monde vierge

: Montagnes déchiquetées, forêts, collines, gouffres, dunes, mers

agitées, sans parler des organismes vivants... enfin, le résultat

comme sur terre de la tectonique des plaques et de l'éclosion de la

vie ! Surtout qu'un petit satellite avait été détecté et que les forces

de marées devaient agir comme sur terre...

MSPOC-001 était perplexe... aucun modèle ne permettait

d'expliquer une telle vision et cela ne lui disait rien qui vaille... Il

pris la décision d'envoyer l'ordre à la sonde de changer de position

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afin d'explorer une autre portion de la planète.

La sonde coupa les communications, parcourut 7500 km vers

l'ouest et repris contact avec le sol. La retransmission des images

recommença et ce fut une grosse surprise : Le même panorama,

aussi figé que précédemment s'affichait dans la sphère de

projection.

Que se passait-il ? Il savait que tout était illusion mais de là à ne

plus respecter les lois fondamentales, ça allait trop loin !

Tous les membres du vaisseau avaient vu la même chose et ils

demandèrent la tenue d'un conseil afin de tenter d'expliquer ce

phénomène.

Certains imaginaient l'utilisation des films à distorsion qui

rendaient les objets invisibles mais à de telles échelles, cela

paraissait impossible...

D'autres étaient prêts à accepter cela sans broncher car après tout,

tout était possible...

Puis, un membre Cyborg prit la parole et dit :

« Je crois que nous faisons une erreur ! En effet, nous partons tous

du principe que nous sommes la seule espèce suffisamment

développée pour avoir pu accéder à la technologie que nous

connaissons mais si nous pensons le contraire, tout devient plus

clair et nous devons examiner ces faits sous l'éclairage d'une autre

espèce développée qui verrait arriver un vaisseau inconnu. Que

ferait-elle ?

Eh bien, peut-être qu'elle se cacherait en renvoyant des images

virtuelles afin de se donner le temps d'étudier le problème et

notamment d'évaluer le danger potentiel. Ainsi, pendant que nous

dissertons sur de troublantes images de sable fin et de mer calme,

l'ensemble de notre vaisseau est passé au scanner et si j'ai raison,

nous ne devrions pas attendre très longtemps le contact...

Reste la question de la non découverte de ces mondes, en tout cas

dans notre galaxie. Peut-être qu'il en est ainsi et que les choses

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sont organisées en n'autorisant le développement et l'expansion

que d'une espèce intelligente par galaxie. Ce qui permet un

développement sans risque de rencontre avant que les êtres aient

atteint le niveau de sagesse nécessaire.

Et puis, cela collait... Des milliards de milliards d'univers, remplis

de milliards de milliards de galaxies, abritant chacune une seule

espèce, c'était déjà pas mal, même si un seul de ces univers

permettait d'abriter la vie.

Ils regardaient toujours la projection statique de la surface de la

planète quand celle-ci se mit à trembler et à devenir floue pour

finir totalement grise puis, un éclair de lumière blanche envahit la

sphère et chacun retint sa respiration.

La sphère s'illumina d'un bleu ciel intense avec un éclat jaune

irradiant depuis le haut à droite et sur la gauche. Au centre, une

cascade d'eau claire dans laquelle sautaient ce qui semblait être

des êtres vivants biologiques. Puis, derrière le torrent, une chaine

de montagnes acérée, recouverte de neige, apparut en se déroulant

de bas en haut comme une feuille de plastoplast.

En bas de la cascade, une grande étendue végétale, parsemée de

structures de toutes les couleurs qui semblaient être des fleurs, et

sur lesquelles virevoltaient des créatures ailées de grandes tailles.

Puis, sur la droite, un parterre d'une substance qui faisait penser à

une mousse de couleur gris-orangé s'étendait sur toute la surface.

Le spectacle était déjà si saisissant qu'il déclenchait un sentiment

croissant de nostalgie chez certains Biohums. Puis une structure

filiforme et élancée commença à s'élever depuis le sol comme une

flèche jusqu'à atteindre les nuages bas de vapeur d'eau qui

circulaient dans le ciel. Le bâtiment (où plutôt la ville) paraissait

fabriqué avec un mélange de gommes translucides qui reflétait les

couleurs environnantes en torsades reliées par des fils argentés.

Puis, la séquence s'arrêta.

Quinze minutes s'écoulèrent sans changement et le conseil des

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Biohums, après avoir reçu une majorité de demandes, décida de

répondre à ce qui venait de se passer en activant une séquence

d'émissions lumineuses générées par toute la surface de la

gigantesque sphère du vaisseau, rythmée par une ancienne création

musicale du 21eme siècle qui s'intitulait « Hymne à la nature ». Le

morceau durait 10 minutes et il fut diffusé dans un silence général.

Puis, plus rien ! Sauf qu'au bout de quelques secondes, des nuages

évoluants dans le ciel de la planète se mirent à trembler et

formèrent de nouvelles structures qui faisaient penser à des

libellules avec de grandes ailes qui battaient lentement à l'unisson.

Soudain, les scanners du vaisseau détectèrent des mouvements et

le computeur central envoya sur toutes les sphères de projection

une vue extérieure grand champ. Le spectacle semblait irréel et

magique, comme tout à l'heure sur la surface de la planète, car,

sortant du vide noir de l'espace, des couronnes lumineuses

s'éclairaient petit à petit, tout autour du vaisseau, en envoyant vers

celui-ci des éclats multicolores.

Puis, tout se stabilisa et ce qui ressemblait à de grands tores

translucides aux contours argentés apparurent.

Les Biohums (et les Cyborgs) avaient déjà eu leur lot de surprises

mais là, c'était stupéfiant !

Remis de leurs premières émotions, les membres du conseil du

grand vaisseau se demandaient comment aller plus loin, comment

engager une communication. On pouvait imaginer une infinité de

codages des concepts mais comment s'assurer d'être parfaitement

compris. Après tout, ces êtres semblaient pacifiques mais les

Biohums émettaient encore quelques réserves...

C'est alors qu'un jeune Biohum, expert en pilotage de vaisseau,

émit l'idée suivante :

« Nous avons découvert notre vraie nature et la communication

avec nos « décédés » donc, nous pouvons supposer que les mêmes

lois s'appliquent pour toute autre civilisation. Alors, évidemment,

100

leurs « morts » s'expriment dans leur langage mais il est naturel de

supposer que, là-bas au confins de l'univers, la communication soit

par nature, universelle.

Il fut donc décidé de tenter une expérience de communication en

utilisant les Biohums naviguants nantis de leurs équipements qui

étaient très semblables à ceux utilisés pour établir la

communication avec les « défunts ».

La mise en route ne posait aucun problème mais là, ils allaient

demander l'établissement d'une communication avec des

extraterrestres, en utilisant leurs « anciens » comme traducteurs...

Il ne fallut qu'une dizaine de minutes pour reconfigurer le système