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ISBN : 359-2-85933-609-1
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Données de catalogage avant publication
Edité et Crée par : Le Groupe International de la Nouvelle Alliance.
Imprimé au Royaume-Uni.
Première impression le 26 mai 2020
Publié par New Covenant Publications International Ltd.
Kemp House, 160 City Road, London, EC1V 2NX
Visitez le site web : www.newcovenant.co.uk
Si nous devons mourir – que ce ne soit comme porcs
Traqués parqués dans un coin déshonorant
Alors qu’autour de nous, les chiens affamés,
Se moquant de notre sort maudit, aboient de rage.
Si nous devons mourir, – oh, que ce soit dignement,
Que notre sang précieux ne soit pas versé
En vain ; car, s’ils sont obligés d’honorer
Notre mort, nous défierons même des monstres !
Oh, mes Frères ! Affrontons notre ennemi commun ;
Bien que beaucoup moins nombreux, soyons courageux,
Et à leurs multiples coups répondons d’un coup fatal !
Qu’importe si devant nous s’ouvre une tombe ?
Comme des hommes, nous braverons la lâche meute meurtrière
Dos au mur, mourants, mais en se défendant !
Si Nous Devons Mourir, 1919
If We Must Die
Claude McKay
Cette page a été laissée vierge intentionnellement.
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New Covenant Publications International reconnecte le lecteur avec le plan divin liant le ciel et la terre et renforçant la perpétuité de la loi de l'amour. Le logo, l'Arche de l'Alliance, représente l'intimité entre le Christ Jésus et Son peuple et la centralité de la loi de Dieu. Comme il est écrit : « Mais voici l’alliance que je ferai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit l’Eternel : Je mettrai ma loi au-dedans d’eux-mêmes, je l’écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. » (Jérémie 31: 31-33; Hébreux 8: 8-10). Par conséquent, la nouvelle alliance embrasse un peuple dans le cœur duquel Son amour et Sa loi sont unis et inscrits, même au milieu de violents conflits, de débauche et de tromperies sans frein.
Pendant de nombreux siècles, beaucoup ont souffert d'affliction, d'oppression incompréhensible et de guerre agressive, susceptibles de faire disparaître la vérité et d'effacer la connaissance de Dieu. En particulier au moyen âge, la vérité avait été grandement obscurcis par les traditions humaines et l’ignorance populaire, car les habitants du monde entier avaient méprisé la sagesse et transgressé l’alliance. Le fléau de compromis avec les maux qui proliféraient provoquèrent un déferlement de dégénération débridée et inhumanité diabolique, que beaucoup de vies furent injustement sacrifiées, refusant de se rendre le droit de conscience. Néanmoins, une connaissance perdue a été rétablie, spécialement pendant la Réforme.
L’Histoire, spécialement pendant l’ère de la Réforme au 16ème siècle marque un important moment de vérité, un changement fondamental et de la turbulence en conséquence, comme le montra l’exemple du mouvement de la Contre-Réforme mouvement. Cependant, dans ce volume, on redécouvre la portée indéniable de cette révolution singulière du point de vue des réformateurs et d’autres témoins de premier plan. De leurs récits, on peut comprendre les batailles dévastatrices et les raisons qui sous-tendent une telle résistance phénoménale. On peut même sonder les mystères impénétrables, les controverses virulentes et les interventions surnaturelles.
Notre devise: « Livres Réformés, Esprits Transformés » accentue le genre littéraire distinct, composé dans une ère critique et son incidence. Elle se fait aussi l’écho de l'urgence de la réforme personnelle, la renaissance et la transformation. A l’instar de la presse de Gutenberg, couplée par l'œuvre de la traduction, qui diffusa les principes de la foi réformée, il y a quelque 500 ans, la presse et les médias en ligne digitalisés se devraient de communiquer dans toutes les langues la lumière de la vérité dans ces derniers temps.
Ce livre est dédié à Dieu Éternel.
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Table des Matières
Chapitre V - L’Inquisition et Les Persécutions en Espagne, Portugal et L’Italie ................. 32
Chapitre XI - Accession de la Reine Marie et Les Persécutions pendant son Règne ......... 112
Chapitre XII - Les Souffrances et Martyre de l’Evêque Hugh Latimer et Autres .............. 151
Chapitre XVIII - Persécutions en Angleterre pendant le Règne de la Reine Marie ............ 210
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Chapitre I - Les Premières Persécutions Générales sous Néron Le Christ notre Sauveur, dans l'Évangile de saint Matthieu, entendant les aveux de Simon Pierre, qui, tout d'abord, le reconnut ouvertement comme étant le Fils de Dieu, et percevant la main secrète de son Père, l'appela (faisant allusion à son nom), un rock sur lequel il bâtirait son Église si forte que les portes de l'enfer ne prévaudraient pas contre elle. En ces mots, trois choses sont à noter : premièrement, le Christ aura une Église dans ce monde. Deuxièmement, que la même Église puisse fortement être contestée, non seulement par le monde, mais aussi par la force et les pouvoirs les plus extrêmes de l’enfer tout entier. Et, troisièmement, que cette même Église, malgré l’extrémisme et toute la malice du diable, devrait continuer.
Quelle prophétie du Christ nous voyons merveilleusement être vérifiée, si bien que toute la marche de l'Église jusqu'à nos jours ne peut sembler rien d'autre qu'une vérification de ladite prophétie. Premièrement, le fait que le Christ ait établi une Église, n'a besoin d'aucune déclaration. Deuxièmement, quelle force de princes, de rois, de monarques, de gouverneurs et de dirigeants de ce monde, avec leurs sujets, publiquement et confidentiellement, avec toute leur force et leur ruse, se sont pliés contre cette Église! Et, troisièmement, comment ladite Église, en dépit de tout cela, a-t-elle pourtant enduré et tenu d’elle-même! Que d’orages et de tempêtes qu’elle a dépassés, qu’il est merveilleux de le contempler : pour la déclaration la plus évidente de quoi, j'ai abordé cette histoire présente, à la fin, tout d'abord, que les merveilleuses œuvres de Dieu dans son Église pourraient apparaître à sa gloire ; de même que, la continuation et la procédure de l'Église, de temps en temps, étant exposés, plus de connaissance et d'expérience peuvent ainsi en résulter au profit du lecteur et de l'édification de la foi chrétienne.
Comme il n’est pas de notre devoir d’élargir l’histoire de notre Sauveur, que ce soit avant ou après sa crucifixion, nous ne trouverons que nécessaire de rappeler à nos lecteurs la déconfiture des Juifs par sa résurrection subséquente. Bien qu'un apôtre l'ait trahi ; bien qu’un autre l’ait nié sous la sanction solennelle d'un serment ; et bien que le reste l'eût abandonné, à moins que nous ne puissions, excepté "le disciple connu du grand prêtre" ; l'histoire de sa résurrection donna une nouvelle direction à tous leurs cœurs et, après la mission du Saint-Esprit, leur conféra une confiance nouvelle à leurs esprits. Les pouvoirs dont ils étaient dotés les encourageaient à proclamer son nom, et ce, à la confusion des dirigeants juifs et à l'étonnement des prosélytes païens.
1. Saint-Étienne.
Saint-Étienne a été le prochain à souffrir. Sa mort a été occasionnée par la fidélité avec laquelle il a prêché l'Evangile aux traîtres et aux meurtriers du Christ. À un tel degré de folie ils étaient excités, qu'ils l'ont jeté hors de la ville et l'ont lapidé à mort. Le moment où il a souffert est généralement supposé avoir été à la Pâque juive qui a succédé à celle de la crucifixion de notre Seigneur, et à l'ère de son ascension, au printemps suivant.
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Sur ce, une grande persécution fut dirigée contre tous ceux qui professaient leur foi en Christ en tant que le Messie, ou en tant que prophète. Il nous est immédiatement dit par Saint Luc "qu'il y eut une grande persécution contre l'église, tout comme à Jérusalem" et "qu’ils étaient tous dispersés à l'étranger dans les régions de Judée et de Samarie, à l'exception des apôtres".
Environ deux mille chrétiens, avec Nicanor, l'un des sept diacres, ont souffert le martyre pendant la "persécution qui a émané au sujet d’Étienne”.
2. Jacques le Grand. Le prochain martyr que nous rencontrons, selon Saint Luc dans les Actes des Apôtres, était Jacques, fils de Zébédée, frère aîné de Jean, et un parent à notre Seigneur ; sa mère Salomé quant à elle était cousine germaine à la Vierge Marie. Ce n'est que dix ans après la mort d'Étienne que le second martyre eut lieu ; car à peine Hérode Agrippa fut nommé gouverneur de la Judée, que, pour s'en rapprocher, il souleva une vive persécution contre les chrétiens et voulut porter un coup efficace en frappant leurs chefs. Le récit que nous a donné un éminent écrivain primitif, Clément d'Alexandrie, ne doit pas être négligé ; ceci, tel que Jacques a été conduit au lieu du martyre, son accusateur a été amené à se repentir de son comportement par l'extraordinaire courage et l'intransigeance de l'apôtre, et est tombé à ses pieds pour implorer son pardon, se proclamant chrétien et proclamant que Jacques devrait ne pas recevoir la couronne du martyre tout seul. Par conséquent, ils ont tous deux été décapités au même moment. Ainsi, le premier martyr apostolique reçut gaiement et résolument cette coupe, dont il avait dit à notre Sauveur qu'il était prêt à boire. Timon et Parmenas subirent le martyre à peu près au même moment ; l'un à Philippes, et l'autre en Macédoine. Ces événements se déroulèrent en 44 après Jésus-Christ.
3. Philippe
Philippe est né à Bethsaïde, en Galilée et a tout d'abord été appelé par le nom de "disciple".
Il travailla diligemment dans la haute Asie et souffrit le martyre à Héliopolis, en Phrygie. Il a été flagellé, jeté en prison et ensuite crucifié, en 54 après Jésus-Christ.
4. Matthieu.
Matthieu dont l'occupation était celle d'un percepteur, est né à Nazareth. Il a écrit son Évangile en Hébreu, qui a ensuite été traduit en grec par Jacques le Petit. La scène de ses travaux était la Parthie, et l'Éthiopie, dans laquelle il souffrit le martyre, et fut tué par une hallebarde dans la ville de Nadabah, en 60 après Jésus-Christ.
5. Jacques.
Jacques le Petit est supposé par certains d'avoir été le frère de notre Seigneur, qui serait né d’une ancienne femme de Joseph. Ceci est très douteux et trop en accord avec la superstition catholique selon laquelle Marie n'a jamais eu d'autres enfants excepté notre Sauveur. Il avait été élu à la surveillance des églises de Jérusalem ; et était l'auteur de l'épître attribuée à Jacques 7
dans le canon sacré. À l'âge de quatre-vingt-quatorze ans, il fut battu et lapidé par les Juifs ; et a finalement eu son cerveau débusqué avec un club de fuller.
6. Matthias.
Matthias, de qui on en sait moins que de la plupart des autres disciples, a été élue pour occuper la place vacante de Judas. Il a été lapidé à Jérusalem puis décapité.
7. André
André était le frère de Pierre. Il a prêché l'évangile à de nombreuses nations asiatiques ; mais à son arrivée à Édesse, il fut emmené et crucifié sur une croix dont les deux extrémités étaient fixées transversalement dans le sol. D'où la dérivation du terme, la Croix de Saint-André.
8. Marc
Saint Marc est né de parents juifs de la tribu de Lévi. Il est censé avoir été converti au christianisme par Pierre, qu'il a servi en la qualité de secrétaire, et sous l'inspection de qui il a écrit son Évangile en langue grecque. Marc a été mis en pièces par les habitants d'Alexandrie, à la grande solennité de Sérapis leur idole, mettant fin à sa vie sous leurs mains impitoyables.
9. Pierre
Parmi beaucoup d'autres saints, le bienheureux apôtre Pierre a été condamné à mort et crucifié, comme certains écrivent, à Rome ; quoique d'autres, et non sans cause, en doutent vraiment. Hégésippe dit que Néron chercha le sujet incriminant Pierre afin de le condamner à mort ; qui, quand les gens s’en ont aperçu, ont prié Pierre avec beaucoup de bruit qu'il allait survoler la ville. Pierre, par son importunité enfin persuadée, se prépara à éviter. Mais, arrivant à la porte, il vit le Seigneur Christ venir à sa rencontre, à qui, adorant, il dit : "Seigneur, où vas-tu?". À qui Il répondit et dit : "Je suis venu de nouveau pour être crucifié” Par-là, Pierre, voyant sa souffrance être comprise, retourna dans la ville. Jérôme dit qu'il a été crucifié, sa tête pointant vers le bas et ses pieds vers le haut, si exigeant envers lui-même, parce qu'il était (dit-il) indigne d'être crucifié après la même forme et la même façon que le Seigneur l’avait été.
10. Paul.
Paul, L'apôtre, qui auparavant a été appelé Saul, après son grand travail et ses efforts indescriptibles dans la promotion de l'Evangile du Christ, souffrit aussi dans cette première persécution sous Néron. Abdias, déclare que sous son exécution Néron envoya deux de ses écuyers, Ferega et Parthemius, pour lui apporter la nouvelle de sa mort. Ils, venant à Paul instruisant le peuple, l'ont prié de prier pour eux, qu'ils pourraient croire ; qui leur a dit que peu de temps après ils devraient croire et être baptisés à son sépulcre. Cela fait, les soldats 8
sont venus et l'ont mené hors de la ville au lieu de l'exécution, où il, après ses prières faites, a donné son cou à l'épée.
11. Jude
Jude, Le frère de Jacques, était communément appelé Thaddeus. Il a été crucifié à Édesse, en 72 après Jésus-Christ.
12. Barthélemy.
Ayant prêché dans plusieurs pays et ayant traduit l'Évangile de Matthieu dans la langue de l'Inde, il l'a propagé dans ce pays. Il fut au final cruellement battu puis crucifié par les idolâtres impatients.
13. Thomas
Thomas appelé Didyme, a prêché l'Évangile en Parthie et en Inde, où excitant la rage des prêtres païens, il a été martyrisé en étant poussé à travers avec une lance.
14. Luc
Luc L'évangéliste était l'auteur de l'Évangile qui porte son nom. Il a voyagé avec Paul à travers différents pays et il est supposé avoir été pendu sur un olivier par les prêtres idolâtres de la Grèce.
15. Simon
Simon surnommé Zélotès, prêcha l'Évangile en Mauritanie, en Afrique et même en Grande-Bretagne, dans laquelle il fut crucifié en 74 après Jésus-Christ.
16. Jean
Jean Le "disciple bien-aimé" était le frère de Jacques le Grand. Les églises de Smyrne, Pergame, Sardes, Philadelphie, Laodicée et Thyatire furent fondées par lui. D'Éphèse, il reçut l'ordre d'être envoyé à Rome, où l'on affirme qu'il fut jeté dans un chaudron d'huile bouillante.
Il s'en était échappé sans blessure par miracle. Domitien l'avait ensuite banni à l'île de Patmos, où il écrivit le livre de l'Apocalypse. Nerva, le successeur de Domitien, le rappela. Il a été le seul apôtre à avoir échappé à une mort violente.
17. Barnabas
Barnabas était de Chypre, mais d'ascendance ou d’origine juive, sa mort est supposée avoir eu lieu vers l'an 73 après Jésus-Christ. Et pourtant, malgré toutes ces persécutions continuelles et ces châtiments atroces, l'Église s’agrandissait quotidiennement, profondément enracinée dans la doctrine des apôtres et des hommes apostoliques, et était arrosé abondamment avec le sang des saints.
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Le Livre des Martyrs de Foxe
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Chapitre II – L’Histoire des Dix Premières Persécutions
Les affreux martyres que nous allons décrire provinrent de la persécution des Chrétiens par la rage païenne, dans les premiers siècles de l'Église, et pendant trois cents ans, jusqu'au temps de Constantin le Grand.
Le premier martyr de notre sainte religion fut son saint fondateur lui-même, qui fut trahi par Judas Iscariot, condamné sous Ponce-Pilate et crucifié sur le calvaire.
Etienne, un diacre de la première église chrétienne fut son second martyr. Il fut lapidé.
Alors suivit Jacques, le frère de Jean, qui l'échappa belle et vécut à un âge très avancé, tous les autres apôtres semblent avoir été appelés à donner leur vie pour l'amour du Christ.
La Première Persécution, commençant l'année 67, sous le règne de l'Empereur Néron.
La première persécution des premiers siècles de l'Église fut sous Néron Domitius, le sixième empereur de Rome, A.D. 67. Ce monarque régna cinq ans avec modération ; mais ensuite il s'adonna aux plus grandes extravagances de caractère et aux plus atroces cruautés.
Parmi ses autres persécutions diaboliques, il commanda de mettre la ville de Rome en feu, ce que firent ses officiers, ses gardes et ses serviteurs. Pendant que la, ville était en flamme, il se rendit à la tour de Maecenas, joua de la harpe, chanta le chant de l'incendie de Troie, et déclara,
"Qu'il désirait la ruine de toutes choses avant sa mort." Cette terrible conflagration dura neuf jours.
Néron accusa les Chrétiens de ce forfait, à la fois pour s'en servir comme d'excuse pour lui-même et ensuite pour avoir une occasion de persécuter. Les cruautés infligées furent telles qu'elles excitèrent la sympathie des Romains eux-mêmes. Néron inventa des raffinements de cruautés et inventa toutes sortes de châtiments pour ses victimes. Il en fit coudre dans des peaux de bêtes sauvages et ensuite les faisaient dévorer par les chiens jusqu'à ce qu'ils mourussent ; et d'autres couverts de chemises induites de cire attachés à des pieux et mis en feu dans son jardin. Cette persécution fut générale dans tout l'empire romain ; mais elle accrut l'esprit du christianisme au lieu de le diminuer.
Seconde Persécution sous Domitien.
L'empereur Domitien, d'une disposition naturellement cruelle, souleva une seconde persécution contre les Chrétiens. Il fit d'abord mourir son frère, puis déclencha la seconde persécution contre les chrétiens. Dans sa fureur, il mit à mort certains sénateurs romains, les uns par malice, les autres pour confisquer leurs biens. Il ordonna ensuite la mise à mort de toute la lignée de David.
Parmi les nombreux martyrs qui souffrirent sous son règne, se trouva Siméon, évêque de Jérusalem, qui fut crucifié. Flavie, la fille d'un sénateur Romain, fut bannie du Pont ; et on 11
passa une cruelle loi, "Qu'aucun Chrétien, une fois cité devant un tribunal, ne pouvait échapper au châtiment sans renoncer à sa religion."
Diverses histoires inventées furent, sous ce règne, composées dans le but de nuire aux chrétiens. L'engouement des païens était tel que, si une famine, une peste ou un tremblement de terre frappait l'une des provinces romaines, on en attribuait la responsabilité aux chrétiens.
Ces persécutions contre les chrétiens augmentaient le nombre de délateurs et beaucoup, par appât du gain, juraient la mort d'innocents.
Une autre difficulté était que, lorsque des chrétiens étaient amenés devant les magistrats, on leur proposait un serment d'essai ; s'ils refusaient de le prêter, la mort était prononcée contre eux ; et s'ils se confessaient chrétiens, la sentence était la même. Parmi les nombreux martyrs qui ont souffert pendant cette persécution, les plus remarquables sont les suivants.
Denys, l'Aréopagite, était athénien de naissance et avait reçu une éducation dans toute la littérature utile et ornementale de la Grèce. Il se rendit ensuite en Égypte pour étudier l'astronomie, et fit des observations très particulières sur la grande éclipse surnaturelle qui se produisit au moment de la crucifixion de notre Sauveur.
La sainteté de sa conversation et la pureté de ses manières le recommandèrent si fort aux chrétiens en général, qu'il fut nommé évêque d'Athènes. Nicodème, un chrétien bienveillant d'une certaine distinction, souffrit à Rome pendant la rage de la persécution de Domitien.
Protasius et Gervasius furent martyrisés à Milan.
Timothée était le célèbre disciple de saint Paul et évêque d'Éphèse, où il gouverna l'Église avec zèle jusqu'en 97. A cette époque, alors que les païens s'apprêtaient à célébrer une fête appelée Catagogion, Timothée, rencontrant la procession, leur reprocha sévèrement leur idolâtrie ridicule, ce qui exaspéra tellement le peuple qu'ils se jetèrent sur lui avec leurs massues, et le battirent d'une manière si épouvantable qu'il expira des suites de ses contusions deux jours plus tard.
Troisième Persécution sous les Empereurs Romains.
Quand Nerva succéda à Domitien, il donna du repos aux Chrétiens ; mais, ne régnant que treize mois, son successeur Trajan, en l'an 108, commença la troisième persécution. Pendant que cette persécution faisait des ravages, Pline Second, un philosophe païen, écrivit à l'empereur en faveur des Chrétiens. A son épître Trajan fit cette réponse indécise : " Que l'on ne devait pas rechercher les Chrétiens, mais que quand ils étaient cités devant le magistrat on devait les punir." Choqué d'une telle réponse, Tertullien s'écria : "Ô arrêt confus ! il ne voudrait pas qu'on les recherche comme personnes innocentes, et cependant on voudrait les punir comme coupables."
Adrien succéda à L'empereur Trajan qui continua la persécution avec la plus grande vigueur. Phocas, évêque du Pont, refusant de sacrifier à Neptune, fut, par son ordre immédiat, 12
jeté d'abord dans un fourneau à chaux ardent et ensuite étant tiré de là fut jeté dans un bain bouillant où il expira.
Ignace, évêque d'Antioche, défendit hardiment la doctrine du Christ devant l'empereur, et sur cela, il fut jeté en prison et cruellement tourmenté ; car, après avoir été fouetté, il fut forcé de tenir du feu dans ses mains, tandis que des papiers trempés dans l'huile furent mis à ses côtés et allumés ! Sa chair fut alors déchirée avec des tenailles chauffées, et enfin il fut déchiré par les bêtes sauvages.
Pendant le martyre de Faustin et de Jovite, frères et citoyens de Bressia, leurs tourments furent si considérables et leur patience si ferme, que Calocerius, un païen, en les regardant fut rempli d'admiration, et s'écria avec ravissement, " Grand est le Dieu des Chrétiens !" pour cela il fut arrêté et mis à mort.
Antonin le Pieux succéda à Adrien, monarque si aimable, que son peuple lui donna le titre de "Le Père des Vertus". Immédiatement après son accession il publia un édit défendant de persécuter davantage les Chrétiens, et le termina par ces mots ; "Si quelqu'un ci-après, moleste ou dérange les Chrétiens, n'ayant nulle autre cause que le fait qu'ils sont tels, que les accusés soient relâchés et que les accusateurs soient punis."
Quatrième Persécution sous l'Empire Romain, qui commença A.D. 162.
Marcus Aurelius Antoninus Verus succéda à Antoninus Pius, qui commença la quatrième persécution dans laquelle plusieurs Chrétiens furent martyrisés, surtout en Asie et en France.
Les plus grandes cruautés furent pratiquées dans cette persécution. Quelques-uns des martyrs furent obligés de passer, leurs pieds déjà blessés, sur des épines, des clous et des coquillages aigus, etc. ; et, après avoir enduré les plus cruelles tortures, ils furent détruits par une mort des plus cruelles.
Germanicus, un jeune Chrétien, étant livré aux bêtes féroces, se conduisit avec un courage si merveilleux, que plusieurs païens se convertirent à une foi qui inspirait un tel courage.
Polycarpe apprenant que des personnes le cherchaient pour l'arrêter, s'échappa, mais fut découvert par un enfant. Il fut mené devant le proconsul, condamné, et mis à mort sur la place du marché. Douze Chrétiens, qui avaient été intimes avec lui, furent bientôt après martyrisés.
Justin, célèbre philosophe, et l'auteur d'une apologie du Christianisme, mourut comme martyr dans cette persécution. Ayant été pris, avec six de ses compagnons, on leur commanda de renier leur foi, et de sacrifier aux idoles païennes. Ils refusèrent, et furent en conséquence condamnés à être fouettés d'abord et ensuite décapités.
Certaines circonstances firent cesser la persécution pour un temps, au moins dans les provinces sous l'inspection immédiate de l'empereur ; mais elle se ralluma bientôt en France, particulièrement à Lyon, où les tortures auxquelles plusieurs Chrétiens furent soumis dépassent toutes descriptions (voir l'Épître des Églises de Lyon et de Vienne aux Églises 13
d'Asie). Les martyrs de Lyon étaient au nombre de quarante-huit. Ils moururent tous avec beaucoup de courage, glorifiant Dieu et leur Rédempteur. C'est dans ce règne que Apollonius, sénateur romain, devint martyr, Eusebius Vincentius, Potentianus, pour avoir refusé d'adorer Commode comme Hercules, furent également mis à mort. Julius, sénateur romain, reçut ordre de l'empereur de lui sacrifier comme à Hercules. Julius refusa de s'y conformer et professa publiquement qu'il était Chrétien. Pour cette raison, après être retenu en prison pendant un temps considérable il fut mis à mort à coups de bâton.
Cinquième Persécution sous l'Empire Romain A.D. 202.
Irénée, évêque de Lyon, naquit en Grèce et y reçut une éducation chrétienne. Il s'opposa avec zèle aux hérésies en général, et écrivit un traité contre l'hérésie, qui eut une grande influence à cette époque. Ceci le signala comme un objet de ressentiment à l'empereur ; il fut en conséquence décapité en A.D. 202.
Les persécutions se répandirent à cette époque en Afrique, et plusieurs y furent martyrisés
; la principale de ceux-là fut Perpétue, femme mariée de vingt-six ans avec son enfant à la mamelle. Elle fut arrêtée parce qu'elle était Chrétienne. Son père, qui l'aimait tendrement, essaya de la porter à renoncer au Christianisme, Perpétue, toutefois, résista à toutes ses prières.
Étant menée devrait le proconsul Minutius, on lui commanda de sacrifier aux idoles ; sur son refus, elle fut mise dans un cachot obscur et privée de son enfant. Perpétue donna la plus forte preuve de courage et de force de caractère à son procès. Le juge la pria de considérer les larmes de son père, l'abandon de son enfant, et sa propre vie ; mais triomphant sur tous les sentiments de la nature, elle oublia la crainte de la souffrance dans la perspective de cette immortalité offerte par le Christ. Elle fut d'abord déchirée par les bêtes sauvages, et ensuite tuée par l'épée.
Calixte, évêque de Rome, souffrit le martyre en 224 ; et en 232, Urbain, un de ses successeurs subit le même sort. Agapet, un garçon de Préneste, en Italie, qui n'avait que quinze ans pour avoir refusé de sacrifier aux idoles, fut sévèrement fouetté et pendu par les pieds, et on versa sur lui de l'eau bouillante. Il fut ensuite déchiré par les bêtes sauvages, et enfin décapité.
Sixième Persécution Générale sous les Empereurs Romains.
Maxime, qui devint empereur dans l'année 235, commença à persécuter les Chrétiens ; et dans le Cappadoce, le président Sémiramus fit de grands efforts pour les exterminer de son royaume. Un soldat romain, qui refusa de porter une couronne de laurier offert par l'empereur et qui se confessa Chrétien, fut fouetté et mis à mort. Pontien, évêque de Rome, pour avoir prêché contre l'idolâtrie, fut banni de Sardaigne, et y fut mie à mort. Anteros, un grec, qui succéda à cet évêque au siège de Rome, déplut tellement au gouvernement en faisant un recueil des actes des martyrs, qu'il souffrit lui-même le martyre, après avoir joui de sa dignité seulement quarante jours. Pammachius, sénateur romain, avec sa famille et d'autres Chrétiens, 14
au nombre de quarante-deux, furent tous décapités en un jour, et leurs têtes clouées aux portes de la ville. Hippolyte, prélat Chrétien, fut attaché à un cheval sauvage, et traîné à travers les champ., les terrains pierreux et les épines jusqu'à ce qu'il fut mort.
Pendant que cette persécution sévissait beaucoup de Chrétiens furent tués sans procès et furent enterrée par monceaux ; quelquefois cinquante ou soixante étant jetés ensemble dans le même trou.
Maxime mourut en A.D. 238 ; et Gordien lui succéda, durant son règne et celui de son successeur Philippe, l'église fut exempte de persécution pendant plus de dix ans ; mais en l'année 249 une violente persécution s'éleva à Alexandrie. La fureur du peuple étant grandement excitée contre les Chrétiens, ils enfoncèrent leurs maisons, volèrent leurs meilleurs effets, détruisirent le reste et massacrèrent les propriétaires ; le cri universel était,
"Brulez-les, brûlez-les ! tuez-les !" Les noms des martyrs, et les détails de l'émeute n'ont pas, toutefois, été conservés.
Septième Persécution Générale sous les Empereurs Romains.
En l'an 249, Décius étant empereur de Rome, une terrible persécution fut commencée contre les Chrétiens ; Fabien, évêque a, 14 Histoire des Martyrs, par Foxe. Rome, fut la première personne de distinction qui sentit sa sévérité. L'empereur Philippe étant mort après avoir confié son trésor au soin de cet excellent homme ; mais Décius, n'y trouvant pas autant d'argent qu'il s'y attendait, détermina de se venger sur lui. On le saisit donc et on le décapita.
Abdon et Semen, deux Perses, furent pris comme étrangers ; étant reconnus comme Chrétiens ils furent mis à mort. Moïse, un prêtre, fut décapité pour la même raison. Julien, natif de la Cilicie, fut arrêté parce qu'il était Chrétien. On le tortura fréquemment, mais il demeura inflexible ; et, quoique souvent mené hors de la prison pour être exécuté, il y était ramené pour souffrir de plus grandes cruautés. Il fut, enfin, mis dans un sac de cuir, avec un certain nombre de serpents et de scorpions, puis jeté dans la mer. Pierre, un jeune homme à Lampsaque, ayant reçu ordre de Optimus, le proconsul de sacrifier à Vénus, dit : "Je suis étonné que vous désiriez que je sacrifie à une femme infâme, dont vos historiens même racontent les débauches, et dont la vie consiste en actions telles que vos lois les punissent.
Non ! J'offrirai au vrai Dieu le sacrifice de louanges et d'adoration." Optimus, en entendant ceci, ordonna qu'on lui broya les membres sur la roue ; mais les tourments lui inspirèrent seulement un nouveau courage ; il ria même devant ses persécuteurs. Il fut enfin décapité.
Dans l'île de Crète la persécution sévit aveu une extrême furie, le gouverneur étant excessivement actif à exécuter les décrets impériaux.
L'empereur Décius, ayant érigé un temple païen à Éphèse, en l'an 251, commanda à tous ceux qui étaient dans cette ville de sacrifier aux idoles. Cet ordre fut noblement refusé par sept de ses propres soldats. L'empereur voulant les épargner, leur donna du répit jusqu'à son retour d'un voyage. En son absence ils se sauvèrent et se cachèrent dans une caverne ; mais il 15
en fut informé à son retour, l'ouverture de la caverne fut close, et ils y furent affamés ou étouffés à mort.
Après que la persécution eut sévie en Cappadoce, en Phrygie et dans d'autres districts et quand Gallus eut conclu ses guerres, une peste éclata dans l'empire ; l'empereur ordonna de faire des sacrifices aux déités païennes pour apaiser leur colère. Les Chrétiens refusant de se conformer à leurs rites, furent accusés d'être les auteurs de la calamité ; ainsi la, persécution s'étendit de l'intérieur aux extrémités de l'empire et plusieurs tombèrent martyre ayant encourus la fureur de la populace aussi bien que le mauvais vouloir des magistrats. Enfin l'empereur, ayant été mis à mort par son général Amélien, une paix profonde régna dans tout l'empire et la persécution cessa graduellement.
Huitième Persécution Générale sous les Empereurs Romains.
Après la mort de Gallus, Valérien fut choisi empereur. Durant l'espace de quatre ans il gouverna avec modération, et traita les Chrétiens avec une douceur remarquable ; mais en l'an 287, un Égyptien, nommé Macriamus prit sur lui un grand ascendant et lui persuada de persécuter les Chrétiens. On publia à cet effet des édits et la persécution, qui commença au mois d'Avril continua durant trois ans et six mois.
Parmi les martyrs qui périrent dans cette persécution se trouvèrent Rufina et Secunda, deux dames belles et distinguées, filles d'un homme éminent à Rome. Elles furent décapitées en l'an 257. Dans la même année, Etienne, évêque de Rome, fut décapité, et environ ce temps-là Saturnin, évêque de Toulouse, fut attaqué et saisi par la populace de la ville, pour avoir empêché, prétendaient-ils, leur oracle de parler. Sur son refus de sacrifier aux idoles, il fut traité avec une indignité révoltante, et ensuite attaché à la queue d'un taureau. A un signal donné l'animal, en furie, fut conduit en bas les gradins du temple où la cervelle du martyr fut brisée. Etienne eut pour successeur comme évêque de Rome Sextus. Marcianus, qui avait la direction du gouvernement romain dans l'année 258 obtint un ordre de l'empereur Valérien pour mettre à mort tout le clergé chrétien à Rome et Sextus fut l'un des premiers qui sentit la sévérité de l'édit. Il fut décapité le 6 Août, 258, et six de ses diacres souffrirent avec lui.
Laurent, communément appelé St. Laurent, le principal des diacres qui enseignèrent et prêchèrent sous Sextus, le suivit au lieu de l'exécution, quand Sextus lui prédit qu'il le rencontrerait dans le ciel trois jours après. Laurent considérant cette prédiction comme une indication certaine de son propre martyre prochain rassembla à son retour tous les pauvres Chrétiens et distribua parmi eux tous les trésors de l'église. Ayant reçu ordre d'en rendre compte à l'empereur, il assembla un grand nombre de pauvres vieillards, de manchots, d'impotente, et se rendit au magistrat lui disant, "Voici les vrais trésors de l'église." Provoqué par ce désappointement, le gouverneur commanda qu'il fut fouetté, et lui fit disloquer les jambes. Il endura ces tortures avec un tel courage et une telle patience que l'on commanda qu'il fut attaché à un gril ayant un petit feu allumé en dessous, afin que sa mort fut plus lente.
Mais sa constance étonnante et la sévérité de sa contenance dans des tourmentes si atroces, 16
donnèrent, aux spectateurs, une idée si exaltée de la dignité et de la vérité de la religion chrétienne que plusieurs d'entre eux s'y convertirent.
Parmi ceux-là se trouvait un soldat nommé Romanus. II se déclara Chrétien immédiatement après la mort de Laurent, et le suivit bientôt dans un martyre moins long et moins atroce pour se rendre au séjour des esprits bienheureux, dans le ciel. Sur sa confession de foi comme Chrétien il fut fouetté et décapité.
Quatorze ans avant ces faits, la persécution sévissait en Afrique aven une grande violence et plusieurs mille personnes reçurent la couronne du martyre, parmi lesquelles se trouvait Cyprien, évêque de Carthage, éminent prélat et un ornement distingué de l'Église. Avant son baptême, il étudia les Écritures avec soin, et frappé de l'excellence de leur contenu, il se décida à pratiquer les vertus qu'elles recommandent. Il vendit son bien, en distribua l'argent parmi les pauvres, s'habilla en vêtements unis et commença une vis d'austérité et de solitude. En l'an 257 il fut amené devant le proconsul Aspasius Paternus. Quand on lui commanda de se conformer à la religion de l'empire, il confessa hardiment sa foi. Il fut en conséquence exilé dans une petite ville sur la mer Libyenne. A la mort du proconsul, il retourna à Carthage, mais il fut bientôt après arrêté et amené devant le nouveau gouverneur, qui le condamna à être décapité ; et le quatorze de Septembre, 258, cette sentence fut exécutée.
Peut-être que l'un des plus terribles événements dans l'histoire des martyrs fut ce qui arriva à Utica, où 300 Chrétiens furent, par l'ordre du proconsul, placés autour d'un fourneau à chaux en combustion. Un vaisseau de charbon et d'encens ayant été préparé, on leur ordonna de sacrifier à Jupiter ou d'être jeté dans le fourneau. Refusant unanimement ils sautèrent bravement dans l'ouverture où ils furent suffoqués immédiatement.
Neuvième Persécution Générale sous les Empereurs Romains.
En l'an 274, l'empereur Aurélien commença à persécuter les Chrétiens ; la principale victime fut Félix, évêque de Rome, qui fut promu au siège de Rome en 274, et fut décapité la même année. Dioclétien, monta sur le trône impérial en 284 ; d'abord il favorisa beaucoup les Chrétiens. En l'an 286, il s'associa Maxime pour gouverner l'empire ; alors Félicien et Primes, deux frère% chrétiens, furent mis à mort avant qu'aucune persécution générale ne survint. Ils furent arrêtés par ordre de la cour impériale et, au confessant Chrétiens ils furent fouettés, torturés et finalement décapités, Marcus et Marcellianus, jumeaux, natifs de Rome et de famille noble, furent aussi arrêtés, torturés et condamnés à mort. Un répit d'un mois fut obtenu par eux pour que leurs parents et leur parenté pussent essayer de les ramener au paganisme, mais ce fut en vain. Enfin leur constance gagna ceux qui voulaient les ramener, et toute la famille se convertit.
Tranquillinus, le père, fut requis par le préfet, et alors il confessa que loin d'avoir été capable de convaincre ses fils à abandonner le Christianisme il était lui-même devenu Chrétien. En rendant compte du changement, il se servit d'arguments si puissants qu'il 17
convertit le préfet, qui bientôt après vendit son patrimoine, résigna son commandement, et passa le reste de ses jours dans une pieuse retraite.
Tibertius, natif de Rome, étant d'une famille de rang et de distinction. Étant accusé d'être Chrétien, on lui commanda de sacrifier aux idoles, ou de marcher sur des charbons brûlants.
Il choisit ce dernier, et l'on rapporte qu'il marcha dessus sans souffrir, quand Fabian le condamna à être décapité.
Une affaire remarquable arriva en l'an 286. Une légion de soldats, comprenant 6,666
hommes ne contenait que des Chrétiens. Elle était appelée la légion thébéenne, parce que les soldats avaient été recrutés dans la Thébaïde, ils joignirent enfin l'empereur en Gaule. Environ ce temps-là, Maximien donna ordre d'offrir un sacrifice général, auquel toute l'armée devait assister ; en même temps les soldats devaient jurer de lui aider à extirper le Christianisme de la Gaule. Tous les soldats dans cette noble légion refusèrent de prendre part à cette cruelle entreprise, et sur leur refus furent tous mis à mort.
Alban - d'où St. Alban reçoit son nom - fut le premier martyr anglais. Il était d'abord païen, mais étant d'une disposition très humaine, il donna à couvert à un ecclésiastique, nommé Amphibalus, que quelques officiers poursuivaient à cause de sa religion. Le pieux exemple et les discours édifiants du réfugié firent une profonde impression sur l'esprit de Alban, et il devint Chrétien. Les ennemis de Amphibalus apprenant où il était caché, vinrent à la maison de Alban pour le prendre. Son noble hôte, désirant sauver son protégé, changea d'habits avec lui. Il fut mené devant l'empereur qui se décida à satisfaire sur lui sa vengeance ; dans ce but, il lui commanda de s'avancer à l'autel et de sacrifier aux déités païennes. Le brave Alban confessa hardiment qu'il était Chrétien. Le gouverneur commanda, en conséquence, qu'il fut d'abord fouetté et ensuite décapité. Le vénérable Bède raconte que dans cette occasion le bourreau se convertit subitement au christianisme, et demanda de mourir pour Alban ou avec lui. Obtenant la dernière requête, ils furent décapités par un soldat le 22 Juin, 287, à Verulam, près de St. Alban, où une magnifique église fut érigée à la mémoire de Alban vers le temps de Constantin le Grand.
Dixième Persécution Générale sous les Empereurs Romains.
Malgré les efforts des païens pour exterminer les Chrétiens, ils augmentèrent tant qu'ils devinrent formidables par leur nombre : Galère, le fils adoptif de Dioclétien, poussé par sa mère, persuada à l'empereur de commencer une autre persécution. Elle commença le 23
Février, 303, et s'ouvrit d'abord à, Nicomédie. Le prélat de la ville alla un matin à l'église des Chrétiens, que ses officiers eurent ordre d'ouvrir de force, et alors il livra aux flammes les livres sacrés. Dioclétien et Galère, qui étaient présents, commandèrent à leurs gens de raser l'église jusqu'en terre. Ceci fut suivi d'un cruel édit, ordonnant la destruction de toutes les autres églises et de leurs livres ; et un ordre lui succéda bientôt après, ayant pour but de proscrire les Chrétiens, et de les rendre en conséquence incapables d'occuper aucune place de confiance, de profit ou de dignité, ou de recevoir aucune protection des institutions légales du 18
royaume. Un martyre immédiat fut le résultat de cet édit ; car un hardi Chrétien, non-seulement le déchira mais blâma l'empereur pour son injustice et sa cruauté ; il fut en conséquence arrêté, torturé et brûlé vif.
Les prélats chrétiens furent également pris et emprisonnés ; et Galère donna privément ordre de mettre le feu au palais impérial pour que l'on put accuser les Chrétiens d'en être les incendiaires et avoir un prétexte plausible pour continuer la persécution avec sévérité. On commanda aussi un sacrifice général ce qui causa plusieurs martyrs. Entre autres, un Chrétien nommé Pierre, fut mis à la torture et brûlé ensuite ; plusieurs diacres et anciens furent saisis et exécutés, et l'évêque de Nicomédie fut lui-même décapité. Si grande était la persécution qu'il ne fut fait aucune distinction quant à l'âge ou le sexe. Plusieurs maisons furent mises à feu, et des familles chrétiennes entières périrent dans les flammes ; d'autres eurent des pierres attachées au cou et jetés dans la mer. La persécution devint générale dans toutes les provinces romaines, mais particulièrement dans l'Est et dura dix ans.
Dans ce temps-là les Chrétiens pensaient qu'il n'était pas permis de porter les armes sous un empereur païen. Maximilien, le fils de Tabius Victor, reçue ordre de Dion, le proconsul, de se faire mesurer pour se faire enrôler. Lui, toutefois, se déclara Chrétien, et refusa de remplir les devoirs militaires. Étant trouvé de grandeur convenable, Dion ordonna qu'il fut marqué comme soldat. Il dit à Dion qu'il ne lui était pas possible de s'engager dans le service.
Le proconsul lui répondit instantanément qu'il devait soit servir comme soldat, ou mourir de désobéissance. "Faites comme il vous plaira avec moi," répondit Maximilien : "décapitez-moi si vous le trouvez bon." "Je suis déjà un soldat de Christ, et ne puis servir aucun autre pouvoir."
Le proconsul prononça alors cette sentence sur lui, " que pour avoir refusé de porter les armes, et professer la foi chrétienne, il serait décapité." Il écouta cette sentence avec une si grande intrépidité, qu'il s'écria, " que Dieu soit loué." A la place de l'exécution il exhorta ceux qui étaient Chrétiens de le demeurer : et ceux qui ne l'étaient pas d'embrasser une foi qui les menait au salut éternel. Il reçut alors le coup fatal.
Enfin les empereurs Dioclétien et Maximien se démirent du diadème impérial, et furent remplacé par Constantin et Galère ; le premier un prince d'une disposition des plus douces et humaines, et le dernier remarquable par sa tyrannie et sa cruauté. Ceux-ci divisèrent l'empire en deux gouvernements égaux : Galère gouverneur dans l'Est et Constantin dans l'Ouest. Le peuple sentit les effets des différentes dispositions des empereurs ; car ceux de l'Ouest furent gouvernée de la manière la plus douce, mais ceux qui demeurèrent dans l'Est sentirent toutes les misères de la cruauté et de l'oppression.
Comme Galère entretenait une haine implacable aux Chrétiens, nous apprenons "qu'il ne les condamnait pas seulement à la torture, mais à être brûlés à petit feu. On les enchaînait d'abord à un poteau, et l'on entretenait un petit feu à la plante de leurs pieds. Ensuite des flambeaux à peine éteints étaient appliquée à toutes les parties du corps, pour les torturer par tout le corps ; et l'on prenait soin de les tenir en vie, en leur jetant de l'eau froide à la figure et 19
en leur en donnant pour se laver la bouche, de peur que leurs gorges ne se desséchassent par la soif et qu'ils n'étouffassent. Ainsi leurs souffrances se prolongeaient jusqu'à ce qu'enfin leur peau étant consumée, et tout près d'expirer on les jetât dans un grand feu et eussent leurs corps brûlés en cendre, après quoi leurs cendres furent jetées dans quelques rivières."
Constantin le Grand.
Constantin le Grand, adorateur du dieu Mithra, se décida enfin de redresser les griefs des Chrétiens. Dans ce but il leva une armée de 30,000 fantassins et de 8,000 cavaliers avec lesquels il marcha vers Rome contre l'empereur Maxentius. Il considéra que tandis que son père n'adorait qu'un seul Dieu il prospérait continuellement ; il rejeta donc les idoles et implora l'assistance du Tout-Puissant, qui écoutait ses prières, et lui répondait d'une manière si surprenante, que Eusèbe dit qu'il n'aurait pu le croire s'il ne l'avait entendu de la propre bouche de l'empereur qui en confirma publiquement et solennellement la vérité.
Ce récit extraordinaire : "L'armée arrivant près de Rome, l'empereur était occupé dans des exercices de dévotion le 27 Octobre, environ vers les trois heures de l'après-midi, quand, sur le déclin du soleil, il lui apparut soudainement une colonne de lumière dans le ciel, sous forme d'une croix, avec cette inscription distincte - In hoc signo vinces : Par ce signe tu vaincras (Apoc. 13:7).
Constantin fut grandement surpris de cette étonnante apparition, qui fut aussi visible à toute l'armée, qui en fut aussi étonnée que lui. Les officiers et les commandants, poussés par les augures et les devins la considérèrent comme un augure défavorable présageant une malheureuse expédition. L'empereur lui-même ne la comprenait pas, jusqu'à ce qu'enfin le Christ lui apparut dans une vision, avec une croix à la main, lui commandant d'en faire un étendard royal, et de le faire porter continuellement devant non armée comme une enseigne de victoire ainsi que de sûreté. De bonne heure le matin suivant, Constantin informa ses amis et ses officiera de ce qu'il avait vu durant la nuit, et envoyant quérir des ouvriers experts leur décrivit la forme de l'étendard qu'il leur commanda de faire avec le plus grand art et magnificence.
Ils le firent ainsi : une longue lance, plaquée d'or, avec une traverse au haut en forme de croix, à laquelle ils attachèrent une bannière de pourpre taillée en carré, brodée d'or, et montée en pierres précieuses qui brillaient d'un éclat merveilleux ; vers la pointe était dépeint l'empereur entre ses deux fils ; au-dessus de la croix était placé une couronne couverte d'or et de bijoux, dans laquelle le symbole sacré - à savoir les deux premières lettres du Christ en Grec, X et P, l'une mise sur l'autre en croix. Il porta cette devise ci-après, non seulement sur son bouclier, mais aussi sur ses pièces de monnaie dont il existe encore plusieurs (Cette devise était aussi celle du dieu Apollo adoré par les soldats romains et qu'ils surent reconnaitre).
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Le Livre des Martyrs de Foxe
Dans la bataille qui suivit Constantin défit Maxentius, et il rentra à Rome en triomphe.
Une copie fut alors publiée en faveur des Chrétiens et une copie en fut envoyée à Maxime dans l'Est.
Nous ne pouvons clore le récit de ces persécutions sous les empereurs romains, sans attirer l'attention sur la colère évidente que le Tout-Puissant manifesta envers les persécuteurs.
L'histoire montre que nulle nation ou individu ne peut prospérer où le Christ, le fils de Dieu est méprisé. Pendant ces événements, les Romains ne souffrirent pas seulement des pestes et ne furent pas seulement détruits par leurs propres empereurs, mais aussi par les guerres civiles dont trois arrivèrent en deux ans à Rome après la mort de Néron.
Dans les jours de Tibérius 5,000 Romains furent blessés ou tués en une fois par la chute d'un théâtre. Des Juifs, environ ce temps-là, il fut détruit par Titus et Vespasien 11,000, outre ceux que Vespasien tua en soumettant la Galilée, et ceux qui furent envoyés en Égypte et autres provinces en esclavage au nombre de 17,000. Deux mille furent amenés avec Titus en triomphe ; plusieurs d'entre eux il livra pour être dévorés par les bêtes féroces, tandis que le reste fut mis à mort cruellement. Par ceci, toutes les nations peuvent voir ce qu'il en coûte de rejeter la révélation de Dieu, et encore plus de persécuter ceux que Dieu envoie pour leur salut.
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Chapitre III - Contenant des Persécutions des Chrétiens en Perse
Persécutions sous Julien L’Apostat
L'Évangile s'étant répandu en Perse, les prêtres païens, qui adoraient le soleil, étaient très consternés et redoutaient la perte de l'influence qu'ils avaient jusqu'alors tenue sur les esprits et les propriétés du peuple. Ils le jugèrent donc opportun de se plaindre à l'empereur que les chrétiens étaient les ennemis de l'État et ils tenaient une correspondance traîtresse avec les Romains, grands ennemis de la Perse. L'empereur Sapores, naturellement opposé au christianisme, crut facilement l’accusation contre les chrétiens, et commanda de les persécuter dans toutes les régions de son empire.
En raison de ce mandat, de nombreuses personnalités éminentes de l'Église et de l'État devinrent des martyrs à la merci de l'ignorance et de la férocité des païens. Constantin le Grand, informé des persécutions en Perse, écrivit une longue lettre adressée au monarque persan, dans laquelle il avertit de la vengeance qui s'était advenue sur les persécuteurs et le grand succès qui attendrait ceux qui se sont abstenus de persécuter les chrétiens. En relatant ses victoires sur les empereurs rivaux de son temps, il a dit : “Je les ai vaincus uniquement par la foi en Christ, pour laquelle Dieu m'a aidé, qui m'a donné la victoire dans le combat et m'a fait triompher sur mes ennemis. Également, Dieu m’a agrandit l'empire romain qui s'étends de l'Océan occidental jusqu'aux confins de l'Orient : pour ce domaine, je n'offrais ni sacrifices aux anciennes divinités, ni utilisais le charme ou la divination ; seulement je priai à Dieu Tout-Puissant, et suivis la croix de Christ."
Serais-je réjoui si le trône de la Perse trouverait aussi la gloire, en embrassant les chrétiens
: afin que vous avec moi, et eux avec vous, jouissiez de tout le bonheur.” En conséquence de cet appel, la persécution s’apaisa pour le moment, mais elle a été renouvelée dans les années plus tard quand il succéda au trône de la Perse un autre roi.
Persécutions sous les Hérétiques Ariens
L'auteur de l'hérésie arienne était Arius, originaire de Lybie, et prêtre d'Alexandrie, qui, en 318, commença à publier ses erreurs.
Il fut condamné par un concile d'évêques libyens et égyptiens, et cette sentence fut confirmée par le concile de Nice en 325 A.D. Après la mort de Constantin le Grand, les ariens découvrirent des stratégies de se faire bien voir aux yeux de l'empereur Constantinus, le fils et successeur à l'est ; et par conséquent une persécution a été soulevée contre les évêques orthodoxes et le clergé. Le célèbre Athanase et d'autres évêques furent bannis et leurs sièges remplis d'ariens.
En Egypte et en Libye, trente évêques furent martyrisés, et beaucoup d'autres chrétiens cruellement tourmentés ; et, en 386, George, l'évêque arien d'Alexandrie, sous l'autorité de l'empereur, a commencé une persécution dans cette ville et ses environs, et l'a dirigée avec la 22
sévérité la plus infernale. Catophonius, gouverneur d'Egypte, l'assista dans sa malice diabolique ; Sébastien, général des forces égyptiennes ; Faustinus, le trésorier ; et Héraclius, un officier romain.
Les persécutions faisaient maintenant rage de telle manière que le clergé était expulsé d'Alexandrie, que leurs églises étaient fermées et que les sévérités pratiquées par les hérétiques ariens étaient aussi grandes que celles pratiquées par les idolâtres païens. Si un homme, accusé d'être chrétien, s'est échappé, toute sa famille a été massacrée et ses effets confisqués.
Julien, L’Apostat
Julien, l'apostat était le neveu de Constantin le Grand. Constantin mourut dans l'année 361
et alors Julien lui succéda ; mais il n'eut pas plus tôt obtenu la dignité impériale qu'il renonça au christianisme pour le paganisme. Il rétablit le culte idolâtre, rouvrit les temples qui avaient été fermés, rebâtit ceux qui avaient été détruits et ordonna aux magistrats et au peuple de suivre son exemple ; mais il ne promulgua aucun édit contre le Christianisme. Il rappela tous les païens bannis, permit à toutes les sectes le libre exercice de leur religion, mais il priva tous les Chrétiens d'emploi à la cour, dans la magistrature ou dans l'armée. Il était chaste, tempérant, vigilant, laborieux et pieux en apparence ; de sorte que par ses prétendues vertus il fit, pour un temps, plus de mal au Christianisme que le plus dissolu de ses prédécesseurs.
Le plus célèbre martyr pendant son règne fut Basile, qui par son opposition à l'arianisme s'était fait connaître au loin. Ceci lui attira la vengeance de l'évêque Arien de Constantinople, qui publia une ordonnance pour l'empêcher de prêcher. Il continua, cependant, à remplir son office à Ancyre, la capitale de Galatie, jusqu'à ce que ses ennemis l'accusassent d'être un incendiaire et un perturbateur de la paix publique. Un jour, rencontrant un nombre de païens allant en procession à un sacrifice, il exprima hardiment son horreur de leurs procédés idolâtres. Ce qui provoqua les gens à le saisir et à le mener devant le gouverneur, qui, le trouvant un Chrétien zélé, commanda d'abord de le mettre à la torture et ensuite à l'emprisonner. Basile, non-seulement continua ferme, mais avec un esprit prophétique prédit la mort de l'empereur et ses tourments dans l'autre monde. Julien dit alors à Basile en grande colère, que quoiqu'il fut enclin d'abord à lui pardonner, sa conduite l'en avait rendu incapable.
Il commanda alors que le corps de Basile fut déchiré chaque jour à sept différentes places jusqu'à ce que la peau et les chairs fussent entièrement écorchées. Cette sentence barbare fut exécutée avec rigueur, et le martyr expira sous la peine le 28 Juin, 362.
Urbanus, Menidemus, Theodorus et quatre-vingts autres membres du clergé à Constantinople, pétitionnèrent l'empereur de les garantir de l'oppression et des cruautés des Ariens. Mais le tyran, au lieu de cela, commanda de les embarquer sur un vaisseau que l'on devait mettre en feu. Cet ordre ayant été exécuté, ils périrent tous dans les flammes.
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Le Livre des Martyrs de Foxe
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Chapitre IV - Les Persécutions Papales
Les Persécutions des Vaudois et des Albigeois
Jusqu'à présent, notre histoire de persécution a été confinée principalement au monde païen. Nous arrivons maintenant à une période où la persécution, sous l'apparence du christianisme, a commis plus d'abominations pernicieuses qui aient jamais souillé les annales du paganisme auparavant. Sans respecter des maximes et de l'esprit de l'Évangile, l'Église papale, armée de l'épée, persécuta à outrance l'Église de Dieu et la ravagea pendant plusieurs siècles, période la mieux appropriée dans l'histoire de l'église, les “Âges Obscurs.”. Les rois de la terre donnaient leur autorité à la “Bête.” et se soumettaient à la vermine misérable qui occupait souvent la chaise du pape, comme dans le cas de Henri, empereur d'Allemagne.
L'orage de la persécution papale éclata d'abord sur les Vaudois en France.
Persécutions des Vaudois et des Albigeois en France
Ayant introduit diverses de nouveautés dans l'Église, la papauté répandit sur le monde chrétien des ténèbres et des superstitions - sauf quelques-uns, qui perçurent clairement la tendance pernicieuse de ces erreurs, décidèrent de disséminer la lumière de l'Evangile dans sa pureté authentique et de disperser ces nuages que des prêtres habiles avaient élevés à ce sujet, afin d'aveugler le peuple et d'obscurcir sa vraie luminosité.
Bérenger, environ l'an 1,000, prêcha hardiment la vérité évangélique suivant sa simplicité primitive. Plusieurs embrassèrent par conviction sa doctrine et furent, pour cette raison, appelés Berengariens. Il fut succédé par Pierre Bruis qui prêcha à Toulouse, sous la protection du comte Hildephonsecs ; et les doctrines des réformateurs, avec les raisons de leur séparation de l'église de Rome, furent publiées dans un livre écrit par Bruis, sous le titre de l'Antéchrist.
Dans l'année 1140, le nombre des réformés était si grand que le pape s'en alarma et il écrivit à plusieurs princes de les bannir de leur royaume et il employa des savants à écrire contre eux.
Pierre Valdo, natif de Lyon, devint à cette époque un adversaire actif de la papauté ; et de lui les réformés reçurent le nom de Valdoyson Vaudois (Ceci n'est pas l'indication de l'origine des Vaudois dont la source provient de l'église Italique fondée par Corneille et ceux de sa maison Actes 10:1). Quand le pape Alexandre Trois fut informé de ces faits, il excommunia Valdo et ses adhérents, et commanda à l'évêque de Lyon de les exterminer. Ainsi commença les persécutions papales contre les Vaudois.
Valdo demeura trois ans caché à Lyon, quoique l'on fît des recherches soignées pour l'arrêter mais enfin il échappa aux montagnes du Dauphine. Il trouva bientôt le moyen de propager ses doctrines dans le Dauphiné et la Picardie, ce qui exaspéra tellement Philippe, roi de France, qu'il mit cette dernière province sous le régime militaire ; détruisant les châteaux de 300 gentils hommes, rasant des villes emmuraillées, brûlant plusieurs des réformés et en chassant d'autres dans la Normandie et l'Allemagne.
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Malgré ces persécutions la religion réformée continua à fleurir, et les Vaudois devinrent plus nombreux que jamais. Enfin le pape les accusa d'hérésie, et se servit de tous les moyens possibles pour les extirper ; tel que excommunications, anathèmes, canons, constitutions, décrets, etc., par lesquels on les rendait impropres de tenir des places de confiance, d'honneur ou de profit ; leurs terres furent confisquées, leurs marchandises saisies et on ne permettait pas de les enterrer en terre bénite.
Les ministres réformés continuèrent à prêcher hardiment contre la religion romaine ; et Pierre Valdo en particulier, partout où il allait, affirmait que le pape était l'antéchrist ; que la messe était une abomination, que l'hostie était une idole et que le purgatoire était une fable.
Ces procédés firent naître l'inquisition, car le pape Innocent III nomma certains moines inquisiteurs, pour découvrir et livrer les réformés au pouvoir séculier. Ces moines, sur le moindre soupçon ou information livraient les réformés au magistrat et le magistrat les délivrait au bourreau. Le procédé était court, puisqu'une accusation était considérée suffisante pour établir le crime et qu'un procès impartial n'était jamais accordé à l'accusé.
En l'an 1380, un moine inquisiteur, nommé Francis Boralli reçut une commission du pape Clément VII pour rechercher et punir les Vaudois en différents endroits. Il alla à Ambrone, et somma les habitants de paraître devant lui : ceux de la religion réformée furent livrés au bras séculier et brûlés ; et ceux qui ne se présentèrent pas furent excommuniés, et eurent leurs biens confisqués. Dans la distribution de ces biens, le clergé eut la part du lion, plus des deux tiers lui échurent.
En l'an 1400, les Vaudois demeurant dans la Vallée de Pragela furent soudainement attaqués par un corps de troupes, qui pillèrent leurs maisons, assassinèrent les habitants ou les chassèrent dans les Alpes où un grand nombre furent gelés à mort, car c'était au fort de l'hiver.
En 1460, une persécution fut commencée dans le Dauphiné par l'archevêque d'Ambrone, qui employait un moine, nommé Jean Vayleti qui procéda avec une telle violence, que non-seulement les Vaudois mais même plusieurs papistes en furent les victimes ; car si quelqu'un d'entre eux exprimait de la compassion ou de la piété pour ce peuple inoffensif, il était sûr d'être accusé de partialité pour les hérétiques et de partager leur sort. Enfin les actes de Vayleti devinrent si intolérables, qu'un grand nombre de papistes signèrent une représentation contre lui à Louis XI., roi de France, qui envoya un ordre au gouverneur du Dauphiné d'arrêter la persécution. Vayleti, toutefois, par ordre de l'archevêque la continua ; car prenant avantage de la dernière clause de l'édit, il prétendit qu'il ne faisait rien de contraire à l'ordre du roi qui avait ordonné de punir ceux qui affirmaient quelque chose contre la foi catholique. Cette persécution fut enfin terminée par la mort de l'archevêque en 1487.
En 1487, le pape Innocent VIII détermina de persécuter les Vaudois, et demanda l'aide du roi de France qui envoya son lieutenant dans la vallée de Loyse dans le but de les exterminer.
Les Vaudois se sauvèrent dans des antres et des cavernes et autres retraites ; mais leurs cruels 26
ennemis placèrent des fagots à leurs ouvertures et y mirent le feu, on calcule que 3,000 furent suffoqués de cette manière barbare.
Vers la fin du quinzième siècle les chefs des familles de Merindol furent sommés de se présenter devant une cour ecclésiastique. Quand ils se reconnurent comme Vaudois, on ordonna qu'ils fussent brûlés, leurs familles proscrites, leurs habitations dévastées et les bois qui entouraient la ville abattue, de sorte que l'ensemble parût désolé. Le roi, toutefois, étant informé de ce décret barbare, en contremanda l'exécution ; mais son ordre fut supprimé par le cardinal Tournon, et les plus grandes cruautés furent commises sans impunité.
Le président de Opède envoya des soldats pour brûler quelques villages occupés par les protestants. Ils n'exécutèrent cette commission que trop fidèlement, l'excédent même en traitant brutalement ses habitants, n'épargnant ni l'enfance, ni l'âge ni le sexe. Il défendit à tous de donner assistance ou nourriture aux persécutés. Il marcha ensuite contre Cabrières, et commença à la battre à coups de canon. Alors il n'y avait pas au-delà de soixante pauvres paysans avec leurs familles dans la ville ; et ils lui envoyèrent dire qu'il n'avait pas besoin de dépenser de la poudre et du plomb sur la place puisqu'ils étaient disposés à ouvrir les portes et de se rendre, pourvu qu'on leur permit de se retirer sans être inquiétés à Genève ou en Allemagne. On le leur promit ; mais les portes n'étaient pas plutôt ouvertes que le président ordonna de tailler les hommes en pièces, ce qui fut immédiatement exécuté. Plusieurs femmes et enfants furent conduit dans une grande grange qui fut mise en feu et ils périrent tous dans les flammes.
Enfin, le jugement de Dieu atteignit ce monstre de cruauté ; il fut frappé d'une maladie affreuse et cruelle. Étant à l'extrémité il envoya chercher un chirurgien à Arles, qui lui dit, après avoir examiné sa maladie, qu'elle était d'une nature particulière, et pire que celle qu’il n’avait jamais rencontré chez mille autre personnes. Il le réprimanda pour ses cruautés, et lui dit qu'à moins qu'il ne se repentit, il pouvait s'attendre que la main du ciel s'appesantirait davantage sur lui. En entendant cela, le président s'emporta, et commanda à ses gens de saisir le chirurgien ; mais il trouva le moyen d'échapper, et bientôt après la maladie du président s'accrut terriblement.
Comme il avait obtenu du soulagement de l'opération chirurgical, il envoya chercher le médecin ; son message était accompagné d'une apologie pour sa conduite précédente, et une promesse de sécurité. Le chirurgien, oubliant le passé, alla à lui, mais trop tard pour lui être d'aucun service ; car il trouva le tyran se conduisant comme un aliéné et s'écriant qu'il avait un feu au dedans de lui. Après avoir blasphémé quelque temps, il expira dans une affreuse agonie ; et son corps au bout de quelques heures devint si repoussant que personne ne pouvait résister auprès de lui.
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La Persécution des Albigeois.
Les Albigeois appartenaient à la religion réformée, qui habitaient la campagne de Albi. Ils furent condamnés dans le concile de Latran, par ordre du pape Alexandre III. ; mais ils crurent si rapidement, que plusieurs villes furent habitées exclusivement par des personnes de leur foi, et plusieurs nobles éminents embrassèrent leurs doctrines. Parmi ceux-ci furent le comte de Toulouse et de Foix. Le pape prétendit qu'il désirait les attirer à foi romaine par le raisonnement et la persuasion, et, dans ce but il ordonna une conférence générale dans laquelle les docteurs papistes furent vaincus par les arguments de Arnold un ministre réformé.
Un moine, nominé Pierre, ayant été assassiné dans le domaine du comte de Toulouse, le pape fit de ce meurtre un prétexte pour persécuter ce noble et ses sujets. Le comte, en apprenant cela, écrivit au pape, l'assurant qu'il n'avait pas prêté la main en aucune manière à la mort de Pierre ; parce que ce moine avait été tué par un noble qui s'était immédiatement après enfui de son territoire. Mais le pape ayant déterminé sa destruction, une armée formidable, avec plusieurs nobles et prélats en tête, commencèrent leur marche contre les Albigeois. Le légat du pape étant à Valence, le comte s'y rendit, et lui dit, qu'il était surpris que des hommes armés fussent envoyés contre lui avant d'avoir produit aucune preuve de sa culpabilité.
Il se rendit donc volontairement lui-même, fort du témoignage d'une bonne conscience, espérant que les troupes seraient ainsi empêchées de piller ses sujets innocents. Le légat répondit qu'il ne pourrait contremander les ordres donnés aux troupes, à moins qu'il ne lui livra sept de ses châteaux fortifiés comme sécurités. Le comte s'aperçut de son erreur en se soumettant, mais il était trop tard ; il envoya donc les ordres de livrer les châteaux. Le légat du pape n'eut pas plus tôt mis garnison dans ces places, qu'il ordonna aux gouverneurs de se présenter devant lui. Quand ils vinrent, il dit, "Que le comte de Toulouse, ayant livré ses châteaux au pape, ils devaient se considérer maintenant comme sujets du pape, et non du comte ; et qu'ils devaient en conséquence agir suivant leur nouvelle allégeance” Les gouverneurs furent étonnés de voir leur Seigneur en captivité, et eux-mêmes forcés dans une nouvelle allégeance.
Mais ce qui les affligea encore plus furent les affronts que l'on accumula sur le comte ; car il fut dépouillé, conduit neuf fois autour du tombeau du moine Pierre, et sévèrement fouetté devant le peuple. L'armée commença à assiéger Béziers ; et le comte de Béziers, pensant qu'il était impossible de défendre la place, sortit, et implora miséricorde pour les habitants ; faisant entendre qu'il y avait autant de catholiques romains que de Vaudois dans la ville. Le légat répondit que les excuses étaient inutiles ; que la place devait se rendre à discrétion ou que les plus affreuses conséquences s'en suivraient.
Le comte de Béziers, retournant à la ville, dit aux habitants qu'ils ne pourraient obtenir aucune faveur, à moins que les Albigeois n'abjurassent leur religion et ne se conformassent à l'église de Rome. Les catholiques romains pressèrent les Albigeois à céder ; mais les Albigeois 28
répondirent noblement, qu'ils n'abandonneraient pas leur religion pour le prix méprisable d'une vie fragile ; que Dieu pouvait, s'il lui plaisait, les défendre ; mais s'il voulait être glorifié par la confession de leur foi jusqu'à la mort, ce serait un honneur pour eux de mourir pour lui.
Leurs ennemis, trouvant inutile de les presser, envoyèrent leur évêque au légat, le suppliant de ne pas les inclure dans le châtiment des Albigeois ; et le pressant d'essayer de gagner ces derniers par la douceur et non par la rigueur. En attendant ceci le légat se mit en colère, et déclara que "si toute la ville ne reconnaissait pas leur faute ils tomberaient tous sous la même malédiction, sans distinction de religion, de sexe on d'âge” Les habitants refusant de céder à de telles conditions, la place fut prise par assaut, et toutes espèces de cruautés employées ; on n'entendait que les gémissements d'hommes baignant dans leur sang ; les lamentations des mères, qui, étant maltraitées par les troupes voyaient leurs enfants arrachés de leurs bras et mis en pièces devant leurs yeux.
La ville étant mise en feu dans différentes parties, ceux qui se cachaient dans leurs demeures étaient forcés d'y rester et de périr dans les flammes, ou d'en sortir et de tomber sous l'épée des soldats. Le légat sanguinaire, pendant ces actes infernaux, jouissait du carnage et criait même aux troupes, "Tuez-les, tuez-les tous ; tuez hommes, femmes et enfants ; tuez les Catholiques aussi biens que les Albigeois, car quand ils seront morts le Seigneur saura choisir les siens” Ainsi, la belle ville de Béziers fut réduite en un monceau de ruine ; et soixante mille personnes de différents âges et des deux sexes furent tuées.
Le comte et quelques autres échappèrent à Carcassonne qu'ils mirent en excellent état de défense. Le légat, ne désirant pas perdre une occasion de répandre le sang pendant, les quarante jours que les troupes devaient servir, les conduisit immédiatement contre Carcassonne. Un furieux assaut fut fait, mais les assiégeants furent repoussés avec un grand carnage ; et dans cette occasion le comte donna la plus grande preuve de son courage, encourageant les assiégés et leur criant, "Il vaut mieux que nous mourrions en combat, tant que de tomber dans les mains d'ennemis aussi bigots et sanguinaires” A deux milles de Carcassonne se trouvait une petite ville du même nom que les Albigeois avaient également fortifiée. Le légat, enragé de l'échec qu'il venait de recevoir, se décida à se venger sur cette ville ; le matin suivant il fit un assaut, et quoique la place fût bravement défendue, il la prit à l'assaut et la fit passer au fil de l'épée.
Il se détermina alors à s'emparer du comte de Béziers ; et par de solennelles promesses de sécurité personnelle il réussit à accomplir son dessein. Le comte crut ce légat parjure, mais il fut saisi et jeté en prison, où bientôt après il mourut. Le légat assembla les prélats et les seigneurs de son armée, leur disant qu'il était nécessaire qu'il y eut un général séculier, sage, vaillant, pour commander leurs affaires. La charge fut acceptée par Simon, comte de Monfort.
Quatre mille hommes furent laissés en garnison à Carcassonne ; et le comte de Béziers décédé fut remplacé par le comte Simon, un bigot catholique romain qui menaça de punir les Albigeois s'ils ne se conformaient pas. Mais le roi d'Arragon, qui, dans le cœur, était de la 29
religion réformée, encouragea secrètement les Albigeois et leur donna l'espérance que, s'ils agissaient avec prudence, ils pourraient secouer le joug de Simon. Ils prirent son conseil, et pendant que Simon était allé à Montpellier, surprirent plusieurs de ses forteresses et furent heureux dans plusieurs expéditions contre ses, officiers.
Cette conduite exaspéra tellement le comte que, revenant de Montpellier, il réunit ses forces et marcha contre les Albigeois et commanda de brûler immédiatement tous les prisonniers qu'il prendrait. Recevant de nouvelle aide, il attaqua le château de Béron, et n'en rendant maître, il ordonna que la garnison fût cruellement mutilée et privée de la vue une seule personne exceptée, et elle ne fut qu'en partie rendue aveugle afin de pouvoir conduire le reste à Cabaret. Simon entreprit alors le siège de Menerbe, qui, à cause du manque d'eau, fut obligée de céder à ses forces. Le seigneur de Termes, le gouverneur, fut mis en prison où il mourut : sa femme, sa sœur, et sa fille furent brûlées et 180 personnes furent livrées aux flammes.
Plusieurs autres châteaux se rendirent à lui ; dont les habitants furent tués de la manière la plus barbare.
Bientôt après, le légat du pape convoqua un conseil à Montpellier pour renouveler ses opérations militaires contre les Albigeois, et pour honorer convenablement le comte Simon.
A l'assemblée du conseil, le légat fit beaucoup de compliments au comte, et déclara qu'il devrait être prince de tous les pays qu'il pourrait, dans le futur, prendre aux Albigeois ; en même temps, par ordre du pontife, il l'appela le soldat actif et habile de Jésus-Christ et le défenseur invincible de la foi catholique. Au moment où le comte allait lui offrir des remerciements, un messager lui apporta, la nouvelle que le peuple avait appris que le comte Simon était au conseil, et qu'ils avaient pris les armes et s'en venaient pour le détruire. Cette nouvelle jeta la confusion dans le conseil ; et Simon, quoique nommé une minute auparavant le défenseur invincible de la foi, fut content de sauter hors de la fenêtre et de se sauver loin de la ville.
L'affaire devenant sérieuse, le pape convoqua un concile à Latran dans lequel de grands pouvoirs furent accordés aux inquisiteurs catholiques romains, et plusieurs Albigeois furent mis à mort. Ce concile confirma aussi les honneurs qu'on lui avait décernés et l'autorisèrent à lever une nouvelle armée. Il se rendit immédiatement à la cour, reçut l'investiture du roi de France, et commença à lever des troupes. Ayant maintenant des forces considérables il forma le projet, si possible, d'exterminer les Albigeois, quand il reçut avis que sa comtesse était assiégée dans Narbonne par le comte de Toulouse. Il courut à son secours ; les Albigeois le rencontrèrent, lui livrèrent bataille, et le défirent ; mais il trouva moyen de se sauver dans le château de Narbonne. Après cela, Toulouse fut reprise par les Albigeois ; mais le pape épousant la cause du comte de Simon, il fut une fois de plus capable d'entreprendre le siège de cette ville. Le comte attaqua la place avec véhémence, mais il fut repoussé avec une grande perte. D'après l'avis du légat, toutefois, il attaqua de nouveau, et il fut encore repoussé.
30
Le Livre des Martyrs de Foxe
Pour comble de malheur, avant que les troupes aient pu revenir de leur confusion, le comte de Foix se présenta à la tête d'une armée formidable attaqua ses troupes déjà démoralisées et les mit en déroute. Le comte faillit se noyer dans la Garonne, dans laquelle il s'était plongé à la hâte pour éviter d'être pris. Ce revers lui brisa presque le cœur ; mais le légat du pape continua à l'encourager et lui offrit de lever une autre armée, promesse qu'il mit enfin à exécution, après un délai de trois ans et ce comte bigot put encore prendre les armes.
Dans cette occasion il dirigea toutes ses forces contre Toulouse qu'il assiégea pendant neuf mois, quand, dans une des sorties faites par les assiégés son cheval fut blessé. L'animal à cause de sa grande souffrance se sauva avec lui et l'emporta directement sous les remparts de la ville, lorsqu'un archer le blessa à la cuisse avec une flèche ; et une femme lui jeta une grosse pierre de la muraille qui le frappa sur la tête et le tua. Le siège fut levé ; mais le légat, enragé de ce désappointement, engagea le roi de France à la cause ; il envoya son fils assiéger la ville.
Le prince français, avec quelques troupes choisies les attaqua tête baissée ; mais étant sévèrement repoussé, il abandonna Toulouse pour assiéger Miromand. Il prit cette place d'assaut et passa tous ses habitants au fil de l'épée, qui consistait en 5,000 hommes, femmes et enfants.
La persécution contre les Albigeois, fut renouvelée en 1620. Dans une gille nommée Tell, pendant que le ministre prêchait à une congrégation de réformés, les papistes attaquèrent et tuèrent un certain nombre de gens. Une dame distinguée qu'on exhortait à changer de religion, si ce n'était pour elle-même au moins pour l'amour de son enfant, dit : "Je n'ai pas quitté l'Italie, mon pays natif, ni laissé mes biens que j'y possédais pour l'amour de Jésus-Christ, pour le renoncer ici. Quant à mon enfant, pourquoi ne pas le livrer à la mort puisque Dieu donna son fils pour mourir pour moi” Ils lui enlevèrent son enfant et le remirent à une nourrice papiste pour l'élever et tuèrent la mère. Dominico Berto, un jeune homme de seize ans, refusant de se faire papiste, fut mis sur un âne la tête tournée vers la queue qu'il était forcé de tenir dans sa main. Dans cette condition il fut conduit au marché, aux acclamations de la populace ; après quoi il fut mutilé et brûlé, jusqu'à ce qu'enfin il expirât dans les souffrances.
Une jeune dame, de famille noble, fut saisie et promenée par les rues avec une mitre en papier sur la tête. Après s'en être moquée et l'avoir battue, la cruelle multitude lui dit d'invoquer les saints ; elle leur répondit : "Ma confiance et mon salut sont en Christ seulement ; car la Vierge Marie, sans les mérites de son fils n'aurait pu être sauvée” Sur cela la multitude se jeta sur elle et la fit mourir.
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Chapitre V - L’Inquisition et Les Persécutions en Espagne, Portugal et L’Italie
Au temps du pape Innocent III., la religion réformée avait fait tant de bruit dans toute l'Europe, que les catholiques commencèrent à craindre que leur église était en danger, et le pape institua en conséquence un certain nombre d'inquisiteurs des personnes qui devaient rechercher les hérétiques, les arrêter et les punir. En tête de ceux-là se trouvait Dominique qui avait été canonisé. Lui et les autres inquisiteurs se dispersèrent dans les divers pays catholiques, et traitèrent les protestants avec la dernière rigueur. Enfin le pape, ne les trouvant pas aussi utiles qu'il l'espérait, résolurent d'établir des cours fixes et régulières de l'inquisition
; la première de celles-là se tint à Toulouse dont Dominique devint l'inquisiteur général.
Ces cours furent érigées dans d'autres pays, mais l'inquisition espagnol devint la plus puissante et terrible de toutes. Les dominicains (chiens de Dieu) et les franciscains étant les plus zélés des moines, le pape les investit du droit exclusif de présider et d'administrer ces cours. Les moines de ces deux ordres furent toujours choisis de la lie même du peuple, et furent, conséquemment, peu troublés par les scrupules de conscience ; ils furent obligés, toutefois, par les règles de leurs ordres de mener une vie très austère, qui leur donnait des manières insociables, et les qualifiait mieux pour leur travail.
Le pape donna aux inquisiteurs un pouvoir illimité, comme juges délégués par lui et représentants immédiats de sa personne ; on leur permit d'excommunier ou de condamner à mort, comme ils le trouvaient convenable, toute personne accusée d'hérésie ; il leur fut permis de publier des croisades contre tous ceux qu'ils jugeaient hérétiques et de faire une ligue avec les princes régnant pour joindre ces croisades avec leurs forces. Environ l'an 1244, leur pouvoir fut de nouveau accru par l'empereur Frédéric II., qui se déclara lui-même le protecteur et l'ami des inquisiteurs, et publia deux cruels édits ; que les hérétiques qui continuaient obstinés seraient brûlés, et que ceux qui se repentaient seraient emprisonnés pour la vie.
Les officiers de l'inquisition sont trois inquisiteurs ou juges, un procureur fiscal, deux secrétaires, un magistrat, un messager, un receveur, un geôlier, un agent de possessions confisquées, et plusieurs évaluateurs, conseillers, exécuteurs, médecins, chirurgiens, portiers, familiers et visiteurs qui sont tous sous serment de garder le secret. Leur principale accusation contre ceux qui sont soumis à ce tribunal est l'hérésie qui comprend tout ce qui est dit ou écrit contre la confession de foi ou les traditions de l'église romaine. Les autres articles d'accusation sont : renoncer à la foi catholique et croire que les personnes d'aucune autre religion ne peuvent être sauvées, ou même d'admettre que les dogmes de nulle autre excepté ceux des papistes soient scripturaires ou rationnelles. Deux autres choses aussi encourent le plus sévère châtiment ; de désapprouver toute action faite par l'inquisition ou douter de la vérité de quelque chose affirmé par les inquisiteurs.
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Quand les inquisiteurs ont pris ombrage contre une personne, tous les expédients sont employés pour faciliter sa condamnation ; faux serments et témoignages sont employés pour trouver l'accusé coupable et toutes les lois et institutions sont sacrifiées pour assouvir la vengeance la plus bigote. Si une personne accusée est arrêtée et emprisonnée son traitement est déplorable. Le geôlier peut commencer par le fouiller pour livres et papiers qui peuvent faciliter sa conviction, ou pour des instruments qui pourraient servir à son suicide ou à sa fuite
; et avec ce prétexte il le vole souvent d'objets de valeur, et même de son habillement. Il est alors jeté en prison. L'innocence, dans une telle occasion, n'est qu'un faible roseau ; rien n'était plus aisé que de ruiner une personne innocente. La sentence la plus douce est l'emprisonnement pour la vie ; cependant les inquisiteurs procèdent par degrés à la fois subtiles, lents et cruels.
Le geôlier s'insinue dans la faveur du prisonnier en prétendant lui donner de bons conseils
; et parmi d'autres fausses insinuations il lui dit de demander une audition. Quand il est amené devant le consistoire, la première demande est : "Quelle est votre requête ?" A ceci le prisonnier répond naturellement qu'il aimerait à être entendu. A ceci les inquisiteurs répondent, "Votre audition est confessez la vérité, ne cachez rien, et reposez-vous-en sur notre bon vouloir” Si le prisonnier fait quelque confession triviale, ils trouvent immédiatement là-dessus un acte d'accusation ; s'il est muet, il l'enferme sans lumière ou sans nourriture si ce n'est une petite provision de pain et d'eau jusqu'à ce qu'il soumette son entêtement, comme ils l'appellent ; s'il se déclare innocent ils le tourmentent jusqu'à ce qu'il meure de souffrances ou se confesse lui-même coupable.
Sur le second examen de ceux qui confessent, ils disent continuellement. "Vous n'avez pas été sincère ; vous ne dites pas tout ; vous cachez plusieurs choses, et devez être renvoyés dans votre cachot” Quand ceux qui ont été silencieux sont appelés pour un second examen, s'ils continuent à rester muets on les soumet à de telles tortures, soit pour les faire parler ou les tuer ; et quand ceux qui se proclament innocents sont examinés de nouveau, un crucifix leur est présenté et ils sont solennellement exhortés d'assermenter leur confession de foi. Cela les met à l'épreuve ; il leur faut soit jurer qu'ils sont catholiques romains, ou reconnaître qu'ils ne le sont pas. S'ils reconnaissent qu'ils ne le sont pas, on les poursuit comme hérétiques ; s'ils reconnaissent qu'ils le sont, une série d'accusations est mise à leur charge auxquelles ils sont obligés de répondre sur le champ, sans avoir le temps d'arranger leurs pensées. Après avoir répondu verbalement, on leur apportait une plume, de l'encre et du papier pour préparer une réponse par écrit, qui devait coïncider sous tous les rapports avec le verbal. Si les réponses différaient, les prisonniers étaient accusés de prévarication ; si l'un contenait plus que l'autre, ils étaient accusés de vouloir user de dissimulation ; s'ils s'accordaient tous deux, ils étaient accusés d'artifice prémédité.
Après qu'une personne dénoncée est condamnée, elle est sévèrement fouettée, torturée violemment, envoyée aux galères ou condamnée à mort ; dans les deux cas les biens étaient confisqués. Après le jugement, une procession est arrangée à la place de l'exécution et la 33
cérémonie est appelé un Auto da Fé, ou acte de foi. Ce qui suit est un récit exact de l'une de ces farces solennelles, jouées Madrid en l'an 1682:
Les officiers de l'inquisition, précédés de trompettes, de timbales et de leur bannière défilèrent en cavalcade le 20 de Mai au palais du grand carré, où ils déclarèrent par proclamation, que le 30 de Juin la sentence des prisonniers serait exécutée. Il n'y avait pas eu de spectacle de cette espèce à Madrid depuis plusieurs années et pour cette raison les habitants l'attendaient avec beaucoup d'impatience. Quand le jour arriva une foule prodigieuse parut habillée aussi gaîment que leurs moyens le leur permettaient. Sur la place était élevé un échafaud ; et là, depuis sept heures du matin jusqu'au soir, furent amenés des criminels des deux sexes : toutes les inquisitions du royaume envoyant leurs prisonniers à Madrid. Vingt hommes et femmes, avec un Mahométan renégat furent condamnés à être brûlés ; cinquante Juifs et Juives furent condamnés à un long emprisonnement et à porter un bonnet jaune ; dix autres, accusés de bigamie, de sorcellerie et autres crimes, furent condamnés à être fouettés et ensuite envoyés aux galères ; ces derniers portaient de grands bonnets de carton, avec une inscription dessus, ayant une corde autour du cou et torche en mains.
Dans cette occasion toute la cour d'Espagne était présente. Le fauteuil du grand Inquisiteur fut placé sur une sorte de tribunal plus élevé que celui du roi. Les nobles jouèrent la part des officiers du shérif en Angleterre, conduisant les criminels qui devaient être brûlés et les tenant quoique attachés avec de fortes cordes ; le reste des victimes étaient conduites par les familiers de l'inquisition. Il y avait parmi elles une jeune Juive d'une exquise beauté n'ayant que dix-sept ans. Étant sur le même côté de l'échafaud sur lequel la reine était assise, elle s'adressa à elle dans l'espérance d'obtenir son pardon, dans le discours pathétique suivant : "Grande reine ! Votre présence royale ne me sera-t-il pas de quelque service dans ma misérable condition ? Ayez égard à ma jeunesse ; ah, hélas ! considérez que je suis sur le point de mourir pour professer une religion inculquée dès ma plus tendre enfance !"
Sa majesté sembla la prendre en pitié, mais elle se détourna, n'osant pas dire un mot pour quelqu'un déclaré hérétique par l'inquisition. La messe commença maintenant et vers son milieu le prêtre sorti d'un autel placé près de l'échafaud, et s'assit sur un fauteuil préparé dans ce but. Alors l'inquisiteur en chef descendit de l'amphithéâtre habillé de sa chape et ayant une mitre sur la tête. Après s'être agenouillé à l'autel, il s'avança vers le balcon du roi, suivi de quelques officiers portant une croix et les évangiles, avec un livre contenant les serments par lesquels les rois d'Espagne s'obligent de protéger la foi catholique, d'exterminer les hérétiques, et de supporter de tout leur pouvoir les décrets des inquisitions. A l'approche de l'inquisiteur, présentant son livre au roi, sa majesté se leva tête nue et jura de maintenir son serment ; après quoi le roi continua à rester debout jusqu'à ce que l'inquisiteur fût retourné à sa place et alors le secrétaire du saint office monta sur une chaire et administra un serment pareil à toute l'assemblée.
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La messe commença environ midi et ne finit qu'à neuf heures, étant prolongée par une proclamation des sentences de plusieurs criminels. Vint ensuite le brûlement de vingt-et-un hommes et femmes, dont le courage fut vraiment étonnant ; quelques-uns mirent leurs mains et leurs pieds dans les flammes avec la plus indomptable bravoure ; tandis que tous agirent avec une telle résolution que plusieurs des spectateurs étonnés déploraient que des âmes aussi héroïques n'aient pas été plus éclairées. Le roi était si près des criminels, que leurs derniers gémissements furent entendus par lui ; son serment de couronnement l'obligeait de sanctionner par sa présence tous les actes du tribunal.
L'inquisition établie en Portugal est sur le même plan que celui de l'Espagne, ayant été instituée environ en même temps et régie d'après les mêmes règlements. La maison ou plutôt le palais est un bel édifice. Il contient quatre cours, chacune d'environ quarante pieds carrés autour desquelles il y a environ 300 cachots ou cellules. Les cachots sur le rez-de-chaussée sont pour la plus basse classe de prisonniers, et ceux du second étage pour le rang supérieur.
Les galeries sont bâties en pierre de taille, et cachées à la vue dedans et dehors par une double muraille d'environ cinquante pieds de haut. Si vaste est toute la prison qui contient tant de détours que personne ne peut trouver son chemin que ceux qui y sont habitués. Les appartements de l'inquisiteur en chef sont vastes et élégants ; l'entrée se fait par une grande barrière qui conduit dans une cour autour de laquelle il y a plusieurs chambres et de grands salons pour le roi, la famille royale et le reste de la cour pour s'y tenir et observer les exécutions.
Un teston, qui vaut quinze sous, est alloué à chaque prisonnier tous les jours ; et le geôlier en chef, accompagné de deux autres officiers, visite chaque prisonnier tous les mois pour savoir comment il veut disposer de sa ration. Des sentinelles parcourent continuellement l'enceinte pour écouter, et si le moindre bruit est entendu d'avertir et de menacer le prisonnier
; si le bruit est répété, on le bat sans merci. Ce qui suit est un fait reconnu : Un prisonnier ayant une mauvaise toux, un des gardes vint lui ordonner de ne pas faire de bruit ; il répondit que ce n'était pas en son pouvoir de l'empêcher. La toux augmentant, le garde alla à la cellule, mis à nu le patient et le battit si fort qu'il en mourut bientôt après.
Quelques fois un prisonnier passait des mois sans savoir ce dont on l'accusait, ou sans avoir la moindre idée quand son procès devait avoir lieu. Le geôlier enfin l'informait qu'il lui fallait faire une demande pour instruire son procès. L'ayant fait il était conduit tête nue pour son examen. A la porte du tribunal le geôlier frappe trois fois pour donner avis aux juges de son approche. Une cloche est alors sommée par l'un des juges et un assistant ouvre la porte, admet le prisonnier et lui fournit un siège. Le prisonnier reçoit l'ordre du président de s'agenouiller, et de mettre sa main droite sur un livre qui lui est présenté tout fermé. Ceci étant fait, la question suivante lui est faite : "Voulez-vous promettre de cacher les secrets du Saint-Office, et dire la vérité” S'il répond dans la négative, il est reconduit à sa cellule et là traité cruellement. S'il répond dans l'affirmative, il reçoit l'ordre de s'asseoir de nouveau, et l'examen 35
procède ; le président lui demande une foule de questions, et le commis les inscrit ainsi que les réponses.
Quand l'examen est clos, la cloche est sonnée de nouveau le geôlier paraît, et le prisonnier reçoit l'ordre de se retirer avec cette exhortation : "Taxez votre mémoire, rappelez-vous tous les péchés que vous avez commis, et quand vous serez ramené ici, faites en part au Saint-Office” Le geôlier et ses assistants ayant appris que le prisonnier a fait une confession ingénue, et répondu volontiers à toutes les questions, lui font une profonde révérence et le traite avec une bonté affectée. Il est amené quelques jours après à un second examen, avec les mêmes formalités qu'avant. Les inquisiteurs trompent souvent leurs prisonniers en leur promettant la plus grande indulgence et même de leur rendre leur liberté, s'ils veulent s'accuser eux-mêmes
; les malheureuses personnes qui sont en leur pouvoir tombent fréquemment dans ce piège et sont sacrifiées à leur propre simplicité.
Un autre artifice est employé par les inquisiteurs quand un prisonnier a trop de résolution pour s'accuser lui-même et trop de prévoyance pour être attrapé par leur artifice. Une copie d'un acte d'accusation lui est remise, dans laquelle, parmi plusieurs accusations triviales, il est accusé des crimes les plus atroces. Ceci excite sa colère et il se récrit contre de telles faussetés.
On lui demande alors quels crimes il peut nier. Il mentionne naturellement les plus énormes et en exprime son horreur ; alors l'acte d'accusation lui est arraché des mains et le président s'écrie ; "En reniant seulement ces crimes que vous mentionnez vous confessez implicitement le reste ; nous procéderons donc en conséquence”.
Quoique les inquisiteurs ne permettent d'employer la torture que trois fois, elle est si cruelle toutefois que le prisonnier meurt sous la peine, ou continue d'être ci-après un estropié.
Ce qui suit est une description des tourments atroces occasionnés par la torture, d'après le récit d'une personne qui l'a souffert trois fois, mais heureusement survécut à ses cruautés.
La Première Application de la Torture.
Un prisonnier, en refusant de se soumettre à la demande inique des inquisiteurs, en confessant les crimes dont on l'accuse, fut conduit immédiatement à la salle des tortures, où il n'y avait d'autre lumière que celle de deux chandelles. Pour que les cris des martyrisés ne fussent pas entendus, la salle était doublée d'une espèce de couverture piquée, couvrant toutes les fentes pour amortir le son. L'horreur du prisonnier était extrême en entrant dans cette place infernale quand soudain il est entouré de six misérables, qui, après avoir préparé les tortures, le dépouillèrent de tout à part son caleçon. Il fut alors mis sur le dos sur un banc élevé de quelques pieds au-dessus du plancher. Ils commencèrent à lui mettre au cou un collier en fer, et un anneau à chaque pied qui le retenait au banc. Ses membres étant ainsi étendus ils entortillèrent deux cordes autour de chaque bras et de chaque cuisse ; celles-ci, étant passées sous l'échafaud, étaient bandées en même temps par quatre hommes.
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La souffrance qui en résultait aussitôt était intolérable ; les cordes, qui n'étaient pas grosses, coupaient la chair du prisonnier jusqu'à l'os, faisant jaillir le sang. Comme il persistait à ne pas confesser ce que les inquisiteurs exigeaient, les cordes étaient tirées de la même manière quatre fois de suite. Un médecin et un chirurgien assistaient et lui tâtaient les temples pour juger du danger ; par ce moyen ses tortures étaient pour un petit moment suspendues ; mais seulement pour qu'il pût se remettre pour endurer plus de torture. Pendant cette extrémité d'angoisse, pendant que la fragile charpente se brisait pour ainsi dire en pièces, tandis que chaque pore éprouvait la douleur la plus aiguë et l'âme agonisante était sur le point de sortir de sa malheureuse demeure, les ministres de l'inquisition regardaient sans émotion et conseillaient froidement à la pauvre victime de confesser sa faute pour obtenir le pardon et recevoir l'absolution.
Tout ceci, toutefois, n'eut aucun effet sur le prisonnier dont l'esprit était fortifié par la douce conviction de son innocence et la divine consolation de la religion. Au milieu de ses souffrances corporelles, le médecin et le chirurgien étaient assez barbares pour déclarer, que s'il mourait sous les tortures, il serait coupable par son entêtement, de suicide. La dernière fois que les cordes furent bandées il devint si excessivement faible, par l'arrêt de la circulation du sang, et les souffrances qu'il endurait, qu'il s'évanouit : alors il fut détaché et ramené à son cachot.
Seconde Application de la Torture.
Les misérables scélérats, trouvant que les tortures qu'ils infligeaient au lieu d'arracher une confession au prisonnier, ne servaient qu'à exciter ses prières au ciel pour obtenir la patience et la force de persévérer dans la vérité et l'intégrité, furent assez inhumains, six semaines après, pour le faire passer par une autre espèce de torture, plus sévère, si possible, que la première ; la manière de l'infliger était comme suit : ils lui forçaient les bras, en arrière, de sorte que les paumes de ses mains étaient tournées en dehors derrière lui ; alors, par le moyen d'une corde qui les attachait ensemble aux poignets et qui était remontée par un mécanisme, ils les rapprochaient par degré l'un vers l'autre, de telle sorte que le derrière de chaque main se touchaient et était parallèle l'une avec l'autre. Les deux épaules étaient ainsi disloquées, et une quantité considérable de sang sortait de sa bouche. Cette torture était répétée trois fois ; après quoi il était de nouveau reconduit au cachot et remis au médecin et au chirurgien, qui, en remettant les os disloqués, le faisait souffrir des tourments affreux.
Troisième Application de la Torture