Entretiens / Interviews / Entrevistas by Marie Lebert - HTML preview

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Pour ce qui est des livres, comme je suis en guerre perpétuelle avec le temps,j'ai peu l'occasion de lire. Au cours de mes vacances, cet été, j'ai acheté deslivres de cyberlibraires et je les ai fait livrer poste restante au bureau deposte du village où j'étais. Entre trois à cinq jours pour la livraison, c'estgénial.

= Les jours du papier sont-ils comptés?

Le cinéma n'a pas sonné la mort des spectacles sur scène et des artsd'interprétation, pas plus que la radio.

La télévision n'a pas relégué auxoubliettes le cinéma, au contraire, elle a contribué à une plus grande diffusiondes films. Même chose pour la vidéocassette. Les technologies se succèdent, puiscohabitent.

Je crois qu'il en sera de même pour le papier. Il est certain que son rôle etses utilisations seront modifiés, que certains contenus demeureront plusportables et conviviaux sur papier, il y aura des ajustements.

= Quelle est votre opinion sur le livre électronique?

Curieusement, dans l'édition du 28 juillet 1998 des Chroniques de Cybérie que jecite plus haut, je parlais du numéro 4 des Cahiers de médiologie ayant pourthème "Les pouvoirs du papier", et aussi des premiers livres numériques.

Force est de constater que, deux ans plus tard, peu de choses ont évolué.D'abord, sur le plan technique, les nouvelles interfaces de lecture n'ont pasrempli leurs promesses sur le plan de la convivialité, de l'aisance et duconfort, du plaisir de l'expérience de lire.

D'autre part, les contenus proposés sont encore assez maigres. Je ne dis pasqu'il n'y a rien, mais c'est peu varié, et encore peu de grands titres quipermettraient des économies d'échelle.

Oui, Stephen King a fait un pied de nez aux éditeurs et publié des oeuvresoriginales en ligne. Et alors? On peut difficilement, encore, parler d'unetendance.

J'ai une théorie des forces qui animent et modifient la société, et qui serésume à classer les phénomènes en tendances fortes, courants porteurs etsignaux faibles.

Le livre électronique ne répond pas encore aux critères de tendance forte. Onperçoit des signaux faibles qui pourraient annoncer un courant porteur, mais onn'y est pas encore. Cependant, si et quand on y sera, ce sera un atout importantpour les personnes qui souhaiteront s'auto-éditer, et le phénomène pourraitbouleverser le monde de l'édition traditionnelle.

= Quelles sont vos suggestions pour une meilleure accessibilité du web auxaveugles et mal-voyants?

Mes suggestions s'adressent surtout aux diffuseurs de contenus qui ne respectentpas les normes techniques.

Je m'explique. Le Consortium W3C est un organisme denormalisation des techniques du web. Ses comités étudient les nouvellestechniques, et prescrivent des normes d'utilisation. Or les producteurs etdiffuseurs de contenus utilisent souvent des techniques propriétales, horsnormes, propres à un logiciel ou à une plateforme, ce qui donne lieu, parexemple, à des "sites optimisés" pour Netscape ou pour Internet Explorer.

Si ces sites soi-disant optimisés pour un fureteur ou un autre causent desproblèmes pour les utilisateurs ordinaires, imaginez la difficulté d'adapter descontenus livrés hors normes à un consultation pour non-voyants.

Il y a des efforts énormes pour rendre accessible à tous le contenu du web, maistant et aussi longtemps que les diffuseurs utiliseront des technologies horsnormes, et ne tiendront pas leurs engagements pris, notamment, dans le cadre duWeb Interoperability Project (WIP), la tâche sera difficile.

= Comment définissez-vous le cyberespace?

Un monde parallèle, un espace où se déroule l'ensemble des activitésd'information, de communication, et d'échanges (y compris échanges commerciaux)désormais permises par le réseau. Il y a un centre, autonome, très interconnectéqui vit par et pour lui-même. Puis des collectivités plus ou moins ouvertes, desespaces réservés (intranets), des sous-ensembles (AOL, CompuServe). Il y aensuite de très longues frontières où règne une culture mixte, hybride, issue duvirtuel et du réel (on pense aux imprimés qui ont des versions web, aux sitesmarchands). Il y a aussi un sentiment d'appartenance à l'une ou l'autre de cesrégions du cyberespace, et un sentiment d'identité.

= Et la société de l'information?

Une société où l'unité de valeur réelle est l'information produite, transformée,échangée. Elle correspond au

"centre" du cyberespace. Malheureusement, leconcept a tellement été galvaudé, banalisé, on l'a servi à toutes les saucespoliticiennes pour tenter d'évoquer ce qu'on ne pouvait imaginer dans le détail,ou concevoir dans l'ensemble, de sorte que l'expression a perdu de son sens.

[EN] Jean-Pierre Cloutier (Montreal)

#Editor of Chroniques de Cybérie, a weekly report of Internet news Chroniques de Cybérie was launched in November 1994 as a weekly newsletter sentby email. Since April 1995, it has been available on the Web. Both versions arecurrently available: the e-mail version (5,000

subscribers) and the Web version.

In The New York Times, Bruno Giussani wrote: "Jean-Pierre Cloutier (…) is oneof the leading figures of the French-speaking Internet community. Cloutierwrites one of the most intelligent, passionate and insightful electronicnewsletters available on the Internet (…) an original mix of relevant Internetnews, clear political analysis and no-nonsense personal opinions, (…) apublication that gave readers the feeling that they were living 'week after weekin the intimacy of a planetary revolution'."

[Interview 08/06/1998 // Interview 06/08/1999]

*Interview of June 8, 1998 (original interview in French)

= Could you tell us about your professional work?

There are two different things. First I was a translator (after working incommunications). I got connected to the Internet at the request of my smalltranslation company's customers because it made it easier to receive the work totranslate and then send the result back to them. Quite quickly, I began to get abroader range of customers, including some in the US.

Then I made a switch. I stopped translating and became a columnist. At first Iwas doing it part-time, but it soon became my main activity. For me it was areturn to journalism, but in a very different way. In the beginning, Chroniquesde Cybérie dealt mainly with news (new sites and new software). But gradually Itackled more fundamental aspects of the Internet, and then branched out intocurrent national and international social, political and economic events.

With basic issues, it's fairly simple because all these resources (officialdocuments, news stories, commentary and analysis) are online. You can delve intothem, quote them, broaden the analysis and go on with the research. For currentevents, the choice of subject depends on available resources, and resources arenot always easy to find. So you're in the same situation as radio or TV, that ifthere aren't any audio clips or pictures, even a major event becomes lessinteresting on the Internet.

= How do you see the future?

For Chroniques de Cybérie, we could introduce and maintain a formula becauseentry costs are quite low in this medium. However, everything will depend on theextent of what's called media "convergence" and on whether production costs riseif we need to offer audio and video material to stay in the game. If thathappens, we'll have to rethink our strategic partnerships, such as the onelinking us to the Ringier group which enabled us to relaunch Chroniques aftersix months of silence. But however much "convergence"

there is, I think there'llalways be room for written work and for in-depth analysis of the main questions.

*Interview of August 6, 1999 (original interview in French)

= What has happened since our first interview? Any new projects, new ideas…?

No real new projects. New ideas, yes, but I'm still working on them.

= What do you think of the debate about copyright on the Web? What practicalsuggestions do you have?

That's a very big subject.

First there are the copyright and reproduction rights of big companies. Theseare relatively well supported legally, either through internal legal means or byhiring specialized companies.

There's no doubt the "dematerialization" of information, brought about by theInternet and digitization, makes it easier to undermine intellectual property invarious ways.

The danger is real for small producers/distributors of "original" content, whodon't have the means to monitor the theft of their products, or to take legalaction to ensure their rights are respected.

But all this is the "official" part — cases of plagiarism that can be found in"rematerialized" works. There is perhaps a more insidious form of plagiarism,which is the theft of ideas, concepts, formulas, etc., with no mention of theirorigin. It's hard to "prove" such plagiarism because it is not just a matter of"copy and paste". But it's another aspect of the issue which is often obscuredin the debate.

What's the solution? We need a system where you can register free of charge anarticle, book or piece of music with an international organization that can takelegal action against plagiarism. This wouldn't solve all the problems, but wouldat least establish a basic structure and, who knows, might deter the thieves.

= How do you see the growth of a multilingual Web? What practical suggestions doyou have?

We passed the milestone this summer. Now more than half the users of theInternet live outside the United States. Next year more than half of all userswill be non English-speaking, compared with only 5% five years ago. Isn't thatgreat?

At the same time, the Internet has became multi-faceted and now requires moreand more efficient tools because of the "enrichment" of content (or rather ofwhat contains it, because as far as the real content is concerned, there's noenrichment, except of the firms that sell it). The Internet needs strongsystems, with good memory and powerful microprocessors. Development of the nonEnglish-speaking Web will be mainly aimed at people who have no way of gettingpowerful systems or the latest software and operating systems, or of upgradingor renewing it all every year. Also, communication infrastructure is sorelylacking in many places outside Europe and the United States. So there is aproblem of bandwidth.

I've been noticing this phenomenon since the very beginning of Chroniques. Somereaders (in Africa, Asia, Caribbean, South America and the Pacific) tell me theylike being able to suscribe to an e-mail version.

They can get Chroniques as asingle message, read it off-line and choose the sites they want to consultlater.

Often they have to plan their time online carefully because of poorcommunication links.

The Web is going to grow in these non English-speaking regions. So we've got totake into account the technical aspects of the medium if we want to reach these"new" users.

I think it's a pity there are so few translations of important documents andessays published on the Web —

from English into other languages and vice-versa.

Let me explain. Jon Katz published on the Web an analysis of the "Goth" culturewhich the perpetrators of the Littleton slaughter were into, and of the term"Goth". The French-speaking press quoted one or two sentences of his analysis,lifted a few of his ideas, made an article out of it and that's all. But itwasn't enough to allow one to understand Katz and his analysis of this youthculture.

In the same way, the recent introduction of the Internet in regions where it isspreading raises questions which would be good to read about. When willSpanish-speaking communications theorists and those speaking other languages betranslated?

= What is your best experience with the Internet?

It's not a very cheerful one and has nothing to do with the significantinfluence Chroniques de Cybérie has gained over the years.

At the beginning of 1996, I got a message which roughly said: "My son, in hisearly twenties, has been very ill for months. Every week, he looked forward verymuch to getting your newsletter in his electronic mailbox. As he could no longerleave the house, the newsletter allowed him to 'travel', to open his mind andthink about something else other than his pain. He died this morning. I justwanted to thank you because you lightened his last months with us."

When you get a message like this, you don't care about speaking to thousands ofpeople, you don't care about lots of statistics, you tell yourself you'retalking to one person at a time.

= And your worst experience?

I haven't really had a "big bad" experience. Lots of small and irritating ones,though. The system is fragile, content takes second place, the human resourcesaren't talked about much and lots of new software is inundating us. But we canlive with it all quite easily.

[ES] Jean-Pierre Cloutier (Montreal)

#Autor de las Chroniques de Cybérie, una crónica semanal de las noticias de Internet

Empezadas en noviembre de 1994 por Jean-Pierre Cloutier como una carta semanalenviada por correo electrónico, las Chroniques de Cybérie son difundidas en laRed desde abril de 1995. La versión por correo electrónico aún se encuentramantenida (5.000 suscritos), así como el sitio web.

[Entrevista 08/06/1998 // Entrevista 06/08/1999]

*Entrevista del 8 de junio de 1998 (entrevista original en francés)

= ¿Cuáles son los cambios obtenidos por Internet en su vida profesional?

En mi caso fueron dos épocas. Primero una época en la que era traductor (despuésde haber trabajado en las comunicaciones). Me conecté a Internet a petición delos clientes de mi pequeña empresa de traducción, porque simplificaba el envíode textos a traducir y el regreso de textos traducidos. Rápidamente empecé aampliar mi clientela y a tener contratos con clientes de Estados Unidos.

Luego cambié completamente de trabajo, es decir que dejé a lado mis actividadesde traducción para hacerme cronista. Al principio lo hice a medio tiempo, perorápidamente se hizo mi actividad principal. Para mí era un retorno alperiodismo, pero de una manera visiblemente muy distinta. Al principio, lasChroniques trataban sobre todo novedades (sitios nuevos, programas decomputación nuevos). Pero gradualmente traté cada vez más cuestiones de fondo dela Red, y después amplié con algunos puntos de la actualidad nacional einternacional - social, política y económica.

En el primer caso, el de las cuestiones de fondo, es relativamente simple porquetodos los recursos (documentos oficiales, noticias, comentarios, análisis) estánen línea. Por lo tanto se puede poner su graito de sal, citar, ampliar elanálisis, extender las investigaciones. Con respecto a la actualidad, laselección de los temas depende de los recursos disponibles, lo que no es siemprefácil de encontrar. Se encuentra uno en la misma situación que en la radio o enla televisión, es decir, que si no hay audioclips e imágenes, una noticia aunquesea importante se hace menos atrayente por este medio.

= ¿Cómo ve Ud. su futuro profesional?

En el caso de las Chroniques de Cybérie, pudimos lanzar y mantener una fórmula acausa de los costos relativamente bajos de instalación en este medio. Sinembargo, todo dependerá de la amplidud del fenómeno llamado "convergencia" delos medias y de una posible alza de los costos de producción si tenemos queofrecer audio y video para mantenernos competitivos. Si es el caso, tendremosque pensar en alianzas estratégicas, un poco como la que nos relaciona con elgrupo Ringier et que permitió la

"reactivación" de las Chroniques después deseis meses de "puesta en espera". Pero cualquiera que sea el grado deconvergencia, creo que siempre habrá un lugar para "lo escrito", y también paralos análisis aprofundizados de los grandes problemas.

*Entrevista del 6 de agosto de 1999 (entrevista original en francés)

= ¿Tiene Ud. cosas que añadir a nuestra primera entrevista? Nuevasrealizaciones, nuevos proyectos, nuevas ideas…

Proyectos y realizaciones, no, no exactamente. Nuevas ideas, sí, pero estátodavía en gestación.

= ¿Qué piensa Ud. de los debates con respecto a los derechos de autor en la Red?

¿Cuáles soluciones prácticas sugeriría?

Es un problema amplio.

Hay primero los derechos de autor y derechos de reproducción de las grandesempresas. Estas últimas están relativamente bien dotadas en apoyo jurídico, yasea por el recurso a los servicios internos de litigios, ya sea por lacontratación de compañías especializadas.

Es cierto que la "inmaterialización" de la información, aportada por Internet ylas técnicas numéricas, facilita los ataques variados de la propiedadintelectual. Donde está el peligro, es en el caso de pequeñosproductores/distribuidores de temas o contenidos "originales" que no tienen losmedios para cuidarse de la apropiación de sus productos ni de iniciar medidasjurídicas para el respeto de sus derechos.

Pero todo esto es el lado "oficial", son casos de reproducción o imitación quese pueden probar con documentos "rematerializados". Quizás una de las formas másinsidiosa de imitación, sea la de la apropiación sin mención del origen de lasideas, de conceptos, de fórmulas, etc. Es difícil en estos casos de

"probar" laimitación, porque no es un mero "copiar y pegar". Sin embargo, es otra dimensióndel problema la que está a menudo ocultada en el debate.

¿Soluciones? Se debe inventar un proceso por el cual se pueda inscribir singastos una obra (artículo, libro, obra musical, etc.) ante un organismointernacional con poder de sanción. Este método no arreglaría todos losproblemas, pero tendría por lo menos la ventaja de determinar un cuadro de basey, quién sabe, quizás, actuaría para disuadir a los saqueadores.

= ¿Cómo ve Ud. la evolución hacia un Internet multilingüe? ¿Cuáles solucionesprácticas sugeriría?

Un giro se tomó este verano. Ahora más de 50% de los/las usuarios/usuarias de laRed viven fuera de Estados Unidos. El año próximo, más de 50% de los usuariosserán no anglófonos. Hace solamente cinco años era un 5%. Estupendo, ¿verdad?

Pero al mismo tiempo Internet se hizo multiforme y exige cada vez másinstrumentos competitivos a causa del "enriquecimiento" de los contenidos (o másbien de los contenientes, porque sobre el fondo, el contenido verdadero, noenriquece nada salvo las empresas que los venden). Se necesitan sistemasfuertes, provistos de buena memoria, con microprocesores poderosos. Ahora bien,si la Red no anglófona se desarrolla, se dirigirá en una buena parte apoblaciones que no tienen los medios de conseguir sistemas poderosos, como losúltimos programas de computación y sistemas de explotación, ni de renovar yponer a nivel todo este bazar cada año. Además, las infraestructuras decomunicación faltan en muchas regiones fuera de Europa y de Estados Unidos. Haypor lo tanto un problema de ancho de banda.

Lo observo desde el principio de las Chroniques. Algunos corresponsales (África,Asia, Antillas, América del Sur, región del Pacífico) me dicen que les gusta lafórmula de suscripción por correo eléctronico, porque les permite primerorecuperar un único mensaje y luego leerlo, informarse, hacer una preselección desitios que consultarán después. En muchos casos se necesitan optimizar horas deconsulta a causa de infraestructuras técnicas bastante simples.

Es, por consiguiente, en estas regiones no anglófonas que reside el desarrollode la Red. Por lo tanto hay que tener en cuenta las características técnicas delmedio de comunicación si se quiere dar con estos "nuevos"

usuarios.

Deploro también que se hagan muy pocas traducciones de textos y ensayosimportantes publicados en la Red, tanto del inglés hacia otras lenguas como ensentido contrario.

Me explico. Por ejemplo, Jon Katz publicó un análisis del fenómeno de la culturaGoth que impregnaba los autores de la matanza de Littleton, y de la expresiónGoth en la Red. La prensa francófona extrae una frase o dos del análisis deKatz, recolecta algunos conceptos, hace un artículo de eso, y es todo. Pero nobasta para entender Katz y comprender sus ideas sobre la cultura de estos gruposde jóvenes.

De la misma manera, la novedad de Internet en las regiones donde se muestraahora, suscita ahí reflexiones que nos serían útiles de leer. ¿Cuándo podremostener la traducción de pensadores de la comunicación hispanohablante o de otraslenguas?

= ¿Cuál es su mejor recuerdo relacionado con Internet?

No es muy alegre, y no tiene nada que ver con la importante difusión obtenidapor las Chroniques de Cybérie a lo largo de los años.

A principios de 1996 recibí un mensaje que decía más o menos esto: "Mi hijo, alprincipio de sus veinte años, estaba gravemente enfermo desde hacía meses. Cadasemana esperaba impacientemente la llegada de su crónica en su buzónelectrónico. Como no podía salir de casa, su crónica le permitió 'viajar', abrirsus horizontes, pensar en otra cosa que en su mal. Murió hoy por la mañana. Yoquería simplemente agradecerle de haberle ayudado durante sus últimos mesesentre nosotros."

Entonces, cuando se recibe un mensaje como éste, nos vale hablar a millares depersonas, nos valen las buenas estadísticas, se dice uno mismo que hablamos conuna persona a la vez.

= ¿Y su peor recuerdo?

No tengo un único recuerdo "grande y malo". Pero una multitud de pequeños eirritantes recuerdos. El sistema es frágil, el contenido pasa al segundo plano,se habla poco del capital humano, estamos inundados con versiones sucesivas deprogramas de computación. Pero es soportable…

JACQUES COUBARD [FR]

[FR] Jacques Coubard (Paris)

#Responsable du site web du quotidien L'Humanité

*Entretien du 23 juillet 1998

= Quel est l'historique de votre site web?

Le site de L'Humanité a été lancé en septembre 1996 à l'occasion de la Fêteannuelle du journal. Nous y avons ajouté depuis un forum, un site (enpartenariat) pour la récente Coupe du monde de football, et des données sur laFête et sur le meeting d'athlétisme parrainé par L'Humanité. Nous espéronspouvoir développer ce site à l'occasion du lancement d'une nouvelle formule duquotidien qui devrait intervenir à la fin de l'année ou au début de l'anprochain. Nous espérons également mettre sur site L'Humanité hebdo dans lesmêmes délais.

= Quel est l'apport de l'internet dans votre vie professionnelle?

Jusqu'à présent on ne peut pas dire que l'arrivée d'internet ait bouleversé lavie des journalistes faute de moyens et de formation (ce qui va ensemble). Lesrubriques sont peu à peu équipées avec des postes dédiés, mais une minorité dejournalistes exploite ce gisement de données. Certains s'en servent pourtransmettre leurs articles, leurs reportages. Il y a sans doute encore une"peur" culturelle à plonger dans l'univers du Net.

Normal, en face de l'inconnu.L'avenir devrait donc permettre par une formation (peu compliquée) de combler cehandicap. On peut rêver à un enrichissement par une sorte d'éditionélectronique, mais nous sommes sévèrement bridés par le manque de moyensfinanciers.

LUC DALL'ARMELLINA [FR]

[FR] Luc Dall'Armellina (Paris)

#Co-auteur et webmestre d'oVosite, espace d'écritures hypermédias

[Entretien 13/06/2000 // Entretien 14/11/2000]

*Entretien du 13 juin 2000

= Pouvez-vous présenter oVosite?

oVosite est un site web (mise en ligne: juin 1997) conçu et réalisé par uncollectif de six auteurs (Chantal Beaslay, Laure Carlon, Luc Dall'Armellina,Philippe Meuriot, Anika Mignotte et Claude Rouah) - issus du départementhypermédias de l'Université Paris 8 - autour d'un symbole primordial etspirituel, celui de l'oeuf.

Le site s'est constitué selon un principe decellules autonomes qui visent à exposer et intégrer des sources hétérogènes(littérature, photo, peinture, vidéo, synthèse) au sein d'une interfaceunifiante.

Les récits voisins, la première cellule active, met en scène huit nouvellesoriginales - métaphores d'éclosion ou de gestation - à travers des ancragesvariant selon trois regards: éléments de l'environnement (rouge), personnages del'histoire (violet), correspondances poétiques (bleu). L'interprétation de cesregards, c'est-à-

dire le choix des liens pour chaque élément de texte, incombe àchaque auteur et dépend de sa perception individuelle du sujet au sein de sonunivers intime. Les récits voisins est une oeuvre collective, un travaild'écriture multimédia qui s'est étendu sur près de six mois.

Désirs est une proposition de fragmentation d'un poème anonyme (texte de 1692)et qui occupe l'espace sur le mode de l'apparition des phrases reliées à desmots qui s'affichent et disparaissent au gré d'un aléatoire mesuré.

De nouvelles cellules sont en couvaison…

= En quoi consiste exactement votre activité professionnelle?

Je suis enseignant en création numérique auprès d'étudiants des filières "arts"et "design graphique" à l'Ecole régionale des beaux-arts de Valence (Drôme) etchargé de cours en "création de site web" UFR6

(unité de formation et derecherche 6) "Littérature et Informatique" auprès d'étudiants de DESS

(diplômed'enseignement supérieur spécialisé) à l'Université Paris 8 -Saint-Denis-Vincennes (Seine Saint-Denis).

J'exerce par ailleurs une activité de recherche (doctorant à Paris 8) faite decréation (sites web et dispositifs hypertextuels), de veille technologique(outils de création et technologies) et d'un travail d'analyse des pratiques decréation numérique. Ces trois pôles servent la construction de ma thèse en courssur le thème:

"Vers une écologie de l'écran".

= Comment voyez-vous l'avenir?

La couverture du réseau autour de la surface du globe resserre les liens entreles individus distants et inconnus (c'est un peu notre cas lors de cet échange).Ce qui n'est pas simple puisque nous sommes placés devant des situationsnouvelles: ni vraiment spectateurs, ni vraiment auteurs, ni vraiment lecteurs,ni vraiment interacteurs. Ces situations créent des nouvelles postures derencontre, des postures de

"spectacture" ou de "lectacture" (Jean-LouisWeissberg). Les notions de lieu, d'espace, de temps, d'actualité sontrequestionnées à travers ce médium qui n'offre plus guère de distance àl'événement mais se situe comme aucun autre dans le présent en train de sefaire.

L'écart peut être mince entre l'envoi et la réponse, parfois immédiat (cas de lagénération de textes). Mais ce qui frappe et se trouve repérable ne doit pasmasquer les aspects encore mal définis tels que les changements radicaux quis'opèrent sur le plan symbolique, représentationnel, imaginaire et plussimplement sur notre mode de relation aux autres. "Plus de proximité" ne créepas plus d'engagement dans la relation, de même

"plus de liens" ne créent pasplus de liaisons, ou encore "plus de tuyaux" ne créent pas plus de partage.

Je rêve d'un internet où nous pourrions écrire à plusieurs sur le mêmedispositif, une sorte de lieu d'atelier d'écritures permanent et quiautoriserait l'écriture personnelle (c'est en voie d'exister), son partage avecd'autres auteurs, leur mise en relation dans un tissage d'hypertextes et unespace commun de notes et de commentaires sur le travail qui se crée. Je rêveencore d'un internet gratuit pour tous et partout, avec toute l'utopie que celareprésente. Internet est jeune mais a déjà ses mythologies, ainsi Xanadu devaitêtre cette cité merveilleuse ou tout le savoir du monde y serait lisible entoutes les langues. Loin d'être au bout de ce rêve, internet tient tout de mêmequelques-unes de ces promesses.

= Les possibilités offertes par l'hypertexte ont-elles changé votre moded'écriture?

Non - parce qu'écrire est de toute façon une affaire très intime, un mode derelation qu'on entretient avec son monde, ses proches et son lointain, sesmythes et fantasmes, son quotidien et enfin, appendus à l'espace du langage,celui de sa langue d'origine. Pour toutes ces raisons, je ne pense pas quel'hypertexte change fondamentalement sa manière d'écrire, qu'on procède partouches, par impressions, associations, quel que soit le support d'inscription,je crois que l'essentiel se passe un peu à notre insu.

Oui - parce que l'hypertexte permet sans doute de commencer l'acte d'écritureplus tôt: devançant l'activité de lecture (associations, bifurcations, sauts deparagraphes) jusque dans l'acte d'écrire. L'écriture (significatif avec deslogiciels comme StorySpace) devient peut-être plus modulaire. On ne vise plustant la longue horizontalité du récit mais la mise en espace de ses fragments,autonomes. Et le travail devient celui d'un tissage des unités entre elles.L'autre aspect lié à la modularité est la possibilité d'écritures croisées, àplusieurs auteurs. Peut-être s'agit-il d'ailleurs d'une méta-écriture, qui meten relation les unités de sens (paragraphes ou phrases) entre elles.

= Que pensez-vous des débats liés au respect du droit d'auteur sur le web?