Entretiens / Interviews / Entrevistas by Marie Lebert - HTML preview

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Il n'est pas impossible que, si on assiste à une véritable généralisation del'e-book, ou à travers les Psion, Palm, Wap, UMTS (universal mobiletelecommunications system)… qui sait, le papier finisse par être détrôné. Maisdans l'état actuel, le papier ne me paraît pas mort. Les premiers qui auront àsouffrir, me semble-t-il, ce sont les journaux. Puisque la fonction info etservice est déjà très répandue sur le net, via les sites des journaux eux-mêmes.Les grands médias sont en train de s'embarquer dans ce train-là, voir les sitesde TF1, Canal+, etc… Les autres (l'édition principalement) passeront encorelongtemps par l'étape tirage papier… Mais il se passe quelque chose via lessites de webtertainment dont je parlais plus haut, des habitudes se prennent,surtout chez les jeunes. Et là, une initiative comme la nôtre pourraitparticiper à un changement de la donne. En effet, l'activité proprement mail estun phénomène sociologique incontestable qui s'explique par une certainedépersonnalisation des contacts permettant aux jeunes d'oser dire plusfacilement ce qu'ils ont à dire. Paradoxalement, le texte qu'ils ont écrit leurparaît être une personnalisation de leur discours, puisqu'il existe sous formeécrite. Enfin, les fonctions envoi et retour confirment l'existence de leurdiscours, puisqu'il est lu, et qu'on y répond. Dans ces échanges là, le papier adéjà complètement disparu. L'exploration de ces formes de discours par nospersonnages est donc en pointe. Et leur communication à un large public un réelenjeu.

Enfin, je pense surtout que c'est l'arrivée du fameux "papier électrique" quichangera la donne. Ce projet du MIT (Massachusetts Institute of Technology) quiconsiste à charger électriquement une fine couche de

"papier" - dont je neconnais pas la formule - permettra de charger la (les) feuille(s) de nouveauxtextes, par modification de cette charge électrique. Un e-book sur papier, ensomme, ce que le monde de l'édition peut attendre de mieux.

= Quel est votre avis sur les débats relatifs au respect du droit d'auteur surle web?

Question épineuse s'il en est. Si c'est pour enrichir encore de grosses sociétésmultinationales et surtout leurs actionnaires (les fonds de pensions américainsque Beigbedder touche du doigt), de nombreux internautes dont je suis serebellent face au "copyright". Par contre, si c'est pour permettre à descréateurs, des artistes ou des musiciens de vivre de leurs passions, le droitd'auteur au sens noble me paraît légitime. Le débat est le même que celui del'exception culturelle face au GATS (General Agreement on Trade in Services).Copyright contre droit d'auteur! Mais il règne dans le domaine une confusionsoigneusement entretenue, ou les deux sont amalgamés. "On" fait monter aucréneau des artistes pour défendre une liberté qui pourrait ne profiterfinalement qu'aux multinationales. Firmes qui s'empresseront d'étouffer cespetits soldats de la liberté, si on leur en laisse le pouvoir, sur le net. Etoui, contrairement aux droits d'auteurs qui sont incessibles, le système de"copyright" permet à ses "propriétaires" de modifier les conditionscontractuelles aux moments qui les arrangent. On a vu plus d'un artiste parvenirà la vice-présidence de l'une ou l'autre de ces firmes grâce à ses ventesfaramineuses, puis perdre jusqu'à leur nom dès que ces ventes ne suivent plus!Il me semble qu'il faut surveiller de très près le fameux accord entre BMG

etNapster, par lequel, contre un abonnement assez minime somme toute, n'importequi pourra charger des fichiers en toute légalité. Certes BMG est unemultinationale, certes Napster est en passe de perdre son procès contre lesautres multinationales de la musique; mais ce système de forfait peut amener àdes solutions originales d'équilibre entre la liberté de l'internaute et larémunération légitime des artistes. Tenant compte de toutes ces contradictions,valider un modèle économique, puisque c'est le dernier concept à la mode dans ledomaine du net, n'est pas des plus évidents…

= Quelles sont vos suggestions pour un véritable multilinguisme sur le web?

J'attends les fameuses traductions simultanées en direct-live… On nous lesannonce avec les nouveaux processeurs ultra-puissants, mais on nous lesannonçait déjà pour cette génération-ci de processeurs. Alors, le genre:vous/réservé/avion/de le/november 17-2000… Non merci. Plus tard peut-être.

= Quelles sont vos suggestions pour une meilleure accessibilité du web auxaveugles et malvoyants?

Je suis assez proche géographiquement de la société Lernout & Hauspie, qui esttombée en faillite. C'était le leader en matière de reconnaissance vocale…Donc, je ne suis pas très optimiste dans ce secteur non plus, pas avant de pluslarges bandes passantes et/ou les processeurs ultra-puissants qu'on nous annoncedonc pour très bientôt.

= Comment définissez-vous le cyberespace?

Lequel? Celui des Gibson, inventeur de la formule, des Spinrad ou des Clarke,utopies scientifiques pas toujours traitées comme elles devraient l'être? Oucelui des AOL/Time-Warner, des Microsoft ou des…

J6M-Canal/Universal…

Tout ce qu'on peut dire à l'heure actuelle, c'est que ce qu'on peut encoreappeler le cyberspace est multiforme, et qu'on ne sait pas qui le domptera. Nis'il faut le dompter d'ailleurs… En tout cas, les créateurs, artistes,musiciens, les sites scientifiques, les petites "start-up" créatives, voire lesmillions de pages perso, les chats, les forums, et tout ce qui donne au net samatière propre ne pourra être ignoré par les grands mangeurs de toile. Sans eux,ils perdraient leurs futurs "abonnés". Ce paradoxe a son petit côté subversifqui me plaît assez.

= Et la société de l'information?

Dans l'idéal, un lieu d'échange, le fameuse agora du village global. Maisl'idéal… Tant que le débat existe entre les fous du net, et les VRP de la VPC,il y a de l'espoir. Le jour où les grands portails se refermeront sur la libertéd'échanger des infos en ligne, ça risque plutôt d'être la société de ladésinformation. Ici aussi, des confusions sont soigneusement entretenues. Quelleinformation, celles du 20 heures à relayer telles quelles sur le net? Cellescontenues sur ces fabuleux CD, CD-Rom, DVD chez vous dans les 24 h chrono?

Outoutes les connaissances contenues dans les milliards de pages non répertoriéespar les principaux moteurs de recherche. Ceux qui ont de plus en plus tendance àmettre en avant les sites les plus visités, qui le sont dès lors de plus enplus. Là, on ne parle même plus de désinformation, de complot de puissancesoccultes (financières, politiques ou autres…), mais de surinformation, donc delassitude, de non-information, et finalement d'uniformisation de la pensée. Sansavoir de définition précise, je vois qu'une société de l'information qui seraitfigée atteindrait le contraire de sa définition de base. Du mouvement donc…

= Quel est votre meilleur souvenir lié à l'internet?

Incontestablement quand apparaissent mes propositions de mails ou de design desite sur le web. Quand je revois les préparatifs, les brouillons, et que je voisce que ça donne, c'est comme un flash. Au fond, c'est le même plaisir lorsquesur des Napster ou Gnutella, on trouve enfin LE morceau introuvable qu'on avaitperdu d'ouïe depuis dix ans, on le charge, on attend, 1%>50%>99%>file complete,on le lance. Raaaah…

= Et votre pire souvenir?

C'était au tout début, une de mes premières utilisations du médium. Jerecherchais dans le cadre d'un projet des sites un peu rebelles, anarchisants,des trucs comme ça. Je tape "cyberpunk" dans Yahoo!, s'affiche la classiqueliste de sites. "Anarchy on the net, cyberpunk rock the web", ce genre…J'essaye d'en ouvrir quelques uns… Surprise! Un banner "NetNanny" m'interditl'accès aux sites. Emanation d'un groupuscule de la "majorité morale"américaine, ce "NetNanny" s'autorisait à interdire les sites qui ne lui plaisentpas…

Je ne l'ai plus jamais rencontré depuis, mais quelle saleté, ce truc.Enfin, à l'autre extrémité, il y a bien le procédé dit de "l'exit console" où,au moment de sortir d'un site, on vous "propose" une autre page, puis une autre,puis une autre, impossible de sortir. Ça, je n'en ai pas fait l'expérience, maisça doit être hard. C'est d'ailleurs un procédé de site hard, ai-je lu quelquepart…

*Entretien du 25 janvier 2001

La totalité de cet entretien est consacrée à l'e-book.

= Quel est votre sentiment sur l'e-book?

E-book, e-book, ai-je l'air d'utiliser un e-book, avec ses grands yeux qui meregarderaient dans la nuit? En voilà une accroche, isn't it? ("n'est-ce pas"pour les non-polyglottes…). Pour répondre à toute question à propos d'e-book,je n'ai qu'une seule envie, me laisser aller, j'écris sous pseudonyme…D'accord, pas me laisser aller au point de cette intro, un peu, disons,légère…, mais me laisser aller à un exercice auquel j'ai pris goût il y a peu,genre "j'ai testé pour vous…". Encore faut-il pour cela disposer de l'appareildont on parle. Dites-moi donc, oui, vous aussi, là, ceux qui me lisez: quipossède un e-book? A part peut-être les quelques journalistes qui ont pubénéficier des différents modèles quelque temps, au moment de leur sortie.

Vousvoyez… Donc, rabattons-nous sur ce qu'on en dit sur internet (quelques pagesen français au hasard, ici, cette page assez bien faite, qui reprend tous lesintervenants du secteur, Olympio.com, CyLibris.com et bien sûr 00h00.com).Examinons ce que j'en sais, et ce que je déduis des deux premiers, avec quelquesraccourcis, pas la peine d'allonger la sauce. Puis, mais soyons un peu créateur,laissons-nous aller à quelques intuitions… Evidemment, cela va donner unesérie d'impressions sans doute pas très scientifiques, ni très documentées. Maisfaute de grive, pour rester dans une comparaison avicole… Pourtant, cela faitplus d'un an qu'il est sorti, non, l'e-book? Il a fait la vedette du salon deParis (oui, du livre, pas de l'automobile, qui s'appelle, lui, le mondial), ils'est invité à la foire du livre de Bruxelles (une foire…), il a été un peuéclipsé à celle de Francfort lors du rachat par Spielberg de l'idée du bouquinde Marc Lévy Et si c'était vrai, paru chez Laffont. On attend le film… oul'e-book. A voir ce qui se vend sur le net, aux USA et en France, il doit y enavoir des e-books, à moins que ce ne soit l'effet Nasdaq d'avant la chute, desinvestissements en valorisation boursière, sur le futur, paraît-il. Qui pourraitnous dire si ça se vend? La Fnac annonce pour 2000 un excellent chiffre pour lese-books, Franklin aussi. Mais à voir les forums qui y sont consacrés (notammentcelui de 00h00), ce secteur n'a pas l'air de décoller franchement…

= Quelle est la problématique?

L'e-book, en fait, pose tout simplement la problématique du terminal dédié…Sans être vraiment nouvelle, elle a été assez peu abordée pendant des années.Pour le terminal de lecture, quelques lignes dans un bouquin de SF de 1977 (LaStratégie Ender, de Orson Scott Card, prix Hugo 1986), sous forme d'ardoise"magique" pour élève studieux, l'auteur appelait cet objet "bureau"… On vientde loin. Pas la peine de faire de grandes recherches, le sujet a été assez peumis en scène, quoi qu'on en dise. On le rencontre dans les Star Trek et autresAlien 4 où on montre des variantes de l'e-book, au milieu des années 90. Il fautdire que le formidable développement de la micro (merci messieurs Jobs, Allen,Gates et consorts) semblait avoir relégué la problématique du terminal dédié àla période jurassique du développement technologique. A quoi bon inventer lemoindre de ces objets utiles à une seule application, alors que tout ce qu'ilpeut contenir ne représente que le quart du tiers de ce qu'un micro peut faire.Une seule application s'est imposée, liée à l'écran TV, c'est celle "dite" desjeux vidéo qui, elle, s'est largement répandue. De toute façon, les réseaux nepermettaient pas de charger de contenu… Et précisément, la problématique estune question de contenu, mais pas encore. D'ailleurs, pendant des années, leseul débouché des auteurs dans ce secteur a été… l'écriture de jeux vidéo!Depuis dix ans au moins, la micro plafonne. Quelques renouvellementsd'appareils, toujours aussi peu pratiques sur les applications pointuespuisqu'elles doivent tenir compte de l'ensemble de leurs applications.L'équipement des ménages s'essouffle, ceux qui se sont équipés le sont. Pour lesautres, on pénètre le marché, beaucoup plus lentement. Et voici que se gonfle labulle financière du Nasdaq… L'aubaine, les connexions permettent le contenu!En plus, la com(.com) éclate, processeurs hyperboostés, modems à bande de plusen plus large, start-up, téléphones portables…

Tiens, le voilà enfin, lepremier terminal dédié qui a éclaté, dépassant même le succès des jeux vidéo!

Labulle financière, enfin, ce qu'il en reste, continue à l'exploiter jusqu'à lacorde son téléphone portable. Et il donne à réfléchir aux autres secteurs.Organisateurs personnels, e-books, et autres lecteurs MP3

s'engouffrent dans labrêche. Même les jeux vidéo se chargent par internet, de nos jours. Le Nasdaqattend maintenant la langue pendante qu'on valide ces modèles économiques, quiont déjà englouti des tombereaux de capitaux. Je crains que si en juin, on nesent pas un sensible frémissement dans ces secteurs, ça ne chauffe sérieusementdans les start-up. Or, sans contenu, pas de marché, c'est le serpent monétairequi se mord la queue. Tout le monde sait que le contenu met du temps às'imposer. Qu'il faut tester des idées, prendre des risques, et s'attendre à nepas s'attendre à celles qui s'imposeront. Qui avait prévu le boum du

"texto"(SMS en Belgique), à l'arrivée des téléphones portables? 2 millions de cespetits messages qu'on envoie d'un téléphone portable à l'autre, ou depuisinternet, circulent chaque jour en Belgique. Un véritable phénomène de société!Alors, qui va investir dans le contenu, ne fut-ce que pour tenter de reproduirece hit?

La voilà la question du contenu… Mais d'abord, quelles applicationspermettent de fréquenter des contenus sur les terminaux les plus adaptés? Cettequestion a un petit parfum de dernière chance. C'est qu'il ne faut pas espérerattirer Billancourt avec un soft inadapté. Je crois que voilà l'heure de monfameux "j'ai testé pour vous".

= Quels sont les logiciels?

Quels logiciels donc? L'Open eBook, bien sûr, le logiciel qui est censé avoirmis d'accord la plupart des constructeurs, au début. Une manière de dérivé dulangage HTML (et XTML) principal langage d'internet (et des Waps et autres UMTSpour l'autre, le x). Ce n'est pas trop la peine de développer, tous ceux qui melisent ici savent (sûrement mieux que moi) de quoi je parle. Petite remarquefondamentale tout de même sur l'HTML. Pour une lecture classique, il y a uneparticularité intrinsèque à ce langage. Il s'affiche page par page. Jusque-là,ma foi… Un livre aussi, il n'y a qu'à la tourner, cette page. Seulement,imaginez un livre où, pour tourner la page, il vous faut vous lever, allerchercher la page suivante à la bibliothèque, vous rasseoir, et ne commencer àlire cette page qu'après toutes ces manipulations… Ereintant, non? C'est ladémarche qu'effectue pour vous l'HTML. Et parfois, sur internet, c'est long,long… Donc, solution, on allonge la page un maximum, vous permettant de fairedu "scrolling" par la barre de droite, ou directement par la souris (ahl'intellimouse, quelle invention…). Autre solution, on crée des raccourcisgenre page suivante, qui a intérêt à ne pas être trop lourde à charger. Etenfin, en droite ligne de ce qui précède, on crée les hyperliens, créant de cefait l'hypertexte. Drôle de détour, pour éviter de se déplacer de son fauteuilvirtuel à la bibliothèque tout aussi virtuelle, on invente un nouveau langagequi révolutionne la pensée contemporaine.

A quoi ça tient, tout de même, un peude paresse, un paradoxe, et voilà… Petite remarque complémentaire, comme ça,en passant. Vu l'habitude des Américains de breveter les algorythmes, il sembleque BT (British Telecom) ait l'intention de breveter l'hypertexte qu'il auraitinventé, ce qui provoquerait des situations inextricables. Une affaire à suivreassurément! Les premières rencontres que j'ai eues avec l'HTML m'ont un peudérouté, il y a longtemps déjà. Pour la consultation, soit, mais pour lalecture, la l-e-c-t-u-r-e! Puis, je suis tombé sur le site Anacoluthe.com, celuioù Olivier Lefèvre a mis en scène les fameuses Apparitions Inquiétantesd'Anne-Cécile Brandenbourger. Réconciliation immédiate avec l'HTML. Enfinquelque chose à faire avec la matière littéraire qui s'entassait depuis desannées dans mon ordinateur complètement autiste.

On frise l'approche du contenu,là…

= Et à part l'Open eBook et l'HTML?

Je ne vous ai pas encore parlé de Bill (hi Bill), un comble lorsqu'on aborde uneproblématique de logiciel, quelle qu'elle soit… Il n'y a rien à faire, il nepeut pas s'empêcher, dès qu'il y a un nouveau logiciel à mettre au point,Microsoft se lance. Incorrigible… Et voici, mesdames et messieurs, "le"logiciel de lecture sensé effacer tout les autres: j'ai nommé Microsoft Reader!C'est quasi comme ça qu'il se présente, comme d'hab.

Et comme d'hab, c'est topcool ;-)… C'est qu'ils en ont des dollars, à Seattle. Téléchargez-le ettestez, vous verrez, en plus c'est gratuit. Vous aurez même droit à un (toutpetit) document de présentation. J'attends tout de même de voir tourner le trucen réel, avec un bon gros bouquin bien lourd, plein de sens…

Adobe,l'acrobate, ex-Glassbook, qui, soit dit en passant, va changer de nom d'ici peu,lui, ça fait longtemps qu'il officie dans les réseaux (le PDF, grand classiquedu genre). C'est un assez bon format de chargement, d'impression, et de lecture.Il est gratuit aussi, chez Barnes & Noble par exemple, qui diversifie sessources, en 2001. Pas comme Amazon.com qui reste Microsoft Reader pur et dur.Encore qu'ils annonçaient pour janvier la possibilité de commander les eBookmande Franklin. Ils y sont,mais il faut les trouver: rubrique

"Electronics", etbrowser le nom de l'objet. La référence e-book livre du Microsoft Reader, cqfd.Mais tous ces logiciels manquent un peu de fantaisie, et de liberté de choix.Plutôt le format page que le format plan ou normal, ce sont eux qui choisissentpour vous. Or moi, j'aime choisir, varier selon ce que je lis, l'endroit où jesuis… Tiens, le Cytale me donne en prime le choix des caractères… Tandis quel'Adobe m'offre un

"rotating system", pour lecture sur "notebook computer".Parce que les autres pas? Non, je n'ose l'imaginer.

Et si, la plupart dessystèmes proposent du format "à la française", plutôt que celui "à l'italienne";il paraît qu'on le préfère depuis les Egyptiens… Un seul document classiqueaurait été publié "à l'italienne", en largeur donc, dans l'histoire del'édition. Mais pourquoi ne pas profiter de la nouveauté pour donner le choix?Surtout si l'on pense aux nombreuses éditions autres que les livres classiques.Livres d'architecture, plans, livres d'art, BD, livres pour enfants, et touteautre application possible. Tiens, un exemple, comment fait-on pour avoir lefameux "tube" éditorial 2000 en e-book: La terre vue du ciel? Il est biendisponible en écran de veille à l'adresse Photoservice.com. Ce manqued'ouverture risque de bloquer un certain nombre de possibilités. Ne dit-on pasque le premier marché visé est celui des applications professionnelles,éducatives ou de documentation? C'est justement dans ces domaines que desdemandes particulières peuvent surgir inopinément. Autant le prévoir. Allonsbon, nous voilà revenus aux ardoises magiques…

= Le e-book est-il une ardoise magique ou un soft?

Quand on fréquente tous ces softs, on s'aperçoit d'une confusion qui me semblesoigneusement entretenue.

Qu'entend-on exactement par e-book? Personne n'estcapable de répondre à cette question toute simple.

Personnellement, et j'aiouvert ma réflexion par ça, je voyais le petit objet portable sur lequel on litdes livres numérisés. Sur le site Microsoft et celui d'Adobe c'est plutôt lesoft qui permet de lire ces livres, tandis que sur ceux d'Amazon.com, de Barnes& Noble, et des autres vendeurs de "contenu" en ligne, l'e-book, c'est toutsimplement les livres qu'on vend. Et encore, Amazon.com ne vend son "contenu"qu'en Microsoft Reader, et si chez d'autres le choix est plus grand, ces"contenus" paraissent un peu "prétextes commerciaux". Chez 00h00, on ne vend quedu Rocket eBook, hormis bien sûr, le PDF dont ils sont les pionniers. Parcontre, chez PeanutPress.com, vendeurs d'ouvrages du commerce on a même droitau…

Peanut Reader! Et d'autres initiatives voient le jour, genre édition àcompte d'auteur chez Publibook.com, qui permet pour un forfait modique d'êtrevendu sur le site en format papier et en format Palm Pilot et Rocket eBook.Certes, ils allouent à l'auteur entre 18 et 36% des ventes, mais au milieu d'uncatalogue qui pourrait aller jusqu'à 6 millions d'auteurs, sans critères, sansréférences, n'est-ce pas un peu une manière

"d'arnaque classique" du compted'auteur adaptée au net? A voir. Initiative peut-être plus riche, celled'Olympio.com, initiée par Françoise Bourdin, qui suit un peu mieux les auteursqu'ils publient, mais dont le Reader Olympio (était-ce bien utile?) ne marchepas si bien, dit-on. Quelle importance, me direz-vous? Tout d'abord, on constateque des plus gros vendeurs aux initiatives marginales, tous ne s'intéressentqu'assez peu à l'objet e-book. Ils ont l'air de se contenter de "vendre" du softet les livres qui vont avec… Certes les softs sont gratuits, mais est-ceencore la tendance actuelle du Nasdaq? Dans la réalité actuelle du marché, celarevient majoritairement à charger le livre choisi sur son ordinateur fixe. Orqui va lire un livre pendu à son ordinateur fixe, à moins de l'imprimer, pendantun temps plus ou moins long, selon le type d'installation et d'imprimante? Moiquand je lis, j'aime lire n'importe où, dans n'importe quelle position, dansl'escalier, dans le métro, aux… Partout quoi. Donc, pour vraiment démarrer,les e-books devraient impérativement être portables. Et bien, figurez-vous queces portables ont chacun leurs softs (tous dérivés de l'Open eBook semble-t-il).On ne choisit pas son application. Pour peu qu'elles soient trop rigides, et onregrette son achat. Le seul fait de penser qu'on risque de regretter son achatn'est pas très bon pour les chiffres de ventes… D'où l'importance de lafluidité du soft. Et de sa compatibilité! On a l'air parti vers le terminaldédié non seulement à la lecture exclusivement, mais à la lecture via un softdédié à l'appareil exclusivement. Donc, celui qui maîtrise le contenu sur lesoft qui se vendra le mieux (hi Bill)…

On tourne en rond, voilà pourquoi jepense la confusion soigneusement entretenue. Celui qui possède le plus grandnombre de livres en "droits numériques" vendra le plus de soft, de books, etd'appareils… La concurrence va bientôt faire rage dans le domaine des achatsde droits, si elle ne le fait pas déjà. Et le Rocket eBook de Gemstar, iln'était pas sensé avoir rejoint l'Open eBook? Parce que la première pub, ici,c'est "no scrolling!"… Or, sur 00h00, ceux qui ont essayé le Rocket eBookexpliquent comme il est agréable de faire défiler les pages du livre qu'ilslisent. Ce mode "tourner la page", ressemble à une fonction hypertexte déguiséeen "la" fonction "livre" la plus classique. En fait, comme les autres, cete-book a son propre système de lecture (le RCA REB 1100) inclus dans la machine.Moi, on l'a vu, je suis plutôt

"scrolling"… Chez Microsoft (j'écris en Word,et oui, personne n'est parfait…), je choisis plutôt la "view"

normale plutôtque celle à la "page", et je "scrolle", je "scrolle". Très souvent, en HTML,plutôt que de cliquer l'hyperlien pour le chapitre suivant, je scrolle…Peut-être est-ce que je trouve plus important de réserver les hyperliens à desfonctions plus évoluées? Ou cela me permet-il de survoler le texte etd'accrocher des mots au passage, comme une première familiarisation avec lespropositions de l'auteur? Je ne sais pas très bien. Evidemment si le texte nousfait des centaines de pages… Tandis que dans tous ces logiciels, leshyperliens nous sont présentés comme outils de navigation. Chapitres suivants,mots-clés, notes de bas de page, même les signets en sont. Bien, très bien même,pratique, ça roule, rien à dire. Mais un peu autiste, non? Dans les démostéléchargeables, on finit très vite par tourner en rond. Chez Open eBook, outrela navigation, chapitre, etc…, les liens sont présentés en plus comme desréférences à des publications en ligne. Simplement, quand on lit sur un e-bookportable, on est censé être hors ligne, donc ces liens donnent sur… le vide!Impressionnant! Un peu schizophrène aussi. Quelques systèmes plus intelligents,comme le Franklin Reader, proposent des versions pour… Palm Pilot. Version quidans ce cas précis risque de concurrencer son propre eBookMan, dont le nom estassez bien choisi, remember walkman, discman… Il est censé sortir en février,mais les informations diffèrent selon les sources. Il est en tout cas enprécommande (voir Amazon.com). Quoiqu'il en soit, le gros avantage de chargerune version e-book sur son organisateur, c'est que dans un avenir très proche,avec l'UMTS, il sera relié à un réseau fiable en permanence. Déjà, au Japon, lagénération actuelle de téléphone portable relié au réseau permet la lecture (pari-mode l'intermédiaire entre le Wap et l'UMTS), et c'est un des "top succès2000": 15 millions de Japonais l'utilisent. Par contre, nulle part ceshyperliens ne sont présentés comme vecteurs de sens. Sans doute est-il troptôt… Et oui, c'est du contenu…

= Parlons maintenant du contenu.

Bon, ça va, on va en parler du contenu, je sens que vous insistez. Dans l'étatactuel des choses surtout telles qu'amorcées plus haut, le contenu, c'est "la"killer application à trouver! C'est l'eldorado du 3è millénaire, dont on est sûrqu'il durera mille ans, lui: c'est "le" millénaire du siècle! Tous ceux quis'occupent de contenu se regardent en chien de fusil, dans l'attente de la finde ce misérable "effet Bush" qui freine le Nasdaq. Et chacun d'être sûr qu'il ladétient, cette killer application. La concurrence! Les yeux braqués surl'immédiat, y en a-t-il un qui se penchera sur les véritables trésors entassésdepuis des millénaires dans les bibliothèques du savoir? Et qui cherchera à lediffuser dans les réseaux? A voir les millions de pages non référencées par lesmoteurs de recherche les plus courants, dont je parlais dans mon précédententretien, ça m'étonnerait.

Quoique… Tous ce qui se dit dans les sites, forumset actes de colloques autour du livre numérique depuis 1998, à l'initiative dedifférents pouvoirs publics (ministère de la culture, missioninterministérielle), et de référents en la matière (00h00, Cytale…), tousjurent la main sur le coeur avoir cette perspective comme but ultime. Et eneffet, il semble que la numérisation du domaine public soit en bonne voie. Maispour ceux qui cherchent à télécharger gratuitement ce type d'oeuvre, où sont lesréférences? Qui aura le courage d'inventer

"le Napster, le Gnutella" de lapensée? Et ce, en toutes les langues? Qu'on ne se laisse pas paralyser par lesactions d'une justice qui a montré ses limites en se choisissant souverainementson dirigeant suprême, le procès Napster est bien celui de puissantesmultinationales et non celui de pauvres auteurs spoliés. Elles détiennent lamusique, le cinéma, mais pas la pensée… Les bibliothèques publiques peuventencore avoir leur mot à dire. Seulement, ils font peur ces quelques commerçantsdéfendant leur beefsteak - littéralement, leur morceau de boeuf - ici, leur partde marché. Elle n'est pas si négligeable, si elle permet aux artistes actuels devivre de leur talent. Mais ça s'arrête là. Leurs actions deviennent écoeuranteslorsqu'elles se mêlent de breveter le vivant. Les grands penseurs du passédoivent pouvoir rester vivants. Il est donc hors de question de les nourrir deleur propre chair, sous forme de farine littéraire, si vous voyez ce que je veuxdire… Surfez donc sur les sites de vendeurs de contenu: tous proposent detélécharger gratuitement des

"oeuvres", et quelles oeuvres! Si on aime lespetites nouvelles genre Reader's Digest, ou les vieux Sherlock Holmes à deuxsous… Bref, on devrait pouvoir se connecter pour capter ce que l'on veut desgrandes oeuvres de toujours. Dans ce cas, je ne vois pas ce qu'il y aurait derébarbatif à acheter les derniers trucs à la mode, ceux qui sont présentés danstoutes ces libraires amazoniaques en ligne. Ces quelques envolées lyriques poursignaler à qui de droit que l'ardoise magique peut toujours permettre d'éduquerles masses, comme à l'époque glorieuse de la 3è (république, pas internationale,ni millénaire d'ailleurs, ce serait

"le"…). Qui aura le courage (financier) demettre en place une structure simple de contact entre ces applications e-book,et ce contenu encore totalement libre de droit que constituent les millions depages littéraires, scientifiques, philosophiques disponible sur le net à quivoudrait aller les chercher. Franchement, il faudrait les déboguer, ces pages,c'est peut-être là qu'il se cache, le "bug" de l'an 2000, dont on a tous oubliéjusqu'à l'existence… Terra incognita, on parlait d'Eldorado, tout à l'heure…C'est de ce genre de truc que je parle, quand je parle de killer application. Ence sens, l'objet e-book aurait plutôt intérêt à bénéficier d'un disque dursolide, sur le modèle du Juke Box Nomad MP3 de Creative, qui bénéficie d'undisque dur de 6 giga, permettant de charger en MP3 environ 100 heures de musique(70 CD!), une aubaine pour les adeptes du "peer to peer"; musical. Je ne saispas si les jeunes vont adorer, mais le genre "laisse tomber l'ordinateur depapa, et grâce à ton ardoise magique, prépare ton cours par téléchargementdirect", ça devrait le faire… Question de communication intelligente. De toutefaçon, si personne ne le fait, ça se fera tout seul, via le "peer to peer", ceprocédé mis au point justement par les "Napster" et autres "Gnutella". Et cesera pire pour les détenteurs de droits, tant pis pour eux… Que fait lamission interministérielle? Si ce n'est pas de l'exception culturelle, ça…

= Comment sécuriser le contenu?

En matière de multilinguisme sur le net, ce sont surtout les traductions d'uncode d'identification à l'autre qui règnent. C'est à dire des trucs du genreISAN (international standard audiovisual number), UMID (unique materialidentification)