Entretiens / Interviews / Entrevistas by Marie Lebert - HTML preview

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= Les possibilités offertes par l'hypertexte ont-elles changé votre moded'écriture?

Les possibilités offertes par l'hypertexte m'ont permis de développer et dedonner libre cours à des tendances que j'avais déjà auparavant. J'ai toujoursadoré écrire et lire des textes éclatés et inclassables (comme par exemple Lavie mode d'emploi de Perec ou Si par une nuit d'hiver un voyageur de Calvino) etl'hypermédia m'a donné l'occasion de me plonger dans ces formes narratives entoute liberté. Car pour créer des histoires non linéaires et des réseaux detextes qui s'imbriquent les uns dans les autres, l'hypertexte est évidemmentplus approprié que le papier.

Je crois qu'au fil des jours, mon travail hypertextuel a rendu mon écriture deplus en plus intuitive. Plus

"intérieure" aussi peut-être, plus proche desassociations d'idées et des mouvements désordonnés qui caractérisent la penséelorsqu'elle se laisse aller à la rêverie. Cela s'explique par la nature de lanavigation hypertextuelle, le fait que presque chaque mot qu'on écrit peut êtreun lien, une porte qui s'ouvre sur une histoire.

= Deux portraits de l'auteur

- sur le site d'Anacoluthe,

- sur le site des éditions 00h00.com.

ALAIN BRON [FR, EN, ES]

[FR] Alain Bron (Paris)

#Consultant en systèmes d'information et écrivain. L'internet est un despersonnages de son roman Sanguine sur toile.

Après des études d'ingénieur en France et aux États-Unis et un poste dedirecteur de grands projets chez Bull, Alain Bron est maintenant consultant ensystèmes d'information chez EdF/GdF (Electricité de France /

Gaz de France).

Son deuxième roman, Sanguine sur toile (1999), est disponible en versionimprimée aux éditions du Choucas et en version numérique (format PDF) auxéditions 00h00.com. Il a reçu le Prix du Lions Club International 2000.

Alain Bron est également l'auteur d'un autre roman, Concert pour Asmodée (publiéen 1998 aux éditions La Mirandole), et de plusieurs essais socio-économiques,dont La démocratie de la solitude (avec Laurent Maruani, 1997) et La gourmandisedu tapir (avec Vincent de Gaulejac, 1996), parus chez DDB (Desclée de Brouwer).

*Entretien du 29 novembre 1999

= Quel est le thème de votre roman Sanguine sur toile?

La "toile", c'est celle du peintre, c'est aussi l'autre nom d'internet: le web -la toile d'araignée. "Sanguine"

évoque le dessin et la mort brutale. Maisl'amour des couleurs justifierait-il le meurtre? Sanguine sur toile évoquel'histoire singulière d'un internaute pris dans la tourmente de son propreordinateur, manipulé à distance par un très mystérieux correspondant qui n'a quevengeance en tête.

J'ai voulu emporter le lecteur dans les univers de la peinture et del'entreprise, univers qui s'entrelacent, s'échappent, puis se rejoignent dans lafulgurance des logiciels. Le lecteur est ainsi invité à prendre l'enquête à sonpropre compte pour tenter de démêler les fils tressés par la seule passion. Pourpercer le mystère, il devra répondre à de multiples questions. Le monde au boutdes doigts, l'internaute n'est-il pas pour autant l'être le plus seul au monde?Compétitivité oblige, jusqu'où l'entreprise d'aujourd'hui peut-elle aller dansla violence? La peinture tend-elle à reproduire le monde ou bien à en créer unautre? Enfin, j'ai voulu montrer que les images ne sont pas si sages. On peuts'en servir pour agir, voire pour tuer.

= Quelle est la place de l'internet dans ce roman?

Dans le roman, internet est un personnage en soi. Plutôt que de le décrire danssa complexité technique, le réseau est montré comme un être tantôt menaçant,tantôt prévenant, maniant parfois l'humour. N'oublions pas que l'écrand'ordinateur joue son double rôle: il montre et il cache. C'est cetteambivalence qui fait l'intrigue du début à la fin. Dans ce jeu, le grand gagnantest bien sûr celui ou celle qui sait s'affranchir de l'emprise de l'outil pourmettre l'humanisme et l'intelligence au-dessus de tout.

= Quel est le thème du dossier: Internet: anges et démons!, dont vous êtes àl'origine?

La revue Cultures en mouvement, à laquelle je participe périodiquement, m'ademandé en avril 1999 de diriger un dossier spécial sur la cyberculture. J'aidonc réuni les spécialistes de disciplines très différentes comme un économiste,un sociologue, un psychiatre, un artiste, un responsable d'association,… pourparler d'internet. Nous sommes vite tombés d'accord sur un point essentiel:internet apporte le meilleur comme le pire. Nous avons donc appelé le dossier:Internet: anges et démons! L'ensemble des articles a été publié dans le magazineet dans le même temps nous avons ouvert un site hébergé alors surplace-internet.com. Des articles dans la presse ont salué ce site qui parled'internet sans frénésie et avec un recul salutaire.

= En quoi consiste exactement votre activité professionnelle?

J'ai passé une vingtaine d'années chez Bull. Là, j'ai participé à toutes lesaventures de l'ordinateur et des télécommunications, j'ai été représentant desindustries informatiques à l'ISO(Organisation internationale de normalisation),et chairman du groupe réseaux du consortium X/Open. J'ai connu aussi les toutdébuts d'internet avec mes collègues de Honeywell aux Etats-Unis (fin 1978). Jesuis actuellement consultant en systèmes d'information chez EdF/GdF où jem'occupe de la bonne marche des grands projets informatiques dans cesentreprises et dans leurs filiales internationales. Et j'écris. J'écris depuismon adolescence. Des nouvelles (plus d'une centaine), des essaispsycho-sociologiques (La gourmandise du tapir et La démocratie de la solitude),des articles et des romans. C'est à la fois un besoin et un plaisir jubilatoire.

= Dans quelle mesure l'internet a-t-il changé votre vie professionnelle?

Comme je suis tombé dans la marmite tout jeune, je n'ai pas l'impression d'avoirété affecté par le phénomène. J'ai un recul suffisant pour reconnaître leserreurs que j'ai pu commettre avec cet outil et pour prévenir de son usage enévitant le syndrome de l'ancien combattant.

= Comment voyez-vous l'avenir?

Ce qui importe avec internet, c'est la valeur ajoutée de l'humain sur lesystème. Internet ne viendra jamais compenser la clairvoyance d'une situation,la prise de risque ou l'intelligence du coeur. Internet accélère simplement lesprocessus de décision et réduit l'incertitude par l'information apportée. Encorefaut-il laisser le temps au temps, laisser mûrir les idées, apporter une toucheindispensable d'humanité dans les rapports.

Pour moi, la finalité d'internet estla rencontre et non la multiplication des échanges électroniques.

= Que pensez-vous des débats liés au respect du droit d'auteur sur le web?

Je considère aujourd'hui le web comme un domaine public. Cela veut dire que lanotion de droit d'auteur sur ce média disparaît de facto: tout le monde peutreproduire tout le monde. La création s'expose donc à la copie immédiate si lescopyrights ne sont pas déposés dans les formes usuelles et si les oeuvres sontexposées sans procédures de revenus. Une solution est de faire payer l'accès àl'information, mais cela ne garantit absolument pas la copie ultérieure. Pourles romans, je préfère de toute façon la forme papier.

= Comment voyez-vous l'évolution vers un internet multilingue?

Il y aura encore pendant longtemps l'usage de langues différentes et tant mieuxpour le droit à la différence.

Le risque est bien entendu l'envahissement d'unelangue au détriment des autres, donc l'aplanissement culturel.

Je pense que des services en ligne vont petit à petit se créer pour palliercette difficulté. Tout d'abord, des traducteurs pourront traduire et commenterdes textes à la demande, et surtout les sites de grande fréquentation vontinvestir dans des versions en langues différentes, comme le fait l'industrieaudiovisuelle.

= Quel est votre meilleur souvenir lié à l'internet?

A la suite de la parution de mon deuxième roman, Sanguine sur toile, j'ai reçuun message d'un ami que j'avais perdu de vue depuis plus de vingt ans. Ils'était reconnu dans un personnage du livre. Nous nous sommes revus récemmentautour d'une bouteille de Saint-Joseph et nous avons pu échanger des souvenirset fomenter des projets…

= Et votre pire souvenir?

Virus, chaînes du "bonheur", sollicitations commerciales, sites fascistes,informations non contrôlées, se développent en ce moment à très grande échelle.Je me pose sérieusement la question: "Quel bébé ai-je bien pu contribuer à fairenaître?"

[EN] Alain Bron (Paris)

#Information systems consultant and writer. The Internet is one of the"characters" of his novel Sanguine sur toile (Sanguine on the Web).

After studying engineering in France and the US and a job as head of majorprojects at Bull, Alain Bron is now an information systems consultant at EdF/GdF(Electricité de France / Gaz de France).

His second novel, Sanguine sur toile (Sanguine on the Web), is available in print from Editions du Choucas (published in 1999) and in PDF format from Editions 00h00.com (published in 2000). It won the Lions Club International Prize in 2000.

Alain Bron wrote another novel, Concert pour Asmodée (Concert for Asmodée)(published in 1998 by Editions La Mirandole), and a collection ofpsycho-sociological essays, notably La démocracie de la solitude (The Democracyof Solitude) (with Laurent Maruani, 1997) and La gourmandise du tapir (The Greedof the Tapir) (with Vincent de Gaulejac, 1996), both published by DDB (Descléede Brauwer).

*Interview of November 29, 1999 (original interview in French)

= Can you tell us a bit about your novel Sanguine sur toile?

In French, "toile" means the Web as well as the canvas of a painting, and"sanguine" is the red chalk of a drawing as well as one of the adjectivesderived from blood (sang). But would a love of colours justify a murder?Sanguine sur toile is the strange story of an Internet surfer caught up in anupheaval inside his own computer, which is being remotely operated by a verymysterious person whose only aim is revenge.

I wanted to take the reader into the worlds of painting and enterprise, whichintermingle, escaping and meeting up again in the dazzle of software. The readeris invited to try to untangle for himself the threads twisted by passion alone.To penetrate the mystery, he will have to answer many questions. Even with theworld at his fingertips, isn't the Internet surfer the loneliest person in theworld?

In view of the competition, what's the greatest degree of violence possible inan enterprise these days? Does painting tend to reflect the world or does itcreate another one? I also wanted to show that images are not that peaceful. Youcan use them to take action, even to kill.

= What part does the Internet play in your novel?

Internet is a character in itself. Instead of being described in its technicalcomplexity, it's depicted as a character that can be either threatening, kind oramusing. Remember the computer screen has a dual role —

displaying as well asconcealing. This ambivalence is the theme throughout. In such a game, the bigwinner is of course the one who knows how to free himself from the machine'sgrip and put humanism and intelligence before all else.

= Can you also tell us about your issue: Internet: anges et démons! (The Internet: Angels and Devils!)?

Cultures en mouvement (Cultures in Movement), a magazine I sometimes write for,asked me in April 1999

to guest-edit a special issue on cyberculture. I broughttogether specialists from very different fields — an economist, a sociologist,a psychiatrist, an artist, the head of an association — to talk about theInternet. We quickly agreed that the Internet brings out the best as well as theworst. So we called the special issue Internet: anges et démons! (The Internet:Angels and Devils!). The articles were published in the magazine at the sametime as we opened a site with the same name hosted by place-internet.com. Themedia praised the site, which presents the Internet calmly and with a healthyreserve.

= What exactly is your professional activity?

I spent about 20 years at Bull. There I was involved in all the adventures ofcomputer and telecommunications development. I represented the computer industryat ISO (International Organization for Standardization) and chaired the networkgroup of the X/Open consortium. I also took part in the very beginning of theInternet with my colleagues of Honeywell in the US in late 1978. I'm now aninformation systems consultant at EdF/ GdF (Electricité de France / Gaz deFrance), where I keep the main computer projects of these firms and theirforeign subsdiaries running smoothly. And I write. I've writing since I was ateenager. Short stories (about 100), psycho-sociological essays, articles andnovels. It's an inner need as well as a very great pleasure.

= How did using the Internet change your professional life?

As I fell into computers when I was very young, I don't think I was affected bythe Internet. I can look at it with enough distance to recognize the mistakes Imade with it and to warn about its misuse, while avoiding veteran's fatigue andburn-out.

= How do you see the future?

The important thing about the Internet is the human value that's added to it.The Internet can never be shrewd about a situation, take a risk or replace theintelligence of the heart. The Internet simply speeds up the decision-makingprocess and reduces uncertainty by providing information. We still have to leavetime to time, let ideas mature and bring an essential touch of humanity to arelationship. For me, the aim of the Internet is meeting people, not increasingthe number of electronic exchanges.

= What do you think of the debate about copyright on the Web?

I regard the Web today as a public domain. That means in practice the notion ofcopyright on it disappears: everyone can copy everyone else. Anything originalrisks being copied at once if copyrights are not formally registered or if worksare available without payment facilities. A solution is to make people pay forinformation, but this is no watertight guarantee against it being copied.Anyway, with novels, I prefer them in paper form.

= How do you see the growth of a multilingual Web?

Different languages will still be used for a long time to come and this ishealthy for the right to be different.

The risk is of course an invasion of onelanguage to the detriment of others, and with it the risk of culturalstandardization. I think online services will gradually emerge to get aroundthis problem. First, translators will be able to translate and comment on textsby request, but mainly sites with a large audience will provide differentlanguage versions, just as the audiovisual industry does now.

= What is your best experience with the Internet?

After my second novel, Sanguine sur toile, was published, I got a message from afriend I'd lost touch with more than 20 years ago. He recognized himself as oneof the book's characters. We saw each other again recently over a good bottle ofwine and swapped memories and discussed our plans.

= And your worst experience?

Viruses, "happiness" chain letters, business soliciting, extreme right-wingsites and unverified information are spreading very quickly these days. I'mseriously asking myself: "What kind of baby did I help to bring into the world?"

[ES] Alain Bron (Paris)

#Consultor en sistemas de información y escritor. Internet es uno de lospersonajes de su novela Sanguine sur toile (Sanguínea sobre la Red).

Tras estudios de ingeniería en Francia y en los Estados Unidos, y un cargo dedirector de grandes proyectos en Bull, Alain Bron es ahora consultor en sistemasde información en EdF/GdF (Electricité de France / Gaz de France).

Su segunda novela, Sanguine sur toile (Sanguínea sobre la Red) está disponibleen versión impresa en la editorial Le Choucas (publicada en 1999) y en versióndigital (formato PDF) en la editorial 00h00

(publicada en 2000). Recibió elPremio del Lions Club nternacional 2000.

Alain Bron es el autor de una otra novela, Concert pour Asmodée (Concierto paraAsmodée) (publicada en 1998 en la editorial La Mirandole), y de ensayossocio-económicos, particularmente La démocracie de la solitude (La democracia dela soledad) (con Laurent Maruani, 1997) y La Gourmandise du tapir (La gula deltapir) (con Vincent de Gaulejac, 1996), publicados por DDB (Desclée de Brouwer).

*Entrevista del 29 de noviembre de 1999 (entrevista original en francés)

= ¿Podría Ud. presentar su novela Sanguine sur toile?

En francés, la palabra "toile" significa la tela del pintor, y a su vez, se lallama también así a la Red (la telaraña electrónica). La palabra "sanguine" serefiere a la técnica de dibujo (hecho con un lápiz rojo) y al mismo tiempoquiere decir "sanguíneo" (de sangre), una muerte brutal. ¿Pero justificaría elamor de los colores el asesinato? Sanguine sur toile evoca la historia singularde un internauta atrapado en la tormenta de su propia computadora, manipulada adistancia por un correspondiente muy misterioso que piensa solamente envengarse.

Quise llevar al lector en los universos de la pintura y de la empresa, universosque se entrelazan, se escapan, después se juntan en la fulgurancia de losprogramas. El lector es así invitado a tomar la investigación por su propiacuenta para intentar desenredar los hilos complicados sólo por la pasión. Parapenetrar en el misterio, tendrá que contestar a múltiples preguntas. Con elmundo en la punta de los dedos, ¿y por consecuencia, no es el internauta lapersona más sola del mundo? Debido a la competencia de hoy en día,

¿hasta dóndepuede ir la empresa en la violencia? ¿Tiende la pintura a reproducir un mundo oa crear otro?

En fín, quise mostrar que las imágenes no son tan sensatas. Sepueden utilisar para actuar, incluso para matar.¿Cuál es el papel de Internet en esta novela?

En la novela, Internet es un personaje en sí mismo. En lugar de describirlo ensu complejidad técnica, la Red es mostrada como un ser a veces amenazador, otrasveces esmerado, a veces manejando el humor. No olvidemos que la pantalla de lacomputadora juega su doble papel: muestra y oculta. Es esta ambivalencia quehace la intriga del principio al fín. En este juego, el gran ganador es el/laque sabe liberarse de la influencia del instrumento para poner el humanismo y lainteligencia sobre todo.

= ¿Podría Ud. describir su expediente: Internet: anges et démons! (Internet:ángeles y demonios!)?

La revista Cultures en mouvement (Culturas en Movimiento), en la cual participoperiódicamente, me solicitó en abril de 1999 de dirigir un expediente especialsobre la cibercultura. Por lo tanto reuní a especialistas de disciplinas muydiversas como un economista, un sociólogo, un psiquiatra, un artista, unresponsable de asociación, etc. para hablar de Internet. Nos pusimos de acuerdorápidamente sobre un punto esencial: Internet trae lo mejor, como lo peor. Es larazón por la cual llamamos al expediente: Internet: anges et démons! (Internet:ángeles y demonios!) La totalidad de artículos fue publicada en la revista y almismo tiempo abrimos un sitio alojado sobre place-internet.com. Los artículos enla prensa aclamaron este sitio que habla de Internet sin frenesí y con unretroceso saludable.

= ¿Podría Ud. presentar su actividad profesional?

Trabajé alrededor de 20 años en la empresa Bull. Allí participé en todas lasaventuras de la informática y de las telecomunicaciones. Fui el representante delos industrias informáticas en la ISO (Organización Internacional deNormalización), y presidente del grupo redes del consorcio X/Open. Conocítambién los primeros pasos de Internet con mis colegas de Honeywell en losEstados Unidos (fin 1978). Actualmente soy consultor en sistemas de informaciónen EdF/ GdF (Electricité de France / Gaz de France) y me encargo de importantesproyectos informáticos en estas empresas y sus sucursales internacionales. Yescribo. Escribo desde mi adolescencia. Cuentos (más de una centena), ensayospsicó-sociológicos, artículos y novelas. Es a la vez una necesidad y un placerdel que gozo muchísimo.

= ¿Cuáles son los cambios obtenidos por Internet en su vida profesional?

Como caí dentro desde muy joven, no tengo la impresión de haber sido afectadopor el fenómeno. Sé cuándo dar un paso atrás para reconocer los errores que pudehaber cometido con este instrumento y para prevenir de su mal uso evitando elsíndrome del ex-combatiente.

= ¿Cómo ve Ud. el futuro?

Lo que importa con Internet, es el valor añadido del ser humano sobre elsistema. Internet nunca vendrá a compensar la clarividencia de una situación, latoma de riesgo o la inteligencia del corazón. Internet solamente acelera losprocesos de decisión y reduce la incertidumbre por la información aportada. Perose tiene que dejar el tiempo al tiempo, dejar madurar las ideas, dar un toqueindispensable de humanidad en las relaciones. Para mí, la finalidad de Internetes el encuentro, y no la multiplicación de los intercambios electrónicos.

= ¿Qué piensa Ud. de los debates con respecto a los derechos de autor en la Red?

Considero hoy la Red como un dominio público. Eso significa que la noción dederecho de autor desaparece de hecho: todos podemos reproducir lo de todos. Lacreación se expone por consecuencia a la copia inmediata si los derechos decopiado no están presentados en las formas usuales y si las obras estánexpuestas sin las formalidades de ingresos. Una solución es de hacer pagar elacceso a la información, pero eso no garantiza en absoluto la copia ulterior.Para las novelas, de todos modos me gustan más en la forma impresa.

= ¿Cómo ve Ud. la evolución hacia un Internet multilingüe?

Habrá todavía y durante mucho tiempo el uso de lenguas diferentes y qué mejor,por el derecho a la diferencia. El riesgo es por supuesto la invasión de unalengua en perjuicio de otras, y por lo tanto la nivelación cultural aldetrimento de las otras.

Pienso que poco a poco servicios en línea van a crearse para paliar estadificuldad. Antes que nada, algunos traductores podrán traducir y comentartextos según la petición, y sobre todo los sitios más frecuentados van ainvertir en versiones en lenguas diversas, como lo hace la industriaaudiovisual.

= ¿Cuál es su mejor recuerdo relacionado con Internet?

Después de la publicación de mi segunda novela Sanguine sur toile, recibí unmensage de un amigo que había perdido de vista desde hace más de veinte años. Sehabía reconocido en un personaje del libro. Nos vimos de nuevo recientemente, ycon una botella de vino pudimos intercambiar algunos recuerdos y promover unosproyectos…

= ¿Y su peor recuerdo?

Virus, cadenas de "felicidad", peticiones comerciales, sitios fascistas,informaciones no controladas se desarollan en este momento a gran escala. Conseriedad me hago la pregunta: "¿Para qué bebé pude contribuir a lograr sunacimiento?"

PATRICE CAILLEAUD [FR]

[FR] Patrice Cailleaud (Paris)

#Membre fondateur et directeur de la communication de HandiCaPZéro

*Entretien du 22 janvier 2001

= Pouvez-vous décrire l'activité de HandiCaPZéro?

Permettre à la personne déficiente visuelle d'aborder de façon autonome sa viequotidienne en lui facilitant les accès à l'information, à la consommation, à lacitoyenneté. Porter cette aspiration et la conduire jusqu'à ce qu'elle trouve salégitimité auprès des acteurs de la vie socio-économique et de l'opinionpublique.

= Pouvez-vous décrire votre site web?

Réflexions, conceptions, tests ont longtemps été à l'étude pour donner auxinternautes aveugles et malvoyants un véritable outil doté d'informationspragmatiques. Depuis le 15 septembre 2000, tous les services de l'associationdans des domaines comme les loisirs, la télé, la communication, la santé sontaccessibles sur le site www.handicapzero.org. Plus de barrage pour lesinternautes aveugles: quel que soit le type de périphérique employé (synthèsevocale, plage braille), la navigation se fait sans obstacle. Par exemple, lesimages et illustrations qui abondent sur la toile et rendent les sitesinaccessibles à cette population sont légendées. Plus d'illisibilité pour lesinternautes malvoyants: pour la première fois sur le web, le site dispose, dèsla page d'accueil, d'une interface "confort de lecture" qui permet, en fonctionde son potentiel visuel, de choisir la couleur de l'écran, la taille et lacouleur de la police. Les pages vues à l'écran sont également imprimables selonle format défini.

= En quoi consiste exactement votre activité professionnelle?

Convaincre les décideurs socio-économiques de prendre en compte les besoinsspécifiques des usagers, clients et citoyens déficients visuels. Mettre enoeuvre les dispositifs d'accessibilité.

= En quoi consiste exactement votre activité liée à l'internet?

J'ai participé à la conception éditoriale et graphique du site. Aujourd'hui, monrôle consiste à développer de nouveaux services accessibles pour le site.

= Comment voyez-vous l'avenir?

Internet n'est pas entré dans la majorité des foyers des personnes déficientesvisuelles. A cela, trois principales raisons:

- l'âge du public concerné, qui se situe au delà de la soixantaine (pour 70% dupublic);

- le coût trop élevé pour une acquisition personnelle d'un matériel spécialisé;

- le nombre trop restreint de sites accessibles de façon autonome.

L'avenir de l'accès à l'information pour les personnes aveugles devrait passerpar le web. Ce support, à condition d'une responsabilité des développeurs desites sous l'impulsion d'une autorité qui commence à légiférer, donne un accèsinstantané à une information actuelle au contraire des supports braille oucaractères agrandis qui nécessitent des délais et des coûts d'adaptation, detranscription et fabrication.

= Utilisez-vous encore beaucoup de documents papier?

L'essentiel de l'activité de HandiCaPZéro aujourd'hui reste l'impression dedocuments papier braille et caractères agrandis. La majorité du public auquels'adresse l'association n'est pas encore internaute.

= Les jours du papier sont-ils comptés?

Non, au contraire. L'internet dope les ventes de livres, comme celles desdisques, quoiqu'en disent les éditeurs regroupés en association de défense deleurs intérêts. Par ailleurs, les imprimantes des micro-ordinateurs, classiquesou braille, n'ont jamais été autant sollicitées depuis l'accès au web.

= Quelle est votre opinion sur le livre électronique?

Il devrait s'imposer comme une nouvelle solution complémentaire aux problèmesdes personnes aveugles et malvoyantes.

= Quel est votre avis sur les débats relatifs au respect du droit d'auteur surle web?

Pour l'instant, les déficients visuels sont les grands bénéficiaires du manquede législation sur la toile.

Pourvu que ça dure! Les droits et autorisationsd'auteurs étaient et demeurent des freins pour l'adaptation en braille oucaractères agrandis d'ouvrage. Les démarches sont saupoudrées, longues etn'aboutissent que trop rarement.

= Quelles sont vos suggestions pour une meilleure accessibilité du web auxaveugles et malvoyants?

Pour les développeurs de sites que ça intéresse, des recommandations sontdisponibles en nous contactant à

[voir le courriel sur le site], ou sur dessites comme VoirPlus ou BrailleNet. En règle générale, les dispositions àprendre ne sont pas trop contraignantes. Il ne faudrait pas que le message pourrendre un site accessible soit trop compliqué au risque de dissuader les bonnesvolontés.

TYLER CHAMBERS [EN, FR]

[EN] Tyler Chambers (Boston, Massachusetts)

#Creator of The Human-Languages Page (who became iLoveLanguages in 2001) and The Internet Dictionary Project

The Human-Languages Page (created by Tyler Chambers in May 1994) and theLanguages Catalog of the WWW Virtual Library redesigned the site in 2001 tobecome iLoveLanguages in 2001. It is now a comprehensive catalog of more than2.000 language-related Internet resources in more than 100 different languages.

Tyler Chambers' other main language-related project is The Internet DictionaryProject, initiated in 1995. Its

"goal is to create royalty-free translatingdictionaries through the help of the Internet's citizens. This site allowsindividuals from all over the world to visit and assist in the translation ofEnglish words into other languages. The resulting lists of English words andtheir translated counterparts are then made available through this site toanyone, with no restrictions on their use." (extract from the website)

*Interview of September 14, 1998

= How did using the Internet change your professional life?

My professional life is currently completely separate from my Internet life.Professionally, I'm a computer programmer/techie (in Boston, Massachusetts) — Ifind it challenging and it pays the bills. Online, my work ha