Entretiens / Interviews / Entrevistas by Marie Lebert - HTML preview

PLEASE NOTE: This is an HTML preview only and some elements such as links or page numbers may be incorrect.
Download the book in PDF, ePub, Kindle for a complete version.

= ¿Cuál es su mejor recuerdo relacionado con Internet?

La gente. La Red es una red de buscadores de datos y de computadoras personalesunidos los unos a los otros. Detrás de cada teclado hay una persona, unindividuo. Internet me dio la oportunidad de probar mis ideas y desarrollarotras. Lo más importante para mí fue forjar amistades personales con gentelejana geográficamente y, a fin de cuentas, encontrarlas.

= ¿Y su peor recuerdo?

La gente. No quiero extenderme en este tema, pero algunos tienen verdaderamenteel don de hacerme enojar.

SILVAINE ARABO [FR]

[FR] Silvaine Arabo (Poitou-Charentes)

#Poète et plasticienne, créatrice de la cyber-revue Poésie d'hier etd'aujourd'hui Silvaine Arabo est écrivain (à ce jour quinze recueils de poèmes publiés ainsique plusieurs recueils d'aphorismes et deux essais) et plasticienne (elle exposeà Paris et en province). En mai 1997, elle crée la cyber-revue Poésie d'hier etd'aujourd'hui pour "diffuser la poésie auprès d'un maximum de personnes et luidonner un coup de jeune dans l'esprit des gens, pour qui elle évoque souvent dessouvenirs scolaires - pas toujours agréables - ou qui en ont une imagestéréotypée et/ou ringarde." Quatre ans après, en mars 2001, elle crée unedeuxième revue, cette fois sur support papier, Saraswati: revue de poésie, d'artet de réflexion.

[Entretien 08/06/1998 // Entretien 09/08/1999 // Entretien 19/06/2001]

*Entretien du 8 juin 1998

= Quel est l'historique de votre site web?

Je suis poète, peintre et professeur de lettres (treize recueils de poèmespubliés, ainsi que deux recueils d'aphorismes et un essai sur le thème "poésieet transcendance"; quant à la peinture, j'ai exposé mes toiles à Paris - deuxfois - et en province). Pour ce qui est d'internet, je suis autodidacte (je n'aireçu aucune formation informatique quelle qu'elle soit). J'ai eu l'an passél'idée de construire un site littéraire centré sur la poésie: internet me sembleun moyen privilégié pour faire circuler des idées, pour communiquer ses passionsaussi. Je me suis donc mise au travail, très empiriquement, et ai finalementabouti à ce site sur lequel j'essaye de mettre en valeur des poètescontemporains de talent, sans oublier la nécessaire prise de recul ("Réflexionssur la poésie") sur l'objet considéré.

= Quel est l'apport de l'internet pour vous en tant que poète?

Disons que la gestion d'un site internet - si l'on veut qu'il demeure vivant -requiert beaucoup de temps. Mais je fais en sorte que ma création personnellen'en souffre pas. Par ailleurs, internet m'a mise en contact avec d'autrespoètes, dont certains fort intéressants… Cela rompt le cercle de la solitudeet permet d'échanger des idées. On se lance des défis aussi… Internet peutdonc pousser à la créativité et relancer les motivations des poètes puisqu'ilssavent qu'ils seront lus et pourront même, dans le meilleur des cas,correspondre avec leurs lecteurs et avoir les points de vue de ceux-ci sur leurstextes. Je ne vois personnellement que des aspects positifs à la promotion de lapoésie par internet, tant pour le lecteur que pour le créateur.

= Quel est l'apport de l'internet dans votre vie professionnelle?

Ma vie professionnelle (en tant que professeur de lettres) n'en a pas étébouleversée puisqu'elle est indépendante de cette création sur internet. Disonsque très récemment, dans le cadre de mon activité professionnelle, j'ai faitavec mes élèves quelques ateliers de poésie et que, devant la pertinence deleurs productions, j'ai décidé de leur consacrer une page sur mon site (rubrique"Le jardin des jeunes poètes"). Je fais également un "appel du pied" auxprofesseurs de lettres francophones pour qu'ils m'adressent des poèmes - qu'ilsestiment réussis - de leurs élèves. Disons que ce site pourrait servir, entreautres, de motivation - donc de moteur - à la créativité des jeunes enfants oudes adolescents.

*Entretien du 9 août 1999

= Quoi de neuf depuis notre premier entretien?

Mon site s'enrichit sans cesse de nouvelles rubriques, de nouveaux intervenants,etc. Les mises à jour sont fréquentes et le site est dynamique. Bonnesstatistiques de visites. Par ailleurs, ce site a reçu plusieurs récompenses etil a été salué par divers journaux francophones, dont Sud-Ouest, le magazineLire, La Quinzaine Littéraire, le magazine informatique Pagina, le journal belgePark-e-Mail, etc.; par diverses personnalités aussi: l'écrivain et éditeurMichel Camus, le physicien des particules élémentaires Basarab Nicolescu, quiest maître de recherches au CNRS (Centre national de la recherche scientifique),bien d'autres encore…

Il a également été sélectionné par Interneto (Le meilleur du net); sélectionnépar le journal L'officiel du net, qui lui a attribué 4 étoiles; sélectionné pardiverses universités francophones (Louvain, Toronto, etc.) qui lui ont attribuéde nombreuses étoiles. Ce site a en outre été répertorié par la Bibliothèquenationale de France (signets informatiques).

= Que pensez-vous des débats liés au respect du droit d'auteur sur le web?

Je pense qu'il est important qu'une législation se mette en place de touteurgence… Au travail, les juristes!

= Comment voyez-vous l'évolution vers un internet multilingue?

Il faudrait des équipes de traducteurs… mais comment mettre cela en place? Ily a là une vraie question.

= Quel est votre meilleur souvenir lié à l'internet?

Les ami(e)s que ce mode de communication m'a permis de rencontrer dans lafrancophonie ainsi que tous ceux et celles qui m'ont dit avoir, grâce à moi,découvert ou redécouvert la poésie et avoir compris qu'il s'agissait là d'unmode de fonctionnement majeur de l'esprit humain.

= Et votre pire souvenir?

Certaines mesquineries de webmasters, parfois un esprit de compétition etd'arrivisme… On retrouve sur internet la société telle qu'en elle-même, niplus, ni moins.

= Vos citations préférées?

"Quand l'élève est prêt arrive le maître." (proverbe bouddhiste)

"Les hommes discutent, la nature agit." (Voltaire)

"La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil." (René Char)

*Entretien du 19 juin 2001

= Quoi de neuf depuis notre dernier entretien?

La création de la cyber-revue Poésie d'Hier et d'Aujourd'hui m'a poussée par lasuite à créer en mars 2001

une revue sur support papier, Saraswati: revue depoésie, d'art et de réflexion (BP 41 - 17102 Saintes cedex). Les deux créationsse complètent et sont vraiment à placer en regard l'une de l'autre.

= Que signifie "Saraswati"?

Saraswati est, dans la mythologie hindoue, la déesse de la connaissance, de lasagesse, de la musique et des arts. Elle est souvent représentée avec une vina(instrument à cordes), un bouton de lotus, un livre, un tambour…et ellechevauche un cygne. Elle est l'épouse de Brahma, le dieu créateur, premier de latrilogie Brahma/Vishnu (celui qui maintient les structures)/ Shiva (le dieu quidétruit…pour reconstruire).

ARLETTE ATTALI [FR, EN]

[FR] Arlette Attali (Paris)

#Responsable de l'équipe "Recherche et projets internet" à l'INALF (Institutnational de la langue française) Laboratoire du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), l'INaLF apour mission de développer des programmes de recherche sur la langue française,tout particulièrement son lexique. Les données, traitées par des systèmesinformatiques spécifiques et originaux, constamment enrichies et renouvelées,portent sur tous les registres du français: langue littéraire (du 14e au 20esiècle), langue courante (écrite, parlée), langue scientifique et technique(terminologies), et régionalismes. Ces données, qui constituent un matériaud'étude considérable, sont progressivement mises à la disposition de tous ceuxque la langue française intéresse (enseignants et chercheurs, mais aussiindustriels, secteur tertiaire et grand public), soit par des publications, soitpar la consultation de banques et bases de données.

Frantext est une des meilleures bases textuelles en langue française disponiblessur l'internet. Elle rassemble un corpus de textes français du 16e au 20e sièclenumérisés (3.000 textes environ) et un logiciel d'interrogation (Stella) conçuen vue de recherches littéraires, linguistiques, lexicographiques,stylistiques…

Rénovée courant 1998, elle présente notamment une interface plusconviviale, une aide en ligne systématisée et surtout des outils informatiquesplus performants. Deux versions de Frantext sont proposées.

L'une comportel'ensemble des textes de la base, l'autre une sous-partie composée de 400 romansdes 19e et 20e siècles qui ont fait l'objet d'un codage grammatical. Cettesous-base est expérimentale.

[Entretien 11/06/1998 // Entretien 17/01/2000]

*Entretien du 11 juin 1998

= Quel est l'apport de l'internet dans votre vie professionnelle?

Etant moi-même plus spécialement affectée au développement des bases textuellesà l'INaLF, j'ai été amenée à explorer les sites du web qui proposaient destextes électroniques et à les "tester". Je me suis donc transformée en "touristetextuelle" avec les bons et mauvais côtés de la chose. La tendance au zapping etau survol étant un danger permanent, il faut bien cibler ce que l'on cherche sil'on ne veut pas perdre son temps.

La pratique du web a totalement changé mafaçon de travailler. Mes recherches ne sont plus seulement livresques et doncd'accès limité, mais elles s'enrichissent de l'apport des textes électroniquesaccessibles sur l'internet.

= Quels sont vos projets pour l'avenir?

A l'avenir, je pense contribuer à développer des outils linguistiques associés àla base Frantext et à les faire connaître auprès des enseignants, deschercheurs, des étudiants et aussi des lycéens.

*Entretien du 17 janvier 2000

= En quoi consiste exactement votre activité professionnelle?

Mon activité professionnelle a deux volets: d'une part recherche et projetsinternet, d'autre part valorisation des ressources textuelles.

= Quels sont vos nouveaux projets?

- Le Catalogue critique des ressources textuelles sur internet (CCRTI), mis enligne en octobre 1999;

- Terminalf - Ressources terminologiques de la langue française, en cours deréalisation.

= Que pensez-vous des débats liés au respect du droit d'auteur sur le web?

Comme tous les débats, il s'agit d'un débat confus et sans issue.

= Comment voyez-vous l'évolution vers un internet multilingue?

Les Européens font quelques efforts pour adopter au moins le bilinguisme. Et les Américains?

= Quel est votre meilleur souvenir lié à l'internet?

La découverte de bons sites littéraires. Par exemple Zvi Har'El's Jules VerneCollection, consacré à Jules Verne, ou le Théâtre de la foire à Paris (au 17esiècle).

[EN] Arlette Attali (Paris)

#Head of Research and Internet Projects at the INaLF (Institut national de lalangue française - National Institute of the French Language)

The purpose of the INaLF — part of the France's National Centre for ScientificResearch (Centre national de la recherche scientifique, CNRS) — is to designresearch programmes on the French language, particularly its vocabulary. TheINaLF's constantly expanding and revised data, processed by special computersystems, deal with all aspects of the French language: literary discourse(14th-20th centuries), everyday language (written and spoken), scientific andtechnical language (terminologies), and regional languages. This data, which isan very important study resource, is made available to people interested in theFrench language (teachers and researchers, business people, the service sectorand the general public) through publications and databases.

Frantext is one of the best French textual databases on the Internet. It is acollection of about 3,000 digitized French texts from the 16th to the 20thcenturies, with a search facility (Stella) for literary, linguistic,lexicographical, and stylistic research. The database, which was revamped in1998, now has a more user-friendly interface, more efficient online help andbetter computing tools. A second version is an experimental section of 400grammaticaly-encoded novels of 19th and 20th centuries.

[Interview 11/06/1998 // Interview 17/01/2000]

*Interview of June 11, 1998 (original interview in French)

= How did using the Internet change your professional life?

At the INaLF, I was mostly building textual databases, so I had to explorewebsites that gave access to electronic texts and test them. I became a "textualtourist", which has good and bad sides. The tendency to go quickly from one linkto another and skip through the information was a permanent danger — you haveto focus on what you're looking for so as not to waste time. Using the Web hastotally changed the way I work. My research is no longer just book-based andthus limited, but is expanding thanks to the electronic texts available on theInternet.

= What are your new projects?

I'd like to help develop linguistic tools linked with Frantext and make themavailable to teachers, researchers and students.

*Interview of January 17, 2000 (original interview in French)

= What exactly is your professional activity?

My professional activity consists in research and Internet projects, and indevelopment of textual resources.

= What are your new projects?

- The Catalogue critique des ressources textuelles sur Internet (CCRTI) (Critical Catalogue of Textual Resources on the Internet), online since October 1999.

- Terminalf - Ressources terminologiques en langue française (Terminological resources in French), in progress.

= What do you think of the debate about copyright on the Web?

Like all debates, it is a confused debate, with no way out.

= How do you see the growth of a multilingual Web?

Europeans are making some efforts towards at least bilingualism. What are the Americans doing?

= What is your best experience with the Internet?

Finding good literary sites, such as Zvi Har'El's Jules Verne Collection,dedicated to Jules Verne (a French 19th-century novelist) or le Théâtre de lafoire à Paris, dedicated to the 17th-century Fair Theatre in Paris.

ISABELLE AVELINE [FR]

[FR] Isabelle Aveline (Lyon)

#Créatrice de Zazieweb, site consacré à l'actualité littéraire

"Zazieweb est un site libre et indépendant qui offre des espaces d'interactivitéà ses lecteurs actifs et communicants ! C'est aussi (depuis 1996!) un annuairedes sites littéraires découverts avec passion sur le web et chroniqués, uneinformation littéraire au quotidien: Au fil du net: l'actualité du meilleur duweb littéraire; Agenda: toutes les manifestations en rapport avec le livre et lalittérature; TV/Radio: une sélection des émissions littéraires sur les deuxsemaines à venir; Ebook: des informations et des dossiers sur le livrenumérique, les nouveaux objets de lecture…; et des choix de lectures"Zazieweb" dans la rubrique Kestulizaz?

Né en 1996 sous la forme d'une page perso, Zazieweb est devenu en cinq ans unsite littéraire communautaire offrant à la fois des espaces d'échanges etd'expression (les lectures des e-lecteurs, l'espace communautaire, les forums)et un portail littéraire. Zazieweb, c'est aujourd'hui une association qui a pourvocation la promotion et mise en avant des "petits éditeurs", la diffusion de lalittérature contemporaine indépendante, la mise en relation sur le modeinteractif du web des lecteurs/auteurs/éditeurs via les espaces persos… etpleins d'autres choses en devenir!" (extrait du site web)

[Entretien 08/06/1998 // Entretien 03/09/1999]

* Entretien du 8 juin 1998

= Quel est l'historique de Zazieweb?

Zazieweb est né il y a deux ans environ, en juin 1996. C'était à l'époque unprojet personnel qui entrait dans le cadre d'un master multimédia et que j'aiessayé de "vendre" aux éditeurs.

= Quel est l'apport de l'internet dans votre vie professionnelle?

Découvrir internet a ouvert d'autres possibilités et surtout maintenant je neconçois pas de ne pas travailler

"on the Web".

= Comment voyez-vous l'avenir?

Grâce à internet, les choses sont plus souples, on peut très facilement passerd'une société à une autre (la concurrence!), le télétravail pointe le bout deson nez (en France c'est encore un peu tabou…), il n'y a plus forcément degrande séparation entre espace pro et personnel.

*Entretien du 3 septembre 1999

= Quoi de neuf depuis notre premier entretien?

Aujourd'hui je cherche à développer une viabilité financière pour Zazieweb:échange de bandeaux, partenariat, vente d'espace publicitaire ciblé, affiliationà un programme de vente de livres.

= Quel est votre meilleur souvenir lié à l'internet?

Mon premier surf.

= Et votre pire souvenir?

Ma première connexion.

JEAN-PIERRE BALPE [FR]

[FR] Jean-Pierre Balpe (Paris)

#Directeur du département hypermédias de l'Université de Paris 8

Jean-Pierre Balpe est directeur du département hypermédias et du laboratoireParagraphe de l'Université de Paris 8. Il est également secrétaire général de larevue Action poétique. Chercheur, théoricien de la littérature informatique,auteur de divers ouvrages scientifiques et techniques (dernier ouvrage paru:Contextes de l'art numérique, Hermès, 2000), écrivain, après avoir trèslongtemps écrit des poèmes et nouvelles publiés dans diverses revues, ils'intéresse dès 1975 aux possibilités que l'informatique offre à l'écriturelittéraire. En 1981 il est un des cofondateurs de l'ALAMO (Atelier delittérature assistée par la mathématique et les ordinateurs) et, à ce titre,conseiller auprès de la BPI (Bibliothèque publique d'information) pour lesexpositions "Les Immatériaux" et "Mémoires du futur". En 1985 il conçoit pourl'INA (Institut national de l'audiovisuel) et France Télécom le premier scénariode télévision interactive, diffusé alors par Canal +. Depuis 1989, il réalisedes logiciels d'écriture principalement utilisés lors d'expositions ou demanifestations publiques, notamment Un roman inachevé pour le stand du ministèrede la Culture au MILIA (Marché international du livre illustré et des nouveauxmédias) à Cannes et au MIM (Marché international du multimédia de Montréal) en1995, Romans (Roman) pour l'exposition

"Artifices" de novembre 1996 ou sousforme de spectacles comme Trois mythologies et un poète aveugle, première oeuvregénérative collaborant avec un générateur musical. Il a actuellement en chantierun opéra numérique, Barbe-Bleue, résultat de la collaboration de troisgénérateurs: générateur de texte (le sien), générateur de musique (AlexandreRaskatov) et générateur de scénographie (Michel Jaffrennou). Il est égalementl'auteur de Trajectoires, un roman génératif en ligne.

[Entretien 28/01/2001 // Entretien 27/02/2002]

*Entretien du 28 janvier 2001

= En quoi consiste exactement votre activité liée à l'internet?

La production d'oeuvres artistiques.

= Comment voyez-vous l'avenir?

De façon résolument optimiste.

= Les possibilités offertes par l'hyperlien ont-elles changé votre moded'écriture?

L'hyperlien: non; l'informatique: oui puisque j'utilise essentiellement desgénérateurs d'écriture que j'ai créés moi-même.

= Utilisez-vous encore beaucoup le papier?

Bien sûr, depuis le papier toilette en passant par le papier torchon, égalementpour allumer ma cheminée car c'est un excellent combustible… Comme je voyagebeaucoup, il m'arrive aussi de lire un peu de tout mais personnellement, je nel'utilise guère dans mon travail personnel, j'ai vraiment l'habitude de toutfaire sur écran…

= Quel est votre sentiment sur le livre électronique?

Très mitigé, j'attends de voir concrètement comment ils fonctionnent et si leséditeurs sont capables de proposer des produits spécifiques à ce support car, sic'est pour reproduire uniquement des livres imprimés, je suis assez sceptique.L'histoire des techniques montre qu'une technique n'est adoptée que si - etseulement si… - elle apporte des avantages concrets et conséquents par rapportaux techniques auxquelles elle prétend se substituer. Je viens de publier deuxnouvelles sur ce sujet, une dans la revue La Mazarine intitulée justement Lelivre et une autre dans la revue Autrement consacrée au "livre de chevet" etintitulée Les chambres, vous pouvez y trouver une réponse plus "étayée".

= Quel est votre avis sur les débats relatifs au respect du droit d'auteur surle web?

Je ne suis pas cela de très près. Je crois que vouloir appliquer des lois faitespour le papier à un autre médium est une erreur. Un peu comme si on voulaitfacturer le téléphone en exigeant que les utilisateurs achètent des timbres pourpayer leurs conversations…

= Quelles sont vos suggestions pour un véritable multilinguisme sur le web?

Ah bon!… Ce n'est pas multilingue? Je croyais pourtant car il m'arrive denaviguer en italien, français, espagnol, arabe, chinois, flamand, etc…Voulez-vous dire francophone pour multilingue? Si c'est l'anglais que vousvisez, internet ne fait que reproduire sa situation de langue internationaled'échange. Est-ce à dire qu'il n'en faudrait pas? Je n'en suis pas si sûr…

= Quelles sont vos suggestions pour une meilleure accessibilité du web auxaveugles et malvoyants?

Posez la question aux producteurs de cinéma et aux salles de projection… Leson est une solution, les claviers adaptés en sont une autre, je ne sais s'ilexiste des écrans spécialisés, mais peut-être… On peut aussi imaginer desinteractions sonores, Denize en a utilisé quelques-unes dans son cédéromMachines à écrire (publié chez Gallimard en 1999, ndlr).

= Comment définissez-vous le cyberespace?

Il y a tant de livres là-dessus, répondre en quelques lignes est une gageure ouune marque de mépris ou un manque de sérieux ou une preuve d'inconscience ou unemanifestation d'orgueil…

= Et la société de l'information?

Je fais là-dessus un cours de 37 h 30…

= Quel est votre meilleur souvenir lié à l'internet?

Pas un en particulier. Disons que je suis heureux chaque fois que ça marche…et ce n'est hélas pas si souvent…

= Quel est votre pire souvenir lié à l'internet?

Même réponse qu'à la question précédente mais inversée…

*Entretien du 27 février 2002

Dernier-né de la cyber-littérature, le mail-roman utilise le canal du courrierélectronique. Cette expérience est tentée pour la première fois par Jean-PierreBalpe en été 2001 dans Rien n'est sans dire. Pendant très exactement cent jours,il écrit un chapitre diffusé quotidiennement auprès de 500 personnes - sesproches, ses amis, ses collègues, etc. - en y intégrant les réponses et lesréactions des lecteurs. Raconté par un narrateur, ce mail-roman est l'histoirede Stanislas et Zita et de leur passion tragique déchirée par une sombrehistoire politique.

= Comment vous est venue l'idée d'un feuilleton par mail auprès de vos amis etconnaissances?

Tout naturellement, d'une part en me demandant depuis quelque temps déjà cequ'internet peut apporter sur le plan de la forme à la littérature (mais voussavez que ce point-là est une de mes obsessions…) et, d'autre part, en lisantde la littérature "épistolaire" du 18e siècle, ces fameux "romans par lettres".Il suffit alors de transposer: que peut être le "roman par lettres" aujourd'hui?Vous tirez un fil et le reste en découle tout naturellement…

Ceci dit, mes "amis et connaissances" sont le point d'entrée. Ensuite, le projets'est diffusé et je suis loin de connaître tous les lecteurs auxquels j'envoyaisce roman journalier.

= Le déroulement de ce feuilleton a-t-il correspondu à vos attentes?

Ce n'est pas vraiment un feuilleton: un feuilleton aurait pu être écrit àl'avance et diffusé au fur et à mesure, or, en m'obligeant à intégrer lesréponses ou les réactions des lecteurs, mon rythme d'écriture devait êtreabsolument quotidien. Or, pensez qu'il y a 10 puissance 30 lectures possibles dece roman…

Oui ET non: au départ je n'avais pas d'attente, donc oui… De plus, si jen'avais pas d'attentes (un vieux cynique a toujours une vision pessimiste de lanature humaine… ne parlons donc pas de sa créativité…) je savais jusqu'oùj'étais prêt à aller. Par exemple, je proposais aux lecteurs de participer auroman mais je n'ai jamais proposé qu'ils me remplacent: je voulais rester lemaître (ah mais…). Ce qui m'amusait, c'était d'intégrer, dans une trame et unevisée que je m'étais à peu près données, les propositions, y compris les plusfarfelues, sans qu'elles paraissent comme telles et sans que je "vende mon âmeau diable".

NON car j'ai quand même été un peu surpris du "classicisme" des propositions delecteurs : on y retrouvait quand même assez massivement les lieux communs lesplus éculés (pardon pour le jeu de mot…) des feuilletons télévisés. Si je melaissais faire, nous n'étions pas loin du loft. D'ailleurs, significativement,parce que c'était la période de diffusion de cette émission, plusieurs lecteursy font référence dans leurs envois et essaient de m'entraîner sur ce terrain.Autrement dit, le plus surprenant peut-être est que des lecteurs quis'inscrivaient volontairement à une expérience "littéraire" n'avaient de cessede regarder du côté de la non-littérature, de la banalité et du lieu commun…

= Le déroulement de ce mail-roman vous a-t-il réservé des surprises?

J'ai répondu en partie: peu de surprises car les lecteurs n'ont rien amené deréellement original qui aurait pu me surprendre. Nous étions un peu sur leterritoire de l'attendu, du conventionnel, en gros d'un réalisme 19e siècle(même si certaines propositions croyaient le fuir vers le provocateur… en grosle cul…). Aucune proposition, par exemple, n'entraînait un changement de formealors que le projet était formel pour ne pas dire formaliste. La seule surprisepeut-être est venue d'un lecteur qui m'a, en échange, envoyé son propre romanque j'ai intégré au mien…

= Quelles conclusions tirez-vous de cette expérience?

Plusieurs:

- d'abord c'est un "genre": depuis plusieurs personnes m'ont dit lancer aussi unmail-roman;

- ensuite j'ai aperçu quantité de possibilités que je n'ai pas exploitées et queje me réserve pour un éventuel travail ultérieur;

- la contrainte du temps est ainsi très intéressante à exploiter: le temps del'écriture bien sûr, mais aussi celui de la lecture: ce n'est pas rien de mettrequelqu'un devant la nécessité de lire, chaque jour, une page de roman. Ce"pacte" a quelque chose de diabolique;

- le renforcement de ma conviction que les technologies numériques sont unechance extraordinaire du renouvellement du littéraire.

= Pensez-vous renouveler cette expérience à l'occasion?

Oui… Mais il me faut du temps. Le principal problème (ne riez pas…) est quec'est gratuit et qu'il n'y a aucun moyen de gagner de l'argent avec ce type detravail. Il faut donc le faire "à temps perdu", c'est-à-dire quand on est niobligé de faire autre chose ni quand on est payé pour faire autre chose. J'ypense donc, j'ai un certain nombre d'idées que je crois intéressantes, mais jene peux donner ni date ni certitude. En plus, j'ai un tempérament assez"contextuel", j'aime bien les "commandes", les "contraintes" extérieures, jen'aime pas me "répéter", faire un autre roman internet comme Trajectoires(www.trajectoires.com) ou ce mail-roman ne me passionne pas, si je le fais, cesera sous une forme encore très différente, etc. Comme mes autres projetsfonctionnent bien et me prennent du temps… Mais je n'ai que 60 ans et doncl'avenir devant moi.

Dans les quarante ans à venir, je trouverai bien le moyende revenir au mail-roman d'une autre façon…

EMMANUEL BARTHE [FR]

[FR] Emmanuel Barthe (Paris)

#Documentaliste juridique et responsable informatique chez Coutrelis & Associés,cabinet d'avocats -

Modérateur et animateur de la liste de discussionJuriconnexion

[Entretien 22/10/2000 // Entretien 04/05/2001]

* Entretien du 22 octobre 2000

= Pouvez-vous vous présenter?

Je suis documentaliste juridique et responsable informatique chez Coutrelis &Associés, un cabinet d'avocats. Les principaux domaines de travail du cabinetsont le droit communautaire, le droit de l'alimentation, le droit de laconcurrence et le droit douanier. Auparavant, j'ai été responsable pendant cin